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Claudine et Roland Sabatier (Illustrateur)Claudine et Roland Sabatier (Illustrateur)
EAN : 9782070538935
58 pages
Gallimard Jeunesse (17/04/2002)
3.21/5   7 notes
Résumé :

Un matin de vacances, Delphine et Marinette se rendent dans le pré, les boîtes de peinture offertes par l'oncle Alfred sous le bras. Toutes heureuses de leur nouveau cadeau, elles décident de faire le portrait des animaux de la ferme. Mais le résultat n'est pas du goût de leurs amis et cela va bientôt avoir des conséquences inattendues... Retrouvez Delphine et Marinette, les deux sueurs espiègles, et leurs amis les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Marcel Aymé possède une très belle écriture, un français subtil, plein de belles tournures et d'effets insoupçonnés. Tellement subtile même, cette langue, que je me demande si les enfants d'aujourd'hui la comprennent encore totalement.

Par exemple, quand l'auteur écrit : « Et n'ayez pas l'air de ricaner, s'il vous plaît, parce que moi, je pourrais bien vous flanquer une correction.
— Petit brimborion ! laissa tomber le cheval.
— Brimborion ! Mais vous n'êtes pas si grand que ça ! Je me charge de vous le faire voir un jour, moi.»

Ou encore : « Tout au plaisir de poser, la tête levée haut et la crête en arrière, le coq renflait son jabot et faisait bouffer ses plus belles plumes. Mais il ne put se tenir longtemps de pérorer. »

Il en va de même de l'humour, omniprésent dans ce conte, mais qui est lui aussi distillé avec une finesse telle que je doute qu'elle puisse être perçue par la moyenne des enfants actuels, même assez bons en lecture.

En voici quelques exemples : « Bientôt les deux modèles purent venir admirer leurs portraits. le cheval parut assez satisfait du sien. Delphine lui avait fait une très belle crinière, hérissée et longue à merveille et qui semblait la dépouille d'un porc-épic, et aussi une queue bien fournie en gros crins dont plusieurs avaient la grosseur et la belle tenue d'un manche de pioche. »

« Toujours un peu lents à s'émouvoir, les boeufs commençaient à se recueillir sur leurs portraits. […] le chien […], faisant fête au vétérinaire, il se mit si bien dans ses jambes qu'il eut la chance de le faire tomber à plat ventre dans la poussière. Les parents couraient aux quatre coins de la cour à la recherche d'une trique qu'ils avaient juré de casser sur le dos du chien. Puis ils songèrent à relever le vétérinaire […] »

« Il y eut un instant de découragement presque général. le canard lui-même en perdait la tête. Seul, l'autre boeuf, celui qui venait de reprendre corps, gardait encore à peu près son sang-froid. L'idée lui vint de chanter à son compagnon une chanson qu'ils avaient chantée ensemble jadis, au temps où ils n'étaient encore que de jeunes veaux. Sa chanson commençait ainsi :
Un veau seulet
Buvant son lait,
Meuh, meuh, meuh,
Vit une vachette
Qui broutait l'herbette,
Meuh, meuh, meuh.
C'était un air un peu languissant qui semblait devoir incliner à la mélancolie. »

Hormis ces deux " restrictions " (niveau de langue et accessibilité de l'humour) voilà un conte que je juge (peut-être à tort, n'étant pas expert de ce genre de lecture) très plaisant et qui mérite pleinement d'être lu ou proposé aux enfants.

Deux fillettes, Delphine et Marinette, les héroïnes récurrentes des Contes du chat perché, se voient offrir pour un anniversaire des boîtes de peinture. (C'était un présent rare pour les classes populaires à l'époque de la seconde guerre mondiale. Là encore, il est possible que les enfants d'aujourd'hui aient quelques difficultés à mesurer l'attrait que pouvait susciter alors un tel cadeau dans les campagnes.)

Les parents, un brin brutaux, un brin bornés, ne veulent pas entendre parler de peinture sachant qu'il y avait mille travaux plus urgent à faire pour occuper les petites filles de ferme.

Vous imaginez combien grande pouvait être la tentation néanmoins d'aller essayer ces boîtes ! Aussi grande que la déception de ce voir interdire leur usage…

Mais c'est sans compter sur l'aide des animaux qui sont toujours prêts à venir au secours des fillettes, notamment en acceptant d'effectuer à leur place les tâches qui leur avaient été assignées par les parents.

Delphine et Marinette sortent donc feuilles et pinceaux et commencent à peindre les animaux de la ferme qui leur passent sous les yeux. Tout va pour le mieux jusqu'au moment où tant les filles que les animaux s'aperçoivent qu'ils se mettent à ressembler à la façon dont les apprenties peintres les ont portraiturés.

L'âne se retrouve avec deux pattes seulement, le cheval est affecté d'un problème de proportions tandis que le cas des boeufs est encore plus préoccupant. Que faire pour redonner aux animaux leur aspect ordinaire ? Que diront les parents acariâtres ?

Vous imaginez bien qu'il ne faut pas compter sur moi pour vous le révéler. En revanche, j'ai apprécié dans ce conte les questionnements soulevés et qui ont une portée bien plus universelle, sans doute, qu'il y paraît.

Que voyons-nous des autres ? Eux-mêmes effectivement ou une image très déformée ? Les gens que nous côtoyons ne finissent-ils pas, dans une certaine mesure, par se percevoir tels que l'image que nous leur renvoyons (et pas toujours pour leur meilleur épanouissement : j'ai la faiblesse de croire qu'à force de rabâcher à quelqu'un qu'il ou elle est nul(le), il ou elle finira par le croire et le devenir, quand bien même cette affirmation était au départ sans fondement) ?

Il y a peut-être encore d'autres questionnements contenus dans ce texte, notamment eu égard à la dénonciation quand les parents souhaitent faire craquer leurs filles et qu'ils décident d'aller chercher le vétérinaire qui, selon la formule consacrée, " a les moyens de les faire parler ". Personnellement, j'y vois un clin d'oeil à la situation qui sévissait en France à l'époque, car n'oublions pas que cette histoire date de 1941.

C'est donc une oeuvre riche, un conte qui me paraît plaisant et présentant potentiellement beaucoup d'intérêt pour des enfants ayant à peu près le même âge que les héroïnes, c'est-à-dire entre 8 et 10 ans, en conservant bien entendu à l'esprit les petites limitations mentionnées plus haut. Alors à vous de voir et d'en juger par vous-même.
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Delphine et Marinette, deux soeurs qui ont le don de comprendre le langage des animaux, ont reçu des boites de peinture. Malgré la défense de leur parents, elles décident de peindre les portraits des animaux de la ferme. Mais ceux-ci prennent un peu trop à coeur leurs portraits et rien ne se passe comme prévu...
Cette histoire illustrée à lire à partir de 7 ans permet une première approche des Contes du Chat perché avant de se lancer dans la lecture plus complète des Contes rouges et des Contes bleus du Chat perché.
Lien : https://lectureenfantparent...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L’âne en eut une si grande peine qu’il s’approcha de Marinette en boitillant de ses deux pattes et se mit à lui lécher les mains. Il voulut lui demander pardon et lui dire quelque chose de doux, mais trop ému, la voix lui manqua et ses yeux s’emplirent de larmes qui tombèrent sur le portrait. C’étaient les larmes de l’amitié.
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Les petites peignaient avec ardeur. Bientôt les deux modèles purent venir admirer leurs portraits. Le cheval parut assez satisfait du sien. Delphine lui avait fait une très belle crinière, hérissée et longue à merveille et qui semblait la dépouille d’un porc-épic, et aussi une queue bien fournie en gros crins dont plusieurs avaient la grosseur et la belle tenue d’un manche de pioche. Enfin, ayant posé de trois quarts, il avait la chance d’avoir ses quatre membres. Le coq n’était pas à plaindre non plus. Pourtant, il eut la mauvaise grâce de prétendre que son panache avait l’air d’un balai usagé.
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Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
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