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EAN : 9782070328192
178 pages
Gallimard (06/09/1994)
4.02/5   25 notes
Résumé :
Elizabeth Barrett écrit les Sonnets portugais pendant les vingt mois qui séparent la première lettre reçue de Robert Browning, le 10 janvier 1845, de leur mariage en septembre 1846. Elle attendra plusieurs années avant de les montrer à son mari. Aussi célèbres en Angleterre que les sonnets de Shakespeare, ces poèmes d’amour appartiennent pleinement au mythe, et c’est à ce titre que Rilke ira jusqu’à apprendre l’anglais pour les traduire. Claire Malroux écarte le voi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il est toujours intéressant de découvrir la poésie féminine, ici anglaise, du 19ème siècle.Parcouru une première fois, ce recueil, je l'avais un peu abandonné . Il ne me touchait pas, et les allusions à Dieu m'agaçaient.

Je l'ai repris, pour ne pas rester sur une déception. Je ne peux pas dire que j'éprouve un réel enthousiasme , mais cette fois, j'ai pris plaisir à lire certains textes. Néanmoins, la traduction me semble ne pas rendre bien compte de la beauté des vers.

J'ai surtout apprécié la ferveur amoureuse, les doutes , la fébrilité qui transparaissent dans ces sonnets. Dédiés à l'amour de sa vie, Robert Browning, lui aussi poète,devenu son mari, en secret car contre l'avis de son père ( ce qui montre, pour l'époque, une grande force de caractère, malgré son état souvent maladif), ils reflètent toutes les nuances du sentiment amoureux.

Mais le côté religieux, l'aspect un peu trop romantique , abstrait, figé ne m'ont pas permis d'apprécier à leur juste valeur ces poèmes. Ce n'est qu'une impression personnelle. A vous de vous faire votre opinion!
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Tout naturellement, en tant qu'anglophile, je ne pourrais pas me passer des poètes anglais pour vivre. Shakespeare, John Keats, William Blake, Lord Byron, Wordsworth, Coleridge, les soeurs Brontë ou Oscar Wilde sont d'éternelles sources d'inspirations et de plaisir pour moi. Vous l'aurez peut-être noté, rien que dans ma liste, les poétesses n'ont pas une grande place dans toute anthologie qui se respecte ce qui confirme ce qui disait Virginia Woolf dans Une chambre à soi sur la difficulté que représente l'accession au statut de poète pour une femme sans un minimum de conditions matérielles favorables.

J'ai une tendresse toute particulière pour Emily Brontë et Emily Dickinson (dire qu'il faille traverser l'Atlantique pour trouver une poétesse digne de ce nom) qui, en plus de leur prénom, partage une même aura mystérieuse autour de leur vie et de leur oeuvre. Si vous l'avez l'occasion de vous procurer La dame blanche de Christian Bobin, vous aurez en main ce qui m'a donné envie de découvrir Emily Dickinson grâce à cette très belle biographie plus ou moins romancée.

Toutefois, c'est d'une poétesse beaucoup moins connue que j'ai envie de vous présenter, qui a eu une vie (à mon sens) très romanesque et que j'ai découverte grâce à Virginia Woolf : Elizabeth Barrett Browning. Virginia Woolf a le chic de sortir de l'anonymat des auteurs inconnues (la soeur de Shakespeare, Christina Rossetti ou Sara Coleridge pour ne citer qu'elles) et de nous donner envie de les lire sur le champ ! Ça a été mon cas avec Elizabeth Barrett Browning, femme du poète Robert Browning et dont les vers de ses Sonnets portugais ont donné furieusement envie à Rainer Maria Rilke de les traduire en allemand. Vous avez peut-être entendu parler de Flush de Virginia Woolf (l'une de mes prochaines lectures pour le challenge Virginia Woolf) et c'est par ce biais que j'ai été séduite par Elizabeth Browning sans même lire une seule ligne de cette biographie du point de vue du chien de la poétesse ce qui déjà aiguiserait la curiosité de n'importe quel lecteur.

Passage obligé quand on lit de la poésie anglaise, j'ai découvert les Sonnets portugais dans son édition bilingue de la NRF (la même que j'ai pour les poèmes d'Emily Brontë bien que j'ai fait l'acquisition récemment d'une version audio des poèmes de la famille Brontë, un régal, mes amis !) et, comme d'habitude, la traduction est pourrie (pardon pour la traductrice, Lauraine Jungelson) mais permet de sauver les meubles quand le sens d'une strophe nous échappe vraiment. Par contre, l'appareil critique est comme toujours très instructif surtout pour une poétesse aussi peu populaire. La préface est remplie d'anecdotes, d'extraits de correspondances (quand on sait qu'Elizabeth et Robert ont échangé 574 lettres, rien que ça !) en retraçant l'histoire du couple et la postérité des Sonnets portugais.

D'ailleurs, qu'est-ce qui est à l'origine des Sonnets portugais ? Il faut avant tout comprendre qui était Elizabeth Barrett avant et après avoir écrit ces sonnets. Avant ça, atteinte d'une étrange maladie incurable , mélancolique depuis la mort de son frère préféré, recluse dans la maison familiale à Wimpole Street et destinée apparemment à rester vieille fille toute sa vie sous la pression d'un père autoritaire, elle va tout de même publier un recueil de poèmes qui la rend célèbre en Angleterre et outre-atlantique et ce recueil va arriver dans les mains de Richard Browning.

Il va lui écrire, passionnément, et comme tous les gens célèbres qui reçoivent des lettres d'amour, elle va gentillement le refouler et elle ne lui offre que son amitié. Ils vont mettre du temps à se rencontrer en personne (à cause des réticences d'Elizabeth visiblement qu'il soit déçu de cette rencontre à cause de sa maladie). Après une première demande par écrit qu'elle refusera tout en reconnaissant que cet homme l'obscède sans y voir encore de l'amour, après de nouvelles rencontres en l'absence de son père (qui, forcément, ne voit pas l'arrivée Robert d'un bon oeil dans la vie monacale de sa fille), accepte finalement sa proposition à la seule condition que sa santé s'améliore, ce qui retarde encore un peu plus leur union. Finalement, le mariage est précipité en septembre 1846 dans le plus grand secret et sans le consentement du père. Comme dans tous les romans qui se respectent après un tel événement, ils décident de s'enfuir en Italie, à Florence.

C'est de cette rencontre décisive, autant amoureuse que humaine qu'Elizabeth Barret va écrire ses Sonnets portugais jusqu'à son mariage, à l'insu de Robert Browning et forcément de sa famille. Ces Sonnets from the Portuguese décrivent l'évolution de ses sentiments, comme un relevé presque journalier ce qui en fait une magnifique étude sur l'amour et la place de plus en plus envahissante de la passion dans la vie d'une femme amoureuse qui, enfin, vit pleinement les choses. Je ne crois pas que le titre de ce recueil soit une référence aux célèbres Lettres portugaises de Guilleragues, présentées faussement comme la traduction de lettres d'une religieuse portugaise à un officier français, longtemps attribuée à une vraie religieuse. La coïncidence est tout de même assez troublante car Elizabeth Barrett, vivant comme une femme recluse, dialogue dans ses Sonnets avec l'être aimé où elle suit le même parcours évolutif de doute, de confiance et d'amour sauf qu'il était rapportée dans les Lettres portugaises à la foi et non à l'amour charnel.

Selon moi, un recueil de poésie se lit différemment par rapport à toute oeuvre littéraire. J'aime délibérément sauter des poèmes, lire certains plusieurs fois quand ils me touchent plus que les autres ce qui représente une lecture presque aléatoire. J'aime bien aussi piocher dans un recueil un poème au hasard, ce qui veut dire que je prends chaque poème pour lui-même et pas forcément dans sa relation avec tout le recueil. Parfois, c'est une lecture qui fonctionne, parfois non mais c'est sûr que ce n'est pas très académique et scolaire. de même, si on voit ces poèmes comme un parcours linéaire vers l'amour, ce n'est peut-être pas la lecture la plus judicieuse mais je n'en ai pas moins aimé les vers d'Elizabeth Browning et la sincérité de ses sentiments sans avoir besoin de retracer un parcours figé.
Lien : http://bouteillemer.wordpres..
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Nous sommes assez habitués à la poésie de grands auteurs masculins. La découverte d'une telle finesse d'écriture est une joie que j'aimerais partager.

je ne connaissais pas Elizabeth Browning avant la lecture de son travail. Cette édition m'a d'ailleurs permis de connaître son histoire et l'amour qu'elle a porté à son époux, Robert Browning. Riche d'un caractère bien trempée, elle a fait fi des décisions de son père afin de rejoindre et épouser l'homme qu'elle aimait.

Ils ont pu savourer leur idylle, rare pour l'époque : les mariages de convenance étaient de coutume, et les amoureux transi le plus souvent séparés. Aller à l'encontre de l'autorité paternelle était également malvenue. Mais une fois mariée, l'autorité maritale prévalait.

De nos jours, le mariage est le plus souvent consenti et voulu par les deux partis. Cela n'est hélas pas encore le cas dans toutes les régions du globe. Nous ne pouvons pas toujours apprécier à sa juste valoir ces mots, déclamés par amour. Même à son époque, elle a été décrié pour "l'absence de clarté dans ses métaphores". Mais elle a sut, avec les sonnets, "favoriser l'expression de sentiments intimes".

C'est l'une des figures majeures de la poésie victorienne.

De plus la richesse de cette édition réside en uen lecture bilingue : chaque sonnets et poème dispose de sa traduction en anglais.

Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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Il s'agit d'un recueil de quarante-quatre sonnets inspirés par sa rencontre avec le poète Robert Browning, son mari.
A l'instar de sa compatriote Lady Mary Wroth ou de Louise Labé, la poétesse s'empare des codes de la poésie amoureuse, pratiquée par des hommes majoritairement, pour les détourner et élaborer une parole poétique propre. le sonnet est modernisé, sa structure est l'objet d'un jeu constant qui fait toute la richesse de ce court recueil.
Hormis quelques tournures ou termes un peu anciens, c'est une poésie tout à fait accessible, d'autant plus que l'édition Gallimard est une édition bilingue.
En bref, si vous voulez découvrir une poétesse, je vous conseille de tout coeur cette oeuvre qui n'est qu'une toute petite partie de ce qu'elle a pu écrire.
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Au-delà de la poésie elle-même, qui mérite d'être lue avec le texte original en face de sa traduction, c'est l'histoire authentique qui sous-tend ces 44 sonnets qui est fascinante. C'est cette réalité éprouvée, expérimentée dans la chair et dans le quotidien qui rend chacun des mots plus fort et plus signifiant. c'est là toute la beauté de cette oeuvre forte et dont, pour une fois, l'issue finale se vérifie positive et optimiste face à ce qui commençait pourtant comme le plus tragique des opéras…
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Dis encore que tu m’aimes, une fois de
Plus encore. Bien que le mot répété
Te paraisse une chanson de coucou.
Souviens-toi que jamais sur les collines,
Vallées ou bois, sans accents de coucou
Ne vient le printemps dans toute sa verdure.
Aimé, dans l’obscurité accueillie
Par l,esprit du doute, par le doute blessée
Je t’implore… « Dis que tu m’aimes. » Qui peut craindre
Trop d’étoiles, quand chacune tourne au ciel -
Trop de fleurs, quand chacune couronne l’an?
Dis que tu m’aimes… aimes… aimes - sonne l’écho
D’argent! - pour te rappeler seulement
De m’aimer en silence, de ton âme.
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Si pour toi je quitte tout, en échange
Seras-tu tout pour moi ? N’aurais-je point
Regret du baiser que chacun reçoit
À son tour, et ne trouverais-je étrange,
Levant la tête, de voir de nouveaux murs ?
Comme une autre maison que celle-ci.
Combleras-tu cette place auprès de moi
Pleine de trop tendres yeux pour changer ?
C’est le plus dur. Si vaincre l’amour est
Eprouvant, vaincre la peine plus afflige ;
Car la peine est amour et peine aussi.
Là, j’ai souffert et suis rude à aimer.
Mais aime-moi - veux-tu ? Ouvre ton cœur,
Et drape en lui les ailes de ta colombe.
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La face du monde a changé, je crois,
Depuis que j’entendis les pas de ton âme
Glisser doucement près de moi, comme
S’ils me dérobaient au terrible gouffre
De la mort, d’où - moi qui pensais sombrer -
Je fus rattrapée par l’amour, et appris
À nouveau la vie. La coupe du sort,
Par Dieu offerte, je la bois volontiers
Et loue sa douceur, toi à mes côtés.
Les noms des pays, des cieux ont changé
Car tu es ou tu seras, ici ou là;
Ce luth et cette chanson… aimés hier,
(Le chœur des anges le sait) ne sont plus chers
Que parce que ton nom danse en leurs paroles.
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Puisque tu as le pouvoir et la grâce
De regarder au delà de mon masque,
(Que les années ont blanchi sous leur pluie),
Et de voir le vrai visage de mon âme,
Témoin pâle et las du cours de la vie!-
Puisque avec foi et amour tu saisis,
Au delà de la torpeur de cette âme,
L'ange patient attendant une place
Dans les cieux!-puisque ni péché ni peine,
Ni le joug de Dieu, ni la mort voisine,
Ni tout ce dont les autres se détournent,
Ni tout ce qui me retourne en moi-même,
Rien ne te rebute...Cher, apprends-moi à
Répandre la gratitude comme le bien.
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Extraits : sonnets 38 :

Quand d'abord il m'embrassa, ce furent les
Doigts de la main avec laquelle j'écris ;
Et, depuis lors, elle est plus pure et blanches...
Lente aux saluts mondains... vive à dire "chut",
Quand les anges parlent. D'Améthystes ici
Ne saurais porter, plus claire à mes yeux,
Que ce premier baiser. Le second, plus
Altier, chercha mon front, et le manqua,
Tombant sur mes cheveux. Ô récompense !
Ce fut le chrême de l'amour, précédé
De sa suave couronne sanctifiante.
Le troisième sur mes lèvres se clôt en
Pourpre apparat : depuis, en vérité,
Je suis fière et dis, "Mon amour, mon bien."
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