Commande à la Librairie Caractères (Issy)- le 16 avril 2022
Découvert cette publication en établissant une liste et sélection bibliographique autour de l'Ukraine...
Une lecture "coup de poing" qui remue les tripes, en lisant les violences et les barbaries qu'un pays puissant peut faire endurer à son peuple, ou à des pays-frères; Là, il est question de l'empire soviétique sous le régime stalinien s'attaquant à L'Ukraine....
Ce livre se divise en deux parties: la première, l'auteur raconte sa rencontre avec "
l'Ukrainienne " dont il retranscrira aussi fidèlement que possible le parcours douloureux ainsi que celui de sa mère, figure centrale et bouleversante...ainsi que ses réflexions quant à ce coin montagneux où il était venu achever "
Langue maternelle", son troisième roman....
Ce livre fût édité la première fois en 1983. Cette édition francaise a été augmentée de la préface de
Josef Winkler(2021), ainsi que de la traduction de Lettres de Hapka Davidovna à ses filles depuis 1957 jusqu'à sa mort en 1974)...
L'auteur nous explique dans sa préface à l'édition française , l'origine de ce livre et les conditions très particulières dans lesquelles il a été recueilli et rédigé !
"En 1981, je passai une année entière à Mooswald en Carinthie dans la famille Steiner, dite Starzer.(..)
Partout les chambres étaient déjà louées aux touristes,seule Mme Valentina Steiner,que je croisai par hasard devant sa maison, me dit que je pourrais emménager quand je voudrais.On l'appelait la "Starzer Vale".Je savais qu'elle venait de Russie, rien de plus.
Quelques semaines plus tard, j'arrivai à sa ferme avec ma valise et le coffret noir, en plan incliné, de ma machine à écrire électrique Olivetti. (..)
A cette époque, plus de neuf mois durant lesquels je travaillai au roman"
Langue maternelle", elle me racontait régulièrement le soir son enfance ukrainienne et sa déportation jusqu'en Carinthie en 1943 alors qu'elle avait quatorze ans.Au commencement,je ne pris pas de notes.Soir après soir,je l'écoutais. Elle attirait souvent mon attention sur le fait qu'elle m'avait logé dans cette même chambre où elle l'avait été elle aussi après avoir été transportée de force en Carinthie et où des années durant elle avait dû dormir près d'une servante.
Quand j'eus achevé le roman "
Langue maternelle ", le printemps était arrivé. Elle travaillait au Jardin. Je m'asseyais non loin d'elle avec un magnétophone. Nous faisions ces enregistrements en secret,car son mari,le fermier, qui était également très porté dur l'eau-de-vie qu'il distillait chez lui,ne pouvait pas entendre ces histoires russes.Il ne voulait rien savoir.Il avait honte d'être marié à une Russe. (p.8)"
Ce livre-documentaire m'aura fait prendre connaissance avec cette ignominie inconcevable voulue par Staline:"L'Holodomor": l' "extermination par la faim" infligée à l'Ukraine....dans les années 1930...
Ce pays, décidément, aura subi dans son histoire des périodes d'une rare violence et d'une cruauté sans nom !...
Premier contact et première lecture de cet auteur autrichien, qui me marqueront à jamais...entre la qualité et l'importance de ce témoignage...avec, en plus, l'actualité déchirante de l'Ukraine, à nouveau mise en souffrance par le pouvoir russe. ..
Comment peut-on réitérer, répéter inlassablement les barbaries, la sauvagerie destructrice envers d'autres peuples, en oubliant les millions de personnes massacrées dans le passé ??!
Bénie la Littérature qui témoigne haut et fort, sauve de l'oubli des destinées anonymes,ayant affronté trop souvent le pire des violences de l'Histoire !
Après cette première rencontre des plus émotionnantes,je vais poursuivre ma lecture de cet auteur avec un texte plus personnel, "
Requiem pour un père "...
Je finis ce billet par une petite note de joie...bienvenue..
"A Noël, j'apportai le livre à Mme Steiner.Elle en fût très fière. Avec une joie d'enfant, nous le déposâmes au pied du sapin..Elle savait désormais qu'étaient sauvegardées l'histoire de sa mère, qu'elle n'a jamais revue,et celle de sa propre enfance ukrainienne et de sa déportation." (p.9)