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EAN : 9782070363575
160 pages
Gallimard (27/03/1973)
3.49/5   78 notes
Résumé :
Sept ans, dit-on, est l'âge de raison mais cela n'empêche pas celui qui l'atteint de garder des années précédentes l'habitude du merveilleux prise à fréquenter les fées. Antoine Charnelet accepte donc sans effroi qu'une main inconnue l'entraîne à travers la foule loin de sa bonne pour le conduire chez le colonel Philémon Bigua.
Il y restera sans regret. Qui résisterait à la magie des récits que lui fait le colonel de son lointain pays natal- l'Amérique du Sud... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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N'étant pas une grande amatrice de poésie, c'est au Supervielle romancier, conteur, que je m'intéresse ici. Car il faut dire que ce texte a de quoi dérouter. L'histoire est simple : Un couple n'a pas pu avoir d'enfants. Il s'agit du Colonel Philémon Bigua et de sa femme, Desposoria. Alors plutôt que d'entamer de longues procédures d'adoption, Monsieur pare au plus pressé : il vole les enfants. Mais pas n'importe lesquels : les malheureux. C'est ainsi que le jeune Antoine, sept ans, sera arraché, à la sortie d'un magasin, aux mains de la Bonne qui l'accompagnait. le Colonel se plaît à raconter à ses petits protégés ses exploits, son pays natal (l'Amérique du Sud). Il agit en père. Cependant, les Bigua ne voudraient pas repartir chez eux sans une fille. Ce sera le début de leur perte...

Le rythme narratif est haletant. le lecteur ne s'ennuie pas une seule seconde. Bien plus, il adhère à l'histoire vue à travers le narrateur. On ressent la tension interne au récit. On suit la progression du petit Antoine qui, de passif, se prendra en charge afin d'aller vers son indépendance et se retirer de la famille Bigua. On passe de ce que l'on croyait être un conte à une tragédie en bonne et due forme...

Du grand art !
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- " Tu te trouves bien ici, mon petit ? Je veux que tu sois heureux dit l'homme. Tu ne t'ennuieras pas chez moi, il y a d'autres enfants qui t'attendent. "
On tend à Antoine une main de quinze ans et deux autres qui sont plus petites que les siennes.

Parce que le Colonel Bigua et sa femme Déposoria ne peuvent avoir d'enfant, et plutôt que de lancer une procédure d'adoption trop longue, kidnapper des enfants leur parait la meilleure solution. Mais pas n'importe quels enfants : les plus malchanceux, d'autant plus que leur fortune permet d'offrir une vie luxueuse aux enfants volés.
Antoine est confus. Il vient de perdre Rose, la bonne, devant les galeries Lafayette. Aussi, lorsque la limousine du Colonel Bigua s'arrête à sa hauteur et que l'homme lui propose gentiment de monter, bizarrement, Antoine suit cet homme qu'il ne connaît ni d'Eve, ni d'Adam. Au terme du trajet, il fait la connaissance de trois autres enfants volés, évoluants à leur guise dans la somptueuse demeure du couple. L'univers du Colonel bascule à l'arrivée de Marcelle, une jeune fille dont le père alcoolique presse Bigua de l'acceuillir au même titre que les autres enfants kidnappés

Lorsque je me suis lancée dans ce récit, j'avais un sérieux doute quant à sa qualité, ne connaissant nullement les ouvrages de Jules Supervielle. Je me suis laissée véhiculée dans cette limousine et je ne regrette en rien mon voyage. Si le début du roman ressemble à une sorte de conte, au fil des pages l'atmosphère devient plus soutenue. Tout laisse supposer que la rivalité amoureuse entre Joseph et le Colonel Bigua va virer au cauchemar. Mais Joseph claque la porte, décidé à vivre sa liberté, tandis que Bigua vogue vers l'Amérique du sud, son pays natal, où il compte bien couler des jours heureux en compagnie de Déposoria et des enfants volés.

Une lecture dans laquelle on ne s'ennuie pas. Une fois le décor bien planté, tout s'enchaîne très vite et l'on sent bien la tension monter crescendo, jusqu'au dénouement final. le personnage du Colonel est décrit d'une manière assez impressionnante, mystérieuse. Les zones d'ombres entourant cet homme, donne au récit une touche plus captivante.

J'ai éprouvé le même ressenti que pour Thérèse Raquin de Zola. Une similitude d'écriture et une atmosphère pesante, laissant entrevoir une terrible fatalité.
Ce n'est pas un coup de coeur, mais une lecture somme toute, assez agréable.
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Jules Supervielle aurait pu dire le gentil voleur d'enfants! Il a fallu qu'Antoine ait été kidnappé par le très gentil voleur d'enfants, le colonel Philémon Bigua pour que Hélène, sa mère, se rende compte de son manque d'affection pour son fils ou elle est simplement incapable de l'extérioriser, même quand elle le retrouve, sa joie n'est pas du tout enthousiasmée, elle est même confuse.
C'est bien là une réflexion sur l'amour maternel, le fait d'être femme peut-il faire qu'on soit une mère affective?...
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Un jour Antoine sort avec sa bonne, Rose, en quête d'un nouveau costume. Une fois sorti de la boutique, portant fièrement ses nouveaux vêtements, l'enfant est séparé de sa protectrice. Un homme lui propose de monter dans sa belle voiture. Avec une grande ingénuité, et tout à fait rassuré par le regard bienveillant et la voix profonde de cet bomme, Antoine n'hésite pas. Il est emmené dans le bel appartement du colonel Bigua, où se trouvent trois autres garçons...

Un très bel ouvrage, une vraie plume. Jules Supervielle conte dans ce cours roman l'histoire d'un homme désireux d'avoir des enfants, qui se rêve père et s'y perd. L'amour filial, l'Amérique du Sud, la solitude, la paternité, l'amour sont autant de sujets abordés. Mais aussi la folie, la pauvreté, la lâcheté...
Même si cet ouvrage est souvent tendre, parfois mélancolique, il reste angoissant. Il me laisse une impression étrange, entre mal-être et angoisse.
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Je connaissais déjà Supervielle comme (grand) poète, mais je n'avais jamais découvert sa prose. J'ai réparé cette lacune en lisant ce court roman. J'avoue que cette lecture m'a un peu désarçonné. En effet, l'auteur nous met en présence d'un (vrai) voleur d'enfants, le colonel Philémon Bigua, présenté comme bienveillant et altruiste. Sa motivation principale ? il n'a pas pu avoir d'enfants avec son épouse. Dès les premières pages, on le voit en action: il kidnappe "gentiment" Antoine, un enfant de 7 ans. Il a une sorte de génie pour "choisir" les enfants qui ont du mal avec leur vie familiale. Par exemple, Antoine est plutôt mal aimé par sa mère. Donc il n'accepte pas la proposition de Bigua d'être ramené immédiatement chez lui, après son rapt. Tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes ? Non, car de nouveaux venus au domicile du colonel apportent le trouble: Bigua est déstabilisé dans son jeu de rôle d'aimable père de substitution. Je n'en dirai pas plus.
Le sujet et le ton de ce petit roman m'ont semblé assez bizarres et peu attractifs. Donc je n'ai pas vraiment apprécié "Le voleur d'enfants".
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Antoine a sept ans, peut-être huit. Il sort d'un grand magasin, entièrement habillé de neuf, comme pour affronter une vie nouvelle. Mais pour l'instant, il est encore un enfant qui donne la main à sa bonne, boulevard Haussmann. Il n'est pas grand et ne voit devant lui que des jambes d'hommes et des jupes très affairées. Sur la chaussée, des centaines de roues qui tournent ou s'arrêtent aux pieds d'un agent âpre comme un rocher. Avant de traverser la rue du Havre, l'enfant remarque, à un kiosque de journaux, un énorme pied de footballeur qui lance le ballon dans des « buts » inconnus. Pendant qu'il regarde fixement la page de l'illustré, Antoine a l'impression qu'on le sépare violemment de sa bonne. Cette grosse main à bague noire et or qui lui frôla l'oreille ? L'enfant est entraîné dans un remous de passants. Une jupe violette, un pantalon à raies, une soutane, des jambes crottées de terrassier, et par terre une boue déchirée par des milliers de pieds. C'est tout ce qu'il voit. Amputé de sa bonne, il se sent rougir. Colère d'avoir à reconnaître son impuissance dans la foule, fierté refoulée d'habitude et qui lui saute au visage ? Il lève la tête. Des visages indifférents ou tragiques. De rares paroles entendues n'ayant aucun rapport avec celles des passants qui suivent : voilà d'où vient la nostalgie de la rue. Au milieu du bruit, l'enfant croit entendre le lugubre appel de sa bonne : « Antoine ! » La voix lui arrive déchiquetée comme par d'invisibles ronces. Elle semble venir de derrière lui. Il rebrousse chemin, mais ne répond pas. Et toujours le bruit confus de la rue, ce bruit qui cherche en vain son unité parmi des milliers d'aspirations différentes. Antoine trouve humiliant d'avoir perdu sa bonne et ne veut pas que les passants s'en aperçoivent. Il saura bien la retrouver tout seul. Il marche maintenant du côté de la rue de Provence, gardant dans sa paume le souvenir de la pression d'une main chère et rugueuse dont les aspérités semblaient faites pour mieux tenir les doigts légers d'un enfant.
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Lui, un homme d’action autrefois était devenu une étonnante machine à rêve comme ceux qui ont longtemps habité la mer ou les pampas : toujours l’horizon ou le mur de leur chambre a quelque confuse nouvelle à leur annoncer. Pleuvait-Il, un jour qu’il méditait sur les raisons qui avaient poussé le président San Juan à le trahir, le mécontentement du colonel devenait une pluie interminable et tous ses souvenirs s’ecoulaient pluvieusement autour de lui. Nul ne savait mieux que lui mêler son présent aux conditions atmosphériques, à la couleur du ciel, aux bruits de la rue, à ceux de son appartement.
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" Antoine Charnelet, mon petit, dit l'étranger avec beaucoup d'émotion dans la voix, tu as donc perdu ta bonne ? N'aie pas peur, je suis déjà ton ami et tu vas voir que tu me connais. "
Ce grand monsieur a un léger accent.
" Veux-tu monter dan ma voiture ? "
C'est une magnifique limousine si neuve qu'elle semble se trouver encore à la devanture d'un magasin des Champs-Élysées.
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Dans certains moments de grand trouble, rien ne nous rassure tant qu'un peu de prévu, de tout ce qui nous rattache à ce que nous savons déjà de la vie, avec certitude.
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Il songeait à tous les voyageurs appuyés comme lui à la lisse, à leurs milliers de désirs confus, flèches ingrates lancées jour et nuit et qui tombent les unes après les autres, à des distances inégales, dans l'eau salée, sans atteindre l'horizon.
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Vidéo de Jules Supervielle
Jules SUPERVIELLE – Introduction à son œuvre (Conférence, 2017)) Une conférence d’Adeline Baldacchino, intitulée « Jules Supervielle - Cœur de vivant guetté par le danger », donnée le 4 février 2017 à l’Université Populaire de Caen.
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