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Vanina (Traducteur)
EAN : 9782070702374
308 pages
Gallimard (14/11/1984)
4.21/5   114 notes
Résumé :
Dans un coin abandonné et désert des entrepôts de Bahia, grand port brésilien, vivent en marge de la société de nombreux gamins surnommés les "Capitaines des Sables".
Vêtus de guenilles, sales, quasi affamés, lâchant des jurons et fumant des mégots, ils sont en vérité les maîtres de la ville, ceux qui la connaissent totalement, ceux qui totalement l'aiment, ses poètes. Ils volent, participent à toutes sortes de mauvais coups, et si habilement que la police ne... >Voir plus
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Jorge Amado a seulement 25 ans lorsqu'il écrit « Capitaines des sables » en 1937.
Ce roman se déroule à Salvador de Bahia, ancienne capitale du Brésil et point de convergence, à l'époque de l'esclavage, des cultures européennes, africaines et amérindiennes.
Les bas-fonds de cette ville chargée d'histoire où vivent les communautés les plus diverses inspireront le grand romancier brésilien tout au long de sa carrière. le sort des déshérités, les conditions de vie des laissés-pour-compte, les injustices sociales imprégneront l'oeuvre de cet écrivain proche du peuple.

C'est dans un entrepôt désaffecté, au bout d'un no man's land sablonneux, que nous faisons la connaissance d'un groupe d'adolescents livrés à eux-mêmes.
Patte-Molle, Sucre d'orge, Le Professeur, S'là-Coule-douce, le Chat, sont les pseudos qu'ils s'attribuent les uns aux autres. Seul un blondinet balafré, Pedro Bala leur chef, a conservé le nom de feu son père, leader syndicaliste des dockers piétiné par la cavalerie dix ans plutôt.

Ces enfants abandonnés n'ont que leur débrouillardise pour survivre, la mendicité et le vol partagent leur quotidien. Leur dextérité au poignard et au rasoir compense leur manque de force face aux adultes. Leur complicité, leur amitié, leur solidarité sans bornes permettent à ces jeunes garçons en manque d'amour de malgré tout se raccrocher à une certaine humanité.
Seul adulte à connaître leur repère, l'abbé José Pedro a toute leur confiance et certains d'entre-deux sont sensibles à son message de paix. Mais la grande majorité n'a pas une âme d'enfant de choeur et les instincts primaires priment souvent sur la raison.

Le lecteur appréciera néanmoins les déambulations de ces gamins espiègles dans la chaleur des rues fleuries de Bahia.
Apparaît alors l'énorme fossé existant entre les bas quartiers miséreux du port et les riches demeures dans la partie haute de la ville. Par petites touches, sans forcer le trait, l'écrivain donne l'impression d'idéaliser le comportement de survie des Capitaines des sables ; il ne glorifie pas leurs exactions mais n'est pas loin de leur trouver des excuses au regard du monde sans pitié qui leur est imposé.

Près d'un siècle plus tard, les disparités au sein de la société brésilienne sont à peine moins criantes et les manifestations de masse dans les grandes villes du pays, ces dernières semaines, auraient probablement inspiré la plume militante du regretté Amado.
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CAPITAINES DES SABLES de JORGE AMADO
Le journal local se plaint, au nom des habitants de Bahia, des vols commis par les »Capitaines des sables », nom donné à un groupe de gamins, le dernier méfait en date étant un coup de couteau à l'épaule du jardinier du commandeur. Suite à cet article la justice, la police, les politiques, les religieux, tout le monde se plaint ou se justifie. le chef de cette bande est Pedro Bala, il a investi un entrepôt délabré sur les quais habité précédemment par les rats. Une quarantaine de gamins y vivent sur la centaine qui compose la bande. Il y a Joan Grande, un noir gigantesque, le professeur, qui lit des livres et leur raconte des histoires le soir, Patte-Molle, l'espion qui rit tout le temps de sa voix égrillarde, Sucre d'orge, qui croit et prie tout le temps, le Chat, l'élégant du groupe qui fait craquer les filles et qui, après utilisation, en passe une à La Coule Douce qui lui n'a aucun succès avec les demoiselles. Autour d'eux il y a le père Pedro qui essaye d'entrer en contact avec eux, de les convertir en les traitant comme des hommes. Chacun a une activité, une spécialité mais les vols sont de peu d'envergure et les receleurs prennent une grande partie du bénéfice. Les journées avancent toujours un peu les mêmes, les gamins grandissent et chacun évolue, le groupe se transforme. La police les traque et ceux qui passent par la maison de correction sont très durement traités.
Un très beau livre d'Amado qui cultive une voie pleine de poésie et de tendresse envers ces gamins souvent orphelins ou abandonnés, Bahia rejette à la marge ces populations défavorisées qui survivent en guenilles avec peu de chances d'améliorer leur statut. Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais une galerie de portraits, quelques expéditions et l'évolution personnelle des « Capitaines »les plus truculents. Un vrai coup de coeur pour ce livre où l'on sent tout l'amour de l'auteur pour ces brigands dont le plus âgé doit friser les 14 ans.
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Avec Capitaines des sables, on est bien loin du Brésil qui fait rêver, celui du Carnaval, des grandes plages de Copacabana, des belles filles siliconées en maillots de bains "timbres poste". On voyage au contraire dans le Brésil qu'on ne montre pas, qu'on tait sur les brochures touristiques, celui de la violence, du vol, du viol, des favelas. Bien qu'écrit il y a plus de 80 ans, en 1937, Capitaines des Sables, n'en conserve pas moins, de ce fait une actualité brûlante.
Les Capitaines des sables sont ces enfants abandonnés ou orphelins, vivant en groupe pour commettre leurs vols et autres méfaits. Ils sont une centaine, âgés de 8 à 16 ans, qui volent dans les maisons de riches, se cachent de la police, et n'hésitent pas à jouer du couteau...
Malgré leurs méfaits, on n'arrive pas à les haïr, sauf peut-être quand ils violent sur le sable des gamines de leur âge, de 8 à 10 ans. Ils savent jouer de leur jeune âge, de leurs guenilles, de leurs mensonges pour se faire plaindre des bourgeois, des femmes seules, pour se faire embaucher pour quelques pièces en portant des paniers de provisions. Alors ils peuvent entrer, pour quelques minutes ou quelques jours selon les larmes qu'ils suscitent, dans ces appartements de riches où ils repèrent les objets à voler.
Ils nous sont parfois sympathiques, ces gamins qui couchent, à même le sol, dans un grand hangar désaffecté, que la police cherche en vain à localiser.
L'auteur fait tout pour nous les faire aimer, il donne à chacun d'eux un surnom qui attire le sourire et la sympathie : Chéri-du-Bon-Dieu, S'la-Coule-douce, Coude-Sec, Sucre d'orge, Patte-Molle, José la Fouine... Des petits caïds dirigés par un gamin de 15 ans Pedro Bala. Ils se battent rarement entre eux, ils respectent le chef, ils ont leur code d'honneur.
Rares sont ceux qui veulent les aider, seul un prêtre José Pedro fait tout pour les sortir de leur condition. Pour cela il n'est pas apprécié de sa hiérarchie qui préfère le faste, l'argent.
Roman social avant tout, parce qu'il dénonce à la fois le régime brésilien et et l'église qui ne font pas grand chose pour éradiquer cette pauvreté, Capitaine des Sables est l'un des marqueurs de cette époque et d'un homme, Jorge Amado. Celui-ci n'adhérait pas encore au parti communiste quand il écrivit ce livre en 1937. Ce n'est qu'en 1941 qu'il devient compagnon militant du PC brésilien. Ainsi, on comprend mieux la construction du livre, la personnalité des gamins, l'absence de sentiment de rejet de la part du lecteur. Ce livre est écrit pour dénoncer un état de fait brésilien, pour montrer du doigt un régime qui accepte cette pauvreté, et ne l'élimine qu'en éliminant les meneurs, des gamins quand ils sont arrêtés.
Les bons d'un côté, les mauvais de l'autre.
On n'aide pas ces gamins à écrire leur histoire, on la gomme.
Alors que l'actualité, mettait ce pays au devant de la scène politique, que le Brésil s'apprêtait à élire un nouveau président de la République d'extrême droite, j'ai éprouvé le besoin de lire un auteur emblématique de ce pays, de son histoire, et ce fut Jorge Amado.....sans doute pas l'un des auteurs les plus connus en France si l'on en juge le nombre d'avis sur ses ouvrages, et ce fut ce livre aux feuilles jaunies, sentant bon la poussière des bibliothèques.
D'autres livres de cet auteur sont déjà dans ma liste de découvertes à entreprendre....mais il il en a tant !
Je n'aurai peut-être pas le temps de tous les lire, comme dit la chanson. Chaque jour de nouveaux titres s'ajoutent aux plus anciens
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Ce roman se divise en trois parties. Dans la première, la poésie et le ton narratif élégiaque de cette partie divisée en contes n'est pas sans rappeler la voix off du film "300". Mais, au lieu d'aller au bout de son propos ou de son thème, à l'instar d'un roman de B.Traven, Jorge Amado hésite entre plusieurs chemins: les enfants voyous manquent de tendresse, de famille, d'amour; c'est de la faute de l'Eglise, des riches, du capitalisme...Les deux dernières parties, plus courtes sont décevantes en regard de la grande force atteinte dans la première. Ainsi, pour vouloir donner un final à chacun des ses héros ou anti-héros, l'auteur aboutit platement à la plate conclusion que nul n'échappe à son destin. Quant à la partie où tous renoncent à traiter un arrivante de treize ans comme ils en ont l'habitude parce qu'ils voient en elle leur mère (!?) cela rabaisse le récit à un roman à l'eau de rose ad'autant que ce n'est pas crédible vu le passé -ou le passif- évoqué dans la première partie. Ce qui est fort bien rendu, par contre, c'est l'idée selon laquelle les enfants défavorisés se refusent à saisir la chance qui leur est parfois offerte pour se réfugier dans le conformisme, la routine sécurisante de leur vie de groupe et finalement se repaître du malheur qui les accable et s'auto-alimenter de la haine qu'ils ont accumulé pour moteur de leur existence. Ce n'est pas sans rappeler sur ce point l'épopée d'Omar Elkarraz contée dans "Confession d'un acteur déchu" qui, lorsqu'on l'appelle pour lui dire qu'il est "nommé" aux César raccroche en disant: Vas-y. Je te rappelle. Il préfère en effet se rendormir et ne sait même pas ce que sont les César.
Pour un plaisir de lecture maximum, on peut vraisemblablement s'arrêter à la fin de la première partie.
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Il y a quelque chose de mystérieux dans les livres qui ont été brûlés sous les dictatures.

Savoir qu'un livre a été interdit nous incite toujours davantage à le découvrir. Capitaines des Sables est un roman écrit par Jorge Amado en 1937. Il n'avait que 25 ans lorsqu'il a publié pour la première fois l'histoire des enfants abandonnés dans les rues de Salvador, l'ancienne capitale brésilienne. En cette même année, plus de 800 exemplaires du livre ont été brûlés sur la place de Salvador par les autorités brésiliennes sous l'un des régimes les plus totalitaires du Brésil, sous prétexte que l'histoire présentait un danger pour la société. Et en effet, Amado (son nom de famille signifie littéralement "un être cher" en portugais !) a écrit une histoire impliquant des crimes commis par de jeunes enfants abandonnés, tels que le vol, le viol et la violence. Ce qui a agacé les autorités, c'est la cruelle vérité contenue dans le roman d'Amado sur la société brésilienne inégalitaire et ravagée.

Dès les premières lignes, nous sommes témoins de la pauvreté, du racisme, de la misogynie et de toutes sortes de discriminations. Capitaines des Sables n'est pas qu'une fiction, c'est également une représentation du Brésil au début du XXe siècle. Jorge Amado a décrit la réalité, celle qu'il connaissait le mieux, à Bahia où il est né et a grandi.

On commence par des lettres écrites par des personnes de différentes couches sociales, de la classe la plus basse des travailleurs analphabètes qui défendent les orphelins jusqu'à la classe la plus élevée des prêtres et des cadres. Ce qui différencie tous ces gens, c'est leur langue.

Ce qui nous captive dans Capitaines des Sables , c'est le langage riche, presque poétique, d'Amado. Ses descriptions font ressentir l'été doux et chaud de Bahia et ses nuits pluvieuses et sombres. Les références culturelles du livre ne vous décevront pas : capoeira, candomblé, feijoada, samba, mélange de cultures africaines et européennes, architecture portugaise et rues de pierre nous transportent immédiatement ..

Les derniers mots d'Amado ne sont que remarques ironiques et amères sur notre idée de la liberté.

Les Capitaines des Sables sont vraiment libres car "qui ne possède rien n'a rien à perdre".
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
On l'avait surnommé le Professeur, parce que, dans un livre volé, il avait appris à faire des tours de prestidigitation avec des mouchoirs et des sous, et aussi parce qu'en racontant les histoires qu'il lisait et beaucoup d'autres qu'il imaginait, il avait le grand et mystérieux pouvoir de les transporter en des mondes divers, il avait le pouvoir de faire briller les yeux vifs des Capitaines des Sables, comme, seules, brillent les étoiles de la nuit de Bahia.
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"Il m'a dit que j'étais un sot et que j'ignorais ce que c'était que jouer. Moi, je lui ai répondu que j'avais une bicyclette et bien d'autres jouets. Il a ri et déclaré qu'il avait, lui, la rue et les quais. J'ai fini par le trouver sympathique ; on dirait un de ces garçons de cinéma qui s'enfuient de la maison pour vivre des aventures."
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Pedro Bala sentit une vague déferler en lui. Les pauvres ne possédaient rien. L'abbé José Pedro disait que les pauvres, un jour, iraient dans le royaume des cieux où Dieu serait le même pour tous. Mais la jeune raison de Pedro Bala ne trouvait aucune justice là-dedans ; au royaume des cieux tous seraient égaux. Mais déjà sur la terre ils ne l'auraient pas été ; la balance, toujours penchait d'un côté.
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On n'eût jamais dit un midi d'hiver. Le soleil laissait tomber sur les rues une douce clarté, qui ne brûlait pas, mais dont la chaleur était caressante comme la main d'une femme. Dans le jardin le plus proche, les fleurs s'épanouissaient en gerbes de couleurs. Marguerites et dames-d'onze-heures, roses et œillets, dahlias et violettes.
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L'abbé José Pedro mit la main à la poche de sa soutane, sortit le bréviaire noir. Il l'ouvrit et, de l'intérieur, tira quelques billets de dix mille reis:
- Ca, c'est pour que vous alliez tous sur le manège aujourd'hui... (...)
- Mon père vous êtes un homme bon. (Il eut envie de dire que le père était aussi bon que Joao Grande, mais il pensa que le prêtre, peut-être, s'offenserait s'il le comparait à un Noir); Mais, ce qui se passe c'est que Patte-Molle et Coude-sec travaillent tous les deux au manège. Et on est tous invités
( ...)
- Ca vaut même mieux comme ça. Parce que l'argent que j'avais...
Et il se tut soudain devant ce qu'il allait livrer. Il pensa que cela, peut-être, avait été une leçon de Dieu, un avertissement
(...)
Mais Joao Grande comprit tout, bien qu'il fut le plus borné de tous
- C'était celui de l'église, mon père?
(...)
Sucre-d'Orge pensa que cela avait été un grand pêché, mais il sentit que la bonté du prêtre dépassait le pêché.
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Video de Jorge Amado (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Amado
Adriana Brandão auteur de "Les brésiliens à Paris, au fil des siècles et des arrondissements" vous parle d'un texte et d'un auteur important pour elle : "Dona Flor & ses deux maris" de Jorge Amado.
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