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EAN : 9782330096380
158 pages
Actes Sud (07/03/2018)
3.22/5   9 notes
Résumé :
Onze histoires réjouissantes, souvent traversées du désir de vies nouvelles, d'envolées possibles, de futurs parfaits. Mais c'est chez Véronique Bizot comme dans la sagesse populaire britannique, il faut se méfier de ce que l'on espère. Car quand les choses se réalisent, il arrive qu'on les contemple avec une satisfaction proche du désespoir.Où l'on retrouve tout le sel de l'univers de l'auteur d'Un avenir et de Âme qui vive, son sens du contre-pied, une intimité ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Jean est arrivé avec un gâteau, du moins a-t-il déclaré qu'il avait apporté un gâteau, assez gros, lui semblait-il, pour nous tous, après quoi il a souri et, souriant toujours, il s'est effondré sur les tomettes de la salle à manger où il est mort. » Ainsi débute l'une des onze nouvelles de ce recueil et ça donne plutôt bien leur ton général. Véronique Bizot, dont j'avais déjà beaucoup apprécié les deux romans* que j'ai lus, ne souscrit pas à un quelconque code. Il n'est donc pas question de chute, de progression narrative, d'attente créée ou non, pas même de thème, d'ailleurs (tout au plus est-il à chaque fois question, d'une manière ou d'une autre, d'habitation). Non, ce qu'elle fait, c'est saisir un instant, une situation, un moment et l'étirer dans tous les sens possibles pour en extraire une forme d'exactitude. Ainsi, dans « A très bientôt », c'est autour d'une invitation non rendue que s'articule le texte; deux écrivains se sont établis à la campagne et ont invité, après une intervention à la petite bibliothèque du village, la bibliothécaire et son mari ainsi qu'une prof de français et son mari. Tout s'est bien passé. Mais personne ne les a invités en retour. Et c'est sur cette interrogation, anodine et qui ne crée pas de malaise particulier, que se mettent en place de longues phrases fascinantes qui, tout en s'inscrivant parfaitement dans l'univers de l'histoire déclinée, ne nous emmènent jamais tout à fait où nous pensions. Tout en volutes et spirales, l'univers très particulier de cette autrice est addictif au possible. J'aime énormément !

« Âme qui vive » et « Mon couronnement »
Lien : https://cuneipage.wordpress...
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Je reste perplexe. Ces nouvelles parlent de petits ou grands événements, d'impression, de questionnements, de situations parfois absurdes. Elles ne sont pas faciles à lire. J'ai eu un peu de mal à me souvenir de toutes. Deux ou trois sortent cependant du lot : Berline, mais surtout les deux dernières Loin d'Alexander Street et l'Eté des Pastern... qui pour ma part sauvent le recueil.
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critiques presse (1)
Lexpress
05 juin 2018
Débordant d'une humanité soigneusement observée, Bizot éclaire les fragilités de l'âme et les attrape-nigauds du temps qui passe. L'humour noir en embuscade.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Elle dit encore à la jeune professeur de français qu’elle est en train de lire le journal de Gombrowicz et qu’elle lit aussi pas mal de Série noire. Elle se dit que peut-être elle en dit trop. Ils vont s’asseoir dans les canapés pour le café et ils se mettent à parler des attentats. Le mari de la bibliothécaire y voit un décalage de civilisation, il faut laisser à ces populations, dit-il, le temps d’évoluer. Il s’exprime longuement sur le sujet, avec une sorte d’autorité, cependant que la tête de la bibliothécaire a tout à coup plongé vers l’avant, de façon assez spectaculaire. Elle a connu autrefois un homme qui s’endormait en plein dîner, au milieu des conversations, elle croit savoir qu’il s’agit d’une pathologie, quoiqu’elle ne soit pas absolument certaine que la bibliothécaire se soit endormie
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Tout d’abord, je crus que l’homme m’avait demandé si je connaissais une phase sérieuse, ce à quoi j’aurais pu répondre, sans toutefois entrer dans les détails, que je n’en avais jamais connu d’autre. Je ris en effet très peu, non que je l’aie décidé, mais les choses étant ce qu’elles sont, le rire ne s’impose pas et j’ai donc pris l’habitude, dont on ne se défait pas comme ça, de ne pas rire. J’envisageai naturellement d’avoir affaire à un détraqué, mais au regard qu’il me lança je vis qu’il était accablé, comme le sont rarement les détraqués, et je m’approchai de lui, posant mon bagage au sol. Voici maintenant un an que je cherche cette phrase sérieuse, me dit-il, un an enfermé là-dedans – du pouce, il désigna le théâtre dans son dos –, à subir chaque soir leur hilarité et leurs ovations. J’ai tué une femme, leur dis-je chaque soir depuis un an, je l’ai sauvagement égorgée sur mon paillasson, et ils éclatent de rire. Avant cela, j’ai fait des faux en écriture, transmis des renseignements confidentiels à l’ennemi, adolescent, j’ai braqué une boucherie, et ils se tiennent les côtes. Il n’est rien de tout ça que je n’aie réellement fait, m’affirma-t-il, je n’invente rien. Et il y a là-dedans – il désigna à nouveau le théâtre – des gens pour, et ce chaque soir depuis un an, venir m’entendre débiter la liste de mes forfaits, et j’ai beau plaider coupable, ils ne font que glousser et m’acclamer.
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Chaque soir, me dit l’homme, j’entre donc en scène avec une phrase sérieuse, convaincu que cette fois ils ne riront pas, mais ils rient, ils rient aussitôt que je parais. Je ne suis qu’un petit fonctionnaire minable, leur dis-je aussitôt entré sur scène. Je n’ai jamais eu le moindre ami. Ma grand-mère me faisait boire son urine. Tout cela est rigoureusement exact, me précisa l’homme, et il n’y a pas là, que je sache, de quoi s’esclaffer, et pourtant c’est ce qu’ils font. Le directeur sait parfaitement que, quoi que je dise, c’est ce qu’ils feront. Vous les entendez ? s’écrie-t-il dès que je sors de scène, et il me tape sur l’épaule en m’envoyant la fumée de son cigare à la figure.
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Certains d’entre nous finirent ainsi par imaginer, avec une légère inquiétude, que l’étranger était en train d’élaborer un projet, et que ce projet, quel qu’il fût, était destiné à se matérialiser ici, dans notre petite ville, que l’on soupçonnait notamment de reposer sur une mine de cuivre à propos de laquelle il avait fallu à plusieurs reprises décourager la convoitise d’ingénieurs ou de financiers venus là inspecter les lieux, exactement comme semblait le faire l’étranger. Or la loi tacite de cette ville ne s’appliquait pas à un projet de cette nature, la loi tacite de cette ville était ailleurs, dans une sorte de discernement qui dédaignait toute forme excessive de développement au profit d’une paix de l’esprit qui avait fait ses preuves, ce qui, nous l’avions constaté, n’était pas le cas là-haut à Abrudenza, où les habitants semblaient plus ou moins constamment sur le point de s’écharper.
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Le jour où j’ai égorgé cette femme sur mon paillasson, poursuivit-il, j’ai cru qu’on me mettrait en prison, en toute logique c’est en prison qu’on aurait dû m’envoyer, mais voilà qu’on m’a conduit ici, dans ce théâtre, et qu’à peine le rideau levé ils se sont tous tordus de rire. Et pendant ce temps, me dit-il, l’autre, mon voisin de palier, l’innocent, l’acteur professionnel, croupit à ma place en prison. Rendez-vous compte, me dit-il, un ancien pensionnaire de la Comédie-Française, accusé de tous mes crimes, clamant depuis un an son innocence derrière les barreaux comme je clame depuis un an ma culpabilité sur une scène de théâtre.
Chaque soir, me dit l’homme, je les exhorte à ne pas rire, je décline à nouveau la liste de mes forfaits, j’atteins des sommets horrifiants, et chaque soir ce ne sont qu’hilarité et ovations.
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Video de Véronique Bizot (1) Voir plusAjouter une vidéo

Mon couronnement
Dans un salon du Collège Franco-Britannique à la Cité Internationale Universitaire de Paris, Olivier BARROT présente le livre de Véronique BIZOT "Mon couronnement" paru aux éditions Actes Sud. Interview de l'auteure par Olivier BARROT.
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