En plongée depuis plusieurs semaines dans les arrières rayons de ma bibliothèque, la troisième rangée derrière celle qui fait bonne figure, j'en suis remonté tôt ce matin avec une prise de choix :
Le Panique de
Fernando Arrabal dans la collection 10/18, éditions sortie en 1973. L'auteur nous prévient en exergue de l'ouvrage, fidèle à sa propension provocatrice :
Rien de plus simple que de faire ce livre. Il m'a suffi de réunir des textes à propos du Panique et puis de faire un choix pour que ce mémento ne devienne pas une encyclopédie.
Et c'est daté du 01/01/1973.
Rappelez-vous le jour de l'an 1973, Pompidou et Allende étaient encore de ce monde, la guerre du Kippour n'avait pas encore éclatée, et les Rolling Stones n'étaient pas encore interdits de séjour en France par Raymond Marcellin, l'abominable maire de Vannes et sinistre de l'intérieur.
Nous vivions les derniers jours des Trente Glorieuses, et comme d'habitude, les milieux autorisés ne s'étaient pas encore autorisés à nous en parler. Par la suite, ils nous colleront abusivement, et en vrac, l'heure d'été, les doubles vitrages, la laine de verre, les idées à la place du pétrole, la vitesse limitée et autres fariboles dont on nous rebat toujours les oreilles.
Arrabal s'est gentiment fourré le doigt dans l'oeil, et nous entubé en beauté, avec son exergue qui ressemble comme deux gouttes d'eau à l'introduction du discours du gars qui annonce je serai bref… et qui va bavasser pendant deux heures, tellement son mémento ressemble à s'y méprendre à une encyclopédie, le seul avantage étant qu'elle ne fait qu'un volume et qu'elle tient dans la poche.
Tout y passe, comme un Pape du Panique, Arrabal délègue le sale boulot à Dominique Servain (dont on apprend maintenant qu'il est coiffeur à Savigny sur Orge – 2bis Rue
Châteaubriand, 91600 Savigny-sur-Orge, France - +33 1 69 44 90 80 - voilà où l'a mené la fréquentation trop assidue d'individus comme
Fernando Arrabal) pour décerner des brevets de Panique, en expliquant pourquoi, ils sont plus paniques que d'autres, avec dans l'ordre des élus :
Arrabal ( !) ; Jodorowsky ;
Topor ; Bardon ( ?) ; Szafran ; Zeimert ; Ogier
Topor, Jodorowsky, et Arrabal y vont ensuite, chacun, de sa petite définition du Panique :
Arrabal
« Activités de l'homme panique :
- Art
- Jeu
- Fête euphorique ou solitude indifférente
Thèmes et sources de l'homme panique :
- Moi
- Allégorie et symbole
- Mystère
- Sexe
- Humour
- Création de chimères
- La réalité jusqu'au cauchemar
(…)
L'homme panique cultive quelques lieux communs :
- Humanisme, universalisme, progressisme, pacifisme, antiracisme, agnosticisme etc.
Jodorowsky nous régale ensuite d'un texte de 1964 intitulé « Panique et poulet roti » :
Ça commence par …. « En apercevant les innombrables cadavres que l'on rôtit à la machine, percés en rang par la broche fatidique, nous affirmons que le symbole de la terreur de l'auguste moderne, est le poulet rôti. »
Et quelque part, ça se termine par … « Mais il est évident que tout art panique débouche sur une seule manifestation : L'EPHEMERE PANIQUE. »
Ouvrage d'auto congratulation et d'auto promotion chères aux trois piliers auto-proclamés du Panique - Arrabal, Jodorowsky,
Topor - qui appellent à la rescousse,
Gaston Bachelard,
Cioran,
Alexis Carrel, le docteur Gibier,
Jacques Sternberg,
Ruellan, Jérôme Savary,
Wilhem Reich, Balthasar Gracian.
Paniques ultimes, pour nos amis, les Compagnons Chrétiens, cette équipe de Ruby uruguayenne, dont l'avion s'est écrasé en 1972, dans la Cordillère des Andes, et qui ont survécu à l'altitude et aux températures extrêmes.
Les journaux titraient alors :
20 décembre 1972. Après avoir dévoré leurs camarades, 16 rugbymen uruguayens sont sauvés.
Soixante-douze jours après le crash de leur avion dans les Andes, les survivants de l'équipe de Montevidéo sont retrouvés.
Ah Panique, quand tu nous tiens.
Demain je repars en plongée dans les rayonnages occultes de ma bibliothèque. Je tremble à l'idée de ce que je pourrai y trouver !
A lire par ceux qui aiment Arrabal
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