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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

« Will you still need me, will you still feed me
When I'm sixty four »
( d'un autre Paul bien aimé).

S'il y a tant de romancières et de romanciers que j'admire, Paul Auster, avec très peu d'autres : Kundera, Roth, et peut-être Carver et Tolstoï, fait partie d'une autre catégorie, celle des amis, des frères que je retrouve à chaque lecture. Ce qui me touche, plus que leur capacité extraordinaire à raconter des histoires, c'est autre chose: leur humanité, leur regard lucide parfois ironique mais presque toujours bienveillant sur les hauts et les bas, sur les contradictions et les failles de toute vie.

Si je n'ai pas encore tout lu de lui, et pas encore tenté l'ascension de ce sommet que doit être 4321, chaque lecture et parfois relecture de ses livres me confirme dans cette opinion.
Et c'est le cas avec cette magnifique Chronique d'hiver qui m'avait été conseillée par mon « amie » babeliote Lambert Valérie.

Paul Auster y revient sur sa vie alors qu'il vient d'avoir 64 ans et qu'il entre, comme il dit, dans l'hiver de sa vie.
Mais, comme on est chez Auster, ce ne sera pas une autobiographie conventionnelle, mais une sorte de long monologue intérieur, faussement décousu, où ce cher Paul se parle et évoque tour à tour l'histoire de son corps, des accidents de son corps, de son terrible accident de voiture, l'histoire des appartements et maisons qu'il a occupées. Une longue partie est consacrée aussi à ses années de jeunesse à Paris, à sa rencontre récente avec Jean-Louis Trintignant. Il parlera aussi de ses premiers émois amoureux, de la relation compliquée avec sa première femme, et plus généralement avec les femmes, jusqu'à la chance qui lui est tombée du ciel avec la rencontre de celle qui est toujours sa femme, Siri Hustvedt. Et puis de sa famille, de la terrible famille de son père, de la chaleureuse famille de sa femme.

En miroir avec son premier texte, Un homme invisible, qui, dans son récit L'invention de la solitude, évoquait son père, ici, de nombreuses pages pleines de tendresse parlent de sa mère, si attentive à lui et si positive quand il était enfant, si dynamique et si gaie, mais dont le dynamisme et la vie sociale péricliteront peu à peu. Les pages consacrées à sa mort brutale sont bouleversantes.

Ici, Auster l'écrivain parle très peu de littérature, il se décrit sans artifice ni complaisance, livrant notamment son goût pour le tabac et l'alcool, c'est tout sauf narcissique, il n'y a pas non plus de nostalgie sur la fuite du temps, mais un constat réaliste du corps qui vieillit, et de toutes celles et ceux qui ne sont plus. Et puis tant d'empathie pour les gens.

Et enfin, c'est raconté par ce merveilleux conteur qu'est Paul Auster, cette écriture si fluide et imagée, un régal.

En conclusion, un très, très beau récit, très touchant.
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J'aime lire Paul Auster, quand il parle de ses blessures physiques, des coups qu'il a reçus...
J'aime lire Paul Auster, quand il parle de l'histoire de sa famille, de sa mère, de son père, de sa femme...
J'aime lire Paul Auster quand il parle de son enfance, de la vie, de la mort...
"Chronique d'hiver" est un livre que j'ai commencé et arrêté il y a quelques années. Je crois que ce n'était pas le bon moment. Il y a quelques semaines, je l'ai ressorti de ma bibliothèque et je ne le regrette pas. C'est un texte plein de sensibilité, on rit, on est touché en plein coeur. Je le recommande. Quant à moi, je découvre Paul Auster.
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"Tu es entré dans l'hiver de ta vie" constate Paul Auster, écrivain à présent sexagénaire, en se tutoyant dans Chronique d'hiver, un récit autobiographique où il s'interroge, se souvient, se remet en question et établit un bilan de sa vie à travers corps.On pense bien sûr à Journal d'un corps de Daniel Pennac, mais le corps est ici moins morcelé.
Traité dans sa globalité, il sert juste de support à la pensée, à l'émotion et à la réflexion après être passé par moult sensations.C'est son corps désirant (flirts, première fois, amours...), son corps accidenté (meurtri, recousu...), son corps fatigué (par des ennuis de santé ou infections..),son corps pris de panique (lorsque l'angoisse de mort est trop forte..), son corps vidé (à la mort de proches en particulier de sa mère..), son corps agressé (étant lui-même bagarreur dans sa jeunesse..), son corps aimant (étant toujours amoureux de sa femme..), son corps circoncis (signant sa judéité..) que nous dévoile l'écrivain Paul Auster de New-York à Paris.
Chronique d'hiver expulse bien des angoisses, mais (dommage! à mon avis) ne nous apprend pas grand chose sur sa relation à l'écriture.
L'écrivain n'est qu'un homme après tout et c'est sans doute ça le but de sa méditation.
Mais un homme qui a su éviter les dérives de sa propre violence en se créant un trompe l'oeil, tel un peintre pour effacer, minimiser ou enjoliver certains détails sordides.
Et là on comprend le double langage caché dans l'écriture, le processus de créativité et ... l'extra- ordinaire.
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J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce livre, peut-être parce que l'angle d'approche, appréhender sa vie passée à travers son corps, me déroutait. Mais il s'agissait de Paul Auster et j'ai continué ma lecture et, comme toujours, il a réussi à m'entrainer dans son monde. Je me suis identifié à lui bien des fois, comme si j'étais relié à lui par un fil invisible : crise de panique p177, somatisations diverses, etc., j'ai eu peu à peu le sentiment de lire les confidences d'un ami proche...
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Le Voyage d'hiver de Paul Auster

Chronique d'hiver” de Paul Auster, nous rappelle que nous habitons un corps.
Un corps que nous maltraitons parfois, un corps auquel nous donnons du plaisir.

Notre corps témoigne de notre existence dans le monde.

Rien n'est plus proche de nous que cette étoffe de chair ; ces tissus musculaires ; ces organes qui brassent du vivant ; cette ossature qui constitue notre charpente intérieure et nous fait prendre assise au sein de notre être.

Ce corps que nous oublions est trop souvent la cible de notre désamour.

Chronique d'hiver” est le “Winterreise” de Paul Auster, son voyage en terres hivernales.

Il y chante la mort, la vie et surtout l'amour.
Il visite la nuit, il visite le jour.

L'auteur de “Moon Palace” s'est revêtu d'une cape de neige, pour cheminer dans l'hiver de sa vie.
Ses mots se répandent en flocons comme pour mieux étouffer les bruits de la discordance.

Car ce livre est une tentative de concordance avec soi-même.

Paul Auster “entre dans l'hiver de sa vie” et, loin d'être une élégie, son récit prodigue le souffle des renaissances, la ferveur de la lumière du printemps.

Dans cet ouvrage, il se déleste d'anciennes peaux mortes comme pour alléger son rapport à la vie, pour exhausser l'entente avec son corps.

L'amour est un feu qui nous brûle ; qui nous offre joie et souffrance.
Et toujours nous fait clamer le don de la vie et la gratitude qui s'y fiance.

Dans de très belles pages, Paul Auster évoque notre relation angoissée face à la mort.
Il souligne, avec une grande justesse, que la peur de la mort est tout autant peur de la vie.

L'écrivain égyptien, Naguib Mahfouz, exprime également cela avec une grande verve, à la fin de son livre, “Les fils de la Médina” :

« Oui la peur de la mort est pire que la mort, elle tue à petit feu avant que la mort n'arrive.
S'il pouvait revenir à la vie, il crierait au monde entier : “N'ayez jamais peur ! La peur n'empêche pas la mort, elle empêche la vie. Tant que vous craindrez la mort, vous ne serez pas vivants !” »

“Faire corps avec la vie” : tel est le sésame.

© Thibault Marconnet
06/11/2013
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Tout d'abord, il me faut avouer que le style d'Auster m'a agréablement surpris, c'est le 5e livre que je lis de cet auteur, mais il continue à m'épater avec son style maitrisé d'introspection, d'analyse, de réflexion. À travers ses expériences il nous amène dans ce qu'il appelle l'hiver de sa vie. On l'accompagne à travers sa vie, il nous amene dans de différents endroits. J'ai beaucoup aimé ses contacts avec les Français en France et ses opinons pertinentes. le récit est écris à la deuxième personne, il me semble que le discours en 2e personne détache l'écrivain de l'adulte qui est présenté dans l'histoire. le choix d'Auster me parait très bien construit et c'est un vrai délice lire ces lignes
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L‘invention de la solitude est la première oeuvre de l'auteur américain que j'ai eu l'occasion de lire il y a vingt ans de cela. Pourquoi celle-là plutôt qu'une autre, je ne sais plus vraiment, toujours est-il que quelques années après une longue pause austerienne, c'est par une drôle de coïncidence je me sois replongée dans son oeuvre à travers, encore une fois, la mémoire retranscrite d'un écrivain qui explore son passé, sa Chronique d'hiver. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est le procédé narratif utilisé, plus qu'un simple monologue, il s'agit véritablement d'un dialogue, le lecteur est le témoin muet d'une sorte de confrontation entre l'auteur, qui retranscrit ces souvenirs, et la personne, qui les a vécu, puisque Paul Auster utilise la seconde personne du singulier, s'adressant à l'acteur de cette vie dont l'écrivain se fait le témoin. Comme si cette mise à distance de lui-même, l'homme à la plume relevant et commentant les petits ou grands événements qui ont constitué la vie de l'homme, était nécessaire pour dresser rétrospectivement ce panorama, plutôt complet, de sa vie avec toute la circonspection et la maturité que lui permet cette prise de recul.

Fait remarquable, il n'y a pas vraiment de découpe préétablie du texte, aucun chapitre, partie ou autre mise en forme narrative, le texte est simplement segmenté par le biais de sauts de lignes, et ces paragraphes ne présentent aucune transition spécifique entre eux. Auster passe d'un souvenir à l'autre, d'une remarque à une autre, sans prendre vraiment la peine de cadrer au préalable toutes ses évocations.

Chronique d'hiver présente un homme qui se met à nu, qui ne recherche et sert ni justifications, ni excuses (on est bien loin des Confessions d'un Rousseau qui tente de légitimer ses erreurs), il ne se fait aucune concession, il expose la vérité telle qu'il l'a ressentie et qu'il la voit quelques années après, vérité quelquefois triviale, quelquefois crue, pas de grands sentiments, aucune fioriture ou élan de sensiblerie superflue. Cela reste pourtant très fluide et agréable à lire, même s'il saute parfois du coq à l'âne, la simplicité même de ses confessions qui n'en prennent ni la forme ni le ton rend ce texte très plaisant à lire. Il est clair qu'en couchant sur papier le récit entrecoupé et subjectif de ses souvenirs, Paul Auster prend plaisir à se réapproprier sa vie, à revivre et profiter encore de ces instants de vie, ses moments de bonheur aussi bien que ses épisodes plus difficiles. Tout comme L'invention de la Solitude, qui me semble être comme un préambule à ce texte-là, l'auteur semble vouloir retravailler à sa façon son passé comme il l'a fait de la relation avec son père, relation complexe et inaboutie, qu'il s'est attaché à explorer pour y mettre un point final à travers ses écrits. Car ici, entre autres choses, une partie du livre, peut-être la plus touchante à mes yeux, est consacrée à sa mère, à la vie de celle-ci et la façon dont il a vécu sa mort. Cette mise à distance que constitue l'écriture me semble être un moyen pour l'auteur afin d'exorciser les derniers démons qui le tiraillent face aux situations encore en suspens et ravivées par les morts soudaines en posant un regard plus apaisé sur ces évènements. Loin de la gravité du décès et du deuil de la mère, le texte est également parsemé de multiples anecdotes plus ou moins significatives, qui apparaissent au gré de la mémoire d'Auster, on retrouve entre autre une réflexion liée à son expérience avec un chauffer de taxi parisien qui a refusé de le prendre en charge (trajet pas assez rentable!) sa famille et lui alors qu'ils étaient chargés de bagages.

Ce travail de mémoire est particulier puisque tout à fait subjectif finalement, cela n'a rien à voir avec un quelconque ouvrage biographique, on assiste à la vie de Paul Auster telle que lui s'en rappelle: aucune linéarité dans le fil des souvenirs mais des blocs non soudés les uns aux autres, qui surgissent et disparaissent au gré du hasard mémoriel, surgissant à n'importe quel moment du récit. Paul Auster s'y confie sans détour, laisse percevoir tous les événements importants de sa vie, se confie sur son entourage, les sentiments qu'il éprouve. En cela, je crois qu'il coupe l'herbe sous le pied de futurs biographes, qui auront sans doute l'idée de se charger de ce travail rétrospectif car je crois qu'on ne pourra trouver de meilleure biographie que celle-ci. L'auteur ne se contente pas que d'évoquer les événements importants de sa vie, il n'oublie pas d'agrémenter son récit d'histoires, qui peuvent paraître anodines, mais qui ont l'avantage d'apporter un éclairage unique sur le caractère et la personnalité, les choix de l'auteur, ce qu'un biographe extérieur aurait peu de chances de faire. A mi-chemin entre la biographie et le journal intime, cet ouvrage se veut dans la continuité même d'Inventaire de la solitude, vingt cinq ans après sa publication, et sa lecture est tout autant passionnante. L'écriture d'Auster est très intimiste, le lecteur acquiert ici le rôle de confident, certes muet et peu présent, on finit toutefois le livre avec l'impression d'avoir partager un moment confidentiel avec un ami. Cette proximité qu'Auster réussit à créer avec son lecteur est la grande réussite de cette chronique, son don à susciter et maintenir l'intérêt et l'attention du lecteur à ce récit est indéniable. Malgré un récit pour le moins assez fractionné, même dans les anecdotes les plus simples, presque banales, le style d'Auster est délectable, ce qui a fait que j'ai lu son livre quasi d'une traite. Une jolie réussite, une fois encore, qu'Auster peut mettre à son actif!
Lien : https://wordpress.com/post/t..
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« When i'm 64 » chantait un autre Paul quand il en avait quarante de moins. Soixante-quatre ans c'est aussi l'âge de Paul Auster. Dandy de Brooklyn, monstre de la littérature américaine, il prend le temps du recul et revient sur sa vie.
Des souvenirs donc mais sous forme d'auto-dialogue ; il se tutoie. S'adresser à soi en se disant « tu » c'est permettre au jugement d'éviter toute complaisance et bien que ce tutoiement soit aussi utilisé pour les injonctions, le regard est bienveillant.
Ce sont des souvenirs d'homme, des souvenirs incarnés, cela m'a fait penser au livre de Daniel Pennac Journal d'un corps dans lequel le narrateur racontait sa vie mais uniquement sous le prisme de l'évolution puis de la déchéance de son corps. le regard ici balaie l'organisme, la chair et l'âme.
On se promène avec Paul Auster à New-York et dans les ruelles de Paris, on suit ses premiers émois, l'amour fou qu'il a pour sa femme (Siri Hustvedt, et si ce n'est déjà fait, lisez les livres de cette dernière !) la naissance de la vocation et son quotidien d'écrivain.
Chronique d'hiver est un « je me souviens » de Perec, un inventaire à la Prévert, un monologue à ciel ouvert.
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Une vraie fausse biographie? Peu importe. Paul AUSTER parle plus au lecteur qu'il ne se raconte. Je me suis reconnu pour partie dans l'évocation de la vie relatée dans le livre et c'est l'essentiel.
Il y a des passages où s'exprime tout le talent de cet écrivain. L'évocation de sa mère, celui du camp de Bergen-Belsen, de sa belle-famille norvégienne...sont relatés avec toute la justesse de ce grand écrivain.
Le récit du film "mort à l'arrivée" rappelle l'intrigue entre BOWEN et ED dans Oracle Night. Paul AUSTER sait composer les intrigues, les descriptions qui nous captent. le talent de Paul AUSTER est de nous révéler des passages de notre propre vie.
La signature Paul AUSTER : lucidité, honneté que l'on retrouve dans les dernières lignes.
Encore, un grand livre signé Paul AUSTER.



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Du grand Paul Auster.
Un inventaire de sa vie comme j'en ai révé: son corps, ses blessures, ses amours, ses lieux de vie, ses peurs, ses angoisses, ses voyages
Jamais Auster n'a été autant incorporé et proche de nous. Un homme simple en face de la mort et de la vieillesse, essayant d'être le plus honnête possible avec lui même, face à nous. Un honnête homme.
C'est le livre incontournable de et sur Paul Auster qui nous donne quelques clés pour comprendre son oeuvre, même si on s'en doutait un peu...à force de le suivre à travers tous ses romans.
J'ai pensé alors à Jim Harrison et son livre " En marge " livre lui aussi incontournable même si Harrison mène sa barque autrement, là aussi une histoire qui se raconte dans toute la folie de Harrison.

Auster lui, adopte la seconde personne du singulier pour parler de lui. Peut être une façon de se raconter un peu particulière. Comme un autre qui se regarderait ds le miroir: Je est un autre. Il se parle. Au début, ce procédé est particulier mais on s'y met vite, emporté par la densité de l'écriture. Qui est ce tu qui lui parle ? Sa femme ? qu'il aime tant, lui même, l'autre de façon général ? le regard de l'autre, celui qui nous fait appartenir à l'humanité ?
En tout cas, Auster est un homme.
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