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3,67

sur 4331 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec ce Balzac (dans les premiers que j'ai lus) j'ai compris ce que l'on voulait dire par la capacité à cerner un trait de caractère pour le transformer en un roman palpitant et touchant. Prenez un avare et laissez Balzac imaginer le reste. Ne vous y trompez pas; vous ne lirez pas du Molière. Ce sera autrement génial. Un Balzac accessible et divertissant (plus sur Instagram) ...
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C'est surprenant, un livre. On croirait, comme ça, qu'un livre sur lequel on s'est ennuyé à douze ans restera définitivement fermé. On croirait, comme ça, qu'un paquet de papier est inanimé. On croirait, comme ça, en avoir fini avec l'admiration obligée. On croirait comme ça, que Balzac, ah,Balzac, il est bien mort et enterré, non? On croirait, comme ça, qu'une expo sur un sculpteur n'a aucun lien avec un vieux bouquin. On croirait, comme ça ... je l'ai cru, dur comme fer. Et puis, que de hasards. La statue de Balzacdans un musée, un bronze qui ne fit pas l'unanimité. Hasard des visites, le plâtre de la même statue, autre musée, autre expo, même choc. Une bouteille de Saumur sur une table amie. Une adaptation annoncée au cinématographe. Alors, finalement, le livre relu: ennui profond à l'adolescence, manque total d'intérêt lors d'une deuxième tentative. Et enthousiasme aujourd'hui: les descriptions ne sont plus longues, mais photographiques, Eugénie n'est plus une pâle jeune fille sans consistance, mais une jeune femme brimée sous la coupe d'un tyran, sa mère n'est plus une falote épouse, mais une femme maltraitée, son père n'est plus seulement un avare mais un dictateur domestique. La société saumuroise, les rumeurs, l'hypocrisie, l'envie, la jalousie...le génie De Balzac éclate.
Amis lecteurs, ne restez pas sur une mauvaise impression de collège, de lycée. Tentez, lancez-vous: des chefs-d'oeuvre attendent, patiemment. Et puis, si la transmutation de l'ennui en plaisir échoue, vous pourrez toujours refermer le livre. En attendant la prochaine fois.
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A Saumur, les rejetons de deux familles bourgeoises se disputent la main d'Eugénie Grandet, pure et candide beauté provinciale, mais c'est au vrai la fortune de son père qu'ils convoitent. Celui-ci, tonnelier, s'est prodigieusement enrichi par d'habiles spéculations durant l'époque révolutionnaire. Fasciné par la contemplation de son or, il fait régner sa despotique avarice sur sa maisonnée, composée de sa femme, de sa fille et de sa servante Nanon, qui lui voue un culte parce qu'il a accepté de l'engager - fort longtemps auparavant - malgré sa laideur. Les jeunes des Grassins et Cruchot, de mine peu avenante et d'esprit étriqué, ne peuvent rivaliser dans le coeur d'Eugénie avec son cousin Charles qui débarque un soir, envoyé par son père qui, ruiné, s'est suicidé. Tombée sous le charme de ce dandy parisien, Eugénie est prête à tout pour lui et va jusqu'à lui donner sa réserve de pièces d'or que son père lui a constituée année après année, alors qu'il s'apprête à partir pour les Indes. Elle paiera cher cette audace, son père n'hésitant pas à la séquestrer pour la punir. Si Eugénie demeure fidèle à Charles malgré son silence et sa longue absence, il n'en ira pas de même pour celui-ci.

A l'inverse d'autres oeuvres De Balzac riches de diverses intrigues qui s'imbriquent, ce roman, assez bref, est tout simple. C'est le père Grandet qui en constitue le personnage principal. Certes, son avarice et sa dureté à l'égard des siens, comme sa passion monomaniaque pour l'or font frémir, mais l'ingéniosité qu'il déploie pour réhabiliter la mémoire de son frère décédé - sans qu'il lui en coûte rien - intéresse. Et, après tout, il n'est pas incapable de sentiments humains, puisqu'il souffre lui-même de la claustration imposée à Eugénie et cherche à l'apercevoir depuis le jardin, à travers les carreaux de sa fenêtre.
Le pittoresque des personnages et la description de leur vie provinciale séduisent.
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Le film passe actuellement sur Cine+ Premier ! L'occasion de revoir ce fameux père Grandet, qui embarque tout son entourage dans sa folie (l'inverse des grandeurs), sans demander le consentement à qui que ce soit. Olivier Gourmet campe à merveille ce patriarche manipulateur et violent. Balzac a choisi une thématique bien intemporelle, l'avarisme, qui touche encore probablement aujourd'hui du monde, surtout à la campagne. Et ce malgré le monde consumeriste dans lequel nous vivons.
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Balzac fait revivre sous nos yeux la vie provinciale du 19ème siècle sans que les descriptions à rallonge ne ralentissent la narration et je trouve que le suranné et le vocabulaire soutenu siéent au personnage éponyme, à contre-courant de son époque. La constance d'Eugénie dans son refus du compromis, sa capacité à agir selon ses convictions et sa résistance au monde du paraître la rendent à la fois universelle et intemporelle, bien au-delà des propos politiques du récit.
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Quand je lis Balzac, j'ai l'impression d'être avec le narrateur sur les lieux de l'action. Les descriptions sont tellement poussées qu'on est transporté sur place. Ce qui fait aussi la qualité du roman, c'est une histoire qui surprend, une peinture des sentiments et de l'âme humaine très forte et sensible. On souffre avec Eugénie, on suit son parcours, ses doutes et ses espoirs et ils deviennent personnels. Balzac a du génie, comme dans le titre de ce roman.
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Qui ? Balzac ? Honoré de ... ?
Première moitié du XIXe siècle à Saumur, accessoirement à Paris ou dans les Indes. Eugénie Grandet, quoi. J'ai retrouvé avec grand plaisir ces miasmes provinciaux, ces âmes perdues avant de s'être trouvées. Les misères de l'avarice, tous ces mondes que l'on s'invente aussi vite que d'autres peuvent les détruire. Vraiment heureux de m'être replongé dans cette lecture scolaire. Depuis, j'ai réellement marché dans les rues de Saumur, j'ai éprouvé la vie, j'ai savouré des instants. Bref, Eugénie Grandet m'a mieux parlé aujourd'hui qu'elle n'avait su le faire quelques décennies plus tôt. Et je me prends à avoir envie de relire ce qu'on appelle les classiques. Où l'on comprend pourquoi enfin ce sont des classiques et pourquoi il ne restera que peu de choses, une fois le tri du temps opéré, de toute cette littérature contemporaine qui nous envahit.
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La vie d'Eugénie Grandet est bien curieuse. Son père, un despote gère sa maison et ses affaires avec une rigueur militaire. Un horaire et une vie dignes d'un monastère cistercien.
Eugénie a 22 ans au début du roman. Sa vie, dans cette maison froide et sombre, est dédiée aux travaux, à la prière, à l'amour de sa mère et au respect de son père. La famille a une domestique NANON, courageuse et dévouée. Elle partage tous les secrets de la famille. le père détient tous les pouvoirs, chaque matin il distribue la quantité de pain, de beurre, d'aliments et de bois pour la journée. le chauffage n'est autorisé qu'à partir du premier de novembre.
La rigueur du quotidien est soudain bouleversée par la venue du cousin d'Eugénie. Un parisien dandy dont le père (frère du père Grandet) s'est suicidé pour éviter la honte de la banqueroute. La belle ordonnance imposée par le père va s'effriter dans la douleur.
Balzac arrive à composer un roman haletant. En composant le père Grandet il crée l'avarice sous son état le plus vil. Grandet ne recule devant rien pour satisfaire sa faim d'or et de possession. Il réduit son entourage à l'esclavage, profite sans remord de la situation de son neveu et devient l'incarnation du démon. Autour de lui papillonnent les saintes femmes, épouse asservie, fille apeurée, domestique dévouée. Une fois encore, après Ursule MIROUET, Eugénie est décrite comme la femme parfaite acceptant les ordres et les désirs des éléments mâles et les conventions sociales
Elle reste fidèle à ses engagements et prend l'image d'une sainte !
Excellent roman construit avec maitrise. le lecteur est happé. de la grande littérature.



HISTOIRE DU ROMAN.

En 1833 Balzac rédige ce qui sera le premier chapitre intitulé PHYSIONOMIES BOURGEOISES" dans une revue nommée "L'Europe littéraire". Une suite est annoncée mais ne sera jamais publiée
En 1834 Balzac signe l'édition originale chez BECHET et comporte six chapitres.
En 1839 Seconde édition chez CHARPENTIER. le texte est revu et augmenté.
En 1842 et 1849 Deux tirages le roman connaît un succès exceptionnel
En 1882 le manuscrit original est vendu. Gabriel Wells l'acquiert pour la Pierpont Morgan Library de New York en 1925. Il y est toujours actuellement.




LIEU DE L'INTRIGUE : ANGER, SAUMUR (commune où habitent les GRANDET)

PERSONNAGES :

Aucun personnage important d'Eugénie Grandet ne se retrouve ailleurs, sauf Charles Grandet qui reparaît brièvement sous un autre nom dans "La Maison Nucingen"

La chronologie romanesque comporte deux invraisemblances résultant des derniers remaniements opérés par Balzac. La première a trait à la date de mort de Mme Grandet : dans les éditions antérieures au Furne, Mme Grandet meurt en octobre 1820, et non en 1822 ; la deuxième concerne la mort de Félix Grandet, qui, dans l'édition définitive, meurt après le retour de Charles. Dans les éditions antérieures au Furne, Félix Grandet, ainsi que l'indique le manuscrit, mourait en janvier 1826 et Charles était de retour en juin de la même année.

Eugénie GRANDET : le plus célèbre des personnages éponymes, avec le Père Goriot. En bonne tradition romancière le titre annonce l'histoire de sa vie. Née en novembre 1796, Eugénie reçoit une pièce d'or de son père, à chacun de ses anniversaires (un placement, non un cadeau). Ses 19 millions de dot lui suscitent un prétendant, Gruchot de Bonfons, le neveu du notaire, dont elle sera veuve au bout d'un an. Il est question d'un remariage pour elle avec le marquis de Froidfond : la famille s'en occupe et commence à la « cerner ». Mais la passion qu'elle a pour Charles restera le seul événement de son existence, fortement marquée par le mimétisme paternel : « elle vit comme avait vécu le père Grandet ».

– Félix GRANDET : 40 ans en 1789 le roman s'égaie des traits de son avarice, souvent cocasses. Mais son dernier geste, « épouvantable », pour saisir le crucifix en vermeil », est aujourd'hui inscrit dans la tradition culturelle.

– NANON : un prénom devenu non commun, un personnage à part entière dotée d'une réelle personnalité et qui aura une postérité littéraire, comme l'exemple parfait de la domestication (par assimilation) et comme archétype de « la servante au grand coeur » (Baudelaire, Lamartine, Flaubert, Proust). C'est à 22 ans, avant la naissance d'Eugénie, que la jeune gardeuse de vaches, dite la Grande Nanon à cause d'un physique de « grenadier » entre, pour n'en plus sortir, dans la maison Grandet. le père Grandet l'exploite « féodalement » ; elle a pour lui reconnaissance et attachement - ils s'aiment à leur manière - Après sa mort, à 59 ans, elle épouse son garde-chasse et reçoit enfin un patronyme : Mme Cornoiller.

- Charles GRANDET, cousin d'Eugénie

PERSONNAGES AJOUTES A L'EDITION ORIGINALE

– Armande-Louise-Marie de CHAULIEU : Balzac raconte sa vie, de sa sortie de pension à sa mort, dans Mémoires de deux jeunes mariées (1842).

– Sophie GRIGNOULT (dite Florine)

– Guillaume GRANDET

– François KELLER. Banquier : le Député d'Arcis (1854) raconte sa carrière politique.

– Clément CHARDIN DES LUPEAULX : il incarne l'intrigant de haut vol. Son ascension sociale est racontée dans Les Employés (1838).

– Baron Frédéric de NUCINGEN : banquier juif d'origine allemande et l'une des grandes figures financières de la Comédie humaine. Il apparaît notamment comme mari de Delphine Goriot dans le Père Goriot (1835).

– ROGUIN : banquier, conseiller peu scrupuleux.
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« La France a deux Molières, écrit Lamartine en 1866, le Molière en vers et le Molière en prose. Je le dis, je le pense, ouvrons-le : c'est à lui de le prouver. Je commence par son chef-d'oeuvre, Eugénie Grandet ». Sans doute Lamartine ne cite pas Molière, le père de L'Avare, tout à fait par hasard. Car ce père, Félix Grandet en est une figure accomplie, à un point tel qu'une fois encore, j'en viens à me demander si, comme bien des auteurs du XIXe siècle, Balzac n'a pas choisi ce patronyme à dessin, car Grandet résonne comme un paradoxe : affubler à monsieur « fier de sa grandeur » un suffixe qui en dit tout le caractère minable, petit, n'est-ce pas déjà tout dire ? N'est-ce pas tout révéler de cet important qui brille surtout par le ridicule de ses valeurs essentiellement financières ? Son statut il ne le tire que de son argent (et de ce que la « bonne » société de Saumur lui fait la cour pour en tirer également un profit sonnant et trébuchant). Mais s'il a une bourse bien remplie, de grandeur il manque réellement, cruellement, et son bonheur sonne faux comme ce prénom qui pourrait vouloir dire heureux s'il était orthographié Félice, s'il n'était pas, encore un hasard ? finalement barré d'une croix : Félix.
La richesse, la vraie, est à chercher du côté de la fille, Eugénie, seule dotée de cette « monnaie qui se fabrique elle-même » comme disait Stendhal : la passion amoureuse. Avec Eugénie, l'argent retrouve sa place, son range, sa fonction : un moyen, qu'en aucun cas il ne faut confondre avec la fin ; de même que le salut ne saurait se confondre avec le salaire. Et si elle finit par sacrifier son avenir à l'idée d'un bonheur idéal, au moins ne connaît-elle pas l'infâme destin de périr sans honneur.
Car le royaume du père Grandet, ici-bas, rime avec désenchantement et isolement. Il est même si bas qu'il entraine l'homme dans une chute : c'est la démonstration De Balzac, ô combien plus puissante que celle de Molière (et avant les sociologues comme Max Weber par exemple). Un monde ordonné par le dieu argent est un royaume d'illusions, de tromperies, signifiant moins la « mort de Dieu » comme certains le prophétisèrent que la perte de soi pour les Hommes, car « les avares ne croient pas à une vie à venir, le présent est tout pour eux. Cette réflexion jette une horrible clarté sur l'époque actuelle, où, plus qu'en d'autres temps, l'argent domine les lois, la politique et les moeurs. Institutions, livres, hommes et doctrines, tout conspire à miner la croyance d'une vie future sur laquelle l'édifice social est appuyé depuis dix-huit cents ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L'avenir qui nous attendait par-delà le requiem, a été transposé dans le présent. Arriver per fas et nefas au paradis terrestre du luxe et des jouissances vaniteuses, pétrifier son coeur et se macérer le corps en vue de possessions passagères, comme on souffrait jadis le martyre de la vie en vue de bien éternels, est la pensée générale ! pensée d'ailleurs écrite partout, jusque dans les lois, qui demandent au législateur : que payes-tu ? au lieu de lui dire : que penses-tu ? quand cette doctrine aura passé de la bourgeoisie au peuple, que deviendra le pays ? ».
Eugénie Grandet est le premier roman classique que j'ai lu, il y a un tiers de siècle. Je retrouve, à le relire, mes émotions d'adolescent ravi par le style balzacien, impressionné par la force et la noblesse de cette Grande Eugénie. Mais je crois aussi en saisir, aujourd'hui, une leçon importante et peux m'émerveiller de la clairvoyance De Balzac sur ce monde qui naissait alors, dans un contexte de révolution industrielle, de croyance forcenée dans le progrès et d'enthousiasme pour les bouleversements culturels qui l'accompagnaient.
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Agréable édition audio !
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