AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 863 notes
Je ne sais pas trop comment aborder cette critique. C'est un livre que je n'ai pas choisi... Une élève ma l'a amené en me disant : "Tenez, Madame, j'ai trouvé ça chez moi, si vous voulez, je vous le prête". J'ai senti, dans la démarche et la question, l'importance du geste et l'attente de reconnaissance à ce que je prenne et lise le livre, elle tenait à ce que sa "prof" lise un livre de chez elle. J'ai donc fait cet effort, un peu dans la précipitation pour lui rendre avant la fin de l'année puisque c'est une élève de 3è que je ne reverrai donc pas en septembre. C'est la première fois (depuis ma propre posture d'élève) que je me retrouve à lire un livre imposé! Il m'est donc assez difficile de commencer à délivrer un avis car au départ ce n'est pas un thème que j'ai choisi. D'ailleurs, je ne lis pas de récit abordant le thème des réfugiés par peur d'être confrontée à trop de parti pris, il me semble que c'est un sujet sur lequel il est difficile de faire autrement, et étant donné que c'est un sujet d'actualité, je trouve que nous n'avons pas assez de recul pour avoir une opinion réellement juste. Nous avons tous le droit d'avoir notre opinion propre, mais j'estime difficile d'exposer une position clairement tranchée!

Malgré tout, j'estime qu'Olivier Adam s'en sort plutôt bien sur ce plan car il ne tranche pas la question, il livre l'expérience de Marie qui se retrouve à côtoyer des réfugiés pendant quelque temps mais à travers son récit, il est possible de percevoir les différents points de vue.

Ce n'est pas le premier livre que je lis de cet auteur, mais le précédent remonte à quelques années. Je n'avais pas gardé le souvenir d'une telle écriture, il me semble donc pouvoir affirmer qu'Olivier Adam adapte son style d'écriture en fonction de son narrateur. Ici, le narrateur est interne, c'est Marie, une jeune femme du Nord, qui n'a pas fait beaucoup d'études, le texte est donc écrit avec une ponctuation plutôt aléatoire et parfois un vocabulaire "fleuri". Mais c'est ce qui donne de l'ancrage à ce texte, comme Maupassant et le patois normand dans ses dialogues! Marie vit avec ses deux enfants et son compagnon, elle est au chômage depuis qu'elle a engueulé un client à sa caisse (elle travaillait à Auchan). Les temps sont durs mais c'est pareil pour tout le monde dans le quartier. Elle devrait prendre des médicaments pour aller mieux mais elle fait semblant, alors elle perd le goût de tenir sa maison et de s'occuper de ses enfants. Elle tourne dans la ville et finit par offrir son aide dans un centre de réfugiés. Au point de délaisser sa famille.

Au fil des pages, on ne fait que suivre Marie et ses pensées, Marie perdue dans sa vie sans but, traumatisée d'avoir perdu trop tôt sa grande soeur et de ne s'en être jamais remise, Marie toujours soutenue par Stéphane, son homme, toujours là pour elle mais qui finalement n'arrive pas à la "guérir".

En réalité, cet ouvrage aborde deux questions sociétales :

- la question des réfugiés : leur arrivée en France, leur traitement, comment les aider? que faire d'eux? les différentes façons dont ils sont perçus...

- la question de la dérive psychologique et sociale : que fait-on en France pour les chômeurs? pour les gens qui subissent un traumatisme? à qui s'adresser quand on sent qu'on ne va pas bien?

Même si j'ai au départ été déroutée par l'écriture particulière (généralement, je n'aime pas les textes qui ne sont pas bien ponctués même si le choix est justifié), puis par le thème des réfugiés, j'ai beaucoup apprécié la neutralité d'Olivier Adam sur ce sujet et toutes les questions qu'il soulève en montrant la dérive de Marie. Je pense que son roman serait à faire lire à un certain nombre de ministres pour recentrer les questions essentielles qui leur permettraient de se rapprocher des Français!
Commenter  J’apprécie          110
Roman écrit en 2007, mais il reste d'actualité, 10 ans après.
L'action se passe dans la région de Calais. Des réfugiés Kosovar, plein les rues.
Marie, mariée, deux enfants est chez elle, elle s'ennuie, jusqu'au jour où elle vient en aide à ses réfugiés qui ne voudraient qu'une chose, c'est de traverser la Manche. Elle se démène comme une folle jusqu'à délaisser ses enfants, son ménage. Un témoignage de ce qui s'est passé du côté de Calais. Une jolie leçon de courage.
Commenter  J’apprécie          100
J'aime énormément les romans de cet auteur c'est donc tout naturellement que je me suis plongée dans la lecture de celui-là et je ne l'ai pas regretté.

Marie, la narratrice, coule des jours paisibles dans une région balnéaire du nord de la France. Elle a tout pour être épanouie : Stéphane, un mari qui l'aime, des enfants : Luca et Lise. Une famille sans histoire. Mais cela ne lui suffit plus/pas.
Alors qu'elle tombe en panne sur une route la nuit elle croise la route d'un kosovar qui va l'aider à changer sa route. Elle prend alors conscience de la misère de certains. Elle se met à changer et à vouer sa vie à aider les laissers pour compte en préparant des repas, en leur donnant des couvertures. Elle se perd dans cette cause délaissant sa famille.

J'ai beaucoup aimé suivre le parcours de cette femme qui se bat, il y a aussi un rythme qui grandit tout au long du livre.
Les personnages sont entiers, généreux et humains on peut facilement les imaginer. L'écriture est pure et délicate.
Le sujet n'est pas évident car cela parle des réfugiés politiques.

Je le conseille absolument et laissez vous porter par les mots .
Commenter  J’apprécie          100

Marie, dépressive et au chômage, est mariée à Stéphane, conducteur de bus scolaire, avec qui elle a deux jeunes enfants.
Elle ne trouve plus de sens à son existence, la trouvant ordinaire et si semblable à tant d'autres, ne parvenant plus à s'intéresser à son entourage proche.
Un jour, elle passe devant une tente où l'on distribue des repas aux réfugiés. de façon impulsive, elle offre ses bras aux bénévoles. Cette expérience va la troubler, la faire renouer avec les émotions et lui permettre de se sentir utile.
Elle va se jeter alors à « âme perdue » dans l'aide aux réfugiés, ignorant les risques qu'elle encoure, mais aussi sa famille, famille qu'elle va achever d'abandonner.
Ce roman est sans concession.
En premier lieu, il n'y a pas d'empathie pour Marie. Même si son environnement économique et social est décrit comme celui de la misère ordinaire, l'auteur n'a aucune complaisance pour le bénéfice psychologique qu'elle retire de ses actions de bénévolat et les présentent davantage comme un opportunisme, du reste, plutôt assumé.
Ensuite, il n'y a pas de parti pris a propos des réfugiés. Ceux-ci sont montrés en grande détresse mais aussi capables de violence tout comme les forces de l'ordre qui abusent de leur pouvoir et sont complètement débordées par le sujet.
On retrouve le style de Olivier Adam, sec comme ce qu'il dépeint, précis, réaliste, qui décrit au cordeau le désespoir de chacun des personnages, adultes, enfants, habitants de la région, réfugiés en transit, les rendant tous attachants et en nuance.
Ce roman n'a donc pas pour sujet le quotidien des réfugiés mais le parcours d'une jeune femme qui cherche à se perdre au risque d'entraîner ceux qu'elle aime dans l'abîme de son désespoir.
Défi n°1 - Les rencontres parisiennes
Commenter  J’apprécie          90
« On s'aimait mais c'était planqué sous la graisse du quotidien et des emmerdes, une couche épaisse comme on en a tous. » Marie décrit ainsi son couple, elle qui est au chômage après avoir travaillé comme caissière dans un supermarché. Stéphane, son mari, est chauffeur de bus scolaire après avoir espéré être footballeur professionnel au RC Lens.
Le ton est donné dans ce roman en prise directe avec la misère sociale, dans cette ville où ceux qu'on appelle « Les Kosovars » attendent de passer en Angleterre. L'embellie arrive soudain lorsque Marie se jette à fond dans l'aide aux réfugiés, trouvant enfin un but à sa vie. Elle s'attache aussi à Isabelle qui devient son amie et son seul repère. Son mari est furieux car il y a quand même deux enfants à la maison…
Après la distribution des repas, de vêtements chauds, de gants, de bonnets, le récit s'emballe à cause des interventions brutales des policiers, des expulsions, des arrestations, du rejet de Marie par sa famille alors qu'elle ne cherchait qu'à faire le bien autour d'elle. La chute est vertigineuse, les dégâts considérables.
Seule, au bord de la mer, elle se voit ainsi : « … j'étais un corps qui marche et rien d'autre, un corps qui vole un corps gazeux un corps en suspension, invisible, incolore indolore absent fondu élémentaire. » le souvenir de sa soeur, Clara, tuée dans un accident de la route, la hante et la fin d'un tel récit pourrait être tragique mais Olivier Adam laisse la porte ouverte à un certain optimisme :. « Dehors la lumière sera la même. Et moi aussi je serai la même. Ni neuve ni recommencée. Rafistolée à peine »


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          90
Olivier Adam est un des deux seuls auteurs capable de me faire un livre sur un tel sujet.

[comprendre : le sujet du livre, à savoir les réfugiés de Sangatte, ne m'auraient pas forcément attiré en lisant une quatrième de couverture]

Olivier Adam est un des seuls auteurs dont j'aime à ce point la façon de manier les mots.

Et puis, l'histoire en elle-même : une femme qui, un jour, perd le sens de ses priorités. Elle néglige mari et enfants pour les réfugiés de Sangatte. Cela, en donnant l'impression qu'elle ne le fait même pas sciemment.

C'est beau. Et chacun pourrait un jour être confronté à ce type de comportement. C'est inquiétant.

Pour ceux qui ont lu d'autres livres de cet auteur, n'avez-vous pas trouvé des liens avec d'autres livres ? Je pense notamment à Sous la pluie, Falaises ...
Commenter  J’apprécie          91
Mon premier Olivier Adam,ça fait quelques temps que je songe à lire cet auteur.Cette femme se sent un peu prisonnière dans sa vie ennuyeuse et morne et décide d'aider des réfugiés et cela semble donner un sens à sa vie.Elle y passe se journées et ses nuits au détriment de sa propre famille.L'univers de ce roman est plutôt âpre et noir,il y a peu voire pas du tout de zone de lumière,tout semble figé.
Olivier Adam est une découverte,j'ai très envie de lire Les Lisières.
Commenter  J’apprécie          90
Que dire de ce livre ? Que j'ai failli l'abandonner à plusieurs reprises, mais que finalement j'ai réussi à poursuivre ma lecture jusqu'au bout . Il me reste pourtant comme un malaise.

Banalité d'une vie ordinaire... Oui, je sais, c'est redondant, mais c'est bien la description d'une routine insignifiante et médiocre, description du vide de l'existence.

Au hasard d'une rencontre, dans l'espoir de donner un sens à sa vie, Marie va découvrir la misère humaine, la vie des réfugiés clandestins qui tentent de passer la frontière. du jour au lendemain, elle va leur consacrer sa morne existence, oubliant tout, négligeant sa propre famille et ses enfants qui vont être l'objet d'insultes et de moqueries dédaigneuses.
La misère humaine, la violence gratuite des forces de l'ordre, tout cela existe (malheureusement), l'aide humanitaire est très honorable, mais trop c'est trop ! Marie perd le sens des réalités, Marie perd sa vie, c'est la descente en enfers, elle sombre dans la folie.
C'est tout cela qui est dérangeant, qui me met mal à l'aise.

Oui, ce livre est dérangeant. Gênant, troublant (mais ne m'a apporté aucune émotion si ce n'est de la colère pour cette vie gâchée). Tout est noir (le décor, la vie, la pluie) et n'est pas à lire en cas de déprime !
Le style aussi est parfois dérangeant. de longs paragraphes d'énumérations, de descriptions, une suite de mots sans aucune virgule...

Trois semaines pour finir ce petit livre... ouf, cela tient presque de l'héroïsme !
Commenter  J’apprécie          90
Dans A l'abri de rien, nous suivons Marie, personnage un brin perdu et brisé par son passé, qui va, un peu par hasard, se retrouver à aider et accompagner des immigrés qui rêvent de rejoindre l'Angleterre. Malgré sa fragilité, sa vie de famille, elle tache d'être présente auprès des clandestins.

Après Falaises, j'ai retrouvé l'écriture haché d'Oliver Adam. Les mêmes thèmes abordés ici : la dépression, la mer, le vague à l'âme. Olivier Adam décrit les situations avec beaucoup de dureté mais avec beaucoup de justesse aussi.

Les interrogations du personnage principal sur sa vie familiale, sur la société d'aujourd'hui m'ont plues et m'ont parues très réalistes.
Commenter  J’apprécie          90
Jusqu'où pouvons nous aller par générosité, par amour, par bêtise, par naïveté, par citoyenneté.

Il est assez curieux et ambivalent.

Au départ, j'ai adhéré , elle m'a touché avec sà maison , son ménage, sa vie qui se voudrait rangée , ce chômage, son mari qui fait ce qu'il peut.

Et puis au milieu du livre, j'ai senti que l'héroïne " vrillait ",

Que son amour pour ses enfants se perd dans celui qu'elle veut attribuer à ces réfugiés.

Vient alors la maladie , car moi je l'ai compris comme cela, elle est dépressive. Elle se sent animée d'une générosité , mais c'est à mon sens une maladie.
Une telle détresse qu'elle se perd, et perd sa famille.

Compliqué.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (1850) Voir plus



Quiz Voir plus

Olivier ADAM : cinéma

Quel acteur tient le rôle principal (Paul) dans l'adaptation cinéma "Des vents contraires", qui sortira à la fin de l'année 2011 ?

Romain Duris
Benoît Magimel
Olivier Sitruk
Edouard Baer

8 questions
156 lecteurs ont répondu
Thème : Olivier AdamCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..