23.
L'Ange blanc : Les enfants de Tchernobyl sont devenus grands
Gaetan Vannay
3.88★
(11)
Slavoutytch, ville d'environ 25.000 âmes, se situe tout au nord de l'Ukraine, à une trentaine de kilomètres de Tchernobyl. Cette cité au destin singulier est sortie de terre à la suite de la catastrophe qui a touché la centrale nucléaire en avril 1986. Accueillant tout d'abord les « liquidateurs » intervenant après l'accident, Slavoutytch s'est ensuite peuplée de techniciens travaillant sur le site de la centrale.
Se voulant idéale, cette ville moderne possède une architecture pour le moins atypique, chaque quartier étant un reflet des différentes républiques soviétiques d'où provenaient ceux qui l'ont bâtie. Slavoutytch est donc une ville récente, étonnante, peuplée à 28% de jeunes de moins de 15 ans (données 2014) et à la vitalité débordante (beaucoup de mariages… et de divorces !… et un taux de natalité très élevé). Pourtant, l'ennui guette les habitants… Car que faire dans cette une ville dont la surface construite n'est que de 7,5 km2 ?
Pendant 3 ans, le photographe Suisse Niels Ackermann a régulièrement arpenté les rues de Slavoutytch et a suivi l'évolution de sa jeunesse, née après la catastrophe nucléaire. Fasciné par la jeune Ioulia qui le guidera à travers sa ville, Niels entrera petit à petit dans l'intimité de ces « Enfants de Tchernobyl ». C'est cette intimité, ce quotidien qui nous est présenté dans ce très bel album photo.
Je dois reconnaitre avoir été quelque peu gênée au premier abord par le format de l'ouvrage. Les photos sont publiées sur 2 pages et cette pliure au centre de l'image est pour le moins troublante. Pourtant, à y regarder de plus près (et à quelques rares exceptions), cela n'entache en rien la lisibilité des clichés. Tchernobyl, cicatrice au coeur de l'Europe… Et si cette pliure au milieu des photos en était une autre manifestation ?
J'aurais aimé également voir apparaitre un titre, une légende explicative aux photos : Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Où ?… Sur l'instant, je me suis posée beaucoup (trop) de questions. Mais au final, qu'importe ! Il reste l'émotion. Car oui, les clichés sont magnifiques. Finalement, j'étais sans doute un peu trop conventionnelle dans mes attentes. Les informations nécessaires et suffisantes se trouvent en fin d'ouvrage. Je recommande d'ailleurs au lecteur le très beau texte d'Andreï Kourkov.
Au final, je me suis rendue compte en feuilletant encore et encore ce livre qu'il me fallait ne pas trop intellectualiser ma relation à l'Ukraine : le sentiment doit primer au-delà de toute analyse.
Et si, somme toute, c'était là que voulait nous mener Niels Ackermann, autre grand amoureux de ce pays, à ne pas se poser de questions, mais plutôt à laisser surgir en soi l'émotion ? Si c'est le cas, son pari est réussi. Quoiqu'il en soit, merci pour ce beau voyage intérieur, Monsieur le photographe !
J'incite les curieux et/ou amoureux de l'Ukraine à visiter le blog de Niels Ackermann : https://blogs.letemps.ch/niels-ackermann/ Cette vision d'un occidental épris de ce pays pourrait bien vous surprendre !