« Jean est arrivé avec un gâteau, du moins a-t-il déclaré qu'il avait apporté un gâteau, assez gros, lui semblait-il, pour nous tous, après quoi il a souri et, souriant toujours, il s'est effondré sur les tomettes de la salle à manger où il est mort. » Ainsi débute l'une des onze nouvelles de ce recueil et ça donne plutôt bien leur ton général.
Véronique Bizot, dont j'avais déjà beaucoup apprécié les deux romans* que j'ai lus, ne souscrit pas à un quelconque code. Il n'est donc pas question de chute, de progression narrative, d'attente créée ou non, pas même de thème, d'ailleurs (tout au plus est-il à chaque fois question, d'une manière ou d'une autre, d'habitation). Non, ce qu'elle fait, c'est saisir un instant, une situation, un moment et l'étirer dans tous les sens possibles pour en extraire une forme d'exactitude. Ainsi, dans « A très bientôt », c'est autour d'une invitation non rendue que s'articule le texte; deux écrivains se sont établis à la campagne et ont invité, après une intervention à la petite bibliothèque du village, la bibliothécaire et son mari ainsi qu'une prof de français et son mari. Tout s'est bien passé. Mais personne ne les a invités en retour. Et c'est sur cette interrogation, anodine et qui ne crée pas de malaise particulier, que se mettent en place de longues phrases fascinantes qui, tout en s'inscrivant parfaitement dans l'univers de l'histoire déclinée, ne nous emmènent jamais tout à fait où nous pensions. Tout en volutes et spirales, l'univers très particulier de cette autrice est addictif au possible. J'aime énormément !
«
Âme qui vive » et «
Mon couronnement »
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