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EAN : 9782081200937
296 pages
Flammarion (19/08/2009)
3.53/5   96 notes
Résumé :
"Parfois le soir, seul devant la glace, il avance ses lèvres pour dire le mot, il les rassemble comme pour une moue ou un demi-baiser, il tend la bouche vers l'avant et cale les incisives pour souffler la décisive consonne, mais là, le mot ne vient pas, il lui reste sur la langue comme un noyau de cerise, un chewing-gum qui refuserait de buller. " On n'imagine pas l'embarras de ne plus pouvoir prononcer ce simple mot: non. C'est pourtant ce qui arrive à Beaujour, em... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Dialogue fictif :

Mr Joncour : Alors vous avez aimé mon livre?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour : Vous l'emmeneriez sur une île déserte?
Kittiwake : Pourquoi pas
Mr Joncour : c'est le meilleur livre que vous ayez jamais lu?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour : Vous l'avez jeté à la poubelle?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour, interloqué : Ah bon?!!!!

Dans ce court échange, je me suis permis de prendre la place du personnage principal (je n'ose pas parler de héros) de cette fiction, interrogé par son créateur, l'auteur. Ce personnage a perdu un mot, un petit mot, simple (comme Beaujour?), mais indispensable si l'on ne veut pas se retrouver dans des situations professionnelles ou sentimentales ingérables . Il ne peut pas dire non. Alors il dit oui, aux collègues qui lui proposent un café, au patron qui lui demande de venir un Samedi, au bus qui s'arrête devant lui et lui demande s'il veut monter. Et comme il travaille dans un institut de sondage, et qu'il est chargé de rédiger les questions et les choix de réponse, les réponses proposées sont oui ou oui ou ne sait pas! Que de belles victoires démocratiques en perspective!

Mr Beaujour doit donc affronter de multiples quiproquos et surtout faire face à un destin qu'il n'a pas de son plein gré choisi, incapable de s'opposer à toute proposition. C'est drôle et on rit, mais un peu jaune car il est impossible de ne pas se reconnaître au moins partiellement dans ce portrait poussé à l'extrême : qui n'a pas un jour accepté une proposition en se maudissant à peine le oui prononcé? C'est difficile de dire non : «allez lui faire comprendre que c'est aux autres qu'il faut dire non, et pas à soi même, à ses désirs, à ses envies, à ses besoins sans quoi on n'en finit pas de se trahir».

C'est donc un agréable et court récit juste assez caricatural pour être presque crédible, entrecoupé de «broderies» qui guident le lecteur vers les sources du problème.
Avec une belle écriture poétique et affutée.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Quand on m'a proposé ce livre, je n'ai pas su dire non !!! Mais j'aurais peut-être dû refuser…

Monsieur Beaujour travaille dans une entreprise chargée de faire des enquêtes d'opinion. Il a cependant un gros problèmes il ne sait pas dire ou a oublié le mot « Non ».
Ainsi, sa vie privée comme sa vie professionnelle est perturbée par ce handicap. On le suit au travers de situations plus ou moins cocasses. Jusqu'au jour où il reçoit une invitation à un cours d'écriture. Comptant sur l'animateur pour l'aider à sortir de cette gêne, il pense que ça sera pour lui comme une thérapie…

Au début, je lis avec plaisir et parfois même éclate de rire tant les situations sont drôles et bien racontées. A la longue, l'ambiance s'alourdit. Les phrases sont longues, trop longues… au point qu'il faille parfois la relire pour bien en saisir le sens.
Bref, je termine la lecture avec le sentiment de n'avoir pas tout saisi ce que l'auteur a voulu faire passer.

C'est regrettable. Je suis quand même allé jusqu'au bout… Normal, non ?…
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Brillant !

Grégoire Beaujour a perdu un mot. Il ne l'a pas sur le bout de la langue, non, il ne peut plus le prononcer, ni même l'écrire. Ce mot est "non". Ce handicap semble difficilement compatible avec son emploi d'enquêteur pour un Institut de sondages et d'Études de marché. Quoique...
Pour la vie sociale et amoureuse, cela pourrait paraître appréciable a priori. Mais de conciliant à faible et/ou lâche, il n'y a qu'un pas aux yeux des autres, et on se fait vite manipuler.

Serge Joncour part de cette fable pour présenter des réflexions passionnantes sur le pouvoir des mots dans nos rapports à autrui et à nous-mêmes, sur les vertus libératrices et thérapeutiques de l'écriture. Ecriture pour soi à la recherche de son propre passé et de celui de ses ancêtres, pour retrouver ses bases, ses racines englouties (tout comme ont été noyés ces vieux villages recouverts pour construire des barrages, je trouve brillante cette métaphore qui revient en leitmotiv dans l'ouvrage).

A travers le regard de son personnage et ses souvenirs d'enfance, Joncour décortique aussi l'art de manipuler l'opinion publique, le conformisme, les phénomènes de mode et de masse qui se sont amplifiés avec les Trente glorieuses (dans les années 70 en particulier), et l'essor de la société de consommation.

Entre roman et essai, psychologie, philosophie et sociologie, cet ouvrage se dévore, sans prise de tête - n'ayons pas peur de ces "grands" mots en -ie.
Un régal d'intelligence, subtil et cynique sans être moralisateur.

--- Mais pourquoi faut-il que la plupart des couvertures en format poche et des titres de cet auteur soient si niais, moches, rédhibitoires ? Dommage, il cible probablement mal son public, de cette façon.
Son talent s'exerce pourtant dans des registres très variés (romans, nouvelles, thrillers). On retrouve ici le ton du recueil 'Combien de fois je t'aime'. J'ai apprécié également les ressemblances avec Tonino Benacquista ('Homo Erectus' en particulier) et Jean-Paul Dubois.
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J'ai bien aimé ce roman que j'ai trouvé amusant, avec un petit côté "conte". le héros, littéralement incapable de dire non, se retrouve dans des situations surréalistes qui n'ont pas manqué de me rappeler des situations où je ne pouvais que difficilement dire "non"(je suppose que cela arrive à tout le monde...).
J'ai eu plaisir à retrouver l'écriture toute en finesse de Serge Joncour, même si j'avais préféré L'amour sans le faire dont l'histoire était plus réaliste et très touchante.
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C'est un très agréable conte. une réflexion sur le pouvoir des mots. Que se passe-t-il quand on ne parvient plus à dire NON ? Je vous lasse imaginer tous les quiproquos possibles dans la vie quotidienne, professionnelle, sentimentale... C'est ce qui arrive au héros de ce livre. Un personnage qui, au départ de l'intrigue, parait bien pâle, empêtré dans sa névrose, mais qui va se révéler plus astucieux et rusé au fils des page. C'est par un retour sur lui-même, une introspection qui va le mener au-delà de son enfance, sur la terre de ses grand-parents, qu'il va s'en tirer.
C'est également pour l'auteur, à travers l'histoire de son personnage, la possibilité de revenir sur les années 70, ces années où tout semblait permis, où le monde semblait s'ouvrir sans entraves vers un avenir radieux.
Je me demande si la perte du pouvoir de dire NON n'est pas pour Joncour, le symbole d'une époque où l'on doit être d'accord avec tout ce qui nous est proposé. Métaphore sur l'inutilité de se révolter. Mais j'extrapole peut-être... En résumé, c'est un livre à la limite de la farce, mais qui permet une réflexion sur la société. Ça se lit facilement et vite. Difficile de dire NON.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Allez parler à cet enfant en vous, il est là, à vous attendre, il n'attend que vous cet enfant plus ou moins souverain que l'on a tous été, et qui reste là en soi, générateur de nos détresses et de nos mélancolies, de nos blocages aussi, il est cette part de nous qui cherche toujours à être pris dans les bras, il est la persistance de nous qui s'inquiète, oui, il est là ce mirage de l'enfant qu'on a été, dans le fond c'est bien lui qui est la cause de tout, c'est lui la source du symptôme, c'est lui qui a initié nos premières sensations, nos premiers rapports avec le monde, c'est de lui que nous viennent nos algorithmes de stratégies mentales qui aujourd'hui encore nous font répondre aux situations que nous traversons. Tendez-lui la main. Allez, engagez le dialogue, écrivez-lui, prenez une feuille et approchez-le, ou écrivez à haute voix, qu'importe (...)
(p. 192-193)
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Qui n’a jamais joué un jour ou l’autre au jeu « ni oui ni non », en général on est bien content de tenir au moins une minute. Mais qu’on fasse l’essai de se livrer à ce jeu métaphysique sur une journée, ne serait-ce que douze heures sans dire non une seule fois, sans rien refuser, que chacun tente l’épreuve et il verra que dans le secours de cette simple molécule de langage, sans la ressource de l’opposition, l’environnement a vite fait de gagner sur vous comme un lierre, l’humeur des autres vous recouvre de son chiendent, les salves de sollicitations vous atteignent de leurs petits cailloux en faisant mouche à chaque fois, au point d’imprimer à votre démarche la courbure des hommes qui s’en remettent à tout.
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Etre au monde, c'est accepter d'entrer dans le tumulte. La vie est une floraison de décisions de tous les instants, on n'est jamais à l'abri d'une demande ou d'une invitation, il arrive même qu'on vous importune en cherchant à vous faire plaisir, il le ressent bien maintenant, ce serait pure folie que de se résoudre à la disponibilité permanente, d'être offert comme le sont les fontaines ou les bancs publics, alors qu'il le sait le calme est là, l'idée d'une volonté est tentante, en tout cas elle lui plaît, il en subodore les bienfaits, il sait aussi que les remparts de cette tranquillité tiennent avant tout à un mot, un simple adverbe par lequel on tient le réel à distance, un mot net et tranchant, le plus souverain et le plus décisif qui soit.
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Ces années soixante-dix, du moins celles du début, sont celles qui auront fait le plus d'efforts en direction de l'homme, celles qui l'auront le plus gâté, tout se proposait, tout semblait pouvoir s'acquérir, n'importe quel travail, n'importe quelle envie, le monde était une allégorie d'allégresse, un jardin offrant tous ses fruits, et surtout, on se savait sur la pente d'un progrès qui n'en finirait pas de nous hisser jusqu'au sommet : l'An 2000 ! (...)
(p. 205)
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En même temps une forme de mauvaise conscience le taraudait, car après tout, à bien y regarder, pourquoi contrer l’humeur d’un patron, par nature fondé à savoir ce qu’est le bien de son entreprise et de ses employés, autant prétendre en remontrer à Dieu. L’ordre des choses voudrait, quoi que le président décide, qu’il ait raison. Il n’y a rien d’autre à faire qu’à consentir, à obéir, c’est la règle même du respect. Il n’avait pas l’âme d’un révolté, même si dans le fond la rébellion ça n’est jamais que souscrire à l’idée de tout remettre en cause, se révolter c’est dire oui à tout un tas de prétentions parfaitement contrariantes, se révolter c’est accepter bien plus de choses encore que simplement dire oui à tout …
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