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Liana Rosi (Traducteur)Yukio Mishima (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782253130956
160 pages
Le Livre de Poche (22/09/2004)
3.55/5   39 notes
Résumé :
Pendant leur sommeil, cette nouvelle joue également un rôle explicatif pour les deux récits qui précèdent, concernant le travail du «condamné à perpétuité» qu’est l’écrivain et le thème de l’impossibilité d’une relation pure et belle à la réalité.

La Beauté, tôt vouée à se défaire est une œuvre rigoureuse qui n’a pas du tout vieilli. Et je crois que si elle n’a pas vieilli, c’est sans doute à cause de la sérénité qui s’en dégage. Je me demande où l’au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ce petit livre comportant deux récits dans son édition française en rassemblait initialement trois, puisque le célèbre « Les belles endormies » y était intégré dans la version japonaise publiée en 1967, le tout brièvement postfacé par son ami Mishima.

« le bras », qui date de 1963, est un véritable ovni dans l'oeuvre de Kawabata, une sorte de fantaisie poético-érotico-onirique, car ce sont bien tous ces ingrédients qu'on retrouve dans ce texte. La fantaisie, le fantastique, se trouve dans ce parti absurde de départ : le narrateur se voit prêter par la gentille fille qu'il fréquente un de ses bras, qu'elle détache aussi facilement et proprement qu'une feuille tombée d'un arbre. Mais attention, pour un soir seulement. Ce sera un prétexte à un texte tissé d'une subtile sensualité, où l'on imagine une connotation sexuelle, sans la moindre vulgarité et dans un style comme toujours chez Kawabata d'une fine élégance. le narrateur se prend au jeu, et une sorte d'humour absurde se fait jour lorsqu'il parle au bras, qui lui répond ! Dans l'esprit de notre narrateur reviennent des réminiscences d'un ancien amour qui n'a pas été vraiment consommé semble-t-il, pour lui la femme garde vraiment un parfum de mystère qu'il n'a jamais pu percer, il n'y a pas accès. Une complicité qui tend à l'osmose avec ce bras étranger se déploie, au point qu'il franchit le pas dans son lit, tel un tabou : remplacer son bras par le bras de la fille…Ah, cet arrondi de l'épaule, telle la rondeur d'un sein…la suite est gorgée d'une sensualité suggestive…avant l'endormissement puis un réveil brutal et un retour à la réalité crue, car le délai est achevé…Autant dire que le lecteur incrédule et interdit que j'étais s'est demandé si toute cette sulfureuse aventure n'était pas depuis le début qu'un rêve…

« La beauté, tôt vouée à se défaire » est une nouvelle de jeunesse, 1933. le narrateur est un écrivain, trentenaire, marié, qui avait hébergé régulièrement chez lui deux jeunes femmes vingtenaires, Takiko et Tsutako, et qui a fait un roman du drame qui s'est joué quelques années plus tôt : un dénommé Saburo Yamabe, qu'elles connaissaient, les a tuées durant la même soirée pendant qu'elles dormaient côte à côte. L'homme voulait leur faire peur, et s'est introduit chez elles la nuit avec un couteau. Surprise dans son sommeil, Takiko a succombé dans un geste accidentel. Yamabe n'a eu ensuite d'autre choix que de supprimer Tsutako en l'étranglant avec une corde. le narrateur a travaillé sur la matière des audiences et interrogatoires judiciaires du coupable, qui a été condamné et a été exécuté. Tout le récit est fondé sur la reprise de cette succession d'auditions, où le coupable, qui ne nie pas l'être, avoue volontiers ce qu'il pense qu'on veut lui faire dire, ne sait pas vraiment ce qu'il avait comme mobile, modifie ses versions…L'écrivain avance des hypothèses, échange avec son épouse sur ce sujet…Ce texte exigeant intellectuellement met en lumière les relations complexes et ambigües entre l'écrivain et ces filles, le difficile travail d'écrivain ─ quelle est la part d'imagination pure ou de transcription de la réalité ─ la tout aussi grande difficulté à établir une vérité certaine et intangible dans l'élucidation des circonstances d'un crime…Kawabata se montre aussi très dur envers la femme, raillant l'absence totale de talent littéraire de Takiko, qui avait plusieurs romans à son actif, qu'il juge niais. Il prétend que Takiko aurait mieux fait de se trouver un bon parti que de s'entêter à devenir écrivain, ce qu'une femme ne peut pas être…Kawabata est un Japonais de la tradition, bien machiste. Quant au titre, que je trouve superbe, il est évidemment en lien avec le sort de ces jeunes et jolies femmes, dont la vie s'est arrêtée nette, et dont l'écrivain a vu la blancheur presque immaculée des cadavres, si ce n'est la discrète blessure. de quoi lui inspirer une réflexion artistico-philosophique.
Une fois ce récit achevé, je suis resté perplexe devant de ce que Kawabata a voulu montrer exactement. Peut-être que cette beauté qui s'en va avec le temps qui passe, ne serait-ce pas un des effets de l'impermanence de toutes choses, si chère à l'esprit japonais ?
Quoi qu'il en soit, j'ai quand même eu du plaisir, car la qualité d'écriture et de réflexion sont déjà là chez cet écrivain encore jeune, on sent une puissance de l'esprit qui n'appartient qu'aux plus grands, ce qui se confirmera sur le tard avec le prix Nobel.

En résumé, ces deux récits sont d'ambiances très différentes, mais se rejoignent dans leur étrangeté et leur caractère atypique dans l'oeuvre de Kawabata. Ils interrogent beaucoup le lecteur. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. En vérité, je l'avais même lu une première fois il y a plus d'un an, j'ai dû le relire pour parvenir à écrire le présent billet. Ce qui me rassure, c'est que les autres lecteurs ne me semblent pas avoir tout compris non plus (l'un d'eux a même compris que l'écrivain du second récit échangeait avec le coupable…mais non, c'est sa propre femme, le coupable est mort !).
Au terme de ce livre, toujours le même constat : avec une remarquable régularité, j'apprécie les oeuvres de Kawabata, mais il ne me fait pas autant d'effet que Mishima ou Tanizaki…Ceci dit, il me reste encore quelques-unes de ces productions à découvrir pour me convaincre totalement !
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Ce livre contient 2 nouvelles : le bras et La beauté tôt vouée à se défaire.

La première “Le bras”(1963), c'est l'histoire fantastique d'un jeune homme a qui une jeune femme prête son bras droit. le Jeune homme rentre chez lui, avec le bras, et le traite avec un immense respect. Il lui parle gentiment, lui demande son avis et dort avec lui. 
Il lui vient alors l'idée de remplacer son bras par celui de la jeune fille.
Cette nouvelle douce, drôle, décalée et fantastique, traite de fusion et de la perte d'identité aux prémices d'une relation (pas nécessairement amoureuse).
Ce que l'on est prêt à sacrifier de soi, et comment l'autre l'accueillera au plus profond de lui-même. 
Pour une première approche de Yasunari Kawabata, (que j'ai connu dans le livre “La marche de Mina” de Yoko Ogawa) ce fut assez curieux, et nouveau. Je me suis beaucoup questionnée. J'ai aimé clairement. Alors, j'ai poursuivi avec la seconde et dernière nouvelle de ce livre.

La seconde “La beauté, tôt vouée à se défaire” (1933), qui se déroule sur une centaine de pages. 
Aborde plusieurs sujets : La mort, le meurtre, la noirceur au fond des êtres, la solitude, la confrontation, la jeunesse, les souvenirs, les chimères, les interpretations, l'oubli et l'iconisation...
Les personnages dont il est question, sont tous les trois morts.
Je n'en dis pas plus, afin que vous soyez surpris comme j'ai eu la chance de l'être.
Et cette nouvelle, je l'ai appréciée encore plus que la première, ce qui tombe bien puisque “Pays de neige” et “Récits de la paume de la main qui m'attendent
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Ce recueil est composé de deux nouvelles dont la première s'intitule "Le Bras". Une jeune fille accepte de prêter son bras droit à un jeune homme, qu'elle rencontre dans un restaurant. En ramenant le bras à son appartement, l'homme va vivre une expérience sensuelle exceptionnelle.
Dans la deuxième, portant le même titre que le recueil, un romancier revisite un procès condamnant un trentenaire pour le meurtre de ses deux jeunes protégées.

Yasunari Kawabata fut confronté très jeune à la mort puisqu'en une dizaine d'années il perdit son père puis sa mère, sa soeur aînée et sa grand-mère. A quatre ans, il était orphelin. La mort et la solitude sont omniprésentes dans son oeuvre. Publiée en 1933, "La beauté, tôt vouée à se défaire" explore la psychologie d'un condamné à mort. le romancier (le narrateur) souligne la tristesse et la solitude du condamné - ce qui est rarement relevé en cas d'homicide volontaire ! - et ces deux dernières font écho à la sienne. Dans la réalité, le romancier (l'auteur ?) peine à entretenir des relations conformes à son idéal de pureté.
Jeune homme, Kawabata a rencontré une jeune fille. Quelques jours avant leur mariage, la jeune femme s'est désistée et n'a jamais fourni d'explications. Elle représente son idéal féminin et cette idée va le poursuivre longtemps, au-delà de son mariage en 1931 avec une autre compagne. Ce n'est qu'en la revoyant douze ans après, qu'il réalisera que cet idéal est un fantasme et que la réalité est toute autre. Dès lors, dans ces écrits, on retrouve cette difficulté à établir une relation qui satisfasse son désir de pureté de l'âme et de la beauté.

Cette dernière idée se retrouve pleinement dans la première nouvelle du recueil, "Le Bras", rédigée trente ans après "La Beauté". le narrateur confesse la difficulté à nouer des relations avec les femmes. Quand il remplace son bras doit par celui de la fille, une fois arrivé à son appartement, il est inquiet de voir "si le sang circule bien", comme miroir de sa propre angoisse à entretenir une relation harmonieuse. Pourtant, cette fois-ci, il va y parvenir. L'écriture de Kawabata, poétique, permet l'expression d'une grande sensualité qui frôle l'érotisme. La tête m'en aurait presque tourné comme celle du narrateur qui, après cet échange surréaliste, va sombrer dans une somnolence proche de l'extase. L'auteur aborde également l'angoisse d'une éventuelle perte d'identité dans une relation. Lorsque le protagoniste, se réveille paniqué, il constate l'étrange échange qu'il a opéré et s'empresse de remettre son bras.
Je découvre Kawabata. de l'écriture, fluide, transpirent sérénité et sensualité, des histoires, une certaine mélancolie. Un recueil intemporel qui me donne envie de creuser cette révélation.

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Ce livre reprend deux nouvelles de Yasunari Kawabata, « le bras » et « la beauté, tôt vouée à se défaire », complétées par une postface de Yukio Mishima.

« le bras » est une nouvelle fantastique, où se mêlent étrangeté (nuit imprégnée de brouillard, inconnue tout de rouge vêtue, halo mauve autour de la voiture, odeur de magnolias), humour (cette jeune fille qui abandonne son bras et quitte l'homme, « la tête ailleurs » ….) et sensualité.

J'ai beaucoup aimé la délicatesse et l'érotisme (il n'est pourtant question que d'un bras, mais si joliment décrit …) qui se dégagent de ce court texte. Je n'ai pu m'empêcher de sourire en pensant à l'expression française « donner le bras »… Coïncidence sûrement.

« La beauté, tôt vouée à se défaire » m'a par contre beaucoup moins séduite. Les digressions de l'auteur autour du meurtre des deux jeunes filles endormies m'ont souvent lassée et je n'ai pas compris le but recherché par Kawabata … S'interroge-t-il sur la littérature ? Sur la culpabilité – ou non – de l'auteur présumé ? Sur la fragilité de la beauté, avec une fascination morbide pour la mort qui, si elle arrive tôt dans la vie, assure à ses victimes une jeunesse « éternelle » ?

Pas pressée de lire un autre roman de cet auteur.
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Deux nouvelles de Yasunari Kawabata : "Le bras" publié en 1963 et "La beauté, tôt vouée à se défaire" de 1933. L'auteur n'a pas eu une enfance facile. Il perd ses parents puis sa soeur. Il est élevé par ses grands-parents. Il sait assez tôt qu'il deviendra écrivain. Il reçoit le prestigieux prix Nobel de littérature en 1968. Il s'agit du premier écrivain japonais à obtenir cette distinction.
Sa prose est moderne et son style poétique. "Le bras est une nouvelle de 42 pages. le narrateur est un jeune homme qui rentre chez lui avec le bras droit d'une jeune femme posé sur son coeur. Il marche dans la nuit où le brouillard s'épaissit. Il s'enferme dans son appartement et s'allonge près du bras. Dans ce conte qui fleurte avec le fantastique, l'auteur communique à travers un registre des sensations, des émotions, des couleurs aussi, l'obsession réelle d'un érotisme sensuel sous-jacent.
"La beauté, tôt vouée à se défaire" est une nouvelle de moins de 100 pages. Deux jeunes femmes endormies sont assassinées. le récit s'articule autour du meurtrier, du narrateur et des autorités. Les évènements sont revus par chacun des protagonistes ce qui conduit à une imprécision sur les circonstances de ces assassinats. La réalité en est bouleversée. C'est une oeuvre magnifique "qui n'est rien de plus qu'une oeuvre humaine."
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait détaché son bras de l'endroit que j'aimais. Il y avait un renflement là où la naissance du bras rejoignait l'extrémité de l'épaule. Cet arrondi, rare chez les Japonaises, existe chez les belles Occidentales au corps élancé. Et cette fille l'avait. Une rondeur pure et élégante, sphère de lumière légère et innocente, qui embellissait dès lors que la fille perdait sa virginité. Cette fille l'avait. Dans cette adorable rondeur, on sentait tout ce qu'elle avait de charmant. La rondeur de sa poitrine n'était sans doute pas aussi importante, elle devait tenir dans la paume de la main, être suffisamment douce et ferme pour être manipulée avec pudeur. En voyant la courbe de ses épaules, j'imaginais aussi ses jambes lorsqu'elle marchait. Elle devait se déplacer avec la légèreté d'un petit oiseau, un papillon allant de fleur en fleur. Et un rythme aussi subtil devait se retrouver sur l'extrémité de sa langue quand on l'embrassait.
On était à la saison des robes sans manches, et les épaules de la fille venaient juste de se révéler. Leur couleur était celle de la peau qui n'a pas encore l'habitude d'être exposée à l'air. Elle avait l'éclat d'un bourgeon humide qui se cache au printemps avant d'être dévasté par l'été.

Extrait du récit « Le bras »
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En voyant la courbe de ses épaules, j'imaginais aussi ses jambes lorsqu'elle marchait. Elle devait se déplacer avec la légèreté d'un petit oiseau, un papillon allant de fleur en fleur. Et un rythme aussi subtil devait se retrouver sur l'extrémité de sa langue quand on l'embrassait.

Le bras
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Je dormis.
La brume s'élevait, mauve, et je flottais sur une déferlante qui roulait tranquillement. Sur cette immense vague, seul l'endroit où flottait mon corps scintillait d'un clapotis vert pâle. Ma chambre sombre et humide de solitude avait disparu. J'avais l'impression que ma main gauche s'était posée légèrement sur le bras droit de la fille. Ses doigts semblaient serrer les étamines des fleurs de magnolia. Je les sentais, à défaut de les voir. Je les avais jetées dans la corbeille à papier, alors quand et comment les avait-il récupérées ? Et pourquoi les étamines étaient-elles tombées alors que les pétales blancs avaient tenu toute la journée ? La voiture de la jeune femme en robe vermillon glissait doucement en décrivant un grand cercle dont j'étais le centre. Elle semblait veiller à la sécurité de notre sommeil.
Mon sommeil devait être léger, mais je n'en avais jamais expérimenté d'aussi doux et tiède. Moi qui avais l'habitude de me tourner et me retourner longtemps dans mon lit à cause de mes difficultés à m'endormir, je n'avais jamais été ainsi visité par le sommeil, à la manière d'un petit enfant.
Je m'enfonçais de plus en plus dans la torpeur, sous la légère sensation des ongles longs et fins de la fille grattant délicatement l'intérieur de ma paume. Je n'étais plus là.

Extrait du récit "Le bras"
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Laisser l'oubli se faire est peut-être finalement la plus belle manière de se souvenir.

La beauté, tôt vouée à se défaire
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Soigner un malade, même s’il devait finalement mourir, pouvait peut-être à la longue donner confiance en l’avenir ?


La beauté, tôt vouée à se défaire
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Videos de Yasunari Kawabata (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yasunari Kawabata
Extrait du livre audio "Les Belles Endormies" de Yasunari Kawabata lu par Dominique Sanda. Parution CD et numérique le 10 août 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/les-belles-endormies-9791035404031/
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