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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742731091
210 pages
Actes Sud (03/01/2001)
3.64/5   443 notes
Résumé :
Willy erre dans Baltimore à la recherche d’une de ses anciennes institutrices à laquelle, avant de mourir, il aimerait lui confier son chien - le fidèle Mr Bones - et l’œuvre de sa vie : soixante-quatorze cahiers, et notamment les huit cents premiers vers d'une épopée inachevée, Jours vagabonds.
Mais Willy meurt sans avoir pu assurer l’avenir de ses écrits, et Mr Bones se retrouve seul, livré à lui-même, privé de ce maître qui fut pour lui le pivot et la rais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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C'est l'histoire d'un chien…
… Qui ne se contente pas d'aboyer, de s'ébrouer, de traquer les tiques, les puces et le rogaton.
Nommé Mister Bones, le clébard dédaigne l'os synthétique à ronger pour le détartrage du croc et la baballe à rapporter trente et une fois à son maître enthousiaste (lancée dans les ronces, dans un cours d'eau, ou tout autre endroit aussi agréable qu'accessible).

Mister Bones, tout poilu et canin soit-il, a conscience de la vie et de la mort. Oh, bien sûr il n'ergote pas sur le sexe des anges mais, tout de même, il sait la finitude du corps. Et lorsque l'âme quitte cette terre, elle file tout droit à Tombouctou.
Je n'ai rien contre cette destination dans ce cas précis. Quoique. Envisager une éternité sur les terres maliennes, n'a pas l'heur de me réjouir plus que ça. Mais peut-être que seuls les Américains aboutissent là-bas. Allez savoir.

Bref, Mister Bones est le chien d'un humain, un brin clochard, et beaucoup malade. Leur amitié s'achève lorsque Willy meurt. La fable peut commencer. Car c'est Mister Bones qui raconte, dans un anthropomorphisme aussi bancal que le budget de la Grèce.

Le gentil toutou connaît les affres de la solitude, les désagréments de la faim qui tenaille les entrailles. Ce n'est pas qu'il était nourri au canard laqué et à la côte de boeuf avec Willy, mais son maître veillait. Au travers de l'errance animale, Paul Auster se donne un mal de chien pour que son lecteur comprenne que la leçon s'applique aux humains. Et oui! Il n'est pas bon d'être seul. Comme il est difficile de perdre un être aimé et de rester fidèle à sa mémoire.

On peut alors passer à la seconde leçon.
Mister Bones ,au bord du désespoir, sale et souffreteux, séduit la progéniture d'une famille aisée, laquelle progéniture n'a de cesse de faire adopter le chienchien si aimable. La mine dégoûtée, le nez plissé, la bourgeoisie cède, décrasse, nourrit, enchaîne. Mister Bones coule alors des jours gastronomiques dans un carré de jardin limité. le poil propre.
Un choix philosophique s'impose alors: les besoins d'un estomac justifient-ils l'aliénation de sa liberté?

Noble était Willy Christmas, le quasi clochard écrivain. Noble est Mister Bones, le chien penseur. On ne pouvait y couper:
Tout comme l'homme, le chien est condamné à être libre.
Auster marche alors vaillamment sur les traces de Sartre, explose les clôtures, méprise les croquettes et les pâtées.
Tel le poète, la queue fière, Mister Bones est prêt à écrire sur les chemins, les arbres et les bancs le doux nom de liberté. Je connais des chiens qui se seraient empressés de lever la patte partout pour marquer leur nouveau territoire. Mais je pêche sans doute par trop de prosaïsme. J'oublie qu'il s'agit d'une fable, imbécile que je suis.

La troisième leçon se résume à cette question: tout ça pour ça?
En effet, Mister Bones a beau avoir la truffe libre, le bonheur n'est pas de la partie.
Il a la conquête dépressive. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, c'est bien connu. Or, à la connaissance de notre héros à quatre pattes, seul Tombouctou connaît une densité de population acceptable.
La fable va donc se clôturer sur la programmation du départ de Mister Bones vers le continent africain.
Ce qui aurait dû me tirer quelques larmes. Mais qui lit avec son chien, se lève avec des puces. Et qui se gratte trop est de méchante humeur.
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J'ai pleuré ....ça me m'était jamais arrivé en lisant un livre ....Ce livre est d'une intensité ....d'une sensibilité.... et pour avoir presque tout lu d'Auster on y retrouve bien ses grandes angoisses ou intérrogations comme l'abandon, l'attachement, la reconnaissance, l'amour ...mais surtout surtout l'abandon, la fin, la séparation et donc la mort...qu'est ce que s'abandonner, être abandonné etc....Alors oui, ce n'est pas follement gai, il y a d'autres auteurs pour ça mais c'est très beau et comme toujours superbement bien écrit, articulé.
Auster a ce talent d'écrire des romans qui peuvent se lire à plusieurs niveaux: soit vous vous arrétez à cette belle histoire d'un chien en quête d'un maitre soit vous y lisez tout ce qui n'est pas dit et qui est bien là. Mais qq soit votre niveau de lecture vous serez attrappé par ce livre qui m'a littéralement écrasé le coeur.
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Tombouctou est un livre plutôt atypique dans la bibliographie de Paul Auster, puisqu'ici c'est un chien qui prend la parole. Mr Bones, après des années de vie commune avec son fidèle compagnon Christmas, perd celui-ci brutalement quand il s'effondre dans la rue.
Il nous entraîne alors dans son errance mêlée de réflexions existentialistes sur la mort et la séparation, cauchemar suprême pour cet animal dévoué et connu pour son attachement indéfectible.
Ce roman m'avait permis, avec M Vertigo, de pénétrer à nouveau dans la sphère de Paul Auster, cette fois-ci du bon côté, avant d'en devenir une lectrice assidue. J'avais apprécié ce roman, mais il ne m'a pas profondément marquée. Ca m'intéresserait d'ailleurs de savoir ce que Paul Auster en pense vraiment lui-même. Ceci dit, c'est un roman agréable, touchant, qui vaut la peine d'être lu.
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Allons donc, voilà que l'imagination sans limites de Paul Auster lui fait donner la parole à un chien. Pas n'importe lequel certes : Mr Bones, le plus intelligent et affectueux qui soit qui, après de belles années de vagabondage auprès de son poète de maître, se retrouve perdu à Baltimore, Maryland, perd sa liberté pour le confort d'une famille, fait des rêves prémonitoires et au final, prend la route de Tombouctou, là où son maître s'en est allé en mourant.

Grâce au talent de plume d'Auster, l'histoire de Mr Bones se lit comme un conte, un de ceux que les vieux sages psalmodient au coin du feu. J'y ai donc trouvé un certain plaisir, bien que j'avoue me retrouver assez sèche et perplexe quant à l'intention de l'auteur dans ce livre très singulier dans sa bibliographie, et qui à mon sens ne fait pas partie des meilleurs.
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Toutou quanti

Merci à Fabiolino de m'avoir rabiboché avec Paul Auster. J'avais autrefois pour des raisons désormais obscures décrété que, non, j'en avais ras la casquette de Popaul. Peut-être parce qu'il fut très à la mode...

Fabiolino m'a donc branché sur Tombouctou et j'ai lu avec beaucoup de plaisir cette petite histoire racontée avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité.

L'histoire en peu de mots : poète marginal, vagabond saisonnier, Willy a fermé son parapluie, est parti pour Tombouctou. C'est Mr Bones qui le dit, son chien éploré, qui comprend assez bien l'english pour savoir qu'on ne revient pas de Tombouctou. D'ailleurs Willy lui a fait le topo, et l'a encouragé à trouver de nouveaux maîtres, sinon fourrière, piqûre, et va savoir si ce sort funeste te mène à Tombouctou.

D'ailleurs, les chiens y-ont-ils leur place ? "S'il y avait une justice en ce monde, si le dieu chien avait la moindre influence sur ce qui arrivait à ses créatures, alors le meilleur ami de l'homme devait demeurer aux côtés de l'homme après que ledit homme et ledit meilleur ami avaient l'un et l'autre fermé leurs parapluies."

C'est donc une histoire où "les chiens parleraient à l'égal des hommes", vue par les yeux d'un chien et, plus encore, reniflée par ses narines sans pareil dans le monde humain.

Une drôle d'histoire. Mais on en a vus d'autres de plus étranges. Paraît que chez Disney une souris est le maître d'un chien ! "C'était risible en vérité, une insulte au bon goût et au sens commun."
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Rendre le monde meilleur.Apporter un peu de beauté dans les coins ternes et monotones des âmes.. On peut faire ça avec un grille-pain, on peut le faire avec un poème, on peut le faire en tendant la main à un inconnu. Peu importe la forme que ça prend. Laisser le monde un peu meilleur qu'on ne l'a trouvé. C'est ce qu'un homme peut faire de mieux.
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Afin de célébrer l’évènement, Willy courut à Manhattan, dès le lendemain matin, et se fit tatouer sur le bras droit une image du père Noël. Ce fut une épreuve pénible, mais il supporta volontiers les aiguilles, triomphant de se savoir désormais porteur d’un signe visible de sa transformation, une marque qu’il garderait sur lui à jamais.

Hélas, quand rentré à Brooklyn, il montra fièrement à sa mère ce nouvel ornement, Mme Gurevitch piqua une colère furieuse, avec crise de larmes et incrédulité rageuse. Ce n’était pas seulement l’idée du tatouage qui la mettait hors d’elle (bien que cela en fît partie, compte tenu que le tatouage était interdit par la loi juive – et compte-tenu du rôle qu’avait joué de son vivant le tatouage des peaux juives), c’était ce que représentait ce tatouage-ci , et dans la mesure où Mrs Gurevitch voyait, dans ce Père Noël en trois couleurs sur le bras de Willy, un témoignage de trahison et d’incurable folie, la violence de sa réaction était sans doute compréhensible. Jusqu’alors, elle avait réussi à se persuader que son fils finirait par guérir tout à fait. Elle attribuait à la drogue la responsabilité de son état, et pensait qu’une fois les résidus néfastes chassés de son organisme et son taux sanguin redevenu normal, ce ne serait qu’une question de temps avant qu’il éteigne la télévision et reprenne ses études. Mais là , c’était fini. Un coup d’oeil au tatouage, et toutes ces attentes vaines, tous ces espoirs trompeurs se brisèrent à ses pieds comme du verre. Le Père Noël venait de l’autre bord. Il appartenait aux presbytériens et aux catholiques romains, aux adorateurs de Jésus et tueurs de juifs, à Hitler et à tous ces gens-là. Les goys avaient pris possession du cerveau de Willy, et une fois qu’ils s’insinuaient en vous, jamais ils ne vous lâchaient. Noël n’était qu’une première étape. Dans quelques mois, ce serait Pâques, et alors ils ramèneraient leurs croix et se remettraient à parler de meurtre, et il ne faudrait pas longtemps pour que les sections spéciales prennent la porte d’assaut. Elle voyait cette image du père Noël, tel un blason sur le bras de son fils, mais en ce qui la concernait, ç’aurait aussi bien pu être un svastika.

Willy se sentait franchement perplexe. Il n’avait eu aucune mauvaise intention, et dans ce bienheureux état de remords et de conversion dans lequel il se trouvait, offenser sa mère était le dernier de ses désirs. Mais il eut beau parler et s’expliquer, elle refusa de l’écouter. Elle le repoussait à grands cris, le traitait de nazi, et comme il s’obstinait à essayer de lui faire comprendre que le père Noël était une réincarnation du Bouddha, un être saint dont le message au monde était tout amour et compassion, elle menaça de le renvoyer l’après -midi même à l’hôpital. Ceci rappela à Willy une phrase qu’il avait entendu prononcer par un compagnon de misère à Saint Luke’s : "Tant qu’à m’abrutir, je préfère une bonne biture à une lobotomie" – et soudain il sut ce qui l’attendait s’il laissait sa mère agir à sa guise. Alors au lieu de continuer à fouetter un cheval mort, il enfila son pardessus, sortit de l’appartement et partit en droite ligne vers je ne sais où.
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VOICI QUELQUES EXTRAITS POUR VOUS ENCOURAGER A LE LIRE


il y avait de bonnes choses dans l'âme de Willy, et dès qu'il les laissait se manifester on oubliait ce qu'il y avait d'autre. Oui, il était pénible, bordélique et dingue, mais quand tout se passait bien dans sa tête Willy était un type exceptionnel, et tous ceux qui croisaient sa route le savaient.


Quand le temps se réchauffa enfin et que les fleurs ouvrirent leurs boutons, il apprit que Willy n'était pas seulement un casanier scribouillard et un branleur professionnel.
Son maître était un homme pourvu d'un cœur de chien.
C'était un baladeur, un soldat de fortune prêt à tout, un bipède unique en son genre qui improvisait les règles en cours de route.
Ils partirent tout simplement un beau matin de la mi-avril , se lancèrent dans le vaste monde et ne remirent plus les pieds à Brooklyn avant le jour précédant Hallowe'en.
Quel chien pourrait en demander davantage ?



Si Mr Bones avait appartenu à une race identifiable, il aurait pu tenter sa chance au concours de beauté quotidien devant de possibles adoptants mais le compère de Willy était un salmigondis de traits génétiques -- un peu colley, un peu labrador, un peu épagneul, un peu puzzle canin -- et, ce qui n'arrangeait rien, son poil boulochait, il avait mauvaise haleine et une perpétuelle tristesse imprégnait ses yeux injectés de sang.


C'est tout ce dont j'ai jamais rêvé, Mr Bones. Rendre le monde meilleur. Apporter un peu de beauté dans les coins ternes et monotones des âmes. On peut faire ça avec un grille-pain, on peut le faire avec un poème, on peut le faire en tendant la main à un inconnu. Peu importe la forme que cela prend. Laisser le monde un peu meilleur qu'on ne l'a trouvé. C'est ce qu'un homme peut faire de mieux.

JE NE PEUT PAS VOUS POSTER PLUS D'EXTRAITS
CE SERAIT INCONVENANT POUR LE DÉROULEMENT DE L 'HISTOIRE

LISEZ LE RIEN QUE POUR VOUS FAIRE PLAISIR
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[ Incipit ]

Mr Bones savait que Willy n'en avait plus pour longtemps ici-bas. Ça faisait bien six mois que cette toux s'était installée, et il ne restait plus désormais à Willy l'ombre d'une chance de s'en débarrasser. Lentement, inexorablement, sans la moindre amorce d'un changement favorable, le mal s'était mis à vivre sa vie, depuis le premier bourdonnement glaireux au fond des poumons le 3 février jusqu'aux volées de crachats asthmatiques et d'expectorations convulsives du plein été. Comme si tout cela n'était pas assez moche, une tonalité nouvelle s'était glissée depuis deux semaines dans le concert bronchique - quelque chose de contracté, de dur, de percutant - et la fréquence des crises était telle qu'elles paraissaient à présent quasi continues. Chaque fois que l'une d'elles commençait, Mr Bones s'attendait plus ou moins à ce que les fusées sous pression qui éclataient contre la cage thoracique de Willy fissent exploser son corps. Il se disait qu'à la prochaine étape il y aurait du sang, et quand advint l'instant fatal, ce samedi après-midi, ce fut comme si tous les anges du ciel s'étaient soudain mis à chanter à pleine gorge.
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C'est tout ce dont j'ai jamais rêvé, Mr Bones. Rendre le monde meilleur. Apporter un peu de beauté dans les coins ternes et monotones des âmes. On peut faire ça avec un grille-pain, on peut le faire avec un poème, on peut le faire en tendant la main à un inconnu. Peu importe la forme que cela prend. Laisser le monde un peu meilleur qu'on ne l'a trouvé. C'est ce qu'un homme peut faire de mieux.
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Yann de la librairie le Divan partage ses lectures : "Histoire d'un amour profond, voyage mental d'un homme au regard de sa vie"
Notre mot sur, écrit par Paul Auster, traduit par Anne-Laure Tissut et publié aux éditions Actes Sud : https://www.librairie-ledivan.com/livre/9782330188757
Tous nos conseils de lecture : https://www.librairie-ledivan.com/
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