AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742773343
101 pages
Actes Sud (06/03/2008)
3.25/5   4 notes
Résumé :

Six nouvelles impeccablement (dé)réglées, impitoyablement logiques, sur le fil de la dinguerie et de l'absurde, pour découvrir un écrivain singulier chez qui l'exploration des solitudes et des angoisses déclenche un rire curieusement réconfortant. Il y a en effet dans l'étrangeté des histoires courtes de Véronique Bizot une familiarité inattendue, une qualité de décalage qui parachèvent... >Voir plus
Que lire après Les JardiniersVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Six nouvelles et presque autant de surprises. Car l'univers de Véronique Bizot peut basculer à tout moment du quotidien le plus banal à une espèce de douce folie ambiante. Je voudrais vous livrer la dernière phrase de la quatrième de couverture "tout ce petit monde creuse sa tombe comme on taille des haies. Nous sommes tous des jardiniers". C'est un constat plutôt sombre car on s'acharne à travailler, à embellir, à couper droit pour au final être obligé de toujours recommencer jusqu'à épuisement. J'avais apprécié le style de cette écrivain dans son tout dernier livre, Un avenir. Ici je retrouve avec plaisir le ton percutant, les histoires fantaisistes, les personnalités dérapant sur fond de vie qui continue inexorablement. Que penser de la tour? Un beau-père arrive et, sitôt entré dans l'appartement, se propulse par la fenêtre. Et les personnages de s'activer pour rapatrier le cercueil à la famille tout en cachant à la principale intéressée la venue éclair - et pourtant fatale - de son paternel.
Ce qui est glaçant au fond ce n'est pas ce qui leur arrive à chacun - quoique tous soient "gâtés" par la vie -, c'est l'aspect formel, comme inéluctable, de la narration. On sait que quoi qu'il arrive c'est comme ça et pas autrement. Les gens sont confrontés à ce qui leur font horreur : les rats, pour le couple d'Anglais venus passer leur nuit de noces dans un petit hôtel (dans la nouvelle L'hôtel), la femme de Georges (dans la nouvelle éponyme). C'est froid et implacable ! Et c'est juste un régal de lecture !
Commenter  J’apprécie          50
Véronique Bizot est une écrivaine française née à Paris en 1958. Elle écrit des nouvelles et de courts romans. Les Jardiniers est un recueil de 6 nouvelles paru en 2008.
Tout est assez étrange avec ce bouquin. Ne serait-ce, déjà, que la façon dont il m'est arrivé entre les mains puisque je l'ai trouvé sur un banc parisien, entre la Sainte Chapelle et le Palais de Justice, où il attendait qu'un curieux se penche sur son cas. Ce que je fis, jamais à renâcler devant une lecture gratuite et fort aise l'ayant terminé, de cette bonne affaire. Oui, ce recueil est excellent.
Excellent car toujours déroutant ou surprenant. Véronique Bizot construit ses nouvelles avec une subtilité très maitrisée, chaque texte est très détaillé pour ce qui est accessoire mais très flou, pour ne pas dire plus parfois, pour l'essentiel ! Au mieux des bribes d'explications viennent a postériori éclairer le lecteur. Des dialogues, sans tirets pour les marquer, ajoutent à la densité et achèvent de vous plonger dans la perplexité.
Si on ne sait pas toujours de quoi il est réellement question dans certaines de ces nouvelles, n'allez pas croire qu'on s'en désintéresse, au contraire, c'est ce qui en fait le charme ! Par exemple, cet hôtel huppé au Portugal (L'Hôtel) où séjourne un couple de jeunes mariés, la jeune femme se plaint d'avoir vu des rats dans sa chambre, est-ce vrai ou faux ? En tout cas, c'est assez drôle. A l'inverse, dans La femme de Georges, la chute est digne d'un roman noir, quant à La Tour, là nous sommes dans une gentille extravagance avec un beau-père qui se défenestre à peine arrivé à Paris et le gendre avec un ami vont ramener le corps dans un bled d'Arménie pour l'enterrer de leurs propres mains on ne sait pas trop où… ça ressemble à du n'importe quoi dit comme ça, mais en fait c'est captivant car Véronique Bizot écrit très bien et chaque ligne nous réserve une surprise ou une interrogation.
Alors n'hésitez pas, si ce court bouquin passe à votre portée, sautez dessus, il mérite qu'on s'y attarde.
Commenter  J’apprécie          20
Véronique Bizot est douée pour créer une atmosphère étrange, en apparence banale mais où l'on sent poindre quelque chose de moins innocent. le ton, distancié et souvent caustique est savoureux, il n'y a plus qu'à attendre la chute, absurde ou féroce, c'est selon.

Pourtant, dans ces sept nouvelles nous sommes entre gens bien. Ce qui n'empêche pas les petites ou grandes vengeances de mijoter doucement, mais sûrement. Comme par exemple dans "la femme de Georges" où un narrateur observe une piscine en contrebas, sans que nous comprenions le lien entre les occupants. La chute est glaçante.

Quant à la jeune mariée anglaise de l'extrait, si elle crie autant, c'est qu'elle affirme avoir vu des rats en entrant dans sa chambre. Des rats dans un hôtel de luxe ! Est-ce vrai, est-ce inventé ? Et dans quel but ?

Dans la première nouvelle, une soeur se venge de son frère absent depuis trop longtemps en transformant le jardin de la propriété. Lorsqu'il rentre enfin, la jungle qu'il avait laissée volontairement prospérer a été transformée en jardin au cordeau, fleuri et domestiqué à outrance. Les jardiniers qui y travaillent tous les jours narguent le narrateur exaspéré.

Et que dire de ce beau-père tout juste arrivé d'Arménie dans une tour de luxe parisienne. le temps que son gendre tourne le dos, il a disparu, défenestré. Comment l'annoncer à sa fille, à l'étranger pour son travail, comme toujours. le narrateur préfère ramener le corps du beau-père en Arménie et l'enterrer à la va-vite.

Des narrations simples, mais décalées, des phrases longues, des petites digressions, je n'ai jamais été déçue par un texte de l'autrice, que ce soit les nouvelles ou les romans. J'en ai encore quelques uns à découvrir.


Lien : http://legoutdeslivres.haute..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les rugbymen, s'ils étaient tombés sur ces rats, auraient immédiatement pris le contrôle de la situation, la vision de ces rats ne les aurait envoyés à rien qu'à la nécessité immédiate de les anéantir, ils auraient aussitôt saisi tout ce qui leur tombait sous la main pour les anéantir, eussent-ils dû décrocher les tringles à rideaux. Les rats ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, qui ont évité les chambres des rugbymen. (pp. 53-54)
Commenter  J’apprécie          40
Encombrés du cercueil, qui, à la sortie de l’avion, fut hissé dans un petit camion de location, nous ne nous attardâmes pas à Erevan. Quelque quatre heures d’une route accidentée en direction d’Artashat nous attendaient avant le village du beau-père de Saez où, avions-nous pensé, il se trouverait bien quelqu’un pour se charger des obsèques, auxquelles nous n’étions pas certains de vouloir assister. Saez conduisait, d’une conduite obstinée, et je dus passer à l’arrière du camion pour tenter d’empêcher le cercueil de brinquebaler et de venir cogner aux parois du véhicule, bénissant le ciel que nous ayons refusé le modèle avec hublot qui nous avait été proposé au motif que les proches du mort pourraient une dernière fois contempler son visage. [La Tour]
Commenter  J’apprécie          10
J'ignore si vous avez entendu ce cri que la femme a poussé, une Anglaise, un cri aigu, perçant, comme seules les Anglaises savent en produire. J'ai moi-même entendu ce cri, depuis mon balcon où j'étais allongée dans ma chaise longue, ces chaises longues qu'ils ont ici sont tout simplement des modèles de confort. Mais du mari rien, pas un mot. On se méfie lorsqu'on entend une femme crier dans un hôtel, surtout un hôtel comme celui-ci, irréprochable à tous égards. Aussi ai-je tendu l'oreille, sans pour autant me lever, ce qui me prend un certain temps comme à vous je suppose, ni vous ni moi ne nous levons plus d'un bond, n'est-ce-pas, l'époque où nous nous relevions d'un bond de nos sièges est révolue, bel et bien révolue, cela va sans dire.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Véronique Bizot (1) Voir plusAjouter une vidéo

Mon couronnement
Dans un salon du Collège Franco-Britannique à la Cité Internationale Universitaire de Paris, Olivier BARROT présente le livre de Véronique BIZOT "Mon couronnement" paru aux éditions Actes Sud. Interview de l'auteure par Olivier BARROT.
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20248 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}