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EAN : 9782823605143
320 pages
Editions de l'Olivier (21/05/2015)
3.91/5   60 notes
Résumé :
Après son évasion d'un camp, le jeune et intrépide Edmund s'est réfugié auprès d'un groupe de partisans. Ces résistants en territoire occupé. Organisés autour de leur chef Kamil, ils sont bien davantage que des âmes en sursis. Ils tendent des embuscades aux Allemands, font dérailler leurs trains de déportés juifs ; ils s'approvisionnent de force chez l'habitant, en nourriture, vêtements chauds, médicaments et entretiennent l'espoir grâce à la prière et à la fratern... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Edmund a dix-sept ans et vient de s'évader d'un camp. Il rejoint un groupe de partisans juifs, qui combattent sans relâche les forces du Mal dans les Carpates ukrainiennes. Un groupe de quelques dizaines de combattants dirigé par le charismatique et tourmenté Kamil, un chef pour qui le sens religieux et spirituel de son combat n'est pas un vain mot. Les partisans harcèlent les Allemands, font dérailler des trains emplis de Juifs menés vers un four crématoire, et continuent de croire en des jours meilleurs, dans un climat de rigueur militaire, de fraternité, et de prière.

« Kamil réagit aussitôt : « ce n'est pas pour cela que nous sommes ici. Nous allons conserver un visage humain, et nous ne laisserons pas le Mal nous défigurer. » »

Le chef des partisans est pleinement conscient que la victoire ne sera pas seulement militaire, tandis que gronde la retraite en rase campagne de l'armée allemande depuis le front russe. La victoire sera spirituelle ou ne sera pas. C'est l'inlassable mantra de Kamil. C'est ce qu'il s'efforce d'enseigner à ses hommes peu armés, souffrant de la faim, du froid et du faible espoir de survivre face à l'armée allemande. Colosse expert en guérilla, Kamil est un être habité, pour qui le sort de son peuple ne se joue pas uniquement dans la défaite militaire allemande. Il est hanté par la fidélité aux croyances religieuses de son peuple, par l'existence d'une transcendance qui sublime leur combat terrestre, d'un Dieu de miséricorde en qui se trouve la véritable source de son combat contre le Mal.

Le groupe de partisans se cache dans « le pays de l'eau » pour échapper à ses bourreaux, commet de menus larcins dans les fermes avoisinantes, reste sur le qui-vive, et bouge sans cesse afin de rester insaisissable. À l'arrivée de l'hiver, les hommes et les quelques femmes qui les accompagnent monteront leur camp de fortune sur la cime d'une colline des Carpates environnantes.

Si Felix joue le rôle d'adjoint taiseux et efficace de Kamil, l'autre personnage clé des partisans est une vieille femme de quatre-vingt-treize ans. Tsirel, qui sait que ses jours sont comptés, a parfois des visions d'une attaque ennemie et sauve l'escouade d'un terrible massacre.

« Quand Kamil vint remercier Tsirel, elle lui répondit : « Ce n'est pas moi qu'il faut remercier, je ne suis rien. Je ne vois que ce que Dieu me montre. » »

Tsirel tient également le rôle de l'ancêtre pétrie d'une sagesse infinie auprès de qui chacun vient chercher le réconfort qui émane de la douceur de ses paroles. Elle a connu des parents et des grands-parents de plusieurs membres des partisans, et peut raconter aux malheureux qui ont perdu leurs proches, des anecdotes qui redonnent vie aux disparus. Et pourtant. le véritable rôle de Tsirel est d'incarner ce lien vers le Dieu d'Israël qui est le ciment de l'union des partisans.

« Elle garda son calme et dit doucement :
« Écoute ce qu'une fille d'Israël ayant atteint le grand âge te dit : nous serons toujours ensemble. Ces montagnes m'ont appris à l'être. Et si tu ne me vois pas demain en te levant, imagine-moi dans le monde de Vérité. C'est une erreur de penser que les frontières existent. La Torah et l'amour nous relient, ici et là-bas. Les portes sont un leurre, une invention de Satan. Celui qui a vu les voix et entendu les éclairs sur le mont Sinaï est une partie du Dieu céleste. » »

La figure tutélaire de la petite communauté de combattants a un pied dans l'au-delà, dans ce lieu qu'elle nomme le monde de Vérité. Elle incarne une sagesse qui n'est pas de ce monde, et si tous ne comprennent pas ce qu'elle dit, le respect qu'elle inspire est unanime.

Sous la direction improbable de Kamil, un chef de guerre hanté par la dimension spirituelle de sa tâche, de Felix, un militaire efficace et taiseux et de Tsirel, une vieille femme touchée par la grâce et délaissée par la pesanteur, les partisans vont tenter de survivre, et continuer d'harceler les trains pour l'enfer conduits par les Allemands, en espérant que la progression de l'Armée rouge soit suffisamment rapide.

---

Dans « Les partisans », Aharon Appelfeld continue de nous conter la Shoah, sans nous en parler directement. Si le roman se concentre sur le destin peu commun d'une escouade de résistants juifs, décidés à combattre l'hydre du Mal jusqu'à leur mort, l'ombre de la solution finale, de ces trains qui circulent sans fin, la fumée qui s'échappe des fours crématoires, planent sur ce roman glaçant de réalisme.

En mettant ses pas dans ceux d'Edmund, l'auteur quitte le rivage de l'autofiction pour construire un récit qui s'éloigne de son expérience personnelle de la seconde guerre. Un récit qui mêle scènes d'action et incises méditatives, qui tente de nous rappeler que si le combat est un mal nécessaire, l'essentiel est ailleurs, et que peu importe les pertes, c'est bien la survie de l'âme juive qui est en jeu.

Comme dans ses autres romans, Appelfeld accorde une importance extrême aux mots. Il se refuse à décrire le Mal, car certaines réalités échappent au langage. Il faut se montrer économe, choisir le mot juste, et à défaut s'abstenir au risque de travestir le réel. La prouesse de l'auteur est de réussir à tenir sa promesse.

« Je voulus lui dire, sans y parvenir que nous étions par-delà le Bien et le Mal.
Nous étions dans le monde du silence ».

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Il existe en allemand un mot « Heimweh », qui signifie le mal du pays, que l'on traduit par nostalgie. Ce terme renvoie à la douleur d'un monde perdu, et, pour une raison qui me dépasse, je ressens cette douleur d'un monde lointain, celui de mes ancêtres polonais, quand je lis Appelfeld. J'aperçois ces trains maudits, la fumée qui émane des fours dissimulés dans la forêt, je vois les forces du Mal dans la nuit.

Le miracle de la douceur de la prose de l'auteur, son absence absolue de ressentiment, sa quête sincère d'une transcendance, m'apporte une consolation imprévue. Cette consolation est ma récompense, une récompense que je reçois comme un présent inattendu, et que je ne décrirai pas davantage, de crainte de ne pas trouver les mots justes.

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Voici un récit émouvant de l'épopée de jeunes juifs constitués en armée de fortune pour lutter contre les Nazis, dans l'Ukraine de la seconde Guerre Mondiale..
Ils tentent de survivre jusqu'à l'arrivée de l'armée rouge en sauvant un maximum d'autres juifs qu'ils s'efforcent d'arracher aux trains de la mort.
Beaucoup d'entre eux ont "perdu" leur foi ou lui sont hostiles.
Pour mieux dire leur humanité "cette unité combattante" petite mais bien formée, l'auteur les fait évoluer dans un paysage de fin du monde, aride et désertique.
Leurs silhouettes se détachent avec une étrange netteté, au sein d'une terre désolée où ils apparaissent comme seule source de vie.
Ils avancent sous la houlette de deux hommes, l'un qui fredonne des cantates de Bach et voue un culte aux mots; l'autre dont tout l'être" exprime l'éblouissement " et qui refuse de fuir dans "l'action "au détriment "de la méditation".
Des hommes d'action tournés vers de grands idéaux qui guident leur quotidien, la force de résistance de ces partisans qui laissent crier leur humanité, endiguent leur douleur, donnent toute leur âme .
Dans leurs têtes s'affrontent des questions de plus en plus métaphysiques :
"Le temps est un flux de ténèbres épaisses et humides dans lequel nous piétinons, à moitié aveugles, tenaillés par les interrogations":
Oú sommes -nous?
Qu'avons-nous fait jusqu'à présent ?
Qu'est -ce qui nous attend?
Raconte le héros et narrateur, Edmond, terminant le lycée, jeune garçon anonyme qui s'autorise à retrouver ses parents en rêve .
Tout au long du récit nourri de la propre histoire de l'auteur pendant la guerre , au cours de chapitres courts et bien écrits, l'auteur décrit ce groupe de femmes, d'hommes et d'enfants, membres du Bund ou du mouvement sioniste tous prêts à mourir l'arme à la main.
Ils luttent contre le dénuement extrême, se préparent au combat et aux expéditions, aux embuscades nocturnes, aux incursions dans les fermes pour "emprunter" de la nourriture et récupèrer ce qu'il faut pour se protéger du froid.
Leur but: non pas seulement récupèrer armes, aliments ou vêtements chauds mais surtout récupèrer des Livres de Philosophie, "Crime et Châtiment ", poèmes de Rilke et de Heine pour les lire aux camarades.
L'auteur montre avec énergie, finesse , subtilité , sens de la dramaturgie indéniable, la dimension collective sans oublier l'histoire intime et complexe de chacun des personnages et les histoire familiales de chacun.
Dans cet ouvrage remarquable qui interroge L'Histoire " l'action" et "la Méditation se répondent sans cesse .
Les partisans enchaînent les entraînements et la lecture des textes qui créent en eux une force intérieure unique, elle les transcende, ce qui donne une incroyable densité à l'ensemble.
"Vivre privé de livres équivaut à une mutilation ".
Comme toujours Aharon Appelfeld a l'art de susciter la spiritualité et le recueillement en quelques mots bien choisis, dépouillés et simples , subtils et énergiques;
Un récit de survie puissant au cours d'une période terrible , une restitution éblouissante et digne!
Un grand livre ! À lire !






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Jamais déçue avec cet auteur, il s'attaque ici a l'occupation nazie en Ukraine au travers du journal d'un jeune résistant juif. On a vraiment l'impression de vivre le maquis avec lui, la peut, la fraternité, l'espoir et le désespoir. Ils sont une poignée a avoir échappé aux camps de la mort, ils décident de se battre et de sauver quelques rescapés. Chacun est différent, dans son état d'esprit, son histoire mais notre jeune héros analyse cette vie incroyable avec beaucoup de sagesse .
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Aharon Appelfeld romancier Israélien nous offre un roman, comme toute son oeuvre, s'inspirant de son passé durant la Seconde Guerre Mondiale.
« Les Partisans » nous raconte l'histoire d'un groupe de partisans Juifs, échappés des ghettos et des camps de la mort, caché dans une forêt ukrainienne. Edmund, le narrateur, nous fait partager la vie de ce petit groupe formé d'hommes et de femme, d'adultes et d'enfants, de laïcs et de religieux, de communistes, membres du Bund ou du mouvement sioniste, tous prêts à mourir mais mourir l'arme à la main. Il ne raconte pas de hauts faits militaires mais les longues journées à se préparer et à s'exercer au combat, les expéditions pour voler la nourriture et récupérer ce qui faut pour se protéger du froid.
Pour essayer d'arracher des Juifs aux trains de la mort, ils les font dérailler. Ils doivent soigner et nourrir les rescapés.
La fin devrait être belle avec l'arrivée des troupes Russes, ils redescendent dans la plaine pour enterrer leurs morts et ce sont des propos antisémites qui les accueillent, les rescapés les quittent sans rien dire.
Dans un style simple Aharon Appelfeld nous raconte une période terrible. A lire.
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Un récit émouvant de l'épopée de partisans juifs ukrainiens retranchés dans les Carpates, tentant de survivre jusqu'à l'arrivée de l'armée rouge, en sauvant un maximum d'autres juifs, qu'ils s'efforcent d'arracher aux trains de la mort. Mais si l'action sert de trame au récit, elle n'en est pas le seul ressort car elle est en permanence analysée sous l'angle de la spiritualité et de la méditation, même si beaucoup des combattants ont perdu leur foi, voire lui sont hostiles, s'agissant notamment des communistes. le récit est composé de nombreux chapitres courts, très bien écrits et passionnants à lire. Je ne connaissais pas cet auteur mais lirais volontiers d'autres livres de lui.
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critiques presse (2)
LeFigaro
18 juin 2015
L'errance de résistants juifs traqués par l'armée allemande prend des accents bibliques dans le nouveau livre d'Aharon Appelfeld.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
03 juin 2015
Un récit de survie puissant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne pouvions plus supporter l'intensité du silence et nous sortîmes. Étrangement, aucun de nous ne pleurait. Les cigarettes que nous allumâmes à cet instant furent le témoignage le plus fidèle de notre attachement. Que peut-on dire d'un ange de Dieu ? Que dire une fois qu'il a replié ses ailes ?
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"Livres, livres, où êtes vous? Avez- vous seulement existé?Ce n'est jamais une voix solitaire qui pose ces questions à mes oreilles, mais une rumeur collective qui s'élève du plus profond de nous - mêmes.L'absence de livres, voilà ce qui détermine la différence entre nos vies d'avant et celles d'aujourd'hui........"
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Cette nuit-là j’ai fait un rêve. Ma mère, mon père et moi retournions à Baden près de Vienne. Par un fait incroyable, rien n’avait changé. Le chef de gare portait toujours sa casquette bleue sur le quai. La jeune fille blonde de la buvette était derrière son comptoir, prête à servir une limonade. Mais celui que j’étais le plus heureux de retrouver était le cocher, à sa place habituelle, dans ses habits élimés. Il était très ému de nous revoir et nous applaudit, comme si nous avions réalisé une mission impossible (…). La ville était pareille à elle-même, douce, ne manifestant nul signe de malaise ou de sidération. Au contraire, les gens allaient de leur pas paisible, si familier. Je m’interrogeais un instant sur ce que ces gens ignoraient et que je savais. Ma mère regarda autour d’elle : “C’est bien que nous soyons revenus.” Mon père ne réagit pas, le ­regard soupçonneux, examinant chaque recoin, un léger sourire tremblant à ses lèvres.
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Il a pour projet d’organiser des soirées de réflexion, mais nous manquons de textes. Pendant des années, les livres étaient notre préoccupation principale et voici que nous avons été brutalement séparés d’eux. Comme il est étrange que nous nous soyons si vite habitués à vivre sans livres. Parfois, dans l’après-midi, j’ai la sensation d’un livre entre les mains, à l’heure où j’avais l’habitude de m’installer dans un fauteuil.
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L’armée gigantesque postée le long des routes et des fossés ne nous laissera pas de repos. Un jour, l’ordre de nous encercler sera donné et on nous écrasera. La fuite qui nous a menés là est une illusion, pour ne pas dire une tentative d’autopersuasion. L’empire qui décide d’exterminer un peuple l’exterminera. Il a tout son temps. Il nous laissera piétiner dans la boue encore un mois, peut-être deux.
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Videos de Aharon Appelfeld (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aharon Appelfeld
Dans Qui-vive, la narratrice, Mathilde, semble perdre pied dans un monde toujours plus violent et indéchiffrable. Perdant le sommeil, puis le sens du toucher, elle s'arrime à des bribes de lumière des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, les réflexions douces-amères de sa fille adolescente et décide subitement de partir en Israël pour tenter de rencontrer ce qui la hante. de Tel-Aviv à Capharnaüm puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus ne font qu'approfondir le mystère. Trajectoire d'une femme qui cherche à retrouver la foi, ce roman initiatique interroge avec délicatesse le sens d'une vie au sein d'un monde plongé dans le chaos.
À l'occasion de ce grand entretien, l'autrice reviendra sur son oeuvre d'écrivaine où l'enfance et la guerre tiennent une place particulière, ainsi que sur son travail de traductrice.
Valérie Zenatti est l'autrice d'une oeuvre adulte et jeunesse prolifique. Elle reçoit en 2015 le prix du Livre Inter pour son quatrième roman, Jacob, Jacob (L'Olivier, 2014), et le prix France Télévisions pour son essai Dans le faisceau des vivants (L'Olivier, 2019). Son premier roman adulte, En retard pour la guerre (L'Olivier, 2006) est adapté au cinéma par Alain Tasma et réédité en 2021. Elle est également la traductrice en France d'Aharon Appelfeld, décédé en 2018, dont elle a traduit plus d'une dizaine de livres.
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