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EAN : 9782867467585
176 pages
Liana Lévi (08/01/2015)
3.34/5   90 notes
Résumé :
Pouilles, printemps 1946. D’un côté il y a les sœurs Porro, qui vivent recluses dans leur palais et ignorent le monde environnant. De l’autre les ouvriers agricoles, bousculés par la guerre et tenaillés par la faim. Les sœurs continuent à tenir leur rang, à se rendre à l’église, à se pencher sagement sur leurs broderies. Les travailleurs, eux, se mobilisent pour obtenir un emploi, nourrir leurs enfants, contenir la pression des réfugiés qui affluent dans la botte du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Milena Agus,romancière,et Luciana Castellina,essayiste et figure de la gauche italienne,raconte tour à tour un drame réellement survenu le 7 Mars 1946 à Adriana,dans la région des Pouilles en Italie,dans un roman publié tête-bêche.
Agus raconte l'histoire des soeurs Porro se glissant dans la voix de leur unique amie(?)qui les fréquente.Les soeurs Porro,riches propriétaires terriens vivent cachées dans leur "palazzo" au coeur de la ville d'Adriana.Alors que dehors,au lendemain de la guerre,le chômage et la misère atteignent des niveaux désespérants,les soeurs y restent indifférentes,n'entendent rien de la politique,ni de la famine.Le 7 mars 1946,sur la place centrale d'Adriana se tient un meeting communiste d'ouvriers.La foule rassemblée attend le chef syndical.Un coup de feu qui part du toit du Palazzo Porro va déclencher le drame,l'irréparable.
Luciana Castellina,elle,parcoure l'histoire de ces années-là,en insérant la mort dramatique des soeurs Porro dans le contexte de ce qu'il faudrait appeler "la guerre civile dans Les Pouilles,1943-1948".Une histoire quasiment inconnue dans le reste de l'Italie.
Le roman et l'histoire sont bouleversantes,d'autant plus que le drame des soeurs Porro n'était pas unique de son temps:"les massacres dans les Pouilles étaient aussi naturels que les grosses averses,mais juste un peu plus fréquent".Mais celle des soeurs Porro apparut comme la plus terrible,la plus incompréhensible.Ce mouvement de folie collective me rappelle le livre D'Elias Canetti,"Masse et Puissance",où il pose de multiples questions:Poussée d'irrationnel?Explosion d'un fond primitif mal avoué?Resurgence d'une panique collective jamais analysé?.C'est probablement tout ca à la fois.
J'ai d'abord lu le roman,l'histoire ensuite.Je ne sais pas si c'est la meilleure façon de le lire,mais en tout cas c'est un livre trés fort,trés réussi.
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Ce livre original comprend deux parties.
La moitié est un roman écrit par Milena Agus , à partir d'un fait divers dans la petite ville d'Andria. Quatre femmes, les soeurs Porro, vivent dans une somptueuse demeure, d'où elles ne sortent pratiquement jamais. Elles sont riches, très riches, mais "comme il faut", elles ont de bonnes manières, ne sont pas dépensières," il faut préserver le patrimoine", suivent les règles de leur classe sociale et font des dons pour les pauvres.
Et des pauvres, dans les Pouilles, à la fin de la seconde guerre mondiale, il n'y a pratiquement que ça! Des pauvres sans avenir, qui manifestent un soir sur la place devant la demeure des soeurs Porro. Un coup de feu éclate et l'inimaginable arrive. "C'était terrible, mais ça n'a pas duré plus d'une heure".

L'autre moitié du livre, écrite par Luciana Castellani décrit le fait divers du 7 mars 1946 à Andria en moins de sept pages. Elle développe par la suite, la situation des Pouilles à la fin de la guerre, " à l'époque du débarquement des alliés en Italie du Sud et de la dissolution du partie fasciste", quand des réfugiés affamés déferlent dans la région avec la faim qui se transforme en violence. "L'histoire de la région resta à part. Ici, la paix n'était pas arrivée, ici se poursuivait une guerre civile plus cruelle que la précédente".

Ce livre , très bien écrit, a le mérite de faire connaître la situation de cette région d'Italie à la fin de la seconde guerre.
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Pour une fois dans l'oeuvre de Milena Agus ce roman ne se déroule pas en Sardaigne mais dans les Pouilles. Cette originalité pour L'auteure est doublée par le fait que ce livre offre aux lecteurs une double lecture. Il y a le roman, et si l'on retourne le livre,on découvre un documentaire très complet écrit par Luciana Castellina, journaliste et écrivaine " figure de la gauche italienne". J'ai choisi de commencer par le documentaire pour bien m'imprégner du climat social et politique de cette région d'Italie en 1946 et avoir ainsi des éléments objectifs sur l'évènement qui fait l'objet du roman. Mais,chacun son choix! Tout est possible. Ainsi que le souligne M.Agus,la complexité de cette période où se mêlent les cicatrices de la guerre,la déception de ce qui en suit, la pauvreté extrême du peuple, l'émergence d'une révolte paysanne face aux propriétaires terriens,aurait pu donner matière à mille sujets de fiction. Elle a choisi l'intime en se penchant sur le microcosme des soeurs Porro,presqu'imperméables au chaos social qui les entoure. La narratrice est l'amie ambiguë de ces soeurs. Elle fait la chronique d'un drame prévisible... Bien qu'elle interroge l'injustice et la violence tout autant que les normes ridicules et alienantes, Milena Agus, à travers cette femme,prend plaisir une fois encore , à mettre en valeur un personnage à la marge qui vit davantage de ses rêves que dans l'acceptation d'un monde qui ne lui correspond pas. Lorsque le drame arrivé,il agit comme un révélateur pour cette femme : il faut agir,il n'est pas tolérable d'être simple spectateur,on doit contribuer à changer le monde.
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L'originalité de ce livre réside dans sa double entrée. Deux auteures italiennes ont travaillé sur un sujet commun, un fait divers ayant eu lieu dans les Pouilles en 1946. L'une est romancière, l'autre journaliste et figure de la gauche italienne. Il est possible de retourner le livre et de choisir par quelle partie l'on souhaite débuter sa lecture. Personnellement, j'ai commencé par le roman de Milena Agus car c'est son nom qui m'a fait acheté ce livre.

La partie de Milena Agus m'a vraiment emballée. L'ambiance du roman m'a beaucoup plu. Basé sur un fait réel que l'auteure a alimenté par son imagination, nous entrons dans la demeure des soeurs Porro située à Andria dans les Pouilles. le récit retrace le portrait de quatre soeurs cinquantenaires et sexagénaires. Luisa, Vincenza et Carolina sont restées ce que l'on appelait des "vieilles filles". Seule leur soeur Stefania fait figure d'exception en s'étant mariée sur le tard. Les quatres soeurs ne disent jamais de mal des autres, elles sont très à cheval sur la bienséance, charitables avec leur église, mais ne s'intéressent pas le moins du monde à ce qui se passe en dehors de leur villa.

Pourtant, l'Italie du sud est dévastée. Les soldats démobilisés meurent de faim dans les vignes des Pouilles et sur la place Catúma, chaque jour se dresse un véritable "marché de bras" où les journaliers s'amassent pour espérer trouver un travail à la journée. Un autre personnage féminin est présent dans le quotidien bien rangé des soeurs Porro. "Elle" leur rend visite régulièrement, ce sont ses amies. Mais "elle" a des convictions, elle est révoltée bien qu'elle n'agisse pas.

Le 7 mars 1946, sur la place d'Andria, un coup de feu est tiré alors que l'on attend le discours de Giuseppe di Vittorio, ouvrier agricole devenu secrétaire général de la CGIL (Confederazione italiana del lavoro). Tout semble indiquer que le coup de feu a été tiré de la villa des Porro. La partie de Lucia Castellina inscrit ce fait divers dans l'histoire générale de cette région italienne. Elle parle de guerre civile dans les Pouilles dès 1943 évoquant les différents conflits sociaux. Puis, elle nous informe sur les arrestations et sur le procès qui eut lieu deux ans plus tard en 1948. Plus d'une centaine de personnes arrêtées, pour la plupart analphabètes. L'exposé de Lucia Castellina était intéressant mais plus difficile d'accès pour moi, notamment en ce qui concerne la gauche et les différents événements politiques.

Pour résumer, j'ai beaucoup apprécié la première partie : le roman. Mon intérêt a ensuite été éveillé par l'explication qui replace dans le contexte historique général de l'époque. Mais ce passage purement historique m'a un peu perdue faute de connaissances personnelles sur le sujet.
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C'est une idée originale et intéressante : le livre se compose en fait de deux opus disposés tête bêche, qui se complètent et s'illustrent mutuellement. L'un, article de 79 pages est écrit par une journaliste italienne, communiste entre 1947 et 1969, parlementaire en Italie et au Parlement européen. Elle relate avec méticulosité et mise en perspective des faits qui se sont passés dans les Pouilles après la chute de Mussolini. Les mouvements sociaux qui opposèrent grands propriétaires et ouvriers agricoles, syndicalistes, s'accompagnèrent de violences. Un fait divers tragique se produisit sur la place de la ville d'Andria le 7 mars 1946. L'historienne analyse les faits et les replace dans leur contexte post-mussolinien,, alors que les partis politiques (PCI, PSI) et les syndicats se reconstituent.

De son côté, la romancière, Milena Angus, raconte l'épisode sanglant vu par « Elle », personnage inventé, témoin de son époque. « Elle », la rebelle, voudrait que le pape considère comme hérétique toute personne qui ne refuserait pas de devenir soldat... Elle assiste aux événements tragiques qui se produisent lors du meeting de di Vittorio, antifasciste très écouté. Trois vieilles filles vivent repliées dans leur palais historique, entre serviteurs dévoués et activités paisibles et religieuses. Elles font des dons substantiels à l'Église pour les pauvres. Mais il ne leur viendrait pas à l'idée de « donner » au syndicat, aux ouvriers. Elles suivent la tradition de leurs pères, figées dans une société et des pratiques traditionnelles, totalement étrangères à l'évolution du monde. Généreuses, bienveillantes, enfermées, elles ne peuvent imaginer ce qui va se produire quand, alors qu'une émeute naît sur la place de la ville, un coup de feu part, soi-disant du haut de leurs toits, en direction des manifestants.

Le roman, tout en s'appuyant sur le contexte social de l'époque, donne chair aux événements de ce jour de violences inutiles, en brossant le portrait de femmes inoffensives qui font les frais d'une lutte des classes renaissante.
Une idée intéressante que celle de croiser les regards portés sur une même période et les mêmes faits, celui de l'historienne et celui de la romancière engagée.
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critiques presse (4)
Actualitte
03 février 2015
Imprégné de ce contexte particulier et assez ardu, c'est avec beaucoup d'aisance ensuite, comme une récompense, que le lecteur s'empare du récit sensible de Milena Agus et découvre l'existence des sœurs Porro à travers leur amie narratrice, créée de toutes pièces, à l'intelligence fine, empreinte de fantaisie et de liberté, exaltée, attentive et rêveuse, à l'écoute du monde qui l'environne et gronde.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Lexpress
27 janvier 2015
Ce livre étrange par sa construction, mais aussi par sa présentation, puisque les deux textes sont disposés tête-bêche, avec la même couverture sur deux fonds de couleurs distincts, est un bijou d'intelligence, qui évoque les heures de gloire du néoréalisme italien.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
21 janvier 2015
L'exercice tenté par Agus et Castellina, qui consiste à croiser les regards entre romancier et historien sur un même événement, est pleinement réussi : il ouvre les focales sur un fait divers qui devient alors un objet d'histoire, enrichi par une fiction qui en dessine les silhouettes oubliées.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
19 janvier 2015
«A moi la tragédie singulière des sœurs Porro, à Luciana le chœur de la multitude qui passe sur la terre, sur sa terre sans laisser de trace», écrit Milena Angus en exergue de ce livre fascinant, où l’histoire et le roman publiés tête-bêche se répondent.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Elle se querellait en pensée avec tout le monde,des disputes enragées avec cris et injures.Personne ne le savait ,puisque tout cela n'advenait qu'en son for intérieur,mais au fond elle était une grande acariâtre,chicaneuse et agressive,et souvent il lui arrivait de haïr des gens à peine croisé dans la rue,et de vouloir les rouer de coups,pour leur façon de s'habiller,ou pour un geste d'eux qu'elle trouvait intolérable.Par la suite,si elle faisait plus ample connaissance avec ces fâcheux,elle cessait de les détester et leur inventait toutes les excuses du monde.p.26
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A Vincenza, Carolina et Luisa aussi, elle aurait aimé poser des questions. Avaient-elles déjà rêvé d'amour, par exemple, et de sexe ?
Ou bien elle était la seule à être obsédée par le sexe, elle à qui ses parents avaient fait épouser un vieux, espérant accroître leur pouvoir économique et consolider leur parentèle, et qui en matière d'amour et de sexe avait dû tout imaginer.
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Lorsqu'elle t'irait à boulets rouges sur tout le monde et affirmait que son pape idéal serait celui qui excommunier ait et considérerait comme hérétique quiconque ne refuserait pas de devenir soldat,les Porto auraient voulu barricader portes et fenêtres.
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Et ses amies Porro ? Elles devaient bien aspirer à d'autres joies qu'à celles, si fastidieuses, de l'outre-tombe catholique. Elles avaient forcément, elles aussi, une vie secrète, grâce à laquelle elles n'étaient pas malheureuses.
Pourquoi ne s'étaient-elles pas rebellées ? En épousant un pauvre, par exemple, un journalier ! Pourquoi ne s'étaient-elles pas mélangées en faisant leur propre révolution ?
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Une fois elle les avait même vues rire vraiment, sans mettre la main devant leur bouche.
En ces temps de guerre, seuls les riches pouvaient se procurer du savon, les autres lavaient leur linge au moyen d'une mixture à base de cendres. Alors elle déclara que cela lui semblait injuste d'utiliser du savon qui pouvait servir aux hôpitaux, et que ses domestiques faisaient donc la lessive avec cette mixture.
Les sœurs Porro ne firent pas de commentaires, mais Stefania, puisqu'elle était la seule à pouvoir prononcer le mot "culotte", car les trois autres appelaient les culottes "les premières" et les soutiens-gorge "les seconds", osa une question: "Et les culottes aussi, avec cette mixture?"
- Tu veux savoir s'il reste des taches sur les culottes? répondit-elle pour les choquer.
- Exactement.
- Oh, les taches sur les culottes s'éclaircissent considérablement!"
Les sœurs ouvrirent de grands yeux, puis elles rirent de bon cœur qu'elles en oublièrent de se cacher la bouche.
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Vidéo de Milena Agus
Soirée de lancement Festival Lettres du Monde avec Milena Agus, Auður Ava Ólafsdóttir et Makenzy Orcel.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/Recherche/Auteur/0-1101845/agus-milena https://www.mollat.com/Recherche/Auteur/0-1166479/audur-ava-olafsdottir https://www.mollat.com/Recherche/Auteur/0-11344811/orcel-makenzy
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