AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sylvie Germain (761)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Jours de colère

Dans les forêts du Morvan, le hameau du Leu-aux-Chênes est le théâtre de nombreuses folies. Ambroise Mauperthuis est fou d’amour pour Catherine Courvol, qu’il n’a vue et possédée que morte. Edmée Verselay est folle de dévotion mariale et folle d’amour pour sa fille, la monumentale Reine. La folie de Mauperthuis se double d’une colère sourde quand son aîné, Ephraïm, refuse d’épouser la fille Courvol et lui préfère Reine, avec qui il aura neuf fils. C’est au cadet des Mauperthuis d’achever le dessein paternel. De son union avec Claude Courvol, il aura une fille, Camille, qui est le portrait craché de Catherine, son aïeule. Ambroise Mauperthuis reporte sur cette enfant la passion qu’il a eu pour la morte, mais sa nature rageuse lui coûtera le précieux objet de sa folie.



Sylvie Germain s’y connaît pour dépeindre des familles fabuleuses. Son premier roman, Le livre des nuits, était une merveille. Ici, l’arbre familial se fonde sur un père despotique qui, sous le coup d’une colère aux accents d’évènement fondateur, chasse un fils qui repeuplera la terre. Mais entre le père originel et la descendance, il n’y a rien. « Les fils d’Ephraïm n’avaient en commun avec lui que leur nom. Il avait tranché trop violemment tout lien de parenté avec eux avant leur naissance pour qu’ils puissent le considérer comme leur aïeul. » (p. 93 & 94) Et à la folie courroucée d’Ambroise s’oppose le culte de la Vierge, mère adorée et toute puissance qui comble de sa douceur les êtres repoussés.



Le jour de colère, dans le culte catholique, c’est le Dies irae qui ouvre la liturgie des défunts. Du haut de sa folie, Ambroise Mauperthuis n’est pas un dieu miséricordieux et il entend que son courroux soit retentissant, à tel point que le sentiment qu’il porte à son adorée petite-fille ressemble surtout à un anathème d’amour : c’est l’amour d’Ambroise qui maudit Camille. « Lui, qui depuis toujours et à jamais revendiquait le droit exclusif d’amour autour de Camille, – lui qui se considérait comme le destin de Camille. » (p. 242)



Ce qui frappe également dans le texte de Sylvie Germain, c’est la propension des êtres à s’affubler ou à se faire affubler de surnoms qui prolongent leur identité et qui les ancrent dans le réel en accentuant leurs singularités. On flirte avec le merveilleux, mais ce roman n’entre pas dans le genre du réaliste magique même s’il a beaucoup du conte et de la légende. Une légende sombre et noire comme les profondes forêts du Morvan et qui raconte la malédiction née d’un bien mal acquis.



La langue de Sylvie Germain est riche et ciselée comme un joyau, superbe sans être jamais ostentatoire. Les phrases se déploient comme les ailes d’un papillon fantastiquement chatoyant et nous racontent des amours monstrueuses à force d’emportement et d’exclusivité. Il est question de beauté rude et de folie sublime. Sylvie Germain est une reine de l’oxymore et des unions contradictoires. Le plaisir de lire un roman de cette auteure est intense et durable.

Commenter  J’apprécie          430
Le Livre des nuits

Je termine ce roman comme une jolie parenthèse enchantée.



Venez.

Ecoutez l'histoire de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup.

Ecoutez l'histoire de Victor-Flandrin Péniel, né sur les eaux douces, là-haut dans les plaines du Nord de la France, à la limite de tout. Adulte, c'est au hameau de Terres Noires qu'il s'établira, c'est à la Ferme-Haute qu'il prendra épouse, par quatre fois. Mélanie, Blanche, Sang Bleu, Ruth : chacune lui donnera de nombreux enfants, toujours par pair, toujours marqués du sceau de leur père : une tâche d'or au fond des yeux.



A travers cette fresque familiale qui tourne autour du personnage fédérateur, Victor-Flandrin Péniel, Sylvie Germain nous entraîne aux confins du réel, là où rêverie et conte se dessinent, là où la réalité se pare de tout ce qu'elle a de merveilleux et de légendaire. Car l'histoire de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup et de sa descendance ressemble bien à une légende. Mais ces personnages de conte qui parcourent les années, de la fin du 19e siècle jusqu'aux lendemains de la Seconde guerre mondiale, affrontent aussi les affres de leur époque, celle qui apporte son lot de deuils et de souffrances lorsque la folie des hommes l'emporte.

Au delà de l'Histoire, « Le livre des Nuits » est aussi une histoire de famille où malgré le grand nombre de participants, chacun trouve sa place et sa marque aux yeux du lecteur. Qu'ils sont nombreux les enfants Péniel ! Mais tous, du mal-aimé, du non-voulu, du préféré ou de l'adopté, du fou ou du raisonnable, tous nous touchent. Tous, jusqu'au dernier,



J'ai retrouvé dans ce premier roman de Sylvie Germain toute la magie qu'opère sur moi le style de l'auteure, une écriture entre réalisme et onirisme où une histoire aux allures de conte rejoint l'Histoire et ses monstres bien réels. Tout se fond, l'un en l'autre. Tout se tient et nous tient, jusqu'au bout. Les récits de l'auteure offrent l'alliance parfaite du roman, de la poésie et du conte, et nous proposent une narration sublime où les mots nous délectent de leur beauté nous transportent d'émotion.



C'est de cet effort d'écriture, de cette exigence d'allier le beau au sens que l'on reconnaît les grands auteurs, ceux qui travaillent leurs phrases autant que leur histoire.



Un roman magnifique sur les hommes et leurs racines, sur leur pouvoir de résilience, sur l'amour qui naît, qui meurt, qui dure toujours.

Commenter  J’apprécie          422
Jours de colère

Intrigué par la polémique autour du choix d'un extrait de Jours de Colère, pour le proposer à la sagacité des prétendants au bac de français 2022, j'ai décidé de lire ce roman, ignorant jusqu'alors l'existence de Sylvie Germain, l'auteure qui a fait les frais d'une décision qui ne lui appartient pas.

Et là, BINGO.

Jours de Colère est un conte lyrique et moral stupéfiant, reposant sur une ode à la nature et à ceux qui l'habitent ; «De loin en loin se serait levé le chant bref d'un bruant, le sifflement d'une grèbe ou la mélodie d'un loriot, et tout comme chaque arbre aurait été doublé d'un éternel reflet chaque chant d'oiseau aurait été accompagné de son écho , et dans l'eau chaque poisson aurait mangé en compagnie de son ombre».

Une nature de «forêts sur les hauteurs d'un socle de granit», dans le Morvan profond dans la région de Clamecy, où vivent les bourgeois exploitant les forêts alentours et des paysans vivant «davantage dans les forêts que dans leurs hameaux, où certains campaient au bord des rivières lorsqu'ils accompagnaient le flottage à bûches perdues»

Dans ce décor de «granit hérissé de forêts sombres, percé de sources et d'étangs, clairsemé de chaos et de prés cloisonnés de haies vives et de hameaux tapis dans les ronces et les orties.», s'affrontent les humains vivant de l'exploitation du bois.

«Tous les hommes étaient bucherons, bouviers et flotteurs à la saison du lancement des bûches (...) les femmes et les enfants participaient aux travaux d'ébauchage, d'écorçage, de ramassage de petit bois et de fabrication de fagots d'allumage.»

Ambroise Mauperthuis, flotteur de bois devenu propriétaire des «forêts de Saulches, de Jalles et de Failly» ; dont il a dépouillé son ancien employeur Vincent-Corvol par une basse manoeuvre qu'il tait mais que la rumeur rend plus mesquine, plus sale et plus machiavélique...

Ambroise a déshérité son fils Éphraïm après que ce dernier ait annoncé sa volonté d'épouser Reine La Grasse fille d'Edmée et de Jousé Verselay des paysans travaillant pour Ambroise et vivant à la Ferme-Du-Bout .

Neuf enfants naîtront de l'union d'Éphraïm et Reine.

Servi par une écriture flamboyante qui étourdit le lecteur d'images, de symboles, de sentiments, le récit relate le combat du bien contre le mal sous toute ses formes.

De la religion du dogme contre la religion de l'amour sans limites du prochain.

De l'amour des arbres contre l'amour du gain.

De l'amour contre la haine.

De la recherche de la vérité contre le mensonge.

Pas étonnant qu'une partie de nos chères têtes blondes nourries de réseaux sociaux, de télé réalité et autres procédés technologiques plus nocifs au raisonnement les uns que les autres ait pété un câble en lisant :

«Ils étaient hommes des forêts. Et les forêts les avaient faits à leur image. À leur puissance, leur solitude, leur dureté. Dureté puisée dans celle de leur sol commun, ce socle de granit d'un rose tendre vieux de millions de siècles, bruissant de sources, troué d'étangs, partout saillant d'entre les herbes, les fougères et les ronces. Un même chant les habitait, hommes et arbres. Un chant depuis toujours confronté au silence, à la roche. Un chant sans mélodie. Un chant brutal, heurté comme les saisons, — des étés écrasants de chaleur, de longs hivers pétrifiés sous la neige. Un chant fait de cris, de clameurs, de résonances et de stridences. Un chant qui scandait autant leurs joies que leurs colères.»

Admirable et je pèse mes mots !
Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          4110
Le vent reprend ses tours

Un petit garçon et un musicien de rue qui joue aussi avec les mots se rencontrent.

« Une chimère homme-oiseau », c’est ainsi que l’homme apparaît à l’enfant.

Ensemble ils arpentent les rues de Paris.

L’homme raconte à l’enfant les plaques, les inscriptions, la vie de Paris.

Quelques années de bonheur pour l’un comme pour l’autre, suivies d’une séparation brutale.

L’enfant devenu adulte ne s’en remettra jamais.



Encore une belle histoire de Sylvie Germain, et surtout, de magnifiques personnages.

Avec son talent habituel, elle crée une ambiance subtile, des relations extraordinaires, des situations improbables.

Et comme à chaque fois, la magie opère.

On est sous le charme de l’écriture, de l’histoire, de ces êtres inventés.

Nathan, Gavril…… ils restent là, bien présents, longtemps après la dernière page tournée.

Commenter  J’apprécie          416
Brèves de solitude

Brèves de solitude ressemble plus à un exercice de style qu’à un roman. Un ouvrage qui a peut-être passionné davantage l’écrivain que le lecteur. Il est vrai que j’apprécie peu les structures éclatées même si l’écriture est exceptionnelle.

Raconter des tranches de vie de plusieurs personnages même s’ils partagent un point commun présente un inconvénient : certains personnages sont attachants et j’aurais aimé continuer l’histoire avec eux, d’autres sont falots et je me suis un peu ennuyée.

Le point commun qui réunit tous les personnages est un square, puis les appartements ou le quartier, les mêmes personnages y sont confinés, chacun le vivant à sa façon.

Beaucoup de thèmes sont abordés dans cet ouvrage : le harcèlement scolaire, le drame des personnes âgées isolées dans leur maison de retraite, ainsi que celui des jeunes filles vendues. Beaucoup trop de thèmes pour qu’ils marquent, à l’exception du sans-abri (Lui), peut-être parce que davantage de chapitres lui sont consacrés, de très courts chapitres, mais qui reviennent régulièrement.

Un livre intéressant, mais sans plus.




Lien : https://dequoilire.com/breve..
Commenter  J’apprécie          390
Petites scènes capitales

Je viens de refermer l'album photos de Lili. C'est bien l'impression que j'ai ressentie à la lecture de ce roman magnifique, des images d'abord et des mots ensuite. Des images comme des photos, aux bords dentelés, aux teintes surannées. Des mots si bien choisis par Sylvie Germain. J'aime son écriture si belle, si intense, si recherchée parfois.



Toutes ces photos, tous ces instants sont les piliers de la construction de Lili. Chère Lili que la vie n'a pas épargnée. Chère Lili qui observe et ne dit rien.



Qui est-elle ? Son prénom n'est pas celui déclaré le jour de sa naissance.

Qui est sa mère et qu'est-elle devenue ? La réponse ne lui sera donnée que le jour de ses vingt ans.

Quelle est sa place au sein de la famille recomposée ? Son père se remarie avec Viviane qui a déjà quatre enfants.

Qui sont ses frère et sœurs ? Chacun d'entre eux se révèlera au fil du temps, au fil de l'Histoire aussi.





Que de questions, que d'incompréhension de la part des adultes face à l'enfant qui se cherche, qui doute, qui se sent mal aimée.

L'absence, le deuil, la peur de l'abandon, les vies décomposées puis recomposées, autant d'obstacles que Lili devra surmonter. Mais une quête absolue, toujours, celle de l'amour. Et toute une vie ou presque pour découvrir ce qu'aimer veut dire...



Quel plaisir de découvrir un livre aussi bien écrit, aussi riche et profond, empli de poésie et si bien peint...





Commenter  J’apprécie          392
Magnus

Ours en peluche.



Franz-Georg est né en Allemagne avant la guerre. Les souvenirs d'avant ses cinq ans se sont évaporés. Un seul témoin de cette mémoire subsiste, un ours en peluche nommé Magnus.



Après avoir refermé ce roman, l'évidence m'a sauté aux yeux: je suis tombée amoureuse de la plume envoûtante de Sylvie Germain. Son style apporte rythme et émotions à son roman. Il est presque un personnage à part entière de l'histoire.



Quant à celle-ci il s'agit d'une quête d'identité pour le héros. Sujet classique mais que Sylvie Germain réinvente avec maestria. Nous suivons le personnage principal durant une partie de sa vie à la recherche de son identité.



Au fil des pages, cette quête laisse progressivement place à l'apprentissage de la vie pour le héros. Il découvrira ce que veut dire aimer, mais aussi la souffrance face à la perte de l'être aimé. En filigrane la thématique de l'identité reste présente, puis revient peu à peu.



Le passé nous rattrape toujours même dans les plus beaux moments. Comment y faire face ? Faut-il s'y confronter ou fuir ? Le héros devra ainsi faire face à ces ombres à différentes étapes de sa vie.



En conclusion, je n'attendais rien de particulier de ce roman et j'en ressors enchantée.
Commenter  J’apprécie          389
Le vent reprend ses tours

Nathan découvre sur un avis de recherche le visage d'un homme qu'il croyait mort depuis vingt cinq ans, un saltimbanque roumain qu'il a croisé lors de son adolescence et qui avait totalement enjolivé sa triste vie de l'époque, lui, adolescent timoré.



Nathan décide alors de partir à la rencontre de cet ami perdu de vue, essayant de savoir pourquoi on lui a caché qu'il était toujours vivant et cette amitié vive entre un jeune enfant et un immigré tzigane est le sel de cette épopée sur les traces de son passé.



Le charme de Sylvie Germain dont on a souvent parlé sur baz'art continue de fonctionner à plein régime avec ce nouveau roman : la narration alterne les allers retours entre passé et présent et nous dit pas mal de choses passionnantes sur les lâchetés des hommages, la persécution des tziganes pendant la 2e guerre mondiale, les courages insoupçonnés qu'on a au fond de soi et sa faculté de réconciliation intérieure.



"Obtempérer à l'air du temps ne pas se faire remarquer plus que nécessaire. Toute cette inconsistance lui saute aux yeux, le prend à la gorge."



Grâce à la plume lumineuse et délicate de Sylvie Germain, ce conte s'avère avant tout comme une formidable ode aux poètes et aux traces que les grands hommes laissent derrière soi, ainsi qu'à la beauté des cultures ancestrales .



Œuvre singulière, fable philosophique et poétique, ce "vent reprend ses tours" nous emporte très loin en littérature pour peu que l’on accepte le voyage.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          380
Le Livre des nuits

Voilà p lus de vingt ans que Sylvie Germain publie des romans et que la critique se montre unanimement admirative de son talent. Avant la lecture de ce livre, je ne la connaissais que de nom. On a beaucoup parlé de son dernier ouvrage "Magnus" .



Je suis ravie de l’avoir découverte avec" Le livre des nuits", son premier roman. En effet, dans une interview assez récente pour Evène, elle dit ceci en parlant du "Livre des nuits" : « je pense que dans ce livre il y avait en germe et en concentré toutes mes obsessions et ce qui s’est développé après ».



L’histoire :



Le personnage central du roman est Victor-Flandrin PENIEL, né de l’union d’un père et de sa fille. Ses parents sont morts alors qu’il était enfant et sa grand-mère, une femme âgée mais courageuse, l’a élevé.



Il est issu d’une famille « de l’eau douce » qui a vécu et travaillé sur une péniche. Les mauvais tours du destin et la guerre de 1870 ont contraint la famille a quitter la péniche alors qu’il était tout jeune.



A la mort de la grand-mère, il est tout juste adolescent. Au terme d’une sorte de parcours initiatique à travers les champs et les forêts, il s’installe dans une ferme et se passionne pour le travail de la terre. Il y restera toute sa vie malgré les épreuves qui le marquent dans sa chair et dans son âme. Les femmes de sa vie meurent les unes après les autres. Sa nombreuse descendance est frappée par la folie, la maladie et les guerres : celle de 14-18, puis celle de 39-45. Mais Nuit-d’or-gueule-de loup (c’est son surnom) reprend toujours le dessus grâce à sa soif de vivre, insatiable.



Mon avis :



J’ai résumé le livre pour vous donner une idée de l’histoire, mais il me semble qu'elle n'est pas essentielle. Ce qui importe, ce sont les mots merveilleux de Sylvie Germain et surtout les messages qu’elle veut nous faire passer.



L’écriture est très poétique, comme le sont les titres des six chapitres : Nuit de l’eau, Nuit de la terre, Nuit des roses, Nuit du sang, Nuit des cendres, Nuit nuit la nuit.



Il existe également, dans ce livre une dimension fantastique : des yeux qui pleurent des perles de verre, des tempes qui transpirent du sang quand un malheur va arriver, une ombre blonde qui suit Victor Flandrin partout ou il va, et ces mystérieuses malédictions qui s’abattent sur la famille…



La première partie du livre m’a demandé un effort car l’atmosphère est assez noire, comme le laisse entrevoir le titre. En outre, il n’est pas toujours aisé pour nous adultes, d’entrer dans l’univers du conte. Mais peu à peu, je me suis intéressée au destin de cette famille et surtout j’ai accepté la vision pessimiste de Sylvie germain sur notre monde, une vision dérangeante mais malheureusement juste. Il faut bien admettre que la cruauté des hommes et leur folie sont sans limites.



Sylvie Germain met l’accent sur le thème de l’histoire qui se répète sans cesse : les trois guerres qui marquent cruellement cette famille, comme bien d’autres d'ailleurs, en sont la preuve. Le dernier chapitre, évoquant la guerre 39-45 et l’holocauste est absolument terrible. On referme le livre bouleversé.



Il existe une suite, « Nuit-d’Ambre », que je lirai assurément.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          380
Magnus

L'Ouverture de ce roman nous prévient que cet écrit ne répond à aucun ordre, aucune linéarité, qu'il est constitué de fragments de vie d'un homme amputé d'une partie de sa mémoire, de son identité. Pour compléter le chaos mémoriel de son parcours, des échos en accord avec celui-ci, des bribes de poèmes, des citations d'auteurs, des biographies succinctes…font résonner son histoire au coeur même du lecteur. Cette prouesse littéraire offre une infinité d'images, d'écoutes, de regards entièrement tournés vers Magnus, la peluche ou l'homme, peu importe.



Les tout premiers fragments nous présentent un petit garçon amnésique de tous souvenirs suite à une fièvre favorablement escamoteuse des premières années de sa vie.

Thea Dunkeltal, la mère, lui susurre un passé familial glorieux avec deux oncles fervents défenseurs du Reich, tombés héroïquement à la guerre. le prénom qu'il porte alors, Franz-Georg lui vient tout droit de leur sacrifice à la patrie.

Á la surprise du petit garçon, son ours Magnus ne joue cependant aucun rôle dans la légende familiale. Pourtant, sa légère odeur de roussi et l'une de ses oreilles en cuir meurtrie par une brûlure attestent sans aucun doute de sa participation à un évènement de feu, mais lequel ?

L'enfant est rêveur et la force et la tendresse qu'il peut transmettre en paroles sont pour l'oreille blessée de Magnus.

Le père, Clémens Dunkeltal. Médecin affairé dans un lieu d'où aucun patient ne ressort. L'enfant aimerait lui plaire, le craint et admire sa voix de baryton basse lors des soirées musicales. Ces chants le transportent, voluptueusement.



L'Histoire amène la défaite, la fuite, les changements d'identité pour ne pas être attrapé par la condamnation des actes. Seul l'ours garde son nom. Aucune explication n'est donnée à l'enfant qui se nourrit d'incompréhensions de ce monde d'adultes.



Sylvie Germain, avec la puissance des mots employés, leur agencement, sa façon de les choisir et de les enchaîner, réussit à en extraire la brutalité des évènements, le flottement nébuleux de l'enfant dans une bulle d'ignorance, à la lisière du réel. Puis, une fois le voile dissipé, la monstruosité, l'inconcevable, l'hideuse vérité qui se fait jour nous étreignent en même temps que celui qui les découvre et les vit.



Ce roman, à chaque fragment, à chaque notule et autres échos, éclate comme les éclairs flamboyants qui parfois transpercent l'homme, ces couleurs intenses qui sont peut-être tapies dans sa mémoire défaillante. Cette lutte vers une identité spoliée est terriblement forte, la brume reste tenace quel que soit le lieu de recherche d'un apaisement. Dommage que l'ourson ne puisse révéler les années masquées, même en s'appropriant son nom la lumière ne perce pas.

S'éloignant de brefs instants des contraintes de la réalité, quelques dérives oniriques ne donnent que plus de forces à tout ce qui ressort intensément de ce parcours si profondément touchant.

L'émotion que procure cette lecture est indéfinissable, mais c'est une lecture retentissante et indubitablement marquante. J'aimerais savoir utiliser les mots avec le talent de Sylvie Germain pour la définir mais l'exercice s'avère impossible.

Commenter  J’apprécie          3712
Chanson des mal-aimants



L'écriture singulière, poétique, âpre aussi par moments, de Sylvie Germain se retrouve ici encore. Le livre date déjà, il a été publié en 2002. J'ai lu et apprécié plusieurs romans de cette auteure mais je ne connaissais pas celui-ci.



Un destin très particulier nous est présenté, à la première personne, comme une confession écrite, celui de Laudes, une enfant trouvée, tout d'abord recueillie par des religieuses. Un parcours chaotique, de la maison de Léontine, cachant des enfants juifs, à un bar, un manoir, un bordel et d'autres lieux encore, souvent étranges, comme leurs propriétaires. L'auteure sait avec finesse et profondeur capter l'âme humaine.



Mais j'avoue que le personnage de Laudes est resté pour moi froid, retiré en lui-même, hors d'atteinte comme il le deviendra vraiment lorsqu'il sera confronté à une extrême solitude. Et puis, trop de drames, de morts dans cette histoire. Ce n'est pas fait pour remonter le moral en ce moment!



Une lecture en demi-teinte, donc, mais pour le fond, pas pour la forme, beau flamboiement de mots.
Commenter  J’apprécie          372
Le vent reprend ses tours

Je pourrais lire Sylvie Germain rien que pour la beauté de son écriture. Des phrases qui me donnent envie de lire à voix haute, des mots choisis avec une telle justesse que j'en reste béate et me demande "mais c'est juste parfait ce passage, comment fait-elle pour trouver les mots qui conviennent exactement ?"

Ce n'est pas le premier roman que je lis d'elle, je n'ai jamais osé en chroniquer un seul car je me sens d'une maladresse terrible pour rendre compte non seulement de la finesse de son écriture mais aussi de l'intelligence de son propos.

Lire un livre de Sylvie Germain, c'est entrer en subtilité. Avec son écriture discrète, poétique qui par moment tutoie le fantastique, Sylvie Germain nous emmène sur les pas de Nathan et Gavril et sur un chemin réflexif des plus intéressants.

Gavril (forme populaire de "Gabriel") est un saltimbanque, un amoureux des mots et de la vie, marcheur et déambulateur, musicien-poète (il joue de "l'olifantastique" et du "poèmophone"), un merveilleux personnage de roman en tout cas. Nathan le rencontre par hasard, un jour de grand ennui, un jour ordinaire en fait pour ce garçon timide et bègue, à qui l'on s'adresse peu, même pas sa mère pour qui il est transparent et encombrant. Gavril, une figure fantasque et bienveillante qui extirpe Nathan de sa morosité, lui redonne l'assurance et l'affection dont il était privé. Mais Gavril a disparu et Nathan, devenu adulte, a repris sa vie mécanique et insipide.

A travers cette histoire d’amitié entre le poète et l'enfant, Sylvie Germain tisse des pistes de réflexion que chacun investira en fonction de sa sensibilité : de quoi se construit un individu ? quelle place la littérature, la poésie et plus généralement le langage ont-ils dans cette construction ? Comment être présent à soi-même quand on n'a pas été regardé ?

Un roman intelligent et fin servi par une écriture à la musicalité délicate, un très beau moment de lecture.
Lien : https://leschroniquesdepetit..
Commenter  J’apprécie          372
À la table des hommes

Ce nouvel opus de Sylvie Germain démarre d’une façon pour le moins étrange.

On ne sait pas avec précision dans quel pays on se trouve, mais on comprend que la guerre y fait des ravages.

Nous voici dans une porcherie détruite par un incendie brutal et dévastateur.

Ne sont épargnés qu’une jeune femme qui vient de perdre son enfant et un porcelet qu’elle va allaiter. Lorsque cette mère nourricière mourra à son tour, notre petit cochon, après quelques autres péripéties deviendra un jeune garçon aux cheveux presque blancs, à la peau d’un rose laiteux qu’une vieille femme prend sous son aile et prénomme Babel parce que « sa langue est aussi brouillée que les briquetiers de la tour de Babel ».



En revisitant le mythe de l’enfant sauvage, Sylvie Germain nous propose un conte philosophique doux- amer où les relations entre homme et animal sont disséquées à travers la bêtise et la violence des humains mais aussi la difficulté à appréhender le langage et à exprimer sa pensée.



« Avec les humains, tout est toujours compliqué, équivoque, et souvent inquiétant ».



J’ai apprécié une fois de plus l’écriture simple et poétique de l’auteure, mais j’ai regretté que le propos philosophique soit trop présent, au dépend du reste de l’histoire.

Une agréable lecture tout de même.





Commenter  J’apprécie          370
Jours de colère

Je reviens de loin.

D’un hameau de cinq fermes au cœur des forêts du Morvan.

C’était il y a longtemps, l’époque était rude.

Tellement rude que tout prend accent de colère. Colère à laquelle se mêle la folie.

Quelques familles, Les Mauperthuis avec l’horrible père, les Corvol, les Verseley…… toutes sur le fil tangent de la colère, de la folie ou de l’amour.

C’est toujours un immense bonheur de lire Sylvie Germain.

Elle nous entraîne avec poésie et beauté dans des univers souvent sombres qu’elle réussit à magnifier.

Chaque personnages de cette histoire est exceptionnel, qu’il soit dans la noirceur ou dans la grâce.

Commenter  J’apprécie          350
Les échos du silence

"Il est des moments innombrables où Dieu se tait. Où le cri de l'homme se heurte au silence, renvoyé par l'implacable écho."



A ce questionnement spirituel si souvent, si douloureusement posé, du "silence de Dieu" face à la souffrance, l'injustice et la barbarie, Sylvie Germain répond à son tour avec "Les échos du silence".



Dans ce petit texte d'une centaine de pages elle nous entraîne, dans cette langue inspirée et superbe qui est la sienne, au fil d'une méditation incandescente où l'on croise Job, Elie, Jésus, Thérèse de Lisieux, Etty Hillesum ou le roi Lear, dans une démonstration à l'issue de laquelle se trouve renversée la proposition initiale de l'absence de Dieu et de son silence en un cheminement de haute spiritualité à l'écoute de Dieu DANS le silence...



Car "Dieu mendie sa demeure dans l'esprit des hommes. Mais parce qu'il mendie comme les plus pauvres parmi les pauvres, sans faire spectacle, sans haranguer et encore moins invectiver, rares sont ceux qui le perçoivent ainsi enfoui dans un obscur recoin de leur être. Or c'est pourtant du fond de ce sombre réduit qu'irradie la lumière, et sourd le chant de fin silence."



Que de fulgurances, que de profondeur, que de pépites et que de beauté dans ce livre que j'ai quitté avec regrets, reconnaissante et bouleversée !



Un livre important. A lire. Tout simplement.
Commenter  J’apprécie          355
Petites scènes capitales



Un roman dans lequel on entre dès les premières phrases.

Sylvie Germain est une esthète de la langue française. Elle manie les mots, et les mots rares, avec une grande dextérité. C'est un véritable régal.

L'écriture est légère et fluide et d'une grande richesse lexicale.

L'histoire de cette petite Lili/Barbara, elle ne sait pas trop elle- même, se sentant comme "un greffon", une "fille surnuméraire" dans sa famille recomposée, est tout simplement passionnante.

Et cette, absence, cette mort dont elle ne sait rien et qui l'obsède.

Comment va t-elle pouvoir grandir et se construire avec toutes ses questions sans réponses ?



Lili, à cinq ans, se demande où est sa maman, qu’est-ce que c’est être mort.

J’ai ressenti une immense tendresse et une grande compassion pour cette petite fille solitaire qui se raccroche désespérément à chaque marque d’intérêt que pourrait lui donner un membre de sa famille recomposée.

Et cette absence, cette mort dont elle ne sait rien et qui l’obsède tout au long de sa vie, la laissant amputée d’une partie d’elle-même, elle, le « greffon », la « fille surnuméraire » qui a l’impression de « n’occuper qu’un strapontin au fond du théâtre affectif de la famille »

Cantonnée au rôle de spectatrice, plus que d’actrice de sa propre enfance, de son adolescence, c’est en contemplative qu’elle tracera son chemin de femme.

Alors que pour la petite fille, Lili, l’espérance de vie est là, on y croit avec elle, pour la jeune femme qu’elle est devenue, Barbara, ne transparaît que désespérance.

Le pessimisme s’insinue dans la lecture.

On retrouve les thèmes chers à Sylvie Germain :

L’absence et la mort

La construction de l’identité

La dualité de l’individu

Comme dans tous ses livres, si beaux fussent-ils, planent ce pessimisme, cette noirceur existentielle que la magie de sa plume rend supportables, et même, en quelque sorte, magnifie

Se dégagent en lisant celui-ci des sensations de couleurs avec une prédominance des teintes jaunes, ocre, orangées.

Il y a une grande cohésion dans la construction du roman. L’adulte, qui semble résignée à ne pas savoir, a gardé intactes en elle les attentes de la petite fille.

Sa vie n’est qu’une succession de petites scènes où toujours elle se cherche, sans jamais se trouver. Chaque scène est capitale, faisant d’elle l’adulte qu’elle est devenue. Etait-elle donc vouée à ne toujours occuper qu’un strapontin au fond du théâtre affectif de la famille ?



Commenter  J’apprécie          352
Petites scènes capitales

Lili se remémore les jeux avec sa grand-mère quand elle était enfant… elle vit avec son père, sa mère Fanny est partie quand elle était toute petite et elle n’a aucun souvenir d’elle.

Un jour, elle apprend Fanny s’est noyée en mer, elle essaie de s’envoler sur sa balançoire pour la rejoindre au Ciel.

Ses compagnons d’enfance sont les oiseaux de la volière, à côté. Elle les connait tous, reconnait leurs chants, le temps s’écoule paisiblement. Un jour, son père agrandit la famille car il a rencontré Viviane dont il est tombé très amoureux. Viviane a une fille Jeanne Joy qu’elle a eu d’une première rencontre, un fils Paul et deux jumelles nées d’une relation avec un troisième homme.

On change tout dans la maison, l’intimité relative avec son père disparaît. Il y a désormais une chambre pour Paul, une chambre pour le couple et autre pièce avec un lit à baldaquin pour Jeanne Joy, deux lits superposés pour les jumelles et un divan pour Lili qui se sent de plus en plus seule parmi tout ce monde, mise à l’écart.

Le premier jour d’école, l’institutrice fait l’appel et elle entend Barbara… elle pense « tiens une autre petite fille porte le même nom de famille que moi », mais non, Lili apprend ce jour-là que son vrai prénom est Barbara, c’est celui que sa mère a choisi mais voilà son père n’aimait pas ce prénom et l’a appelé Lili pour Liliane) sans avoir jugé bon de le lui dire. En fait, on lui a volé son identité purement et simplement..

On assiste à l’évolution des cinq enfants et du couple, ainsi qu’à toutes les petites scènes qui semblent anodines mais vont marquer chacun de façon indélébile, ce que je vous laisse découvrir.



Ce que j’en pense :



Lili Barbara (je lui choisis ce prénom-là), est une petite fille très attachante, à laquelle on a tendance à s’identifier car elle nous rappelle des souvenirs. Elle est secrète, hypersensible à la moindre intonation dans les mots comme dans les actes, mais elle ne dit rien, elle encaisse tout, du moins en apparence.

Elle est à la recherche de sa mère : comment celle-ci a-t-elle pu l’abandonner ? ne pas vouloir d’elle. Elle ne méritait pas son amour ? Elle a compté pour quelqu’un dans sa vie : sa grand-mère qui lui a donné tout son amour, par les mots, les gestes (cf. la scène de la confiture).

La grand-mère meurt pendant que Lili est en vacances chez elle et c’est son premier contact avec la mort. Elle devine sans trop comprendre. Où est la grand-mère ? Au ciel ? Elle n’y croit plus... Une fois de plus, le questionnement dans sa tête, comme pour sa mère.

Quelque chose s’est produit, un mur protecteur s’est effondré, mais encore une fois, elle ne dit rien de sa peine ni de ses interrogations.

Les jumelles, Christine et Chantal (feu follet l’a surnommé le père de Lili occupent toute la place.

Jeanne Joy (référence au parfum de Jean Patou) grandit, apprend le violoncelle avec application car elle n’est pas douée au départ, c’est à force de répéter qu’elle progresse. Elle-aussi, son père lui manque, pour se construire, pour pouvoir s’attacher à un homme , être amoureuse.

Paul est plus discret, mais provocateur : il fait une crise mystique à l’adolescence et veut devenir moine trappiste ce qui effraie sa mère car son père est de confession juive, donc elle le vit comme une trahison quelque part. « Paul, le fils posthume né avant mariage – conçu trop tôt, né trop tard »

On sent tout de suite que certains enfants sont préférés à d’autres de façon évidente. Lili comprend vite la place que Chantal occupe dans le cœur de son père : elle est sa préférée alors qu’elle, sa fille biologique, n’est rien ou si peu.

L’auteure pose aussi d’autres questions. Est-ce que la maternité vient toute seule en voyant le bébé pour la première fois ou est-ce qu’elle s’apprend, se construit jour après jour ? Qu’est-ce qu’une mère ? Qu’est-ce qu’un père ? Peut-on donner l’amour quand on n’en a pas reçu ?

Quelle est la place des enfants dans le couple ? On peut aimer un autre enfant plus que son enfant biologique car on est très amoureux de la mère de cet enfant alors qu’il y a eu peu d’amour avec la mère de son propre enfant.

Il y a peu de place pour Lili dans le cœur de son père car ce cœur a été occupé par Viviane, puis par son chien, compagnon de vie avec lequel il veut être enterré. Au risque de choquer je dirais que l'on pourrait presque parler d'abandon au sens moral, bien entendu, mais le résultat est le même.

L’écriture est magnifique : Sylvie Germain a un vocabulaire riche avec beaucoup de nuances, de variations dans les couleurs de la vie et des choses. Tout est précis, net alors que les mots nous enveloppent de mots subtils. Le ruisselet a fait tinter son eau dans l’esprit du rêveur, il a empli sa bouche de volupté et de fraicheur, éclaboussé sa raison de goutes de feu, de mots simples, d’étonnement simple. Au matin, Paul était un enfant, hors d’âge. Il était à son tour une page, très ancienne, effacée, toute neuve, un palimpseste nu, épiphanique. P 74

Le thème est fort, profond et tout a été parfaitement étudié. Les personnages sont bien construits. Elle maitrise parfaitement le sujet. On perçoit toujours son amour pour la nature dont elle parle si bien.



Note : 8,5/10

et plus sur mon blog


Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          342
La pleurante des rues de Prague

Ce livre ne me quitte pas. Je l'ai lu et relu et c'est à chaque fois une redécouverte et un bouleversement. Il est magique comme la ville qui lui sert d'écrin.
Commenter  J’apprécie          341
Le vent reprend ses tours

Alors qu'il le croyait mort depuis vingt ans et que depuis sa vie avait terni d'un seul coup, Nathan tombe nez à nez avec une affichette qui fait appel à la population pour retrouver Gavril,un vieil homme qui s'est échappé de l'hôpital. C'est pour Nathan comme un réveil après une interminable nuit d'attente. Il part immédiatement en quête de son ami,celui qu fut son sauveur lorsqu'il était enfant,son complice " mi-humain, mi- oiseau,un mage saltimbanque,un ange braque ou un bandit bienveillant". La quête s'avérera différente de ce qu'il prévoyait mais en partant sur les traces de Gavril c'est l'histoire d'un homme définitivement fidèle aux siens et victime d' " Histoires de guerres,de déportations, d'emprisonnement,de supplices et de réduction à l'esclavage, de purification ethniques, sociales,religieuses et à la fin, d'extermination" que nous découvrons. Auprès de Nathan c'est aussi un autre type d'histoire à laquelle nous accédons. Celle d'une enfance meurtrie, de l'attente désespérée de l'amour maternel.

Le roman est porté par la plume poétique et sensible de Sylvie Germain,que je confonds parfois avec Anne Bragance car elles ont toutes les deux le même don pour décrire les blessures du passé et notamment celles de l'enfance brisée.
Commenter  J’apprécie          332
Rendez-vous nomades

Rendez-vous nomades. Joli titre pour des pensées vagabondes : celles de Sylvie Germain. Empreintes de sérieux pourtant, ces pensées puisqu'elles abordent les grandes questions existentielles qui jalonnent souvent le cours d'une existence : le sacré et le divin, le hasard et les déterminismes qui conditionnent notre vie, le problème du mal...

Mais ce petit livre n'a rien à voir avec un traité de philosophie même si son auteure est détentrice d'un doctorat dans cette discipline. Il a bien plus à voir, en effet, avec son amour du langage et ses exigences de clarté, de précision et de rigueur qui lui font tordre dans tous les sens les mots qui l'habitent dans cette recherche de sens existentielle.

De beaux et courts chapitres sur les thématiques qui l'interpellent sont autant d'interrogations que l'on peut partager ou non mais qui restent passionnantes par le cheminement de la pensée de l'auteure. Elle joue vraiment avec les mots, les traque, les bouscule, les associe ou les oppose, , les disperse ou les rassemble pour mieux être présente, pour mieux déranger, remettre en cause les idées reçues et renvoyer à des doutes, des remises en cause ou à de simples questionnements. Libre à chacun de choisir ce qui lui convient.

La thématique à laquelle j'ai été le plus sensible est celle qui tourne autour de Lire/Ecrire car dans ce chapitre, Sylvie Germain, tout en s'interrogeant sur les dimensions de la création littéraire, y compris les plus douloureuses, nous donne un bel exemple de son talent lorsque l'on est confronté à ses phrases nerveuses, virevoltantes, qui courent après les mots sans se lasser.

Mais un florilège de citations saura, je l'espère, vous convaincre beaucoup mieux que je ne le ferais moi-même.

Commenter  J’apprécie          338




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sylvie Germain Voir plus

Quiz Voir plus

Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
1944
1954
1964

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvie GermainCréer un quiz sur cet auteur

{* *}