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EAN : 9782246801115
36 pages
Grasset (13/11/2013)
2.9/5   5 notes
Résumé :
Préfacé par Charles Dantzig

« Joyce continuait à écrire des poèmes, par esprit d’enfance. En 1934, dans une lettre du Danemark où il se reposait et relisait les épreuves d’Ulysse, il en écrit un à Stephen, son petit-fils de quatre ans. « Imagine un chat restant au lit / toute la journée / à fumer des cigares ». Ces Chats de Copenhague avaient été précédé, quelques jours auparavant, par Le Chat et le Diable, conte où le diable construit un pont en une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Les Chats de Copenhague » de James Joyce, traduit et préfacé par Charles Dantzig, illustré par Casey Sorrow, (2013, B. Grasset 36 p.).
Un texte de James Joyce que je ne connaissais pas, c'est déjà une surprise. Un texte qui fait écho à un autre, toujours de James Joyce, c'en est une autre. Enfin, un texte, ou plutôt deux textes de James Joyce, qui se lisent sans dictionnaire sous la main, c'en est une troisième. Une quatrième serait de lire un manuel pour éleveur de chats ; le chat de Copenhague, ou chat danois, étant l'équivalent du Grand Danois pour le Loulou de Poméranie. Je me disais bien qu'il y avait du Joyce là-dessous. Et cerise sur le gâteau, l'écriture de James Joyce repassée à la moulinette de l'intelligence artificielle dans une version danoise de chatGPT. Charles Dantzig, l'éditeur-traducteur du texte aurait pu le titrer « de Beaugency à Elseneur » ou « Ulysse chez les pneumophages ».
Bref, une histoire de chats. James Joyce séjourne au Danemark en 1934. « Ulysse a été publié 12 ans auparavant. Il vient de finir « le Chat et le Diable » dans lequel le diable construit un pont sur la Loire en une nuit à Beaugency. C'est sa période mystique.

Il décide d'écrire une lettre en forme de contre à son petit-fils Stephen qui a 2 ans. C'est le fils de Giorgio. le même Stephen qui deviendra le légataire au décès de James et qui finira par brûler les papiers de famille après les avoir séquestrés. Il empêche ainsi de connaitre la maladie de sa nièce Lucia, alors internée, pour dépression grave, et surtout il essaie d'occulter les relations entre James et sa petite-fille. Lire à ce sujet le livre de Carol Loeb Shloss « Lucia Joyce, To Dance in the Wake » (2003, Bloomsbury, 561 p.) et « Nora - La Vérité sur les Rapports de Nora et James Joyce » de Brenda Maddox, traduit par Marianne Véron (1990, Albin-Michel, 564 p.). Episode douloureux de la succession Joyce, pour lequel Stephen a été finalement condamné par la justice. Aucune reconnaissance envers son grand-père qui lui envoyait des cartes et des histoires.
« Petit manuel d'anarchie à l'usage des enfants » indique Charles Dantzig au quatrième de couverture. On n'n attendait pas moins de Joyce pour commencer à éduquer son petit-fils. Fi des histoires à l'eau de rose dans lesquelles le loup avale la grand-mère. Les relations entre James et Lucia sont passées par là. James réalise qu'il emprisonne sa petite-fille. Certes, dans une prison dorée. Mais avec des gardiens.
D'où la mise en garde contre les policiers danois. Même si « tous les policiers danois passent la journée au lit chez eux ». Ce qui ne doit pas être agréable car « ils fument de gros cigares danois et boivent du lait fermenté toute la journée ». Bien entendu, c'était avant les lois anti-tabac et le pays n'avait pas rejoint la PAC de l'Union Européenne. L'anarchie régnait donc, enfin c'était une anarchie modelée à la sauce nordique et puritaine. Ordre et rigueur. On paye toujours pour visiter la cathédrale luthérienne de « Roskilde Domkirke », première cathédrale gothique de Scandinavie, construite en 1170 en briques. Quoique… Il suffit d'assister à un office. Qu'il soit en latin chez les catholiques ou en danois chez les luthériens, les paroles se valent dans l'incompréhension, mais la musique est la même, et les orgues Rodensteen de 1554 sont superbes. Eglise qui regroupe les sarcophages de 39 rois et reines danois. Les tombes datent de l'époque des Vikings avec l'enterrement de Harald à la dent bleue en 987. Voir la chapelle de Saint Brigitte, avec ses fresques diaboliques de 1485. On savait vivre en ces temps-là.
Par ailleurs Joyce promet « quand je reviendrai à Copenhague, j'apporterai un chat et je montrerai aux danois comment il peut traverser la rue sans qu'aucun policier lui donne d'instructions ». Mais il reconnait en début du texte « il n'y a pas de chat à Copenhague ». C'est un peu le chat de Schrödinger qui est et qui n'est pas. Tout comme Joyce avait un chien qui lui aussi est mort et vivant. Cela se passe dans « Ulysse » au chapitre 3. C'était en 1922. Dans le chapitre 2, qui le précède, Stephen Dedalus fait un long cours sur l'histoire et la vie du Christ avec Jésus marchant sur les eaux. Episode qui n'est limité ni dans le temps ni dans l'espace. Pour Stephen « l'Histoire est un cauchemar dont j'essaye de me réveiller ». Puis il cite la mort de César, et la probabilité qu'il aurait eu d'être ou ne pas être poignardé. Dieu devient « un cri sans la rue ». Puis Stephen quitte l'école pour la plage de Sandymount dans le chapitre 3. Et là il voit « La charogne boursouflée d‘un chien semblant s'abandonner sur le goémon » mais dix lignes plus loin il voit aussi « Un point, chien bien en vie, bientôt en vue, coupant la courbe de la plage ». C'est relativement plus fort (et plus précoce) que le chat de Schrödinger.

« le Chat et le Diable » de James Joyce, traduit par Jacques Borel, illustré par Roger Blachon (2023, Gallimard Jeunesse, 32 p.). C'était une agréable transition, quasi mystique pour en arriver au pont du diable de Beaugency.
Avant cet épisode les gens de Beaugency, le gentilé les appellent les Balgentiens, longeaient la Loire, sans pouvoir la traverser. Dans « Ulysse », Stephen Dedalus a la solution puisqu'il fait marche le Christ sur l'eau. Bien que par ailleurs, il rejette Dieu et le confort de la religion. James Joyce découvre une variante, qui fait intervenir le Diable. Comme le pont à construire coutait cher, le Diable propose d'en construire un à ses frais. Que coutera t'l ? « Pas un sou », dit le diable, « tout ce que je demande, c'est que la première personne qui passera le pont m'appartienne ». et effectivement, le pont est construit dans la nuit. Mais personne ne veut traverser.
« le diable piqua une vraie colère de diable. / Messieurs les Balgentiens, hurla-t-il de l'autre bout du pont, vous n'êtes pas de belles gens du tout ! Vous n'êtes que des chats ! / Et il dit au chat : / - Viens ici, mon petit chat ! Tu as peur mon petit chou-chat ? Tu as froid, mon pau petit chou-chat ? Viens ici, le diable t'emporte ! On va se chauffer tous les deux ». Et le chat traversa, ce fut la première personne. On ne dit pas s'il était noir. Par contre, c'est depuis cet épisode que les habitants s'appellent aussi « les chats de Beaugency ».

Les relations entre James Joyce et la religion sont quelque peu tumultueuses. Né en 1882, Joyce entre en 1888 chez les jésuites au « Clongowes Wood College», dans le Kildare County . Puis à l'école des « Christian Brothers » à Dublin, avant qu'on ne lui offre une place au collège jésuite de « Dublin Belvedere College » en 1893, avec la perspective d'intégrer l'ordre des jésuites. Mais Joyce rejette le catholicisme dès l'âge de 16 ans, tout en reconnaissant l'influence indélébile de Thomas d'Aquin. Pourtant, il compose un poème, « le Saint-Office » peu de temps avant de quitter Dublin à l'automne 1904. Intitulé d'après l'église catholique qui a statué sur les questions d'hérésie, le poème attaque les lettrés irlandais, y compris plusieurs écrivains qui ont encouragé Joyce dans sa carrière, tels que WB Yeats et George Moore. Ces écrivains autoproclamés « Celtic Twilight » (Aube Celtique), il les appelait les « Cultic Twalette »
Alors que personne n'imprimait « le Saint-Office », Joyce l'auto-publia sous forme de bordée, mais il ne pouvait pas se permettre de récupérer le texte avant de quitter l'Irlande. Les imprimeurs ont fini par détruire les feuillets. Après s'être installé à Trieste en 1905, Joyce a imprimé une centaine d'exemplaires à la papeterie la plus célèbre de la ville. Puis il a envoyé la moitié de l'édition à son frère Stanislaus à Dublin, lui demandant de distribuer la bordée à des amis et écrivains spécifiques, dont certains ciblés par Joyce dans le poème. « Je me donnerai / Ce nom, Katharsis-Purgatif. / Moi qui ai abandonné les voies échevelées / Tenir la grammaire des poètes, / Amener à la taverne et au bordel / L'esprit du spirituel Aristote ». Et il poursuit « Ces choses pour lesquelles Grand-Mère Église / M'a laissé sévèrement dans le pétrin ». Ce n'est pas franchement une adhésion aux thèses ecclésiastiques.
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Bon... Je m'attendais à toute autre chose. Je me suis fourvoyée. Je ne peut être que déçue, par ce poème écrit pour un enfant de quatre ans alors que je suis presque sexagénaire! de plus, je n'apprécie pas les illustrations de ce recueil, elles n'émeuvent pas en moi la grande amoureuse et admiratrice des chats que je suis.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Hélas! je ne peux t'envoyer un chat de Copenhague parce qu'il n'y a pas de chats à Copenhague.
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quand je reviendrai à Copenhague, j’apporterai un chat et je montrerai aux danois comment il peut traverser la rue sans qu’aucun policier lui donne d’instructions
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tous les policiers danois passent la journée au lit chez eux
ils fument de gros cigares danois et boivent du lait fermenté toute la journée
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Petit manuel d’anarchie à l’usage des enfants
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Savez-vous quel livre célèbre la ville de Dublin et ses habitants ? Enfin… quand je dis « célèbre »… il les montrent surtout comme une belle bande d'hypocrites…
« Gens de Dublin », de James Joyce, c'est à lire en poche chez GF.
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