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Margaret Atwood (Autre)Bruno Doucey (Autre)Christine Evain (Traducteur)
EAN : 9782362292842
155 pages
Editions Bruno Doucey (18/06/2020)
3.62/5   17 notes
Résumé :
Le titre de cette anthologie personnelle de Margaret Atwood paraît d’abord se donner dans un murmure : celui que l’on adresse « à l’indicatif présent » au « compagnon de route » ; celui de l’intimité amoureuse, du foyer, de la cabane ou de l’igloo, motifs récurrents d’une poésie qui croit au possible bonheur des petites communautés humaines. Mais ce murmure ne saurait faire oublier la mise en garde qui vient sourdre dans les recueils que la romancière livre, dix ann... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Où vont les mots quand nous les avons dits ?" / "Where do the words go when we have said them ?"

Margaret Atwood est connue pour ses romans et encore plus depuis l'adaptation de la servante écarlate. Pour le challenge @autricesdumonde c'est son oeuvre poétique que j'avais envie de mettre en avant.

Ses textes intimes, de jeunesse portent déjà les thèmes forts qui jalonnent son oeuvre. La nature a une place cruciale, elle résonne avec le corps, la vie, le passage des saisons. La figure de la noyée, la grotte, la cabane, le feu, reviennent comme un leitmotiv. C'est une poésie complexe, comme en labyrinthe mais qui est un appui intéressant à ses romans. On y trouve même un côté dystopique. Elle se dévoile aussi en tant que femme, elle parle d'elle en parlant du monde qui l'entoure. Il y a du réalisme, celui de la maison, du paysage à travers la fenêtre mais englobé dans un univers mystérieux, celui de sous la terre et des os qui rejaillissent.

Ce qui est plaisant dans ce recueil, c'est qu'il est justement composé de plusieurs recueils, publiés séparément sur dix ans. On sent l'évolution de l'auteure mais surtout la mise en place des fondements de son oeuvre, de ce qu'elle a envie de porter. de dire. Laisse-moi te dire... une phrase tellement porteuse de sens.

qu'elle a envie de porter. de dire. Laisse-moi te dire... une phrase tellement porteuse de sens.

Laisse-moi te dire, dans une belle traduction de Christine Evain mais avec le texte anglais en regard. La force des éditions Bruno Doucey, parce qu'il n'y a rien de mieux que de pouvoir lire la langue originale pour ne pas dire originelle de l'auteur.

Les mots de Margaret Atwood, une fois dits, restent longtemps au creux de l'oreille.
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Ce recueil de poèmes m'a été offert par une amie de la famille, qui est aussi la traductrice française de Margaret Atwood pour la poésie. Elle m'a d'ailleurs appris que c'est par ce genre littéraire que celle qui est aujourd'hui devenue une grande auteure de renom est entrée en littérature, au début des années 60.

Cette anthologie est composée de 38 poèmes écrits entre 1964 et 1974 et présentés dans un format bilingue que j'ai grandement apprécié : en anglais et en français, mis côte à côte pour exposer avec clarté les deux versions.

Peu habitué à lire de la poésie, j'ai trouvé certains poèmes difficiles à comprendre et il m'a parfois fallu les relire à plusieurs reprises pour en saisir le sens ou pour en tirer une interprétation personnelle qui me satisfaisait.

Le poème que j'ai préféré s'appelle "Les Explorateurs".
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Qui ne connait pas Margaret Atwood! Je ne savais pas qu'elle écrivait de la poésie. Merci à l'éditeur de nous faire découvrir la plume de cette autrice en tant que poétesse. le plus, c'est le fait que cette édition est bilingue. Ça permet de lire en VO pour ceux qui le souhaitent.

Ce recueil est coupé en plusieurs parties qui se rejoignent parfois dans les thématiques. Par exemple, on nous rappelle que l'humain nait, vit et meurt mais qu'il a tendance à l'oublier. de ce fait, l'homme est parfois considéré comme un animal au sens péjoratif du terme. À juste titre. On trouve ça principalement dans "la politique de pouvoir" et "le cercle vicieux". La poétesse utilise des mots forts en lien avec la guerre

Un autre thème revient souvent : la nature. Les personnages se trouvent souvent dans les montagnes ou les forêts ou au bord de l'eau. L'écologie prend une place importante tout comme le respect des animaux. Un poème est consacré aux tortues. Malheureusement, la présence de squelette d'animaux est plus importante.

La consigne pour le monde souterrain parle de toutes ces personnes oubliées dans le monde, parfois même effacées. Un personnage part à leur rencontre. On comprend que ces gens éprouvent une colère violente, une rage qui ne demande qu'à s'exprimer. L'oubli par la majorité est dangereux et Margaret Atwood le montre très bien. Les conséquences peuvent être terribles.

Enfin, la dernière partie parle du bonheur. En tout cas, c'est ce que le titre nous amène à penser. Mais le bonheur pur n'existe pas. On sent dans les poèmes que le chagrin, le deuil est présent. le passé poursuit le personnage. On comprend que le vrai bonheur ce n'est pas ce que l'on possède mais le lien de l'homme avec la nature. Rien ne sert de tout avoir si on n'a pas l'amour.

En bref, ce recueil nous renvoie aux romans de Margaret Atwood. Certes, je n'en ai lu qu'un "la servante écarlate" mais certains poèmes m'ont rappelé ce roman. Ceux qui aiment l'autrice adoreront et ceux qui aiment la poésie seront ravies. Ce recueil est un pont entre la poésie et la littérature. Il permet d'ouvrir des portes qu'on n'oserait pas.
Lien : https://lessortilegesdesmots..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
C’est moi sur la photographie

Elle a été prise il y a quelques temps.
A première vue on dirait
une photo
ratée : des lignes floues et des points gris
qui se confondent avec la trame de papier ;

ensuite, en regardant de plus près,
vous verrez dans le coin gauche quelque chose
qui ressemble à une branche : le haut d’un arbre
(baume ou épinette) qui dépasse
et, sur la droite, à mi hauteur
de ce qui doit être une pente
douce, une petite maison en bois.

A l’arrière-plan, il y a un lac,
et, au-delà, quelques petites collines.

(La photographie a été prise
le jour après que je me suis noyée.

Je suis dans le lac, au centre
de la photo, juste sous la surface.

Il est difficile de me situer
précisément, ou de dire
si je suis grande ou petite :
l’effet de l’eau
sur la lumière est une distorsion

mais si vous regardez assez longtemps
à force
vous finirez par me voir).



This is a Photograph of Me

it was taken some time ago.
at first it seems to be
a smeared
print: blurred lines and grey flecks
blended with the paper;

then, as you see in the left-hand corner
a thing that is like a branch: part of a tree
(balsam or spruce) emerging
and, to the right, halfway up
what ought to be a gentle
slope, a small frame house.

In the background there is a lake,
and beyond that, some low hills.

(the photograph was taken
the day after I drowned.

I am in the lake, in the center
of the picture, just under the surface.

It is difficult to say where
precisely, or to say
how large or small I am:
the effect of water
on light is a distortion

but if you look long enough,
eventually
you will be able to see me.)
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Élégie pour les tortues géantes

Laissons les autres prier pour le pigeon voyageur
le dodo, la grue huppée, l'Eskimau :
à chacun sa spécialité

je vais m'en tenir à une méditation
sur les tortues géantes
qui dépérissent finalement sur une île lointaine.

Je me concentre dans les stations de métro,
dans les parcs, je ne parviens pas tout à fait à les voir,
elles se déplacent à la périphérie de mes yeux

mais au dernier jour elles seront là ;
déjà l'événement
comme une vague ondulante suscite la vision :

sur la route où je me tiens, elles se matérialiseront,
me croisant lourdement en ligne discontinue
maladroites hors de l'eau

leurs petites têtes dodelinant
de-ci, de -là, leur armure inutile
plus tristes que les tanks de l'histoire,

l'océan et la lumière paralysée dans leurs yeux clos,
elles gravissent péniblement les marches, sous les arches
vers les cubes en verre des autels

où les dieux fragiles sont conservés,
reliques de ce que nous avons détruit,
nos symboles sacrés et obsolètes.
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Parce que nous ne pouvions plus dormir nous reprîmes
la route bien qu’au début j’y voyais mal ;

derrière nous le soleil se levait
blanc et froid ; le vent
matinal a surgi du soleil.

Devant nous, des collines basses, des dunes
d’herbe gris-jaune, et puis
des montagnes : dures, sillonnées
par l’érosion, sans nuages, vieilles, neuves,
abruptes dans les premières lueurs du jour.

Avec nos doigts recroquevillés
nous avons mangé nos oranges et notre pain,
en frissonnant dans la voiture à l’arrêt ;

conscients que nous n’avions
auparavant jamais été là
nous savions que nous avions déjà été là.
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Après tout tu es assez ordinaire …

Après tout tu es assez
ordinaire : 2 bras 2 jambes
une tête, un corps
dans la norme, des orteils & des doigts, quelques
excentricités, quelques traits honnêtes
mais pas trop, trop de
reports au lendemain & de regrets mais

tu t’y habitueras, tu respecteras les
échéances et tu rencontreras les
autres, faisant parfois semblant d’aimer
la femme qui n’est pas la bonne,
écoutant ton cerveau
rétrécir, ton journal intime
s’élargissant à mesure que tu vieillis,

devenant vieux, bien sûr tu
mourras mais pas tout de suite, tu survivras
même aux altérations que je t’inflige

et je ne souhaite rien
changer au fait
que tu es malheureux & malade

tu n’es pas malade & malheureux
seulement vivant & condamné à l’être.
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Tu es heureuse

L'eau serpente
et descend de loin sur la pierre brute
que recouvre une croûte de glace

Nous marchons séparément
le long de la colline jusqu'à l'immense
plage, les tables de pique-nique
désertes, le vent
qui soulève les vagues brunes, l'érosion, le gravier
écorchant le gravier.

Dans le fossé, une carcasse
de cerf, sans tête. Oiseau
qui traverse la route scintillante,
sur un soleil bas et rose.

Lorsque tu as aussi
froid tu ne peux penser
à rien d'autre qu'au froid, les images

percutent tes yeux
comme des aiguilles, des cristaux, tu es heureuse.
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Videos de Margaret Atwood (49) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Margaret Atwood
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
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