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Adrien Goetz (Autre)
EAN : 9782073053091
80 pages
Gallimard (19/10/2023)
  Existe en édition audio
3.42/5   353 notes
Résumé :
Dans une auberge au bord du Rhin sont réunis par le hasard deux jeunes Français et un riche négociant allemand qui passent une agréable soirée avant d'aller se coucher. Au petit matin, on retrouve le négociant décapité...

Dans les brumes de l'Allemagne romantique, l'inspecteur Balzac mène l'enquête !
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,42

sur 353 notes
Cela commence presque comme un polar, on se dit que la clef de l'énigme va résider dans la découverte de l'identité du coupable et...
… en fait non. le coupable, on le devine assez vite et Balzac ne fait rien pour faire augmenter trop le suspense.

L'intérêt de l'intrigue est que, sachant le coupable parmi nous, quels rapports allons-nous entretenir avec lui ? Ce n'est pas si fréquent comme questionnement et c'est donc tout à fait pertinent que son auteur ait placé ce texte dans la catégories des " études philosophiques" de sa Comédie Humaine.

En effet, ça change tout si vous apprenez que la belle héritière que vous convoitez est la fille d'un homme qui a perpétré une vilenie. Vous savez que sa position, sa fortune viennent de là ; mais pourtant, elle ne l'a pas faite pour autant, elle, cette vilenie : alors que faire ? Vous voyez le genre d'interrogations que cela peut soulever…

En deux mots, l'histoire prend place dans le contexte de la fin de la Révolution et de la toute jeune accession au pouvoir de Bonaparte, lors des mouvements de troupes française sur les bords du Rhin en Rhénanie. Deux jeunes chirurgiens s'en viennent rejoindre leur bataillon et, en cours de route, s'arrêtent à l'auberge rouge.

La demeure est pleine à craquer et c'est à grand peine qu'on trouve encore de la place pour loger les deux Français. Soudain, arrive un négociant allemand d'Aix-la-Chapelle escorté de deux bateliers. Vraiment, il n'y a pas moyen de loger les deux bateliers qui vont s'en retourner finir la nuit sur leur embarcation, mais en se tassant un petit peu, les deux Français arriveront peut-être à faire une petite place au négociant, sachant qu'en plus il se promène avec une mallette pleine de cent mille francs en or et en diamants...

En somme, une nouvelle que je qualifierais de bonne, mais sans plus. Retenez cependant que ce que j'exprime ici n'est qu'un avis rougeâtre, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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J'ai choisi ce petit bouquin en pensant sincèrement qu'il se rapportait au film du même nom, réalisé par Claude Autant-Lara avec Fernandel.
Ben pas du tout en fait. le film fait référence à une sombre histoire : l'affaire de l'auberge de Peyrebeille. Rien à voir avec la nouvelle De Balzac.

D'autre part je pensais lire un récit policier, le quatrième de couverture annonçant « l'inspecteur Balzac mène l'enquête ».
Ben pas du tout bis. S'il y a bien crime, il n'y a pas recherche du meurtrier.

C'est l'histoire d'un récit dans un récit. Lors d'un repas entre bon bourgeois auquel participe l'auteur, une relation d'affaire allemande raconte une sombre histoire à laquelle il a été mêlé. Après un long voyage, deux jeunes chirurgiens militaires de l'armée de Napoléon parviennent dans une petite ville près de Coblenz. Ils se voient obligés de loger à « L'auberge rouge », déjà bien occupée entre autres par des soldat français. Un riche négociant allemand se joint à eux.
Au matin le négociant est retrouvé décapité (je ne dévoile rien ; c'est dans le résumé du 4eme de couv).

Ce n'est pas un récit policier dans la mesure où la recherche du coupable n'est pas le thème. Tout semble accuser quelqu'un en particulier, y compris lui-même qui se juge coupable au moins en intention. Et le récit s'oriente plus vers une étude sur le sens de la culpabilité.

Chez les bonnes gens du dîner, une autre culpabilité se fait immédiatement jour. Balzac n'émet aucun doute. Et l'histoire dérive vers la relation de l'auteur avec la fille de ce « coupable », sur le compromis entre amour et culpabilité et sur l'importance de la prescription.

La prose De Balzac est très agréable, surtout celle qu'il prête à son narrateur allemand. Les paysages traversés par les deux jeunes chirurgiens sont bien attirants. J'ai trouvé l'auteur plutôt moqueur voire sarcastique lorsqu'il décrit les divers personnages – archétypes ambulants – à qui il demande conseil.
La dernière phrase, en forme de chute, est amusante. Une fin a minima ouverte.
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L'Auberge rouge fait partie des courts récits rédigés par Balzac, comme le chef d'oeuvre inconnu ou La fausse maîtresse.

L'auteur construit sa narration en tiroir puisque l'intrigue est contenue dans un récit d'après-repas copieux et bien arrosé. L'un des convives, Allemand, est invité à raconter une histoire qui se révèle être un souvenir qui remonte à un conflit entre l'Empire germanique et la France révolutionnaire. Elle met en scène deux amis, étudiants en médecine qui rejoignent leur garnison où ils assisteront les services médicaux de l'armée. Tous deux épris d'humanité et de beaux paysages, ils prennent leur temps en chemin. Jusqu'à s'arrêter un soir, recru de fatigue après une journée de voyage, à la fameuse Auberge rouge. Cette nuit va marquer leur destinée puisqu'un meurtre y est commis.

Là où Balzac semble nous diriger vers une intrigue criminelle narrée par le convive allemand, résident en fait d'autres perspectives, plus psychologiques et sociales. Cette affaire de l'Auberge rouge, qui ne devait offrir qu'une divertissante histoire digestive, a des répercussions sur le présent du narrateur, également invité à ce repas et qui remarque un autre homme changer de couleur en cours de récit. Qu'est-ce à dire? Ou à deviner? Et quand la fille de cet homme mystérieux pénètre comme un coup de foudre dans le coeur du narrateur, le voilà face à de graves questionnements et un cruel dilemme.

Même sur un récit court, on retrouve les caractéristiques de l'écriture balzacienne et son regard vif sur la société de son temps. La nouvelle recèle également une ironie diffuse et une étude de caractères psychologiques face à l'or et à ses tentations intéressante malgré le court format. Une très bonne pioche dans la collection Folio 2€!
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Lors d'une soirée organisée par un banquier parisien, Hermann, négociant allemand raconte « une histoire à faire peur ». Cette histoire il la tient d'un étudiant en médecine Prosper Magnan.

Les faits débutent en octobre 1799, lorsque Prosper et son ami Frédéric Taillefer, tous deux jeunes militaires chirurgiens français, originaires De Beauvais, débarquent dans l'auberge rouge, dans la petite ville d'Andernach au bord du Rhin.
Un riche négociant s'installe à leur table et va partager leur chambre pour la nuit, l'auberge étant bondée.
Prosper sera troublé par cette grosse fortune qui dort tout près de lui...

Le narrateur, assistant à ce diner nous raconte à son tour cette histoire criminelle. Qui est l'assassin de l'auberge rouge ?
Est-on coupable d'un crime seulement par le fait de l'avoir pensé ? Peut-on vivre avec le poids d'un acte criminel sur la conscience, rongé par le remords ? A-t-on le droit de profiter d'une fortune acquise de façon crapuleuse et dissimulant un lourd secret ? Est-il souhaitable de dévoiler un tel secret ou faut-il étouffer l'affaire? Un mensonge pour épargner des souffrances est- il juste ?

Le narrateur est lui aussi impliqué moralement et on ne sait pas quel choix il fera à la fin de ce récit.
Tout aurait été si simple s'il avait été moins curieux et moins intuitif. Et finalement connait-on réellement le vrai coupable ?

C'est donc une nouvelle intéressante, à la fois intrigue policière et récit philosophique sur la culpabilité, le remords, le devoir de justice et de vérité, et le poids du secret.
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L'argument de "L'auberge rouge" est assez typique de l'énigme en chambre close ; "Un drame en Livonie" de Jules Verne reprendra d'ailleurs une intrigue très proche. Tout semble donc tourner autour de cette question : qui assassina, une nuit de 1799, un négociant qui partageait sa chambre avec deux jeunes chirurgiens militaires, négociant que l'on retrouva décapité ?

Or, comme dans "Un drame en Livonie", l'essentiel se situe ailleurs. Cette énigme, racontée par un banquier bien des années plus tard lors d'une soirée mondaine mais rapportée au lecteur par un premier narrateur, oriente le récit hors des sentiers de la pure énigme policière. le but de la nouvelle apparaîtra au lecteur aux toutes dernières pages : il s'agit d'une sorte de conte moral ou philosophique, qui mène à s'interroger sur des questions d'éthique, de justice et d'intérêt personnel.

Le récit qui relève proprement du genre policier marche à plein. La suite, qui voit la condamnation inéluctable d'un innocent, continue à tenir le lecteur en haleine et suscite un sentiment d'effroi - tout comme la découverte du corps de l'homme assassiné dans des conditions sanglantes. La technique des récits enchâssés (l'histoire du crime commis dans l'auberge est en effet insérée dans l'histoire d'une soirée de la bonne société) ne fait qu'asseoir le suspens puisque, suivant le regard du premier narrateur, on s'interroge, tout en s'intéressant au mystère de l'auberge rouge, sur le comportement pour le moins curieux d'un des auditeurs de l'histoire criminelle. Je crains en revanche que, pour une majorité de lecteurs, le questionnement moral de la fin ne déçoive un brin, et ce d'autant plus qu'il ne me semble pas d'une grande profondeur . On ne rangera donc pas "L'auberge rouge" dans les chefs-d'oeuvre De Balzac, malgré le plaisir qu'on pourra y trouver.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
- Votre conduite est-elle bien miséricordieuse ? me demanda-t-elle en m’emmenant dans une embrasure de fenêtre au moment où je quittai le jeu après avoir perdu. Voudriez-vous accepter le pouvoir de lire dans tous les cœurs ? Pourquoi ne pas laisser agir la justice humaine et la justice divine ? Si nous échappons à l’une, nous n’évitons jamais l’autre ! Les privilèges d’un président de Cour d’assises sont-ils donc bien dignes d’envie ? Vous avez presque fait l’office du bourreau.
- Après avoir partagé, stimulé ma curiosité, vous me faites de la morale !
- Vous m’avez fait réfléchir, me répondit-elle.
- Donc, paix aux scélérats, guerre aux malheureux, et déifions l’or ! Mais, laissons cela, ajoutai-je en riant.
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Le dessert était comme une escadre après le combat, tout désemparé, pillé, flétri. Les plats erraient sur la table, malgré l’obstination avec laquelle la maîtresse du logis essayait de les faire remettre en place. Quelques personnes regardaient des vues de Suisse symétriquement accrochées sur les parois grises de la salle à manger. Nul convive ne s’ennuyait. Nous ne connaissons point d’homme qui se soit encore attristé pendant la digestion d’un bon dîner. Nous aimons alors à rester dans je ne sais quel calme, espèce de juste milieu entre la rêverie du penseur et la satisfaction des animaux ruminants, qu’il faudrait appeler la mélancolie matérielle de la gastronomie.
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Mes bateliers me semblent suspects. Pour cette nuit, je ne suis pas fâché d’être en compagnie de deux braves et bons jeunes gens, de deux militaires français ! J’ai cent mille francs en or et en diamants dans ma valise ! L’affectueuse réserve avec laquelle cette imprudente confidence fut reçue par les deux jeunes gens rassura le bon Allemand.

L'AUBERGE ROUGE.
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Souvent, le vengeur est aussi lâche que la victime. Peu de gens ont le courage de produire un mal, même nécessaire ; et bien des hommes se taisent ou pardonnent en haine du bruit, ou par peur d’un dénouement tragique.

L'AUBERGE ROUGE.
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N'y a-t-il pas prescription ? Où en serions-nous tous, s'il fallait rechercher l'origine des fortunes !
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Vidéo de Honoré de Balzac
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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