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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742733231
295 pages
Actes Sud (30/11/-1)
4.05/5   77 notes
Résumé :
Après quinze ans d'incarcération, Kikutani bénéficie enfin du principe de libération conditionnelle.
Pris en charge par un tuteur, il doit réapprendre à vivre en société, ce qui représente pour lui une angoisse d'autant plus grande qu'il avait parfaitement su s'adapter à la prison.
Incapable de s'éloigner du foyer de réinsertion, Kikutani loue un studio à quelques rues de là, trouve un emploi grâce au soutien de l'institution post-carcérale et se compo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Le mot ” Liberté ”, comme le mot ”Amour”, est un mot auquel il ne faut rien adjoindre. Ni le mot ”Total”, ni le mot ”Absolu”, encore moins le mot ”Conditionnel”, ce dernier mot détruisant toute la force et l'espoir portés par ”Liberté ”.

Kikutani a tué. La justice l'a condamné pour cela à la prison à perpétuité. Mais au bout de 15 ans d'obéissance et d'effacement de lui-même, Kikutani se voit enfin offrir une ”Liberté conditionnelle”. C'est le retour à la vie, avec un logement, un travail, la possibilité de manger ce qu'il veut, de s'acheter ce qu'il veut. Kikutani avait oublié l'odeur des villes et le goût du riz blanc. Il est heureux, comme un enfant. Bien sûr, autour de lui, le monde a changé et tout l'insécurise mais très vite il reprend pied et ”s'intègre”. Il continue cependant de suivre les règles. Car cette nouvelle liberté est très encadrée et Kikutani doit sans cesse rendre des comptes.

"Quand il avait franchi les portes de la prison, il avait été tellement remué par le sentiment de sa libération qu'il aurait voulu pousser des cris de joie, mais ce n'était peut-être qu'une illusion finalement. Toutes sortes de murs se dressaient autour de lui, qui l'entravaient sérieusement dans son action."

Sa nouvelle vie est-elle si différente de sa vie en prison? Libéré des murs mais toujours prisonnier d'un système judiciaire, englué dans son passé, Kikutani vit recroquevillé sur lui-même. Lui sera-t-il possible, un jour, de recouvrer une vie normale?

L'intrigue va lentement et descend en profondeur dans le psychisme de Kikutani. le style est sobre, élégant, parfait écrin à une tension dramatique qui va crescendo. le héros est ici un homme ordinaire, un coeur pur qui n'a pas supporté la trahison et qui s'est mué en monstre. Il aimerait tant éprouver la douceur du repentir. Il sait aussi que la société attend ça de lui. Pourtant, il ne parvient pas à pardonner. Homme détruit par ses désillusions et ses nombreuses années de soumission, il ne ressent plus rien qu'une sourde colère.

Il n'y aura pas de rédemption pour cet homme attachant malgré tout. Car pour ceux qui ont connu la vie carcérale, la dette n'en finit jamais d'être payée. Il leur faut vivre avec la culpabilité, avec la peur, avec la honte. Il n'y a pas de liberté sans la possibilité de l'oubli et les hommes n'oublient jamais.
Yoshimura nous le démontre d'une façon magistrale.






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La nature humaine tend à plus ou moins de rationalité, rempart aux actes irréfléchis.
Il est cependant des circonstances où cette rationalité vole en éclats, emportée par la résurgence d'instincts primaires. le personnage principal de "Liberté conditionnelle" fût un soir victime de cette résurgence mais pour la société c'était bien lui le coupable.  

Condamné à perpétuité, Shiro Kitutani bénéficie d'une liberté conditionnelle après quinze années de réclusion pour meurtre. En cas de bonne conduite, il pourra prétendre dans dix ans à une amnistie totale.

Malgré la prévenance de son tuteur Kirouya, la réinsertion de Shiro n'est pas évidente tant les changements au niveau de la vie courante sont grands. le conditionnement routinier de la vie carcérale n'avait pas que des inconvénients et se retrouver dans le monde réel, sans contrainte majeure, a un côté inquiétant...

Shiro, autrefois professeur de japonais dans un lycée de jeunes filles, accepte un travail dans un élevage industriel de poules pondeuses situé à une heure de train de Tokyo. Il choisit l'anonymat de la capitale malgré un loyer exorbitant et un temps de trajet au-delà du raisonnable.
Que son nouvel entourage puisse connaître son passé, l'obsède jour et nuit. Il n'arrive pas à se défaire de sa condition de paria et pourtant sa gentillesse naturelle est manifeste. Il passe pour une personne introvertie mais son comportement professionnel irréprochable le rendrait presque sympathique.

De longues années se sont écoulées mais les images vivaces de la nuit du drame hantent toujours sa mémoire : cette lueur rouge qui l'a fait saisir le grand couteau de cuisine lui apparaît chaque fois qu'il revoit sa femme ivre de bonheur dans les bras de son amant. Il sait que ce rouge indélébile troublera sa vision aussi longtemps qu'il n'aura pas pardonné l'adultère.

Au regard des deux premières années de réinsertion exemplaires, son tuteur l'encourage à refaire sa vie. Auprès d'une nouvelle compagne, ce rouge obsédant s'atténuera-t-il au fil du temps ?

"Liberté conditionnelle" est le récit intimiste d'un homme torturé par son impossibilité à pardonner. L'acte bestial qu'il a commis un soir de fureur il ne le regrette pas. Quinze ans de prison ont peu à peu gommé les aspérités de sa personnalité et Yoshimura nous présente un être docile qui suit à la lettre les recommandations administratives qui lui sont faites.
Yoshimura dans un style épuré, qui va à l'essentiel, réussit le tour de force de nous rendre attachant cet être brisé par le destin. Parfois le lecteur a envie de souffler à Shiro un petit conseil de bon aloi, d'échanger avec lui pour rompre son isolement.

De façon crescendo, l'écrivain conduit le lecteur vers un dénouement incertain, progressant tel un funambule expérimenté sur le fil tortueux de l'âme humaine.
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Ce roman fascinant ferait passer L'Etranger pour une bluette. Yoshimura commence son histoire là où Camus la termine: un assassin quitte sa prison pour bonne conduite, et tente de renouer avec la normalité. Incapable tout d'abord de lâcher prise, effrayé de ne plus obéir au rythme de la prison, il doit aussi composer avec un Japon moderne où prendre un escalator s'apparente pour lui à un exploit.
Qu'est-ce qu'être libre? Kikutani trouve un travail dans ce qui s'apparente à une prison pour poulets. Ex-prisonnier devenu gardien, il ne se contente pas de surveiller ses volatiles : c'est lui-même qu'il enferme dans un quotidien aliénant, entre train de banlieue et repas solitaires devant la télévision.
Mais, tandis que Meursault refuse le jeu social, Kikutani veut à tout prix s'y conformer. Car le Japon moderne n'est finalement pas si différent de celui qu'il connut : et la normalité est pour le personnage tout à la fois une aspiration profonde et le plus sûr moyen d'empêcher quiconque de s'immiscer dans sa vie.
Il est fascinant de voir se façonner l'image idéale du Japonais moyen : Kikutani est un modèle de réinsertion dès lors qu'il boit, fume, élève des poissons rouges et rompt toute relation avec sa famille pour ne pas les gêner.
La docilité du libéré sous condition donne du Japon l'image d'un pays glaçant où la gentillesse de tous est le plus sûr moyen de laisser chacun à sa place assignée.
Or Kikutani a un secret: il ne regrette pas ses crimes. Ses victimes, après tout, avaient dérogé. Sa femme l'avait trompé, ce qui lui valut d'ailleurs des circonstances atténuantes. Et voici Kikutani anormal à force de normalité, censé regretter un acte qui signait pourtant sa parfaite appartenance à l'ordre social.
La névrose de l'homme démasque celle du pays, à moins que ce ne soit celle de l'homme démocratique prisonnier de sa « moyennisation », condamné à l'égalité sans condition.
Pas moyen, donc, d'imaginer Sisyphe heureux, parce qu'au premier caillou sur la pente, il va se prendre son rocher sur la tronche.
N'empêche que je remettrai bien le couvert avec Yoshimura, mais je vais d'abord digérer cet opus là avant de reprendre un grand bol de désespoir existentiel.
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Yoshimura part III
Après Naufrage et le convoi de l'eau, deux drogues dures, deux voyages sur des planètes inconnues, belles et impitoyables, Liberté conditionnelle m'a pris à contre-pied.
Ici tout est gris, morne, étriqué, terriblement terre à terre.
Kikutani sort de sa prison pour bénéficier d'une liberté conditionnelle, après 16 ans d'incarcération et doit littéralement réapprendre à vivre.
Le style sobre de Yoshimura s'adapte parfaitement au lent cheminement du convalescent tant pratique qu'intellectuel.
Il s'accroche à chaque nouvelle habitude, les organise en routine pour retrouver ses marques, au début avec l'aide de ses tuteurs.
Le seul voyage que le lecteur fait, est un voyage dans son psychisme.
Un flash back nous mène jusqu'au détonateur qui l'a conduit en prison, déclenchant la seule onde dont l'amplitude est une tache rouge sur l'electro-encephalogramme par ailleurs si pauvre en relief de sa vie
Le gris règne à nouveau, le rouge appartient au passé et Kikutani fait tout pour que rien ne change il est sur la bonne voie.
Un livre d'atmosphère, austère, intérieur gris avec deux taches rouges.












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Un de mes romans favoris de Yoshimura. le personnage principal, apres avoir été incarcéré suite au meurtre de sa femme, est mis en liberte conditionnelle pour bonne conduite. Avec l'aide d'un agent de probation, il retrouve un emploi dans un élevage de poulets et essaye à nouveau la vie en couple.
Je ne devoilerai pas la suite de l'intrigue. Mais, bien évidement, recommencer sa vie ne sera pas facile pour cet homme, qui va se retrouver seul avec ses anciens démons dans la violence sociale.
Un livre magistral sans concession avec pour toile de fond une société niponne ou l'individu peine à exister.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Cependant, même si elle savait qu'il était en liberté conditionnelle, le crime qu'il avait perpétré dans le passé resterait entre eux, et finirait certainement par devenir pesant. La femme supporterait-elle qu'il la caresse de ses mains tachées du sang d'Emiko.
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Extrait de la page 172 :
Il lui semblait que quelque chose d'inconnu était tapi au fond de lui. Était-ce ce qui avait produit la couleur rouge dont il avait été assailli ? C'était cette couleur éclatante qui l'avait poussé à tuer, il ne trouvait rien d'autre, et c'était impossible à expliquer logiquement à quelqu'un, dans la mesure où lui-même ne le comprenait pas. Tout était vague, la seule chose certaine étant qu'il n'avait aucun regret, qu'il était même persuadé d'avoir accompli une bonne action.
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Qu'est-ce qui l'angoissait ? Les murs de la prison et les barreaux de sa cellule lui donnaient un sentiment de sécurité. Habitué à cet environnement, il avait peur, soudain, de se retrouver dans un espace ouvert, sans aucune contrainte. Etait-ce une frayeur instinctive, comme celle de la taupe qui sort de terre et se retrouve au soleil ?
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Il regardait éberlué le groupe d'immeubles. Depuis que la ligne de métro avait été prolongée, la ville avait dû s'étendre rapidement pour faire face à l'afflux de population qui travaillait à Tokyo, et elle semblait continuer à se développer à un rythme frénétique.
Il pensa à toutes ces années passées en prison. Même s'il avait pu y bénéficier d'installations nouvelles, le bâtiment lui-même n'avait pas changé. Il réalisa que pendant ce temps-là dehors, il s'était produit des bouleversements à grande échelle dans l'aménagement du territoire, qui dépassaient tout ce su'il aurait pu imaginer.
Les prisons constituaient des enclaves où le temps s'était arrêté. Maintenant encore, les prisonniers fabriquaient des chaussures cousues à la main dans leurs ateliers, imprimaient des brochures à l'ancienne dans leurs imprimeries.
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Depuis votre entrée dans cet établissement, vous avez tous les deux travaillé sérieusement dans vos ateliers, sans commettre de fautes, ceci pendant de longues années. Nous avons reçu de la commission régionale de réinsertion la décision de votre liberté conditionnelle. Félicitations.
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