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Critiques de Sylvie Germain (761)
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L'inaperçu

Sabine se retrouve veuve avec quatre enfants dont la petite dernière estropiée dans l’accident qui a coûté la vie à son mari. Un bon travail, un bel appartement et ses beaux parents. Son beau-père qui aimerait tout décider à sa place, dictateur de la famille. Elle va rencontrer un drôle de bonhomme déguisé en père noël qui va prendre une place importante dans sa vie et la vie de ses enfants. Son prénom n’a pas d’importance, son existence non plus. Il accompagne cette famille en ne voyant que le meilleur. Il ne fait pas de bruit, ne s’impose pas, bref l’homme parfait. Et puis lors d’une soirée familiale nous assistons à une scène violente qui sera à l’origine de sa disparition et de la réaction des membres de cette famille. L’auteure nous raconte l’histoire avec le style d’une journaliste, impossible de s’attacher à un personnage. Des scènes, un instant de vie, des failles, nous restons à l’extérieur de cette histoire jusqu’au moment où tout devient différent. Il y a cette violence qui sort d’un coup sans prévenir, ces explications, cette indifférence. Déstabilisant et pourtant si réel.
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Petites scènes capitales

Jusqu’à l’âge de 5 ans, la petite Lili vit seule avec son papa, sa mère n’étant qu’un visage sur une vieille photo en noir et blanc. Et puis, le père rencontre la belle Vivianne, déjà mère de quatre enfants, et l’épouse. Par cette union se crée une nouvelle famille dans laquelle Lili peine à trouver sa place. Elle n’est plus enfant unique, elle doit partager son père avec les enfants de Vivianne. Au fil du temps, cette famille recomposée se transforme, se recompose, se décompose. Lili grandit, s’étourdit en mai 68, rejoint un groupe de hippies. Et le temps passant, Lili continue à chercher sa place dans le monde et dans le cœur de son père. Elle apprend à faire avec la vie qui n’est jamais un long fleuve tranquille.





Des éclats de vie, ciselés comme des éclats de diamant, racontés dans une langue superbe, une héroïne touchante dont on partage le désarroi, une famille -moderne pour l’époque- qui traverse joies et peines et se transforme au gré des évènements…Sylvie GERMAIN nous livre une pépite qui interroge sur l’enfance, la fratrie, la famille et les sentiments. Roman d’apprentissage, ces Petites scènes capitales décrivent le parcours de Lili, fillette en souffrance, qui deviendra Barbara, une femme apaisée, même si elle n’a pas trouvé toutes les réponses à son questionnement existentiel. Un destin ordinaire racontée par une plume extraordinaire!
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La pleurante des rues de Prague

C'est beau, c'est triste, c'est subtil. Cette femme qui hante les rues de Prague et qui porte en elle toutes les souffrances du monde, cette femme c'est moi, c'est vous, c'est l'enfant assassiné, c'est l'amant abandonné, ce sont tous les hommes exterminés depuis la nuit des temps pour leur différence.



Mais la véritable magie de ce livre pourrait-elle fonctionner si l'on n'était pas à Prague ? "Prague ne vous lâchera jamais, cette petite mère a des griffes", écrivait Kafka. Je suis persuadée qu'il aurait été impossible à l'auteur d'écrire "La pleurante des rues de Paris", ou "La pleurante des rues de Rome", ou pire encore "La pleurante des rues de New York". Imaginez un peu, New York !!! Ici çà marche parce que c'est Prague, et que Prague entre toutes les villes est la plus mystérieuse, la plus secrète, la plus opaque. La plus belle aussi, mais çà c'est mon opinion personnelle.



Et çà marche encore mieux quand le lecteur connait Prague : quand il situe dans chaque rue, chaque quartier, à chaque moment de la journée, le passage de l'ombre mystérieuse. Quand un léger brouillard monte du fleuve, quand l'obscurité envahit les ruelles, quand la nuit profonde règne, quand une lueur d'espoir apparait. Je dirais même que la magie de ce livre ne peut fonctionner à fond que pour un lecteur véritablement amoureux de Prague, et ce n'est pas un hasard si la Pleurante ne peut apparaitre que dans cette ville.



Mais pour qui connait Prague, comment ne pas en tomber amoureux ?
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Le monde sans vous

«Il va, le Transsibérien, il va il va, il épouse le temps, macéré de patience. Il traverse une géographie du temps, d’ouest en est. Il va à rebours du trajet du soleil. Il désheure le corps, et peu à peu, l’esprit des passagers. Il fait matin en plein sommeil, et vif éveil au milieu de la nuit. Demain grignote chaque aujourd’hui.»

Comment dire le monde sans vous, père et mère ? Dans le Transsibérien qui l’emporte, l’éloigne, Sylvie Germain à travers les poètes qu’elle aime, la beauté des paysages traversés, les peuples disparus qu’elle évoque, tente d’apprivoiser le vide de l’absence. Elle nous offre là l’un de ses textes les plus poignants.

Le chant qu'elle élève à «la candeur souveraine du bleu du lac Baïkal» dont elle dit qu’ «Il est aussi une vulve bleu satin chaste dans sa nudité qui est ostension de splendeur» est à l’image de tout ce livre, un hymne à l’amour.


C’est bien souvent que les larmes affleurent en le lisant et il rejoint un autre livre qui ne me quitte pas «La pleurante des rues de Prague» où Sylvie Germain évoquait, dans la sixième apparition de la pleurante, la mort de son père survenue alors qu’elle vivait en Tchécoslovaquie.

Ces deux disparitions se répondent dans "le monde sans vous" où elle reprend d’autres textes écrits pour la mort du jardinier amoureux des roses. Des poètes bercent l'évocation de sa mère, des peintres ravivent celle de son père.

«Et pas de dernier mot. Juste des mots nomades, infusés du silence même qui irradie des disparus, du grand silence qui flue de l’extrême lointain vers lequel ils s’en vont, inexorablement. Juste des mots légers comme des caresses, des signes de salutation, des sourires encore pâles, souvent brouillés de larmes, mais non dépourvus de clarté. Des mots, de simples mots sans prétention, moins pour chercher à bâtir de superbes tombeaux que pour tenter d’ouvrir en grand les tombeaux vides, et de les maintenir tels.»

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Jours de colère

Hameau mystique.



Dans ce hameau du Morvan, loin du monde, loin de tout, la folie est omniprésente. Piété maritale, faim insatiable ou passion pour une morte, voici les formes qu'elle prend.



Je ne sais pas quoi penser de ce roman. La plume de Sylvie Germain est toujours aussi belle. Les forêts sont vivantes, les feuilles bruissent sous le vent, le cycle des saisons suit son cours. La piété est le fil conducteur de cette communauté, mystique, dévotion, le sacré transcende le profane. Mais l'amour n'est pas en reste, âme soeur, bonheur des yeux, plaisir charnel, guident les hommes jusqu'à l'aveuglement.



Et pourtant je n'ai pas réussi à accrocher à l'histoire. Je l'ai trouvée bien trop simple. Des secrets de polichinelle, des rivalités entre faibles et puissants dans une petite communauté, ce sont des sujets très communs. Quant aux personnages ils se limitent pour la plupart à un ou deux traits de caractère et n'évoluent pas ou peu sur les années que durent le récit. L'ensemble forme un récit que j'ai trouvé très convenu.



Bref, une magnifique plume pour un récit ennuyeux.
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Le vent reprend ses tours

Le vent reprend ses tours est un livre poétique sur une rencontre qui fait grandir un adolescent. L’arrêt de cette relation aura des conséquences dramatiques.



À un arrêt de bus, un homme regarde les petites annonces, il fixe un nom, une photo. Nathan détache le morceau de papier et l’emporte. Il était persuadé depuis des années que Gavril était mort par sa faute. L’annonce dit qu’il a fugué de l’hôpital. A-t-il été retrouvé ? Est-il encore vivant ?



J’ai aimé la relation entre Gavril et Nathan, lors de l’adolescence de ce dernier, les promenades dans Paris où le saltimbanque montre à Nathan les mementos (lieu où a vécu un poète célèbre par exemple) et les stigmates (lieu où un évènement dramatique a eu lieu). Le personnage d’Elda m’a séduite, et enfin j’ai aimé la fin, pleine d’espoir, même si la réaction de Nathan, juste avant le dénouement, ne m’a pas convaincue.


Lien : https://dequoilire.com/le-ve..
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L'inaperçu

Solange longe la berge, serrant sous son manteau un tapis de laine volé aux Galeries Clasquin. Un bref désir, une impulsion, un élan de folie possessive. Tremblante de son acte, hoquetante de peur, son attitude met en alerte l’homme déguisé en Père Noël qui la regarde du haut du quai. Mû par un sentiment d’urgence, craignant qu’elle se jette à l’eau, il descend les escaliers, la rejoint tout essoufflé. Dans sa tête tourne cette prière « Il ne faut pas qu’elle rie. » Embauché pour être pris en photo-souvenir avec les enfants de passage au centre commercial, il était sorti faire une pause d’où son accoutrement de Père-Noël. « Sa tenue guignolesque avec sa houppelande mal ajustée » pourrait en effet déclencher l’hilarité.

Après cette scène initiale qui sonnera la rencontre singulière de Pierre et de Solange, Sylvie Germain suit la femme chez ses beaux-parents, les Bérynx. La belle-mère est fade, prisonnière des convenances sociales alors que Charlam, le beau-père, se dresse en patriarche, tenant les cordons de la bourse familiale et désirant tout régenter, y compris le commerce de Solange veuve depuis un peu plus d’un an. Elle seule connaît les circonstances qui ont conduit à l’accident mortel de son mari, un accès de fureur contre sa femme pour un billet de loterie égaré.

Depuis, à chaque saison, sur le platane ayant stoppé net la voiture de Georges, un bouquet flamboyant pour le disparu atteste, peut-être, de l’existence d’une maîtresse… La révélation sur ces fleurs écarlates sera troublante.



Dans les livres de Sylvie Germain, c’est son amour des mots qui nous happe immédiatement. Sa plume, si admirable, fascine, étourdit, et il faut presque se forcer à y saisir les indices qui portent l’histoire. Je me laisserais facilement bercer par la musicalité de ses phrases, en oubliant d’être attentive au déroulé du roman ! Celui-ci tourne autour de la famille, environnement où se construit un individu. L’impact de l’enfance semble déterminer, avec plus ou moins de force, plus ou moins de blessures, le devenir des uns et des autres.

Au sein de cette famille Bérynx vient se greffer Pierre qui prend sa décision à pile ou face lorsque Sabine lui propose de venir travailler dans son commerce. Pierre, l’énigmatique, le solitaire sans aucune attache familiale, ne se dévoile pas et esquisse habilement les questions sur sa vie privée, son passé, ses désirs. Neuf ans plus tard, dans l’esprit de Charlam, le patriarche, il restera le « Braconnier », un intrigant qui « sentait la rue » et pour lequel il nourrit une profonde aversion.

Petit à petit, de son écriture envoûtante, Sylvie Germain déchiffre les êtres, leurs désirs cachés, leur frustration, leurs excès, leur mal-être, les marques de l’enfance dont on ne se dépouille pas si facilement.

Avec Pierre, alors qu’il semble vivre en lisière de la famille Bérynx, elle s’attache aux traces laissées après son départ subit. Des traces qui pourraient rester inaperçues mais qui se révèlent déterminantes, qui ont creusé des sillons plus ou moins profonds chez les uns et les autres pour ouvrir d’autres voies à leurs vies.



Dans ce roman, Pierre peut être l’inaperçu mais il faut saisir aussi les multiples visages que peut prendre l’inaperçu niché chez les autres personnages. Il peut être celui d’un secret, de sentiments précieusement masqués, d’une culpabilité, d’un traumatisme enfoui, refoulé. L’intérieur de chaque être se construit d’éléments disparates auxquels s’ajoutent, parfois, l’un des évènements honteux inscrits dans l’Histoire. On comprendra alors, le cœur serré, l’importance des premiers mots que Pierre a adressés à Sabine « Ne riez pas ! »

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Tobie des marais

Jusqu'il y a quelques mois, je n'avais rien lu de Sylvie Germain et je ne la connaissais que de nom pour l'avoir "rencontrée" dans les étagères des libraires.



C'est la polémique créée par la réaction virulente des lycéens qui se sont vus proposer un de ses textes au bac qui m'a donné envie de la découvrir.



J'ai choisi Tobie des marais parce que le cadre - le marais poitevin - me rappelait un peu la Brière, pas très loin de mon lieu de vacances estivales lorsque j'étais enfant, et que j'aime les milieux humides, avec leur faune et leur flore si spécifiques (voilà pourquoi ma photo de profil est un kio...)



J'ai beaucoup apprécié la lecture de Tobie des marais, mais je serais parfaitement incapable d'en faire un résumé, voire même une simple présentation.



J'ai vraiment été soufflée par ce livre : comment est-ce possible d'écrire des choses aussi dures et sombres dans une langue aussi belle et lumineuse ?



A ceux qui ne connaîtraient pas encore Sylvie Germain, je suggèrerais de tenter l'expérience, même s'il est sûr que son style n'est pas celui plébiscité par les lecteurs qui ont donné naissance à la liste des livres préférés des Français...



De mon côté, je vais choisir un autre livre de Sylvie Germain, mais j'attendrai avant d'en commencer la lecture : comme pour un bon vin, il faut savoir l'apprécier en faisant une pause entre chaque dégustation.
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Magnus

Franz-Georg a dix ans quand on fait sa connaissance. Il ne se souvient plus de son passé. Sa mémoire a été effacée après une forte fièvre quand il avait cinq ans. Il doit réapprendre sa vie, sa langue, son pays. La seule chose qui le rattache encore à son passé, c'est son ours en peluche Magnus aux oreilles roussies.



Qui sont ses parents ? Franz-Georg sent bien qu'on lui cache des choses sur son enfance, sur la profession de son père qu'il craint et admire en même temps. Mais cette admiration va finir brutalement le jour où il comprend que ce père en fuite est un nazi recherché pour les crimes qu'il a commis...



De l'Allemagne en France, en passant par l'Angleterre, le Mexique, les Etats-Unis et l'Autriche, Franz-Georg cherche qui il est. Les Dukenthal, ses parents aimés puis haïs en raison de leur appartenance nazie, ne sont pas ses parents biologiques. Alors, au fur et à mesure de sa quête, il fera évoluer son prénom jusqu'à prendre celui de son ours en peluche. Enfin, grâce à sa rencontre avec un ermite (j'ai adoré cette partie là), il comprendra que peu importe son nom, il est.



Un très beau roman sur la construction d'un homme dont la mémoire est incertaine.

Une construction originale, et quelquefois déconcertante, qui interpelle et éclaire le lecteur avec des suppléments d'histoires, de poésie ou de documentation qui s'intercalent dans le récit. Ces petits suppléments appelés notules, séquences, résonances, fragments permettent aux personnages de se confronter à l'Histoire.



Une écriture magnifique, un héros attachant en quête d'identité : un homme et son ours en peluche qui traversent les vicissitudes de la vie ensemble et la rencontre finale avec un moine qui apporte encore un supplément d'âme et de poésie...



Décidément, plus je lis les écrits de Sylvie Germain, plus je suis éblouie par son écriture, son talent de conteuse, le rapport que ses personnages entretiennent avec l'Histoire, son imagination et son humanité...



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Les échos du silence

Je reste un peu déçu par ce livre. Un peu dans le sillage de Christiane Singer ou Christine Rincé, Sylvie Germain nous amène à nous questionner sur la présence ou absence de Dieu. La question que l'on se pose souvent : pourquoi si Dieu existe, la souffrance, l'injustice, le malheur… sont-ils autant présents ? Elle étaie sa réflexion en puisant des exemples dans la Bible, dans « Le roi Lear », la pièce de Shakespeare… Je ne connais pas trop cette pièce, et ces comparaisons ne m'ont pas franchement aidé. Pour autant, au-delà de ces connaissances culturelles, il se dégage de ce questionnement quelques pistes de réflexion et d'éléments de réponse. Si Dieu ne se manifeste pas, c'est qu'il a peut-être laissé la gestion de sa Création aux hommes. Avec tout ce qui s'en suit. Mais à travers les « silences » de Dieu, en étant suffisamment attentif, on peut en percevoir quelques échos… Aux hommes d'être dignes de cet encombrant mais magnifique héritage. Moi qui ne croit pas vraiment à Dieu de cette manière biblique, je me retrouve pourtant très bien dans ce questionnement autour de l'agencement de cet univers, laissé à la gestion des hommes, mais ce me semble un tantinet réducteur. Il y manque d'autres sources, d'autres références pour mieux comprendre l'univers.

Il en reste un livre, pas toujours facile à lire, s'appuyant sur des références que l'on n'a pas toujours. De plus, l'écriture, très choisie et assez poétique ne facilite pas la compréhension du propos, qui sur le fond, me semble assez réducteur.
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Le vent reprend ses tours

Une histoire profondément émouvante toute en finesse et en poésie. Une structure narrative vive et entraînante. Des jeux avec les mots, la langue où l’humour, la tendresse et la tristesse affleurent pour cautériser la souffrance de destins meurtris, leur rendre la grâce de la beauté et en faire sourdre le sens. Un fils à la recherche de sa mère et de l’amour, une mère en manque du souffle de son fils, le tout uni par la grâce d’un saltimbanque féru de poésie. Un très beau livre assurément.
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Magnus

Il m'attendait , bien rangé dans ma bibliothèque , depuis .. je n'ose avouer ce crime de lèse-lecture ! Il m'a attendu , j'ai pris le temps de le lire car il m'a fallu beaucoup de temps, d'abnégation même pour suivre Magnus dans sa quête d'identité. La route fut longue, semée d'embûches, de drames et de joie. Je l'ai donc suivi, et l'ai accompagné tout au long du chemin jusqu'à ces mots:

" S'en aller, chante tout bas le livre des merveilles et de l'insoupçonné, s'en aller...

S'en aller. "

Un roman à nul autre pareil, où la plume de Sylvie Germain relaie les mots de Magnus le petit garçon et de son ami Magnus un ours en peluche à l'oreille noircie qui ne lui quittera jamais ... L'histoire de Magnus est aussi celle de nombreux enfants ici ou ailleurs, hier, aujourd'hui ou demain, une multitude de petites histoires qui ont écrit, écrivent et écriront l'Histoire de ce Monde..



Un roman récompensé par le Prix Goncourt des lycéens en 2005.











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Le monde sans vous

Je découvre Sylvie Germain par ce livre, composé de trois textes.

Le premier est le fruit d'une proposition de France Culture auprès de 4 écrivains, celle de poser en mots un voyage à bord du Transsibérien, de Moscou à Vladivostok. J'avais déjà lu le récit qui en avait résulté de Maylis de Kerangal, voici maintenant celui de Sylvie Germain.

Ce voyage presque immobile, puisqu'on ne quitte presque jamais le train, incite à l'introspection, et si quelques fragments de paysages et bribes de la vie à bord émergent de temps en temps du récit, c'est surtout en elle-même que plonge Sylvie Germain, pour y retrouver sa mère récemment disparue. Pour fixer le portrait qui se dessine, elle tisse autour de lui des extraits de poèmes, en particulier ceux de Ossip Mandelstamp qu'il me reste à découvrir, et des évocations de récits mythiques. L'écriture nous plonge dans cette contemplation de la pensée et m'a parfois perdue, je l'avoue.

De même, les textes qui suivent, ciselés autour des mots et des évocations qu'ils provoquent, rendent cette fois-ci hommage à son père, sa vie à partir de son enfance.

Certains passages sont beaux, émouvants, mais les références d'un bout à l'autre ainsi que cette recherche minutieuse par les mots m'ont parfois découragée et je pense être passée à côté de certains passages.

Je retenterai avec d'autres écrits.
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Le Livre des nuits

Elle nous dit la Vie des Péniel !



Devenus gens d'à-terre - " Terre demeurée sauvage qui murmurait à la tombée du jour d'anciennes légendes de sorciers, de fées, d'invincibles galvaudeux et d'esprits en errance".



Un temps, ils furent gens de l'eau-douce - " Leurs coeurs étaient couleur d'ardoise, abrasés tout autant par les éclats du jour que par les pénombres de la nuit".



Quelle lumière dans la magnificence des descriptions !



Quelles ombres inquiétantes dans les sombres rouages de cette famille qui n'en finit pas de s'agrandir en personnages tous plus extraordinaires et fantastiques, marqués par la violence, la passion et le renouveau.



Magie lumineuse de vies et de destins hors du commun avec une touche de fantastique qui se fond aisément au fil des pages ; destins sombres comme la nuit, d'autres éblouissants comme la lumière.



Monde sans fin, recommencé !

Après le bruit et la fureur des hommes de guerre, qui ne laissent sur leur passage que sang, feu, flammes, incompréhension, douleur et cendres.



Très belle écriture qui m'a transporté.

Elle dit l'amour des hommes, de la terre, leur passage telle une toile arachnéenne qui brille, se tend, se brûle au feu de la vie, de l'amour, de la mort, se déchire et renaît.



La Vie tel un gros livre feuilleté à l'endroit, puis à l'envers,

Eternellement !
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Brèves de solitude



Déception que ce roman de Sylvie Germain dont j'aime généralement la plume notamment l'étonnant à la table des hommes

ici, dans ce qui est un des premiers romans post confinement, on est plus dans un recueil de nouvelles avec le portraits de personnages hauts en couleurs qui se croisent et qu'on va retrouver dans une seconde partie du livre tous confinés chez eux à cause d'un méchant virus

et que la Covid-19 ne les condamne à la réclusion.



Sylvie Germain dresse les portraits de ces individus

s'interroge sur les relations sociales aujourd'hui notamment face à une situation d'urgence comme la pandémie .



On voit qu'elle essaie de sonder le cœur de ces hommes et femmes d'aujourd'hui, mais l'ensemble sonne trop artificiel, trop plaqué, et reste trop en surface pour convaincre totalement. On a l'impression que Sylvie Germain a souhaité finaliser ce roman pour être une des premières à parler du bouleversement lié à la crise sanitaire et du coup a manqé un peu de recul et de profondeur pour son projet plus excitant dans l'idée que sur le papier...



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Brèves de solitude

Dans un square à Paris, des personnes aux occupations différentes passent un moment et s'ignorent.

Voilà la première partie

Ensuite, c'est le confinement et on retrouve la plupart de ces personnes enfermées chez elles.

Quelle fine analyse des caractères, des comportements.

Avec ces mesures psychologiquement éprouvantes, voire inhumaines, chacun vit la solitude imposée à sa manière.

Avec son caractère, avec son vécu, avec ses sentiments........

Malgré la pesanteur de la situation, Sylvie Germain

ne nous décrit pas ces situations plus ou moins lourdes avec pessimisme.

Pudeur, sensibilité, retenues..... elle effleure.

Et la poésie de son écriture fait que tous ces cas bouleversés dans leur quotidien, même s'ils reflètent notre société actuelle et morose, on accepte d'en lire l'histoire.
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Chanson des mal-aimants

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Sylvie Germain de sa plume envoûtante, riche et ciselée nous invite à partager la vie de Laudes-Marie, née albinos et abandonnée, dans sa fuite incessante. Portrait très réaliste d’une humanité dont notre narratrice va commenter les actes au fil de ses rencontres en nous offrant ses réflexions, tout en gardant une position d’observatrice, de témoin. Sans racine, Laudes-Marie qui adore les arbres, semble incapable de se fixer, s’envolant même parfois dans des visions oniriques et symboliques de sa propre souffrance et de celle du monde. Étrange chemin de vie zigzagant qui la mènera sur la voie du silence et du détachement, en paix avec elle-même et sa solitude, épanouie dans « ce sourire de délivrance » de sa dernière vision, son état de grâce.

C’est un livre percutant et intelligent où nous attendent bien des surprises, chacune d’elles donnant l’occasion de plonger au cœur de la psychologie humaine.

Deuxième livre de Sylvie Germain lu après « l’inaperçu » mais, c’est certain, pas le dernier.

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L'enfant méduse

Sylvie Germain et moi aurions dû nous entendre. La trame de ses histoires m’interpelle toujours. Le problème ne se situe donc pas dans le fond mais dans la forme. L’écriture de Sylvie Germain évolue au gré d’un rythme qui n’est pas le mien : lorsque je me serais élancée, elle se réduit dans une écriture saccadée, alors qu’elle s’étale au contraire dans les descriptions ou les énumérations de détails parasites lorsque l’instant se présente à moi de manière plus ponctuelle et anecdotique.





Autre chose : Sylvie Germain traite les sentiments d’une manière qui me dérange. Si le talent d’un écrivain se mesure en rapport avec l’extrémité des hérissements –de plaisir, de dégoût ou de colère- qu’il suscite chez son lecteur, alors Sylvie Germain est talentueuse. Dans L’enfant méduse, Sylvie Germain ressasse la misère et ne la dépasse jamais, moins par faiblesse que par fascination morbide. Elle n’est sans doute pas d’accord avec Saint Augustin (« On peut comprendre une douleur mais on ne doit en aimer aucune »). J’accorde qu’on ne pourrait pas traiter la thématique de son livre avec légèreté sans risque de passer soi-même pour quelqu’un de sordide. Mais le problème, c’est qu’il n’y a que cela : la misère, la crasse, sans espoir, comme si la situation ne pouvait jamais n’être qu’inexorable. Michel Houellebecq ne fait pas mieux dans ses Particules élémentaires mais là encore, ce n’est pas comparable car Houellebecq fait preuve d’un cynisme et d’un humour noir qui soulagent alors que Sylvie Germain ne sourit pas une fois et ne semble même pas le vouloir.



C’est normal ? C’est la définition même de la vie ? Le renier serait faire preuve de naïveté ? Pas forcément : c’est le point de vue de Sylvie Germain sur la vie, et il me semble réducteur et finalement agaçant. Est-ce une manière d’attirer caresses et réconforts ? Prenons un exemple :





« Aloïse fut opérée. On l’amputa d’un sein. Le cancer récidiva. On pratiqua l’ablation du second sein. Cette mutilation réitérée du corps de sa mère se répercuta en Lucie ; celle-ci fut, à mesure du déclin d’Aloïse, amputée de tous ses ressentiments restés coriaces à l’égard de sa mère. La pitié creusait, creusait toujours plus profond en Lucie […]. »





Je ne peux plus lire des textes comme ceux-ci où le pathétique renvoie l’être humain à ce qu’il a de plus désespéré en lui. Pas que je ne le supporte pas, mais je ne le comprends pas. C’est comme ces gâteaux de semoule au lait mous, gluant et flageolants, qui semblent n’attendre qu’une chose : qu’on abatte le poing sur eux pour mettre fin à leur agonie (cette image renverra en revanche à un très bon passage de L’enfant méduse car il y a aussi des morceaux fantasques qui ne prennent pas le pose dans ce livre).





Enfin, je veux signaler que mon avis sur ce livre n’engage évidement que moi : Sylvie Germain est une auteure à l’écriture très poétique, imagée et originale. Je regrette de ne pas réussir à communiquer avec elle mais pour ceux que son écriture ne rebute pas, elle est sans doute une auteure de grand talent.
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Magnus

Sylvie Germain associe deux tragédies. La première est celle d’un homme sans souvenirs. Franz-Georg n’a plus aucune mémoire de son enfance. Il se raccroche au seul témoin direct de son existence passée : son ours en peluche Magnus. Dévoilant peu à peu les mensonges, les entourloupes et les fictions, Franz-Georg grandit dans une quête d’identité tumultueuse. A chaque fois qu’il croit s’être un peu retrouvé, ses illusions s’effondrent et le laissent pantois. Qui est-il, à part cette quête effrénée de lui-même ? Comme Descartes disait « Je pense donc je suis », de même Franz-Georg pourrait dire « Je cherche donc j’existe ».





Il semblerait toutefois que cette tragédie ne soit pas suffisante à elle-même et pour en renforcer la puissance dramatique, Sylvie Germain la double d’une tragédie historique d’autant plus convaincante qu’elle est encore très polémique : la brève mais effroyable prise de pouvoir des nazis. Dans ce contexte, le mensonge et la dissimulation trouvent une justification qui se suffit à elle-même. Toutefois, la trame devient du même coup un peu plus simpliste car on devine tout de suite pourquoi Sylvie Germain nous prend par la main, et jusqu’où elle veut nous conduire.





Dans la forme, Magnus fait parfois songer à L’écriture ou la vie de Jorge Semprun. Dans les deux cas, un personnage découvre avec stupeur que les mots ne suffisent pas pour désigner une expérience. Si Franz-Georg ni Jorge Semprun ne peuvent raconter leur passé –dans un cas parce qu’il n’a jamais été raconté, dans l’autre parce qu’il excède les mots-, doit-on faire comme si ce passé n’existait pas ? Et comment poursuivre son existence avec cette faille béante en soi ? La ressemblance s’arrête là car face au récit de Jorge Semprun, Magnus fait piètre apparence. Toute l’histoire de Franz-Georg sert en dernier ressort à juger une époque, là où Jorge Semprun avouait la confusion et l’incroyable irréalité d’un monde qui ne peut plus se dire. Finalement, on comprend Franz-Georg et son inconsistance : dans Magnus même, il n’existe qu’à unique fin de preuve.





Ce petit désagrément ne devrait toutefois pas nous faire passer à côté d’une écriture racée et dynamique, qui alterne passages narratifs et documents ou poèmes faisant écho à la progression de l’histoire. C’est lorsque Sylvie Germain suspend le jugement et prend du recul qu’elle révèle son talent littéraire :





« Dans une petite alcôve baignée d’une lumière blême et protégée par une grille, une cinquantaine d’urnes en argent ciselé, de tailles diverses, est alignée en deux demi-cercles superposés. Des cœurs qui furent vivants, qui ont battu avec orgueil dans des seins d’impératrices et des torses d’empereurs tout-puissants. Qui ont battu avec ardeur, avec aussi des peurs et des colères, des jalousies, des rêves et des chagrins, des hontes et des espoirs. De ces cœurs seigneuriaux qui tour à tour ont sonné, dans l’or, l’acier, la splendeur et le sang, les heures du Saint Empire romain germanique, il reste désormais une cohorte de vieux muscles ratatinés dans du formol, montant la garde autour du vide. »





La beauté de cette réflexion ne se retrouve malheureusement qu’à l’état de fragments épars dans le reste d’un Magnus qui se disperse trop souvent en facilités moralisatrices.


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Le monde sans vous

Heureusement que ce livre est très court car il m’a paru très difficile à lire, de façon inexplicable a priori. J’ai mis près d’un mois à le lire, à petites doses homéopathiques. Ce livre est constitué en fait de quatre textes déjà parus par ailleurs et ayant pour point commun d’aborder le thème du deuil, deuil de la mère dans Variations sibériennes, deuil du père dans Kaléidoscopes ou notules en marge du père.

J’ai fini par comprendre ce qui me gênait et que j’ai solutionné en fractionnant ma lecture. Ces textes avaient tout pour m’attirer, mais Variations sibériennes (qui occupe plus de la moitié du livre), écrit dans le cadre d’un voyage organisé par Cultures France a produit sur moi un effet désagréable inattendu. Ce récit est constitué de trois types de texte qui se succèdent en alternance : le récit du voyage proprement dit avec le train et les paysages, des réflexions sur la littérature russe, en particulier sur la poésie, et enfin une plongée introspective à la recherche de sa mère récemment disparue. Je comprends fort bien qu’un tel voyage en train suscite l’introspection, mais personnellement, alors que j’adore la littérature russe, et que j’ai trouvé son récit de voyage extrêmement poétique, et d’une grande beauté, j’ai trouvé la succession de ces trois types de texte peu naturelle, irritante. C’était un peu comme écouter une musique jouée sur instruments désaccordés. Impossible pour moi de rentrer dans sa démarche, les liens entre les textes ne me parlaient pas, pire, heurtaient mon imaginaire !

Les autres textes ne présentent pas du tout ce problème. Je pense que, en tout cas pour moi, ce n’était pas du tout le bon livre pour découvrir Sylvie Germain !
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Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
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