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EAN : 9782253941651
312 pages
Le Livre de Poche (13/03/2024)
  Existe en édition audio
3.89/5   149 notes
Résumé :
Résumé
Les Promesses, trois étoiles au Guide et une clientèle venue de Singapour, Dubaï ou San Francisco. Un succès retentissant confirmé par le sacre du patron, Paul Renoir, 62 ans, tout juste élu « meilleur chef du monde » par ses pairs. Jusqu’à ce lundi matin, où l’on découvre son corps et le fusil de chasse avec lequel il a mis fin à ses jours. Stupeur. Le monde de la gastronomie est en deuil. Pourquoi ce cuisinier exceptionnel a-t-il choisi d’en finir ?<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Menu quatre étoiles.
Tant pis si le Michelin ne sait pas compter au-delà de trois. Il faudrait peut-être lui greffer un doigt de plus.
Paul Renoir a été sacré meilleur cuisinier du monde et il met fin à ses jours sans une ligne d'explication ni panache façon grande bouffe. Par ici l'addition. On n'entendra hélas plus Loiseau chanter.
Il est au sommet de son art, sa trombine sur des plats cuisinés, son nom est une marque, un documentaire s'est toqué de lui, il tutoie les plus grands et vouvoie le passé. Celui de sa grand-mère, sa muse en cuisine qu'il a vu faire de l'auberge familiale un restaurant de renom.
Son dernier restaurant, à Annecy, s'appelle Les Promesses. Elles sont tenues chaque soir, au prix d'une exigence quotidienne plus stressante qu'une veille d'IRM et qui repose sur une brigade dévouée sous tension permanente. Tout sacrifier pour l'excellence, pour une course aux étoiles qui se termine en fessée à la spatule, le cul talqué à la farine pour le commis maladroit. C'est tous les soirs Vatel qui attend sa commande de poisson au risque d'avaler une arête de travers.
Comme Paul Renoir n'a pas laissé le menu de son suicide, le récit nous offre son destin, entrée, plat, dessert (et la cuenta por favor) en alternance avec la reprise en main de son restaurant par son second et de ses dettes par sa veuve. Pour assaisonner tout cela, ajouter une pincée de critique culinaire repu en quête d'authenticité et un soupçon de fiston cynique qui épouse les modes de son époque. Par ici, le burger au chorizo et le maki à la betterave. Amuse-bouche et foutage de gueule en copier-coller.
Gautier Battistella m'avait impressionné il y a quelques années avec « Un jeune homme prometteur », roman d'apprentissage classique qui déniaisait un peu le genre et le héros par la même occasion.
Ancien critique du Guide Michelin pendant 15 ans et journaliste gastronomique, l'écrivain passe derrière les fourneaux avec aisance et au-delà du thermostat déréglé de ses personnages, il déroule à feu doux l'évolution des plus grandes tables et les quatre dernières générations de grands chefs. On passe ainsi de l'aubergiste qui ne craignait pas une plainte pour une crise de goutte, aux amiraux bocusiens de la Nouvelle Cuisine exportateurs de tambouille, aux petits chimistes moléculaires des années 2000 jusqu'aux locavores actuels… Promis, j'ai cueilli mes asperges sur le rond-point d'à côté et pêché mon homard dans le pédiluve de la piscine municipale. Pour le vin bio sans alcool, je ventile mes vignes avec des éoliennes.
Tout n'est pas fiction dans l'assiette et dans ce roman. Comme son chef, l'auteur vend du rêve mais dans une quête permanente d'authenticité.
L'auteur n'omet ni la dureté des brigades et son management nord-coréen, ni les rumeurs qui foisonnent avant chaque nouvelle nuit des étoiles, ni les trahisons mais il parle aussi de passion, de convivialité et de transmission.
Je me suis régalé. Laissez vous tenter et passez à table. Et l'avantage de ce livre, c'est qu'il n'est pas nécessaire de réserver six mois avant pour le déguster.
Seul plat raté, en dehors de la salade diplomatique qui toujours m'afflige dans tous les repas, c'est la couverture. On dirait une illustration de "Martine joue à la dinette".
J'ai un peu la dalle, moi. Par ici la bonne soupe.
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L'été arrive, la saison des maillots de bain. Avez-vous l'intention de faire un régime ? Si oui, n'ouvrez pas ce livre. Il m'a sans cesse mis l'eau à la bouche, que de plats évoqués au fil de ses pages !

L'auteur, journaliste de profession, et collaborateur pour le guide Michelin pendant 15 ans nous parle d'un domaine qu'il connait bien. Celui de la grande cuisine et des chefs étoilés. Pas question ici de plateau télé !
Il choisit pour cela de créer un personnage, Paul Renoir, un chef dont l'histoire est surement inspirée des vrais qu'il a côtoyés de par son métier et dont certains apparaissent dans le roman.
Le roman est bâti sur l'alternance de la vie de Paul Renoir, de son enfance auprès de sa grand-mère qui, à force de travail, va transformer une gargote de campagne en un restaurant étoilé, jusqu'à sa consécration par ses pairs, et des quelques mois qui suivent sa mort. Car Paul Renoir va mettre fin à ses jours, peu de temps après sa consécration. Et ceci est réellement arrivé à quelques grands chefs.

Car la vie de grand chef n'est pas de tout repos, c'est un métier exigeant, où la réussite suscite jalousie et convoitise, où les clients, forts de regarder top-chef à la télé, se prennent pour les envoyés du guide, où la réputation peut être détruite en un plat raté, en une suspicion d'harcèlement.
« Imaginez Usain Bolt remettre son titre en jeu deux fois par jour. »
C'est un monde assez impitoyable, exigeant, où un grand chef doit à la fois gérer sa brigade, choisir ses fournisseurs, ne pas négliger la salle, la vaisselle, la décoration. Beaucoup de temps passé en cuisine au détriment de la vie de famille. Des amis qui un jour se retournent contre vous et vous piquent vos idées. Où il est facile de tomber et beaucoup moins de se relever, un monde où la concurrence est rude, où comme dans beaucoup de domaines, les réseaux sociaux ont changé la donne, où il devient important de se montrer de se vendre aussi, les recettes publicitaires étant aussi vitales que celles imaginées en cuisine, vu le trou financier que constitue un grand restaurant.

L'auteur en profite aussi pour revoir les évolutions de la gastronomie française depuis l'après guerre jusqu'à aujourd'hui, en n'hésitant pas à égratigner au passage quelques modes heureusement éphémères.

C'est un livre que j'ai écouté, charmée par la voix du narrateur François Hatt, très agréable, aux inflexions multiples suivant le personnage et le contexte, toujours en parfaite adéquation avec ce qu'il nous lit. Un roman passionnant, où l'alternance apporte du rythme, où la partie posthume apporte un peu de suspense, ce qui est toujours agréable.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Audiolib pour ce partage #Chef #NetGalleyFrance.
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« Si tu n'es pas prêt à risquer ta peau, deviens pizzaiolo. »

C'est en ces termes que l'on peut caractériser le combat quotidien mené par les chefs des « étoilés » du monde. C'est un métier d'hommes d'ailleurs souvent inspiré par des femmes comme Mesdames Point, Pic et Brazier mais, soyez apaisées, il n'y aura plus jamais de parité.
Les coqs se sont emparés des cuisines, les ergots acérés pour laminer, émincer, hacher les velléités et s'emparer des macarons de la consécration tant convoités et de temps à autre méprisés une fois obtenus. Kafkaïens les chefs ? Non, seulement des hommes justement. « Egocentriques, violents et autodestructeurs. C'est le métier qui veut ça. »

Il a bien eu raison Gautier Battistella de créer de toutes pièces un chef de fiction, Paul Renoir, pour doucement égratigner les chefs en faction.
Quinze ans chez Michelin à suivre la piste aux étoiles et à déguster l'excellence quotidienne lui ont surement fait digérer tous les honneurs, les fastes, les lustres, mais aussi les bassesses, les humiliations et les chutes que ce métier plus qu'un autre révèle.

On va assister à des prises de pouvoir, à des ascensions fulgurantes à des déchirements familiaux et à des effondrements retentissants.

« Imaginez Usain Bolt remettre son titre en jeu deux fois par jour. »

On va vivre la création de la bistronomie, cette gastronomie de bistro tellement alléchante et follement divertissante. « Ce rejeton égoïste, l'enfant gâté des bobos parisiens. »

Orgueil et erreur de jugement, chefs aux lauriers tressés et aux bouquets garnis d'étoiles, n'avez-vous vu rien venir, aveuglés par le guide ?
La cuisine de papa ne passe plus comme crème, il faut alléger, raccourcir les cuissons, donner du peps et du croquant, utiliser l'amer qu'on voit danser le long de nos papilles plus très claires.

Il est à la fois lourd et divertissant ce livre du temps qui passe. Décalage garanti à le bouquiner entre un oeuf mayo sur une nappe à carreaux et un Bo-bun dans le bureau.
De chez M. Bocuse et sa volaille féerique au moléculaire de Ferran Adria l'espagnol au gaz carbonique il en aura fallu des ambitions dévorantes pétries d'exaltation autant que de désillusion pour obtenir de l'inédit, conquérir des palais neufs prêts à fondre pour des alliances insolites et des assemblages ludiques.

« La cuisine a été longtemps une profession de voyous destinée à des gentlemen. »

Ceci dit, je ne vais pas cracher dans la soupe aux truffes, ce roman m'a fait revivre de magnifiques anniversaires et de fabuleux repas d'affaires en compagnie de vraies personnalités passionnées et passionnantes, leurs plats mythiques inscrits dans mon coeur comme des monuments au patrimoine de l'Unesco.



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"Chef" est un roman documenté sur la gastronomie qui plaira à tous les gourmands ! Un très bel hommage à la cuisine française !
A découvrir chez @audiolib dès le 27 mars prochain grâce à l'interprétation alléchante de François Hatt !
A déguster sans modération !

À travers le destin du personnage de Paul Renoir se dessine l'histoire de la cuisine française, cet art du quotidien, inventé par les femmes avant que les hommes ne se l'approprient. Hier méprisé, aujourd'hui célébré, le chef demeure une star ambivalente, et la cuisine, une bien cruelle maîtresse qui exige qu'on lui sacrifie ce qu'on a de plus précieux.

Paul Renoir vient d'être élu meilleur cuisinier du monde. Son restaurant "Les Promesses", trois étoiles au Guide, connaît un succès retentissant. Jusqu'à ce que l'on découvre son corps, et le fusil avec lequel il a mis fin à ses jours. Qu'est-il arrivé ? La bataille sans merci qui fait rage autour de son héritage suggère un passé plus trouble qu'il n'y paraît.

Je remercie @Audiolib et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce roman qui met l'eau à la bouche.

J'ai beaucoup aimé l'originalité de ce roman où se mêlent personnages fictifs et réels, ce qui donne de la vraisemblance et de l'authenticité au récit documenté de ce chef étoilé fictif tellement attachant qu'est Paul Renoir.

Ce roman incisif n'est pas sans rappeler le suicide réel de Bernard Loiseau. le récit de Paul Renoir permet de mieux appréhender l'histoire d'un chef cuisinier et d'offrir un éclairage sur ce métier passionnant, mais aussi éprouvant, à cause de la pression médiatique ressentie par le protagoniste avant son geste fatal.

Gautier Battistella a été journaliste gastronomique au guide Michelin pendant quinze ans, il a donc côtoyé les grands chefs en coulisses et il sait parfaitement nous transmettre sa passion pour la gastronomie française en nous dévoilant ses secrets plus ou moins avouables. L'ambiance est souvent très dure, parfois violente dans ce monde impitoyable, machiste, où aucun détail sordide ne nous est épargné. Sexe, drogue et alcool sont des exutoires qui permettent de tenir dans la brigade.

L'interprétation très juste de François Hatt qui incarne avec talent les différents personnages rend l'écoute très agréable. Sa lecture expressive est vraiment captivante grâce à une intrigue prenante qui intercale passé et présent pour mieux ménager le suspense jusqu'au geste irrémédiable.

L'émotion est bien perceptible car la voix du narrateur, qui module son intonation en fonction du caractère des différents personnages, est un très bon vecteur des sentiments. Un livre profondément humain, de chair et de sang, qui rend hommage à ce beau métier d'artisan et de passion !
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J'ai eu la chance de recevoir la sélection 2022 du Prix Relay des Voyageurs lecteurs cette année. Merci aux organisateurs pour leur confiance renouvelée ! le premier titre sorti est celui-ci car j'ai tout aimé de ce que j'ai lu pour l'instant de Gautier Battistella. Et je n'ai encore une fois pas été déçue car ce livre est de nouveau un coup de coeur de lecture pour moi ! J'aime décidément son écriture et sa manière de raconter les histoires, ce petit quelque chose de cruauté qui existe dans la vie et qu'il n'hésite pas à inclure dans ses récits… Paul Renoir vient d'être sacré « meilleur chef du monde » lorsqu'il met fin à ses jours avec son fusil de chasse. Tout le monde est sous le choc, et surtout la brigade des Promesses, le restaurant trois étoiles du Guide. Il n'est pas le premier chef malheureusement à effectuer ce geste fatal. Est-ce la pression des étoiles ? Ce portrait que Netflix était en train de tourner sur lui ? Ou alors la tension financière que met Natalia, sa veuve, dans leur affaire ? Les ennemis aux abois se dévoilent rapidement, alors que le sous-chef, Christophe, déploie tous ses talents pour sauver le restaurant. le monde de la gastronomie française est en deuil. le roman en profite pour raconter son histoire via le destin personnel et particulier de Paul Renoir, une histoire faite de tradition et de recherche perpétuelle de nouveauté, où tous les coups sont permis, ou presque… Je ne m'attendais pas à être aussi happée par ce livre, par son intrigue, mais aussi par la passion communicative du personnel des cuisines pour leur métier. J'ai beaucoup pensé à la ferveur du dessin animé Ratatouille. Gautier Battistella, journaliste gastronomique au guide Michelin pendant quinze ans, a côtoyé ce monde particulier des grands chefs, cela se sent dans sa connaissance du milieu, des plats, mais également dans son talent d'écriture, incisif et brillant.
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critiques presse (4)
LeFigaro
21 juin 2022
Une plongée romanesque dans les cuisines et les arrière-cuisines de la haute gastronomie française.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
L’écriture est un vrai régal, et l’histoire se dévore avec beaucoup de plaisir.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
26 avril 2022
Gautier Battistella, ancien journaliste du Guide Michelin, publie une bombe à fragmentation sur la gastronomie française.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeFigaro
24 mars 2022
À travers l'histoire d'un grand cuisinier qui finit par se suicider, l'auteur évoque l'évolution de l'art culinaire français.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas tout: depuis peu, des mémoires douloureuses ressurgissent à l'improviste. Quand on vieillit, nos souvenirs rajeunissent et leurs échos sont assourdissants. C'est peut-être pour cela que les vieux deviennent sourds, pour ne plus les entendre.
(page 315)
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Un cuisinier heureux, ça n'existe pas. Ceux qui disent le contraire sont des enjôleurs. Devenir chef, c'est entrer en conflit avec l'univers. Avec les fournisseurs en retard ou qui proposent de la qualité médiocre; avec sa brigade qui ne travaillera jamais tout à fait comme on le souhaite; avec sa femme qui ne vous voit jamais assez; avec son banquier, qui trouve qu'il vous voit trop; avec soi-même surtout, prisonniers que nous sommes tous de nos rêves déçus ou avortés.
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En entrant chez Maxim's, j'éprouve autant d'excitation qu'un écrivain qui pénétrerait dans la chambre de Proust. Tout n'est qu'ondulations courbes, libellules et papillons. Tout s'enchevêtre, s'enroule et se confond.
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J'apprends que ma purée de brocoli manque d'assaisonnement ou que l'harmonie gustative entre l'encornet et l'ormeau n'est pas évidente, mais on peut aussi trouver trop ronde la fesse gauche de Scarlett Johansson.
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La gastronomie française est, avec la littérature, le luxe et peut-être le mauvais esprit, un trésor national.
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Vidéo de Gautier Battistella
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