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EAN : 9782851948199
48 pages
Fata Morgana (24/11/2011)
3.62/5   13 notes
Résumé :
"Un matin sur le rebord de la fenêtre, il y a eu dans cette chambre, d'un côté le dessin d'un visage, de l'autre un bouquet de pivoines. Ils sont entrés en lutte. Ce livre est la chronique de leur guerre."
C.Bobin
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici le récit d'une guerre que se livre, dans le coeur de l'auteur, l'autoportrait dessiné d'un ami et un bouquet de pivoines.
Ça peut paraître curieux, c'est juste la poésie de Christian Bobin ou plutôt la poésie juste de Christian Bobin.

Le portrait part avec un sérieux handicap; il fait naître chez l'auteur tantôt l'amour tantôt la haine, il le cache puis le met en évidence.
Les pivoines, elles, sont comme une explosion divine instantanée, sans durée et sans bruit.
La question de la victoire semble ne même pas devoir se poser.

« Aucune mort n'est éternelle » nous dit Christian Bobin.
Comme un message qu'il nous envoie depuis l'autre côté qu'il a atteint à présent.
Qu'est donc ce hasard qui veut que ce premier texte, de lui, que je lis depuis qu'il nous a laissés, nous parle précisément de la mort ?
La mort n'est pourtant pas son sujet de prédilection. Et là, elle est là, alors qu'il nous parle de la vie, des fleurs, du beau, du laid, de l'humain inhumain.
J'ai trouvé ce poème - car c'est un poème à mon sens - empli d'une tristesse inhabituelle. Mais peut-être est-ce ma tristesse d'avoir perdu ce cher compagnon qui a imprégné ma lecture...

Mais qui était vraiment Christian Bobin ? Un ange ? Comment pouvait-il nous faire toucher du doigt le sacré, comme ça, sans point sur les "i" ?

Bien sûr il faut vouloir le sentir, il faut ouvrir notre coeur pour qu'il puisse y pénétrer. Ainsi plusieurs fois j'ai lu, imperturbable, certains chapitres sans émotion comme on lit la notice superflue d'un tableau dans un musée. Et puis une fois, une autre fois, différente on ne sait en quoi, les mots ont flotté, ont glissé jusqu'à mon âme - c'est ça, mon âme - et y ont oeuvré.

Il faut lire Bobin, comme on médite, sans rien en attendre, et laisser faire...
Parfois ça marche et c'est, comment dire....divin.

Post scriptum :
Cette édition Fata Morgana est un joyau ; chaque page de son vélin lisse doit être coupée par le lecteur, comme un cadeau. Un plaisir infimes, intime, suranné et égoïste.


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Librairie Les Mots et les Choses- Boulogne- Billancourt- Jeudi 7 juillet 2022- En furetant pour la toute première fois dans cette librairie indépendante...


Ne m'étant pas immergée depuis un long moment dans l'univers et la poésie de Christian Bobin, que j'affectionne immensément, j'étais très , très heureuse de "ma trouvaille"...

Trouvaille, en réalité, épuisée aussitôt après sa première publication en 2011, par le même éditeur. Fata Morgana a donc décidé de rééditer ce texte, devenu introuvable....depuis toutes ces années !

Un très beau titre pour des fragments démarrant sur un mystérieux portrait, assez tourmenté, me faisant curieusement songer à Antonin Artaud...
Rien de tout cela, il s'agit de l'autoportrait dessiné par Gilles Dattas.

Intriguée... je fais quelques recherches; le mystère restera quasi entier, en dehors du fait que cet artiste- poète écrit tout en étant illustrateur , dont illustrateur d'un autre texte de Christian Bobin, "Ressusciter "

Christian Bobin rend hommage à "un artiste inconnu","un peintre inconnu", et à tous les artistes anonymes qui créent pour nous de la beauté....Hommage aussi à cet ami créateur, Gilles Dattas, qu'il sort de l'anonymat avec ces "éclats de solitaire" et ces fragments poétiques...

On retrouve les mêmes thèmes récurrents chers à l'auteur: la Beauté absolue se trouvant dans les détails les plus ordinaires ou les plus insignifiants...la Solitude de chacun, le refus de la laideur dans le quotidien de notre société dite " moderne", la lassitude de vivre rencontrée sur certains visages croisés sur le chemin, et toujours cette beauté de la nature , mais aussi les rêves et une autre Beauté offerts par les artistes et les écrivains ( une brève parenthèse faite à Marcel Proust),une tristesse sous-jacente vis à vis d'une déperdition de l'humain ... et cette Nécessité du Beau, pour échapper à la difficulté de Vivre !

"Le dessinateur, qui aujourd'hui travaille au Petit Palais, a l'oeil absolu.Un jour, voyant une jeune femme en robe noire contempler, fascinée, une amphore sur laquelle sont peintes des jeunes filles vêtues de noir, il murmure : "un chef-d'oeuvre qui regarde un chef-d'oeuvre ". Ou bien, sur les rues de Paris : On n'a pas le droit de jeter une canette de bière dans le caniveau, mais on a le droit d'y garer toutes ces voitures qui sont plus laides que des canettes géantes ".Et, à propos des statues équestres de Louis XIV dans les squares : " personne ne les regarde parce qu'elles ne sont pas dans un musée. Elles sont les clochards de l'art".(p.25)

Toujours un sentiment spécial, hors du temps, en savourant lentement la langue, le style minimaliste, épuré, poétique et magique de Christian Bobin...
Toutefois, comme tous les écrits de Bobin, chaque lecteur s'immerge dans un monde du Silence et de l'infiniment Petit...et y trouve sa ou ses" pépite (s)" toute(s) personnelle(s)...

Cet " Eclat du Solitaire " ne fait pas exception à la règle. de nombreuses digressions je pourrai rajouter, mais l'un des plaisirs particuliers de l'immersion dans les mots de Christian Bobin, est de se laisser porter !


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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J'ai dans mon crâne un cimetière portatif.Les tombes en sont blanches, régulièrement nettoyées. Sur chacune, un titre de livre.Ce matin je suis allée porter la fleur de mes yeux sur la tombe du si sensible Proust.Quatre pages sur l'infernal amour de Swann.J'ai lu debout près de la cuisinière en attendant que l'eau pour le thé chantonne. J'ai attendu un siècle, rouvert par la lecture des portes dérobées, inquiété des gisants, ranimé les terribles fantômes des amours naissants. L'eau enfin chaude, je suis sorti du cimetière que tout lecteur porte dans son crâne et, avec la première fleur de thé, laissé venir au jour cette pensée : personne n'est plus fort qu'un brin d'herbe.(p.24)
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Cette étrange sensation d’être sur un chariot dont les chevaux emballés ne répondent plus aux ordres. La mort est au bout mais la vitesse à laquelle nous arrivons sur elle permettra de la franchir : de l’autre côté quelqu’un saura arrêter les chevaux.
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L'humain se fait fantôme pour n'avoir plus à vivre. L'irréel et ses paravents travaillent à le consoler de la mort.

Mais rien n'est plus consolant qu'un vieux livre de papier avec ses cernes d'encre.

Mais rien n'est plus fraternel qu'un visage passé au feu d'un abandon.
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L'autoportrait du dessinateur est réalisé dans les toilettes du Louvre, un petit matin de l'hiver 1995.C'est un hiver où la France est tétanisée de grèves. Le dessinateur travaille comme gardien au Louvre.Depuis une éternité il porte la croix de marbre des petits métiers. Des milliers de gens croisent chaque jour l'insoupçonnable : il faut imaginer Grünewald portant l'uniforme et répondant des dizaines de fois par jour aux touristes qui demandent leur chemin.( p.16)
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Si les paupières des nouveau-nés, la dérive des nuages ou la fleur de sel des poèmes nous chuchotent quelque chose de l’éternel, c’est parce qu’elles sont cet éternel.
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Videos de Christian Bobin (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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