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Jean-Patrick Guillaume (Traducteur)Jacques Berque (Préfacier, etc.)
EAN : 9782742744824
627 pages
Actes Sud (03/10/2003)
4.25/5   168 notes
Résumé :
Sur les ruines des somptueux palais fatimides a poussé la Gamaliyya, un quartier populaire du vieux Caire. De ce petit monde truculent, qui oscille au fil des rumeurs de la ville ou voltige sur les fumées somnolentes du haschisch, s'élève parfois la voix du poète populaire disant l'évasion, proférant l'illusion, tandis que se succèdent des protagonistes qui mobilisent les ferveurs du peuple et suggèrent les trois révélations.

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Dans cette période toute particulière, il me fallait partir dans un grand voyage, autant géographiquement, que spirituellement. Car oui j'ose le mot spiritualité...... cette oeuvre respire l'invitation à la réflexion sur l'Homme....L'homme dans sa plus grande noblesse d'âme comme ces plus terribles aliénations.... le pouvoir, l'argent ....
Un récit d'exception dans ces temps incertains vraiment particulier. c'est bon, envoûtant, nécessaire !

Un voyage inouï au coeur d'un quartier sans pareil dans cette ville du Caire. Comme dans un conte, tout commence par Il était une fois... Les cent première pages de ce roman nous raconte la genèse de la naissance du quartier la Gamaliyya. Avant il n'y avait rien qu'un grand désert, le désert du Muqattam et au milieu se trouvait la Grande Maison construite par celui qui est nommé le patriarche Gabalawi : " Il est à l'origine de notre quartier et notre quartier est l'origine du Caire, la Mère des cités. " Ce dernier avait cinq fils, Idris, Abbas, Ridwan, Gabil et Adham et souhaitait abandonner l'administration du waaf à un d'eux. C'est à cet instant que tout commence, quand celui qui aurait dû être choisi n'est pas celui-là, mais un autre. Qu'à la place d'Idris, le fils ainé, c'est Adham qui va diriger le waff. " Nous, nous sommes les fils d'une hanem, d'une dame de haute naissance, jeta-til. Alors que lui, sa mère n'est qu'une esclave noire....." La haine naissante va créer des ravages irréversibles.

Tout au long de ce récit passionnant, au fils du temps, des époques, des protagonistes au nombre de quatre, vont de cet instant essayer vainement d'améliorer les conditions de ce quartier, décidément très particulier. Chacun d'eux vont incarner à leur tour, la force, la charité, les dynamiques d'une morale communautaire et enfin la recherche alchimique. Des destinés racontés magistralement !

Ce récit est considéré comme un chef d'oeuvre de la littérature arabe contemporaine, " une transposition de l'histoire sainte dans la chronique familière des hommes."


Naguib Mahfouz, né au Caire en 1911 a reçu le Prix Nobel de littérature en 1988.

Bien à vous amis Babeliots !

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On comprend assez vite que ce sont les personnages des 'livres' que l'auteur met en scène dans un quartier du Caire, on l'oublie assez facilement. On a beau savoir que Adham est Adam, Gabal est Moise, Rifaa Jésus et Qasim Mohamed (je n'ai pas su qui était l'alchimiste), on se plonge corps et âme dans la vie de ces personnages qui essayent de combattre la fatalité que vivent les gens de leur quartier face à l'oppression et à l'injustice. Bien sur, c'en était de trop pour la censure égyptienne qui a interdit ce livre.

Mais quel génie ! J'en regrette presque que mon arabe ne soit pas assez bon pour apprécier la plume de Naguib Mahfouz dans sa version originale. Chapeau au traducteur pour avoir su en retranscrire toute la subtilité.
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Première incursion dans l'univers du romancier Naguid Mahfouz, récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1988, intellectuel égyptien qui a relaté dans plusieurs de ses romans les aventures des habitants du Caire.
Les fils de la Médina (les enfants de notre ruelle au sens littéral) raconte l'allégorie des trois religions monothéistes juives, chrétiennes et musulmanes de la descendance d'Abraham.

Ce livre en lecture commune de mon club de lecture est inspirant et totalement différent de mes lectures habituelles. Un livre qui se dévoile en cinq grands chapitres qui ont tous un peu la même prémisse, la vie d'un quartier du Caire avec ses misères et ses exploiteurs, un prophète qui se profile à l'horizon, qui veut mettre fin à la domination des intendants et des « Futuwwas » sans vergogne.
Ça se lit comme un conte des mille et une nuits, avec tout ce que ça comporte comme exotisme, odeurs et sensations. Les quartiers se forment au gré de l'augmentation des populations, les ruelles débordent de marchands, de cafés, de fumeurs de haschisch et de mendiants. Les conteurs sont les narrateurs de l'histoire, l'écriture n'existant pas encore ou étant à ses premiers balbutiements.
La première impression qui m'est venu à l'esprit au début de ce roman, c'est un texte rempli de paraboles. Comme certains textes des principes religieux de mon enfance. L'auteur décrit les aventures de héros mythiques (Adham, Gabal, Rifaa, Hasim...)
Mais tout de suite on réalise qu'ils nous sont connus sous d'autres patronymes, puisqu'il s'agit de Adam, Moïse, Jésus et Mahomet ! le petit dernier Arafa est encore un mystère et on peut conjecturer sur son identité.
Celui par lequel tout arrive est Gabalawi, Dieu, et fondateur. On s'y réfère comme à une personne et sa maison est le point de départ du combat contre le pouvoir. L'auteur mets en lumière les opposants et les critiques du pouvoir. Mais encore plus intéressant à mon sens, c'est le combat culturel, social et politique sous-jacent dans ce texte.

Un grand roman, parfois violent, car la violence peut être nécessaire, souvent remplis de sagesse, car celle-ci sert à éviter la violence, mais surtout plein d'espoir de voir la fin de la tyrannie.
Ça se tape à coups de gourdin à qui mieux mieux et les femmes n'ont pas le bonheur facile. Mais je retiens cette phrase en conclusion, pour l'espoir…
— Si le Seigneur me donne la victoire, je rendrai aux femmes la part qui leur revient sur les bénéfices du waqf, déclara-t-il soudain.
— Mais le waqf est pour les hommes, pas pour les femmes!
— le message de l'Ancêtre était que le waqf appartient à tous. Les femmes forment la moitié du quartier : il est étonnant qu'elles soient aussi peu respectées. Mais elles le seront, quand les gens respecteront la justice et la compassion!
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Je ne suis pas déçue de mon premier N. Mahfouz. On découvre la triste vie égyptienne (réelle ou légendaire?) à la naissance du Caire. Une vie populaire rythmée par les histoires des conteurs, la violence des futuwwas (alias 'protecteurs' du quartier), l'escroquerie des Intendants sur les droits des habitants au Waqf ('Bien immobilisé dont les bénéfices sont distribués ad vitam aeternam aux descendants ').
L'histoire est découpée sur 5 époques : celle de Adham, de Gabal, de Rifaa, de Qasim puis de Arafa, personnages notables ayant marqué leur époque. Celles de Adham et de Gabal m'ont paru être les plus intéressantes.

Il flotte un voile de magie sur ce désert oriental reculé, mystérieux et riche de légendes, comme celle de cet ancêtre adulé qui semble intemporel, immortel, presque irréel.
Le ton est linéaire, l'histoire est racontée de façon égale, régulière, presque neutre, sans prise de position. Cependant, je n'ai pas ressenti de répétition ou d'ennui. Chaque époque est particulière, laisse un souvenir bien distinct.
L'histoire s'enchaîne assez rapidement, l'auteur ne s'attarde sur rien. Il n'y a aucun indicateur chronologique qui puisse nous situer dans L Histoire, ce qui, à mon avis, aurait retiré du charme au mystère.
Je regrette juste la fin. le dernier chapitre (Arafa) m'a semblé comme amputé. C'est bien la première fois que je reste sur ma faim sur un roman de plus de 600 pages ...
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Naguib Mahfouz, prix Nobel de Littérature 1988

Enfant d'un quartier populaire de la capitale égyptienne, Naguib Mahfouz nous raconte ce quartier du Caire, El Gamaliya, peuplé d'une multitude de gens très pauvres, menant des vies misérables. Dominés par les "futuwwas", hommes de main brutaux des intendants, les habitants du quartier organisé en waqf (institution islamique, c'est un leg pieux : l'ensemble des bâtiments et terrains appartiennent à Dieu, et les revenus sont - normalement - redistribués à la population) vivent sous le joug des "Dix Conditions".
Roman allégorique, "Les fils de la Médina" nous raconte l'émergence d'hommes forts et charitables, cherchant à sortir leur peuple de l'oppression et à combattre l'injustice, apparus successivement et dont l'histoire fait penser à celle d'Adam, de Moïse, de Jésus et de Mahomet.
La première histoire est celle d'Adham qui avec sa femme se fait chasser de "la Grande Maison" de son père, Gabalawi, pour avoir voulu accéder à une connaissance interdite ; la deuxième, celle de Gabal, qui après avoir traversé un désert et vécu en exil, rencontre son ancêtre Gabalawi le Patriarche, qui lui dit de renverser l'oppresseur par la force ; puis c'est Rifaa, né en exil, fils de menuisier qui revient essayer de "guérir" ceux de son quartier, puis Qasim celui qui veut mettre la force au service du bien et enfin Arafa, l'alchimiste qui va tuer Dieu. Et toujours, au bout d'un certain temps, les hommes oublient, retombent dans les mêmes travers et se remettent à se battre...

Livre très original, une saga cairote passionnante et bien écrite, un récit très intelligent, qui critique l'organisation sociale des waqfs et les caractères des hommes ; l'ensemble présente une vision désabusée et plutôt pessimiste de la société humaine car quelle est la solution ? Y-en-t'il une, ou même plusieurs ? L'auteur ne le dit pas qui met en cause une religion mal comprise mais aussi une société matérialiste, sans Dieu.

Premières phrases : " Au commencement, là où se trouve actuellement notre quartier, il n'y avait que le désert du Muqattam qui s'étendait à perte de vue. Au milieu du désert se dressait la Grande Maison construite par Gabalawi, comme un défi à la solitude, aux fauves et aux bandits de grands chemins. Son mur d'enceinte enfermait une vaste étendue de terrain, dont la moitié ouest constituait un verger et la moitié est était occupée par une imposante demeure, composée de trois corps de bâtiment. Or, un jour, le Fondateur fit venir ses fils dans la grande salle du rez-de-chaussée..."
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Ils poursuivirent leur route vers l’entrée du quartier. Oncle Chafi’i marchait en tête, chargé d’un sac, suivi d’Abda et de Rifaa, qui portaient chacun un énomre ballot. Le jeune homme, avec sa taille haute et mince et son visage ouvert, à l’expression pleine de douceur et de délicatesse, apparaissait particulièrement sympathique. il observait avec attention tout ce qui l’entourait, et qu’il voyait pour la première fois. Son regard fut attiré par la Grande Maison qui se dressait solitaire, au haut bout du quartier, parmi les cimes des arbres qui se balançaient derrière le mur extérieur. Il la contempla longuement, puis demanda : - C’est la maison du Patriarche ?
- Oui, répondit Abda. Tu te souviens de ce que je t’en ai dit ? C’est là que vit l’Ancêtre, le maître de tout le quartier et de ce qui s’y trouve. Tout ce qu’il y a de bon vient de lui et de sa générosité. Et s’il ne s’était pas retiré de sa demeure, le quartier serait rempli de lumière."
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Alors comme aujourd'hui notre quartier était bruyant et surpeuplé; les enfants, pieds nus et à peine vêtus, jouaient dans tous les coins, remplissant l'air de leur vacarme et couvrant le sol de leurs excréments. Les femmes s'agglutinaient sur le seuil des maisons, l'un e hachant des feuilles de mouloukhiyya, l'autre pelant des oignons, une troisième allumant un brasero, toutes échangeant potins et plaisanteries, ou, au besoin, injures et malédictions.
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Les conteurs des cafés s'en tiennent à l'époque héroïque, évitant soigneusement tout ce qui pourrait déplaire aux puissants, et chantent les louanges de l'intendant et des futuwwas : leur justice dont nous n'avons jamais profité, leur compassion que nous n'avons jamais rencontrée, leur grandeur d'âme que nous n'avons jamais connue, leur désintéressement dont nous n'avons jamais vu les effets, leur équité dont nous n'avons jamais entendu parler. En vérité, je me demande ce qui a retenu nos ancêtres, et ce qui nous retient nous-mêmes dans ce quartier maudit.
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C'est quand même curieux, je garde les moutons de tout le quartier, certains appartiennent aux Gabalites, d'autres aux Riaïtes, d'autres encore aux familles riches de notre secteur : eh bien ils paissent ensemble comme des frères alors que leurs maîtres passent leur temps à se haïr et à se disputer.
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Dans cette maison, les femmes jouaient un rôle comparable à celui des organes internes dans le corps humain : leur possesseur est, d'une certaine façon, conscient de leur existence, il vit grâce à eux, mais il ne les voit pas.
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