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Dan Tran Phuong (Traducteur)
EAN : 9782848051024
749 pages
Sabine Wespieser (15/09/2011)
4/5   134 notes
Résumé :
La fugue de Thanh plonge dans la stupeur ses parents, un couple de professeurs respectés, ainsi que toute la petite ville proche de Hanoi où vit cette famille modèle. À seize ans, le jeune homme était promis à un brillant avenir et n’avait jamais donné le moindre signe de trouble ni de rébellion.
Quand on le retrouve quatorze ans plus tard – en 1999, le temps du récit –, il est devenu gigolo, entretenu par une femme d’affaires rencontrée dans la maison close ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Sans aucune hésitation, je peux dire que Sanctuaire du Coeur est (pour moi) THE coup de coeur de l'année 2012 ! J'ai dévoré ce pavé en quelques jours car c'est le genre de roman qu'on a du mal à reposer une fois commencé.

Duong Thu Huong signe là un roman bouleversant et émouvant avec un regard très dur sur l'évolution de la jeunesse vietnamienne à notre époque. C'est aussi une histoire sur les cruelles désillusions dans les rapport humains. D'une "simple" histoire de fugue d'un adolescent modèle et fils d'une famille respectable, Duong Thu Huong peint avec brio les rêves brisés de plusieurs générations en remontant petit à petit vers l'élément qui a fait tout basculé (pour ma part j'ai été surprise!). Et en fin de compte, on s'aperçoit que cet évènement n'est qu'une suite logique de beaucoup de sentiments réprimés - entre autres choses.

C'était le premier roman vietnamien que je lisais. J'y ai découvert une société extrêmement hiérarchisée, avec un pouvoir corrompu. le tout dans un cadre idyllique ! L'évocation des arbres et des fleurs, des fête sont très dépaysants. Il y est beaucoup question de la fête de Têt pour le culte des ancêtres, comme pour montrer la nostalgie du temps passé qui malgré le servage avait une certaine noblesse et respect des valeurs humaines - comparée à l'époque contemporaine bien sûr !

Ce qui est appréciable aussi dans cette fresque, c'est que non contente de découvrir de la "vraie" littérature avec un grand "L", ce roman est très ambitieux - à l'inverse de beaucoup de nos contemporains...
Ambitieux me direz vous ? Mais pourquoi ? Eh bien, parce qu'à travers le portrait de chaque personnage, l'auteur dresse une superbe fresque du Vietnam du temps de la colonisation française à nos jours. En passant par la guerre contre les Américains, bien sûr.
Au final, l'auteur nous fait part de son amertume sur le fait que le peuple vietnamien n'a fait que passer d'une servitude à une autre : des rois et "petits" seigneurs de la ville, aux Français qui ont permis à certains hommes politiques pourris de s'enrichir et d'exercer leur tyrannie sur le petit peuple en toute impunité, à la guerre qui a tué les corps et les âmes aussi...
Et dans tout ça, le communisme qui c'était présenté en Sauveur n'a fait qu'apporter une continuité à tout ce système, permettant à d'autres petits ambitieux de se placer comme maire ou juriste pour mieux accabler les paysans.

Comme vous vous en doutez j'ai été tellement transportée par cette histoire que je pourrais en parler des heures, donc mieux vaut que je m'arrête là et vous laisse découvrir ce roman par vous même !!! (pendant ce temps j'irai découvrir d'autres romans de cette auteur !)
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Dans un roman précédent de Thu Huong Duong, on suivait deux jeunes garçons qui s'enfuient de la maison, du village, pour vivre leurs amours homosexuelles. Dans cet autre roman de l'autrice, une suite qui n'en est pas une, il me plaisait de retrouver Thanh et Phu Huong, et leurs familles respectives (comme le coloré Hoang Vuong). En effet, le sanctuaire du coeur se proposait d'explorer une autre issue à cette belle histoire. Aussi, il permettait de raconter comment la famille restée derrière a vécu la disparition des garçons. Il y avait bien de cela dans ce roman, mais aussi beaucoup plus. Trop, selon moi. Par moment, il me semblait perdre de vue les protagonistes. Une distante cousine qui vient consoler les parents désolés passent dans des rues qu'elle a connues jadis, entre dans la maison qui l'a accueilli plusieurs années de cela. Et c'est l'occasion de raconter l'historique de cette maison, ses anciens propriétaires, comment ils sont passés à travers l'implantation du communisme, etc. Était-ce vraiment nécessaire? Et cette situation s'est reproduite à plusieurs reprises. Trop souvent, je me retrouvais à lire des événements pas en lien (ou si peu) avec l'intrigue principale, tellement que j'ai décroché à plus d'un moment. Quand l'attention revenait sur eux, c'était trop peu trop tard. (Parfois, mon sentiment de perdition était tel que je ne le remarquais pas assez vite.)

Ceci étant dit, j'ai plutôt apprécié la nouvelle version des aventures de Thanh, que je trouve plus réaliste que celle dépeinte précédemment. J'ai aimé également le dénouement, qui offre une explication aux événements. Toutefois, c'était trop peu trop tard pour moi. Rendu à ce point, j'étais déjà las, presque ennuyé par ce roman qui prenait en longueur, qui n'en finissait plus de finir. Je n'ai rien contre les pavés, bien au contraire. En effet, un autre roman de l'autrice, Terre des oublis, est aussi long (et son rythme est plus lent) mais je ne l'ai pas ressenti ainsi, jamais je ne me suis ennuyé.
Selon moi, les passages plus longs doivent être au service de l'intrigue et pas quelque chose qui en retarde le dénouement. Certains diront que ces longueurs, ces différents passages servent à situer le tout, à donner un ton, à mieux comprendre le pays, ses habitants, les moeurs et valeurs, à mieux saisir les implications de l'implantation du communisme. Peut-être. En fait, oui, c'est vrai. de par les pérégrinations de Thanh et d'autres personnages, le sanctuaire du coeur fut un réel voyage à travers le Vietnam de la deuxième moitié du 20e siècle. En ce sens, c'est mission réussie. Toutefois, je reste persuadé qu'il était possible d'y parvenir en moins de pages. Dans tous les cas, cela m'aurait davantage convaincu et peut-être d'autres aussi.
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Duong Thu Huong nous convie à une balade à travers le Vietnam, ou plutôt certains lieux et certains aspects de la vie au Vietnam.
En suivant l'histoire mouvementée de Thanh, elle nous emmène dans des endroits et des temps différents.
Le récit n'est pas linéaire, il y a de nombreux flasbacks. Duong Thu Huong joue beaucoup sur les rythmes. À certains moments elle prend tout son temps, l'action avance doucement ; le lecteur doit accepter cette lenteur, respirer les parfums, goûter la cuisine savoureuse, suivre ces traditions tellement éloignées de nos habitudes occidentales. Il doit se laisser guider pour apprécier le voyage. À d'autres moments, l'histoire s'accélère, de brusques changements interviennent, des surprises arrivent.
Certains épisodes sont durs, car la vie n'est pas tendre avec Thanh. Elle ne lui épargne rien, ni la souffrance, ni la violence : certains passages sont vraiment difficiles.
Cette lecture aura été pour moi l'occasion d'un long voyage dans des lieux, des temps et des vies bien différentes des nôtres. Duong Thu Huong nous fait découvrir les traditions familiales, la poésie, la politique, la cuisine, et finalement la vie de son pays. À côté d'aspects très poétiques, elle ne craint pas de montrer l'envers du décor, d'aller farfouiller dans ce qui n'est pas forcément joli-joli, comme la prostitution, la corruption ou l'oppression politique. Un voyage dépaysant et très intéressant, même s'il n'a pas autant de force que le magnifique "Terre des oublis" du même auteur.
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Un livre qui raconte le Vietnam ne peut que me ravir même s'il est question de misère et de déchéance. Evoquer Hanoi suffit à raviver de bons souvenirs et me redonner le sourire.
Le sourire des vietnamiens a marqué mon coeur. Les femmes ont l'oeil aiguisé et aiment décortiquer, passer au peigne fin, s'attarder sur les détails et on retrouve tout cela dans l'écriture de Duong Thu Huong.
Elle présente les faits avec un style poétique. La fugue des adolescents sera l'élément pertubateur du récit et l'auteure s'en sert comme le fil d'Ariane pour conduire le lecteur dans le quotidien des vietnamiens. Les mots retraçent des tranches de vies et des rêves aussi.
J'ai trouvé l'histoire à partir de "la province paisible" plus captivante : une incursion dans les us et coutumes des gens qui survivent comme ils peuvent. La plume de Thu Huong me ramène à mes années à Hanoi, une belle aventure et des images en couleurs gravées à jamais dans ma tête. Alors, laissez-vous emporter par ce roman palpitant.
Toutefois, certains passages sont empreints d'une violence insoutenable : le récit de la prison où l'humanité perd son sens pour laisser la bête prendre le dessus.
Ce roman laisse un goût doux et amer.
Des vies brisées
Des coeurs brisés
Des rêves brisés
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C'est un roman très sombre que ce nouveau pavé de Duong Thu Huong. Je l'ai acheté lors de ma rencontre avec l'auteur en novembre dernier, au cours de laquelle elle avait évoqué sa vie mais aussi et surtout ce livre. Elle avait mis l'accent sur la différence de ce roman avec les précédents.

En effet, contrairement à ses autres oeuvres, celui-ci se déroule presque totalement dans la vie urbaine. Elle y décrit des aspects différents de la société vietnamienne, peu reluisants, même s'ils s'inscrivent toujours en reflet de la vie rurale. C'est donc un récit plus sombre que les autres :
"L'homme évolue mais ne change pas. Un tas d'argile, une fois formé et cuit, ne bougera plus. le vase peut se fendre, vieillir ou se casser, mais il ne changera plus de forme."

De la même façon, l'oeuvre est principalement centrée sur l'histoire et les sentiments individuels de Than, alors qu'habituellement elle met plutôt l'accent sur le collectif.

Mais on retrouve tout de même les aspects fétiches de Duong Thu Huong : le poids des traditions, des valeurs familiales, qui décident des actes de chacun.

J'avoue que j'ai eu du mal à entrer dedans : une préface de près de 100 pages, avant d'entrer dans le vif du sujet, m'a semblé un peu longue. Et puis elle raconte l'histoire de Than, tout en expliquant à chaque fois les raisons des actes de chaque personne, en remontant l'histoire familiale, toujours longuement. Ce qui fait que j'ai eu du mal parfois à retrouver le fil de l'histoire principale (même si tous ces récits annexes sont passionnants, on veut d'abord finir l'histoire de Than !)

Je n'ai raccroché finalement que dans la deuxième moitié de l'oeuvre, une fois que l'on appréhende plus clairement vers où convergeait tous les récits, et que l'on commence à comprendre que la souffrance est universelle et dépasse sa seule personne et sa seule histoire.

"La vie ! Une leçon que je devrais inlassablement réviser jusqu'au moment de descendre sous terre."

Enfin, la fin en points de suspension ne m'a pas laissé sur ma faim, et nous laisse imaginer ce que voulons pour Than, liberté de lecteur que j'apprécie de plus en plus.

Au final, avec quelques pages de moins, le roman aurait été plus linéaire. Mais peut-être faut-il le lire plutôt comme une fresque que comme un roman à l'intrigue unique. Un roman qui a un souffle différent, qui me fait penser un peu à certaines fresques que j'ai trouvé dans des romans indiens.

En bref, Duong Thu Huong nous offre encore un beau roman, dans lequel j'ai retrouvé avec plaisir son écriture extrêmement poétique, sa force descriptive - aussi bien des paysages que des traditions - qui m'a encore et toujours donné envie de partir au Vietnam !
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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critiques presse (3)
Lexpress
15 mars 2013
A travers sa lente déchéance, la romancière dépeint la faillite spirituelle d'un pays en proie à une double corruption, le sexe et l'argent. Comme si les idéaux pour lesquels elle s'est jadis battue n'étaient plus qu'un lamentable tas de cendres.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
11 octobre 2011
Neuvième ouvrage de l'auteur de « Terre des oublis » (grand prix des lectrices « Elle » en 2007), « Sanctuaire du coeur » est un livre de passions, avouées ou secrètes. C'est aussi, comme ces plats vietnamiens aux cinq parfums, un livre où règne une atmosphère de sensualité exotique : odeurs, couleurs, lumières, textures sont la toile de fond de toutes les émotions.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lexpress
10 octobre 2011
Duong Thu Huong dénonce, à travers la prostitution de son jeune héros, la faillite dans laquelle sombre le Vietnam, où sexe et argent attisent une corruption généralisée. […] Sa vision du Vietnam est impitoyable et terriblement amère, comme si les idéaux pour lesquels elle s'est jadis battue n'étaient plus qu'un lamentable tas de cendres.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
Ce rêve est-il un pressentiment du futur qui m'attend ? Je ne me sens plus chez moi dans cette maison. Ce verger derrière la fenêtre, ces pigeons qui roucoulent me sont devenus étrangers. C'est l'été. La senteur des goyaves mûres embaument. Mais je suis mort cet été, et l'été est mort avec moi. Je ne discerne plus que les bouquets blancs de fleurs de pamplemoussiers. Les arbres semblent figés dans le givre. Les fleurs sont blanches comme la neige, comme des nuages immobiles. Je suis là bas, hébété parmi les pamplemoussiers, plongé dans leurs senteurs florales. Une hébétude de parfumeur en herbe ? Ne me reste t il que cette image après toutes ces années ?
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On peut adopter deux sortes de comportement. Soit on oubliie la réalité pour se tromper soi-même, éviter la tristesse, et ne pas commettre d'actes de folie sous le coup du désespoir. c'est la solution de repli. Mais face aux autres, fiare abstraction de la rélité reviendrait à se suicider. Alors, pour survivre, mieux vaut avoir deux visages, un devant et un derrière. Les anciens disent que les yeux ne poussent pas dans la nuque. C'est juste pour la majorité des gens, ceux qui vivent une vie normale. Si on n'est pas environné de barbelés et de pièges, on n'a besoin que de deux yeux. Nous, il nous en faut quatre. S'il ne nous pousse pas des yeux derrière la tête, c'est la mort qui nous attend à coup sûr.
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Le village de Sung était riche, malheureusement ses filles n'étaient pas jolies. Elles étaient dodues. Leurs visages, pourvus de paires de joues bien roses, ressemblaient à des gâteaux de riz ronds. Et quand elles marchaient ensemble, on eût dit un troupeau de grosses canes pataugeant au bord des rizières.
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Than sait que Kim attendait quelque chose du genre :"un grand baiser à ma fée" ou : "je t'embrasse, ma belle chérie". Pourtant il n'a pu satisfaire ce désir inavoué, retenu par la honte. Cette gêne qu'il éprouve, et sa réserve, sont semblables à la clôture qu'érigent les montagnards pour empêcher les sangliers de venir saccager les plants de maïs et les potagers.
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Ma belle, il faut que je te dise clairement que je ne t'aime pas. Pas une once d'amour, si on mesure en or ; pas un centime, si on mesure en argent ; pas un grain, si on mesure en céréales. Tu es aussi orgueilleuse en matière de richesse qu'en matière de beauté. Seulement, pour moi, tu n'es qu'une fleur en papier qui ne peut ni s'épanouir, ni se faner, ni s'altérer. Une fleur factice, sans parfum, sans éclat, qu'on peut laver quand elle devient sale. Pas du tout le genre de fleurs que j'apprécie.
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Vidéo de Duong Thu Huong
Duong Thu Huong, Les collines d'eucalyptus .Lorsque Duong Thu Huong, romancière vietnamienne, parle de son livre Les collines d'eucalyptus ( éditions Sabine Wespieser) et du destin d'un adolescent fugueur, c'est tout le Viet nam qu'elle évoque. Et l'ancienne combattante anti-colonialiste, aujourd'hui dissidente et exilée, ne mâche pas ses mots. Entretien Dominique Conil, video de Nicolas Serve.
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