AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782283021699
208 pages
Buchet-Chastel (10/01/2008)
3.32/5   82 notes
Résumé :
Avec un visage très commun, on court toujours le risque d'être confondu avec quelqu'un d'autre.
En général, la méprise apparaît rapidement et chacun s'excuse, penaud, de son erreur. Mais ce n'est pas le cas de cet homme qui finit par se laisser aller, résigné, à être ceux pour qui on le prend. Il est cependant très compliqué, voire épuisant, de vivre plusieurs existences à la fois... surtout quand ce ne sont pas les siennes!
Que lire après L'homme que l'on prenait pour un autreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
3,32

sur 82 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
7 avis
2
3 avis
1
1 avis
Sans cesse dans la rue, on le prend pour quelqu'un d'autre. Fatigué de démentir tous ceux qui croient reconnaître en lui un proche, il assume les identités qu'on lui prête. Il est le mari adultère qui rentre chez lui, il est le camarade de galère, il est le pensionnaire de la maison de retraite, il est la tête de turc d'une bande de brutes. le courrier qu'il reçoit ne lui est jamais adressé. Son existence lui échappe et il ne fait rien pour la retenir.

C'est avec délice que j'ai plongé dans cet univers absurde. le personnage, sans nom, perd les contours de lui-même. "Je passe de longs moments face au miroir à essayer de comprendre d'où me vient ce sentiment. Je me dévisage, je me tâte du bout des doigts. Je tourne la tête, d'un côté et de l'autre, je m'observe du coin de l'oeil. Et plus, je me regarde, moins je me reconnais." (p. 51) Solitaire dans un monde qui lui refuse une place définitive, il ne maîtrise pas le développement paranoïaque de ses pensées. Tout est prétexte au délire de persécution. Dans sa solitude désabusée, il développe aussi des idées farfelues, absolument hilarantes. "J'ai pensé qu'en mettant bout à bout tous les lacets de son existence, que l'on nouerait ensemble de la première paire à la dernière, on devrait pouvoir mesurer la longueur de sa vie avec une certaine exactitude, en mètres, plutôt qu'en années, ce qui me semblait plus approprié. Et l'on serait sans doute bien étonné de voir combien ce long lacet, ainsi obtenu, serait court. Combien de mètres au juste pouvait-on espérer? En y réfléchissant davantage, j'ai bien été forcé d'admettre pourtant, que cette méthode avait ses limites et ne pouvait pas s'appliquer à tout le monde, et notamment à certains privilégiés qui possédaient, au cours de la même période, plusieurs paires de chaussures qu'ils portaient en alternance, selon les jours ou les saisonss, au gré de leurs envies. En mettant bout à bout toutes leurs paires de lacets, cela donnerait à croire, du coup, qu'ils ont vécu bien plus longtemps que ceux qui ne possédaient qu'une seule paire de chaussures à la fois, ce qui évidemment est absurde. [...] Tout au contraire, on pourrait déduire à tort, en examinant à la fin de ses jours le chapelet de lacets d'un unijambiste, que sa vie a été deux fois plus courte que celle de quelqu'un qui était en possession de ses deux jambes. Et l'on aurait vite fait de conclure que l'on vit deux fois moins longtemps avec une seule jambe qu'avec deux. Ce qui n'est évidemment pas le cas. Quoique... Je ne sais pas. Cela devient très compliqué. On ne s'en sort plus. Que penser alors du cas d'un unijambiste qui ne serait toujours chaussé que d'une pantoufle? Cela conduirait à croire qu'il n'a pas vécu, ce qui n'est pas défendable non plus. Sans parler du problème des femmes qui ne mettent que rarement des chaussures à lacets. Pourrait-on en déduire, pour autant, que les escarpins nuisent gravement à la santé?" (p. 35 et 36)

Bémol tout de même, la chute est trop précipitée. Ca finit en eau-de-boudin... Dix pages de plus n'auraient pas desservi l'intrigue. le roman reste tout de même bien mené, à un bon rythme. Les chapitres s'enchaînent aisément, et les hiatus entre chacun sont des développement à eux seuls: cela témoigne bien du côté caméléon du personnage.

Commenter  J’apprécie          50
Que dire de cet homme que l'on prenait pour un autre?! J'ai tout d'abord ri toutes les trois lignes puis souri toutes les trois pages et fini par m'ennuyer...Joël Egloff sait jongler avec les mots et nous étourdir, il nous l'avait déjà prouvé! le moindre geste quotidien devient toute une histoire, et le fait le plus incroyable passe comme une lettre à la poste. Il y a du surréalisme dans ce plaisir à détourner les mots et les actes de leur sens habituel, de l'absurde un peu à la façon de M.Carrére avec "sa moustache", il y a même de l'émotion quand on s'étonne de la capacité de notre homme à se glisser dans la peau d'un autre par amour pour les lettres d'une inconnue, ou d'accepter le monde irréel de sa tante pour mieux la rejoindre...Pour tout ceci j'aurais aimé donner 5 étoiles mais voilà, il y a eu l'ennui qui s'est imposé venant couper l'énergie et l'humour des premiers chapîtres...
Commenter  J’apprécie          120
Mouais... Autant j'ai apprécié les autres romans de Joël Egloff, autant celui-ci... la sauce n'a pas pris.

J'ai eu l'impression de lire du réchauffé de ses précédents textes. Toujours ce même narrateur déphasé, décalé, un peu nigaud et souvent bizarre. Ici sa tête rappelle sans arrêt quelqu'un aux gens qu'il croise. S'ensuit un imbroglio de situation toutes plus absurdes les unes que les autres. Situations auxquelles il réagit de façon complètement déroutante.

Il s'agit certes de la marque de fabrique de l'auteur, que cette exploration d'un monde absurde et où la cohérence chancelle. Pourtant ici, on sent que la corde s'use à force de tirer dessus. La narration manque de souffle et d'esprit et je n'y ai pas retrouvé l'humour et la poésie qui m'ont tant ravie dans L'étourdissement ou Les libellules.

Un crû moins; bon, ça arrive. A voir les prochains millésimes.
Commenter  J’apprécie          71
Quelque peu déçue par celui-ci, on sent un essoufflement et c'est trop loin de la réalité, trop farfelu.Situations cocasses,oui, mais trop caricaturales, trop surfait.Dans l'etourdissement,la fiction rejoignait parfois la réalité mais là c'est "trop gros à avaler",je lirai plus tard: Edmond Ganglion & fils, mais comme Kuroineko, j'attends son prochain roman,car malgré ma déception,je reste attachée à cet écrivain.⭐⭐
Rectificatif: je parle de son prochain roman,mais j'ai lu son dernier :j'enquête paru en 2017( voir ma critique) sur les recommandations d 'une de mes amies bibliothécaires, et c'est ce qui m'a permis de découvrir cet auteur .À présent à quand le prochain?.
Commenter  J’apprécie          80
J'ai beaucoup moins accroché à ce livre qu'à [b]L'étourdissement[/b]. Ces deux livres sont si différents qu'on les eut cru écrits par deux auteurs distincts.
Il y a pourtant d'excellentes idées dans cet ouvrage. L'histoire est intéressante, ce personnage si commun que tout le monde le confond avec une personne de leur entourage ou même une célébrité est drôle voire burlesque par moment. du bon burlesque. D'un point de vue métaphorique ce personnage totalement absurde jusque dans ses propres réflexions et sa propre ignorance peut sembler être le réceptacle des confusions identitaires individuelles et de la confusion générale de notre société. Perdition des individus et perdition du lien social.
Mais il est difficile de suivre un personnage si vide et fade même quand l'histoire qui l'entoure est acide et drôle. Il en résulte des lourdeurs, des répétitions et cela nuit vraiment au récit qui ne semble plus qu'être une suite de péripéties. Je ne suis pas sur personnellement que la narration à la première personne pour un récit incluant un personnage si fade volontairement soit le plus pertinent pour la fluidité.
Restent des moments mémorables comme les discussions avec le facteur. Sentiment mitigé donc, mais l'idée était risquée et il y a du mérite.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il m'arrive de plus en plus souvent d'être pris pour un autre.Que des gens qui me croisent aient l'impression de m'avoir déjà vu quelque part, sans parvenir toujours à se souvenir dans quelle circonstance,à quelle occasion,où et quand ils ont bien pu me rencontrer auparavant Même si leurs visages ne me disent rien,pas plus que leurs noms,par politesse je me présente à mon tour, je veux bien faire des efforts de mémoire, moi aussi,et au hasard nous évoquons quelques endroits ,quelques situations dans lesquelles nous aurions pu avoir affaire ensemble.Au bout d'un moment, bien obligés de constater que nous ne parvenons pas à nous trouver le moindre souvenir en commun pour conclure,nous échangeons deux ou trois haussement d'épaules, quelques sourires embarrassés, tandis que je m'excuse platement de ne pas être la personne que l'on pensait que j'étais.
Commenter  J’apprécie          50
Quelquefois, celui pour qui l'on me prend n'a pas l'air inintéressant, bien au contraire. J'aimerais mieux le connaître. J'y gagnerais peut-être même au change à être lui plutôt que moi, ne serait-ce qu'un instant. Et comme je n'ai pas le coeur à décevoir quelqu'un qui m'aborde avec tant de sympathie, que je ne me sens pas le droit de le priver du plaisir rare des retrouvailles, nous finissons ensemble, accoudés au bar du café le plus proche à nous raconter en détail ce que nous sommes devenus depuis que nous nous sommes soi-disant perdus de vue.
Commenter  J’apprécie          60
* Il a eu un regard méfiant, tout de même, et s’est tourné de telle façon que son épaule m’empêchait de voir les lettres. Comme si c’étaient des cartes qu’il protégeait du regard oblique d’un tricheur. « Ah… » a-t-il fait, aussitôt après. « Oui » j’ai dit, en faisant un pas vers lui, le coeur battant, pour tenter de voir par-dessus son épaule ce que signifiait ce « Ah… ». Car c’était vraiment le genre de petit « Ah…» que l’on prononce lorsqu’on vient de trouver quelque chose que l’on a cherché pendant longtemps. Ce n’était pas un « Aaah !... » qui témoignait d’un immense soulagement, comme celui qu’aurait poussé un myope en mettant la main sur ses lunettes, un borgne en retrouvant son œil de verre au fond d’une poche, ou la femme du marin qui distingue une voile à l’horizon. Ce n’était pas un « Aaah ! » comme ça, non, c’était un « Ah… » bien plus modeste. Juste un petit « Ah… » très sec,mais plein d’espoir. Il n’y avait vraiment aucune ambiguïté possible, et cela aurait sans aucun doute signifié qu’il avait enfin mis la main sur une lettre adressée à Pierre Simon, si après ce «Ah… » il s’était arrêté là, s’il n’avait rien ajouté, et surtout pas, immédiatement après, « Ah non.. - », comme il l’avait fait. « Ah non… », comme lorsque l’on se rend compte que ce que l’on vient de trouver n’était pas en fait ce que l’on cherchait depuis longtemps. Sans pour autant qu’il y ait dans ce «Ah non… » une immense déception. Ce n’était pas celui qu’aurait poussé un myope qui vient de briser ses lunettes, un borgne en voyant tomber à l’eau son œil de verre, ou celui de la femme du marin quand sombre au loin le navire. Tout au contraire, il y avait presque un petit air amusé dans ce « Ah non…» là. C’était un petit « Ah non… » taquin, je dirais même vicelard. Quoi de plus naturel de sa part ?
Commenter  J’apprécie          10
Jusqu'au boulevard......pensais-je,hors l'haleine, la gorge et la poitrine brûlées. Et puis courir encore jusqu'à la gare.Puis me perdre dans la foule.Dans le flot des voyageurs.Et me laisser porter Jusqu'au premier train en partance.Il y aurait sûrement quelqu'un à l'arrivée pour m'attendre au bout du quai.
Je me suis remis à courir.J'ai disparu au coin de la rue.Ou peut-être ėtait-ce quelqu'un d'autre qui courait je ne sais plus.
Commenter  J’apprécie          70
* « T’as pas une cigarette ? » il m’a demandé. Je me suis arrêté. Il avait du mal à tenir droit. J’ai répondu bien poliment que non, j’ai dit que je ne fumais pas. « T’as pas du feu, alors ? » il m’a fait. « Si je ne fume pas, j’ai dit, pourquoi est-ce que j’aurais du feu ? » Il a froncé les sourcils. Ça volait trop haut pour lui. Je me suis demandé d’ailleurs à quoi lui aurait servi d’avoir du feu s’il n’avait même pas une cigarette- « T’as pas l’heure, non ? » m’a-t-il demandé encore. J’ai dit que j’étais désolé, mais que je n’avais pas de montre. Et j’ai voulu poursuivre mon chemin. Mais il m’a retenu par le bras. Il m’a dit qu’il trouvait que ça faisait beaucoup de n’avoir ni feu, ni cigarette, ni même l’heure à lui donner, et que si j’avais voulu tout lui refuser, je ne m’y serais pas pris autrement. Il m’a reproché de lui parler de haut, aussi, ce dont je me suis défendu. Puis en approchant son visage à quelques centimètres du mien, suffisamment près pour que je profite pleinement de son haleine imbibée, il m’a dit que ma tête lui disait quelque chose. Qu’il m’avait déjà vu quelque part, et que ça lui rappelait pas des bons souvenirs.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Joël Egloff (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joël Egloff
Vidéo de Joël Egloff
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (153) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20201 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..