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EAN : 9782070203871
258 pages
Gallimard (22/04/1931)
4/5   6 notes
Résumé :
L’action se déroule au lendemain de la guerre 1914-1918, à Paris dans le quartier de Montmartre et ses environs.
Ce roman met en parallèle les destinés de deux garçons âgés de 25 ans (Bernard, le narrateur et Pierre Jiquiaud), qui font le désespoir de leur père et finissent par se brouiller avec lui. Par une curieuse coïncidence cela se passe le même matin du 17 avril (p.525). Après avoir rompu avec leur famille, ils se rencontrent par hasard à Paris en juil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pierre et Bernard se rencontrent par hasard dans une rue de Paris et découvrent qu'ils ont un point commun : ils ont tous les deux vingt-cinq ans et se sont brouillés avec leur père le même jour. Ils se lient d'amitié et Pierre aide Bernard à s'installer à Paris. Bien vite, ils logent dans le même immeuble et fréquentent le même groupe d'amis. Mais les deux garçons vont se fâcher et rester en froid. Un hasard va amener Bernard à travailler pour le père de Pierre, un homme d'affaire véreux, qui va le prendre en affection. Quant à Pierre, il va rencontrer le père de Bernard, un politicien tout juste élu député, dans un cabaret parisien. Drôle de chassé-croisé qui peut nous amener à nous demander s'il n'est pas préférable de se choisir un père. Mais l'existence de Bernard va brusquement se compliquer sur tous les fronts.

Le roman traite des rapports entre père et fils. Un père rejette un fils qu'il trouve trop indolent et un fils renie un père qui s'est spécialisé dans l'escroquerie. L'amour filial ne consisterait-il pas plutôt à accepter son parent tel qu'il est, avec indulgence ? Les personnages secondaires sont attachants : on croise un noctambule souffreteux, un loufoque qui combine poésie et statistique, une gentille gourgandine et un chien. Le fantastique fait ses premiers pas dans ce roman et laisse le lecteur en plein doute. D'où vient la confusion de Bernard? S'agit-il d'événements surnaturels? Est-ce lié au vertige de la folie ou au délire de la fièvre ?
On retrouve dans ce roman tout le talent de Marcel Aymé : du réalisme mâtiné de fantastique, de l'ironie, de la fantaisie, et la démonstration de l'importance d'une éthique basée sur le bon sens et l'humilité.
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"Vous voyez, c'est à se demander si c'est un usage bien raisonnable d'être le père de son fils et s'il ne vaudrait pas mieux de choisir toujours."

Bernard, narrateur déprimé, se sent mal aimé par son père, ancien combattant rétrograde. Après une énième dispute, il claque la porte de la maison familiale et monte "à la Capitale". Là il se lie d'amitié avec une sympathique bande de désoeuvrés : le poète fou Jouvedieu, qui rimaille avec les statistiques, Grelin, une ruine décavée des nuits parisiennes, Jiquiaud, un jovial placier en savonnettes et rapin amateur, également en délicatesse avec son paternel, et la fantasque Dine, putain écervelée et sentimentale.

La mère de Bernard, sèche punaise de sacristie, lui fait parvenir des nouvelles régulières du pays : il apprend ainsi que son daron vise la députation. "Grand bien lui fasse", pense le rejeton écoeuré qui finit par trouver un emploi chez le papa de son copain Jiquiaud, une aimable fripouille. Coup de foudre réciproque entre les deux hommes en mal d'affection : ils se sont découvert l'un un vrai père, l'autre un fils idéal. Famille, je vous hai(me)s !

Avec le Vaurien, farce triste, sur les parentés électives, Marcel Aymé ose le réalisme magique. Il chamarre l'étoffe rêche et grise de son récit d'un filet d'or fantastique (une fleurette mauve disparaît d'une tapisserie, une morte papote au bord d'une tombe, on offre un niveau à bulle d'air en signe d'amitié...) et l'orne de personnages extravagants (outre des héros passablement loufoques on trébuche, au cours du roman, sur un voleur de toutous, une veuve mamelue qui se dépoitraille aux heures de bureau ou un impayable teckel à poils durs).

L'auteur affûte son style et fait mouche avec ses phrases mal équarries qui résonnent comme du vers libre et sa fin cafardeuse en chute libre, comme un rire sans joie.

Cette chronique désenchantée des années d'apprentissage m'a embarqué. Bravissimo !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Bernard est un garçon doux, honnête et sincère, mais il est brouillé avec son père qui est revenu du front imprégné de discipline, anticlérical et candidat à la députation.
Pour plaire à un nouveau père d'occasion qu'il s'est choisi, Bernard s'applique à devenir une crapule, couche avec une fille pour lui apprendre à être honnête, entre en relation avec un revenant, soigne un malade et l'assassine sans y penser.
C'est l'histoire d'un garçon bousculé qui rate sa vie à chaque instant et d'un destin artificiellement gâché.
Marcel Aymé, avec sa tendre ironie, nous ravie de cet excellent roman d'une haute moralité puisqu'on y voit un fils désobéissant tomber dans les plus funestes erreurs.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nous étions deux pauvres, deux transis - comme on voit par les nuits d'hiver où les courants d'air s'en vont par les rues, comme on voit sur les bancs de Sébastopol, un peu plus bas que chez Potin, deux pauvres qui viennent s'asseoir chacun sur un bout. (...) Tout ce qu'ils connaissent du monde, c'est qu'il y fait des courants d'air. Alors, sans rien dire, ils s e rapprochent. Il y en a un qui fait glisser son derrière sur le banc, de droite à gauche, et l'autre qui fait la même chose, mais de gauche à droite, et ils se joignent au milieu de la planche, pour faire un tas.
Ainsi nous étions-nous rapprochés pour trouver un peu de cette chaleur qui nous manquait à tous les deux.
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Je fis le désespoir de mes parents ce même jour d'avril où Jiquiaud, que je ne connaissais pas encore, fit le désespoir de son père. Jiquiaud m'a raconté depuis qu'il s'y prit simplement : il alla trouver son père dans son bureau, lui reprocha d'inqualifiables escroqueries et, avant de faire claquer la porte, jura de n'accepter jamais un sous de M.Jiquiaud mort ou vif. Comme il habitait Paris, il n'eut qu'à changer de quartier pour consommer la rupture.
Quand à moi, les choses n'allèrent pas si rondement. Les raisons de mon départ n'étaient pas si décisives non plus qu'il me fût possible de les servir à trac et de m'en aller par-dessus. D'ailleurs, ma grande indolence, accommodée aux molles habitudes de ma petite ville de province, me détournait de faire un éclat...
(extrait du premier chapitre)
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Mon père m'accepte d'abord, comme je suis, et c'est parce que je fais partie de lui-même.
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"au jour d'à présent, on n'a qu'à lâcher une fille le soir pendant un quart d'heure pour qu'elle vous rentre grosse."
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Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
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