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L'Enjomineur tome 1 sur 4

Vincent Madras (Illustrateur)
EAN : 9782841722884
414 pages
L’Atalante (14/10/2004)
3.81/5   190 notes
Résumé :
" Ta qu'as appris à lire, Milo, te pourrais trouver bérède meu qu'un failli travail de commis."

Émile ne l'entend pas ainsi, lui qu'on dit l'enfant d'une fée, élevé par un prêtre ouvert aux idées nouvelles, s'engage comme saisonnier dans une ferme de la plaine de Luçon.

Nous sommes en 1792. Dans le bocage vendéen ulcéré par la Constitution civile du clergé, agité par une aristocratie crispée sur ses privilèges, la révolte couve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Je retrouve Pierre Bordage après presque dix ans dans un genre autre que la science-fiction.
J'imagine que l'auteur a dû prendre un certain plaisir à écrire cette trilogie si l'on considère qu'Emile, l'un des deux principaux personnages, est né comme lui à "La Réorthe" en Vendée.
Si vous avez visité la Vendée à l'intérieur des terres, vous constaterez que cette période de l'histoire, la révolution française (La guerre de Vendée, les chouans), y a laissé des traces indélébiles, une part importante du tourisme local y étant consacrée.
J'ai aimé le style et l'écriture, aimé la narration alternant un chapitre sur deux entre Emile et Cornuaud, chacun étant entraîné dans le tourbillon des événements tragiques de la révolution et son cortège d'horreurs. Deux destins, deux vies, deux personnalités diamétralement opposées qui vont nous permettre de porter un regard acéré et sans complaisance sur cette période sombre de notre histoire vécue à Nantes, Paris et en Vendée.
C'est un roman historiquement précis, les événements, les lieux et les personnages annexes ont existé et tous les aspects vont être évoqués pour expliquer pourquoi de tels excès ont été perpétrés.
La religion, les superstitions, une certaine forme de vie en autarcie, des moeurs d'une autre époque, des raisonnements étriqués loin du "siècle des lumières" qui est parfois évoqué, l'auteur nous fait entrer avec talent dans un univers qui nous ramène presque au moyen-âge.
Je précise quand même qu'il s'agit d'un récit très sombre, violent souvent car en adéquation avec le contexte qui est celui d'une grande période de troubles.
Il y a aussi une part de fantastique dans ce roman, pas omniprésente ni exagérée mais habilement amenée.
Si je devais mettre un bémol (mais bon, c'est très peu de choses finalement), c'est l'utilisation fréquente du patois que j'ai trouvé assez pénible à décrypter parfois, pour le reste j'ai pris beaucoup de plaisir à ce premier tome qui augure bien de la suite.
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Mais pourquoi je lis si peu de Bordage moi ?
Celui-ci j'avais prévu de le lire il y a deux ans pour le challenge Bordage. Je le lis que maintenant, et encore parce que des amis trolls m'y ont incité pour une LC. Navrant !

Première intrusion dans un Bordage fantasy pour moi (faut dire qu'il n'y en a pas beaucoup). Enfin… fantastique en tout cas, et encore assez léger ; on est à la limite du roman historique, un excellent.
Transcendant les genres, l'auteur inclut ses invariants, ses éléments qui sont sa marque de fabrique. On retrouve l'excrément de ce que l'humanité est capable de produire et de ressentir, présenté sans édulcorant et avec ce talent qui pousserait presque à vomir devant la noirceur du tableau tout en applaudissant. Et au milieu de cette mer d'entropie, des phares de bonté, d'amour et d'héroïsme qui éclairent d'autant mieux par contraste (la scène du mariage de village restera dans ma mémoire). Invariants sur la forme aussi : deux points de vue seulement, alternés dans les chapitres, qui sont tellement loin l'un de l'autre qu'on se demande si seulement ils vont se rejoindre (l'Évangile du Serpent est le must dans le genre) ; avec un PdV guest-star de temps en temps, histoire de lorgner des événements que les deux acteurs principaux ne peuvent pas connaître.

Parlons-en des acteurs : des bijoux, du petit peuple brinquebalé de droite et de gauche par l'ouragan de la Révolution et qui essaie de garder la tête hors de l'eau. Un Émile parangon de vertus, à la beauté physique autant que morale, éduqué et plutôt acquis aux idées neuves et qui voit monter la contre-révolte en Vendée. Il tourne autour de lui comme un vent de l'ancien monde, du temps où les fées n'avaient pas à se cacher. Un Cornuaud beaucoup plus rude, élevé à l'école de la violence pour la survie, enjominé et cherchant désespérément à s'en sortir, recherche qui l'amène à fréquenter à Paris les sociétés secrètes qui volètent auteur du Club de Cordeliers ; un homme qu'on plaint et qu'on hait par intermittence.

Pierre Bordage a beau se présenter comme un écrivain jardinier, il a travaillé son contexte historique à la perfection. La Commune révolutionnaire – la Révolution Française en général – n'est pas une période que je connais bien et j'ai énormément appris grâce à ce talent de conteur inimitable. Pas besoin de film quand on imagine l'assaut des Tuileries à partir de ces lignes. L'histoire ne nous est pas racontée comme s'il s'agissait d'un progrès vers des idéaux magnifiques, mais comme on raconte la Révolution Russe : un beau bordel où les passions des foules sont manipulées par quelques talentueux orateurs, où la lie des comportements humains a pignon sur rue, où l'on en viendrait à regretter l'Ancien Régime et ses belles Lumières du siècle finissant. C'est effrayant… et tellement réaliste. Je suis à présent beaucoup moins impressionné par un Danton et surtout un Marat ; avant que le sang ne s'échappe de leur corps ils en auront fait couler des barils entiers. J'ai plus d'une fois pensé à Staline.

Je l'ai dit, ce livre frôle la perfection. Et la fin nous laisse pantelant, assoiffé, prêts à tout pour lire la suite. Pourtant, je n'ai pas ressenti ce « coup de coeur » qui claque comme un coup de foudre. Plutôt qu'une explosion d'émotion violente, c'est un contentement continu et confortable qui m'a animé. Je pense que la rémanence de ce ressenti se bonifiera avec le temps, comme un excellent cru.

J'ai fini de causer. J'ai hâte de retrouver le patois vendéen qui a illuminé la noirceur tout le long du roman.
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Et bien quand Bordage s'attaque à la fantasy historique ça donne ça !
et c'est rudement bon !!

Je pense que ce livre m'a tout simplement enjominer puisque je l'ai lu d'une seule traite. Impossible de trouver le sommeil (et ce n'est pas faute d'avoir essayé) mon esprit retournait inexorablement vers le livre... jusqu'à ce que j'en arrive a la dernière page. J'ai pesté de ne pas avoir la suite sous le coude (d'un autre côté pour ma santé cela valait mieux !)

On retrouve bien sur les thèmes chers à Bordage (que je ne détaillerais pas), mais traités de façon tout à fait différente que dans ses autres oeuvres. Peut être de façon moins explicite que d'habitude mais cette façon de faire donne un poids important à ces sujets brulants. Peut être aussi le fait que l'histoire se passe pendant la révolution détache un peu le lecteur qui s'immisce du coup plus dans l'histoire.

Mais , et pour ça, je tire mon chapeau à l'auteur, il a un pouvoir de conteur exceptionnel. Il passe d'une description sanglante montrant la cruauté humaineà son apogée à une forme de poésie dans la description d'un paysage ou d'un sentiment de façon magistrale et tellement fluide.
Il n'y a pas si longtemps je ne connaissais cet auteur que de nom.. aujourd'hui je dirais très certainement qu'il est au palmarès de mes auteurs préférés.


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La trilogie de L'Enjomineur (1792 - 1793 - 1794) est une trépidante épopée historique, colorée d'une touche de fantasy, qui emporte le lecteur au coeur de l'éternel et incontournable combat que se livrent le Bien et le Mal.

L'action se déroule juste après la révolution française, à Paris où la Terreur s'épanouit, ainsi qu'en Vendée où sévit la guerre civile.
Ce monde post révolution, conforme à la réalité historique, est parfaitement restitué. Les structures sociales, les modes de vie, et les les croyances de l'époque ont été balayées par une révolution «pour le peuple» qui, après avoir soulevé l'enthousiasme en promettant liberté, égalité et fraternité pour tous, multiplie les censures, les injustices et les divisions, dans la désorganisation la plus totale.
Le climat d'insécurité, renforcé par la délation, favorise l'ascension sociale et l'enrichissement d'opportunistes sans scrupule, exacerbe la peur et libère les pires instincts. Les emprisonnements, les exécutions, et les tortures en tous genres prolifèrent à tous les niveau. Et au désordre général répond une aggravation de la misère.

Le monde réel est relié à un monde magique, invisible pour la plupart des hommes, quoi qu'ayant donné naissance à certaines légendes. Ce monde magique des filles des eaux va confier à Émile, choisi entre tous, la mission d'éliminer l'esprit du mal afin de rétablir la paix.

Par ailleurs, la société de Mithra est une organisation sectaire secrète dont les nombreux adeptes sont issus des classes dirigeantes. Cultivant les rivalités entre les groupes politiques, elle manipule les différentes factions dans le but de s'approprier le pouvoir (politique et religieux). Elle attend juste que son grand gourou, «Le Père des pères», nomme son successeur pour l'asseoir sur le trône du monde.

Les personnage de cette aventure sont assez manichéens mais tout de même suffisamment complexes pour évoluer au fil du récit, surtout les deux principaux que nous suivrons tour à tour du début à la fin.

Émile est un charmant jeune homme à l'esprit ouvert qui ignore tout de sa naissance. Il a été élevé dans un petit bourg vendéen par un abbé éclairé qui lui a prodigué un enseignement intelligent. Les autres villageois, superstitieux, le considèrent d'un mauvais oeil car une légende prétend qu'il est le fils d'une fée. Bien qu'opposé à l'obscurantisme et favorable aux progrès prônés par la philosophie des lumières, Émile est en marge de la révolution et ne souhaite pas prendre parti. Son coeur déborde de l'amour qu'il porte à Perette, une jeune fille auprès de laquelle les fadets l'ont mené.

Cornuaud, également originaire de la Vendée, est un homme égoïste au passé violent. Après avoir abusé d'une enfant sur un navire négrier, il est ensorcelé par une puissante sorcière africaine qui va l'utiliser pour assouvir sa vengeance sur le peuple blanc. Possédé, poussé à massacrer sans distinction ceux qui croisent son chemin, il participe à tous les combats, passant d'un camp à l'autre au gré des circonstances.

Avertissement :
Dans cette oeuvre de Pierre Bordage, les vendéens parlent pas mal, mais pas en français. Enfin pas vraiment... ils parlent en fait un patois qui leur est propre. Au début, ça vous fera froncer les sourcils et plisser le front, mais ensuite vous vous y ferez, et pis ça leur confère une authenticité et ça les attache à leur terre tchés grous fils d'vesse !
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Un titre, "1792", qui annonce un roman historique sur la Révolution française. Mais ce roman est aussi teinté de surnaturel. Cet apport du fantastique ne gâte rien.

Les deux personnages principaux symbolisent le bien et le mal. Cela est judicieusement mis en parallèle avec une France désorientée qui lutte aussi contre ses vieux démons.

Le méchant s'appelle Cornuaud, il souffre d'un mal qui le fait subitement trucider n'importe qui quand il est en crise. Coup de chance pour lui, il arrive souvent à s'en sortir et à masquer ses meurtres dans le Paris à feu et à sang.

Et le gentil s'appelle Emile. Il a une mission qui pour l'instant lui échappe. Il vit dans le bocage vendéen en attendant que ce quelque chose arrive. Il se sent en harmonie avec la nature et voit ce que le commun des mortels ne vit pas: des sirènes, des lutins!. Mais la colère gronde en Vendée et sa mission prend forme...

Ces deux lignes narratives principales sont présentées en parallèle dans ce premier volume où, à n'en pas douter, elles finiront par se croiser par la suite.

Ce livre a l'avantage de faire redécouvrir l'histoire de France grâce à une solide documentation. de plus, le talent de conteur de Bordage n'est plus à démontrer, il tient son lecteur en haleine avec un récit passionnant qui fait tout de même trois tomes. En prime, il fait parler quelques personnages dans un patois vendéen. C'est comme si on y était!

Dans cette période troublée de la Révolution, la lecture de ce roman ressemble tout de même à un parcours semé de cadavres donc âmes sensibles...
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
- Tu vas jamais à la messe. T'as pas peur de mourir en état de péché ?
Berthe se renversa pour lâcher un rire tonitruant.
- Qui qu'est en l'état de péché ? Ma qui va pas à la messe ou tcho grand zirou de Martineau ? Ma qu'ai rien du tout ou tchos-là qui voulant toutes les terres ? L'Seigneur a-t'y point dit qu'o l'était plus difficile à un riche d'entrer dans l'paradis qu'à un chameau d'passer par l'trou d'un aigueille ?
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En cet automne 1791, Paris était une fourmilière prise de démence, un labyrinthe tortueux où se croisaient les idéalistes, les ambitieux, les affairistes, les opportuns, les exaltés, les brigands et les criminels. On ne comptait plus les provocateurs, les émissaires étrangers, les agents doubles, on voyait fleurir les cultes étranges, délirants, qui décelaient dans la révolution les prémices de l'Apocalypse ou prédisaient l'avènement des temps nouveaux.
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Les sessions de l'Assemblée s'achevaient le plus souvent à trois ou quatre heures du matin dans un indescriptible charivari. Les députés s'étaient mis en tête de régir chaque aspect de la vie quotidienne. Armande était une fois rentrée à l'aube en compagnie de Jacques-André: elle avait eu l'impression d'être cernée par une légion de spectres surgis des enfers, faces blêmes, traits chiffonnés, cheveux entremêlés, yeux hagards, vêtements froissés, allures chancelantes...
Si c'est dans cet état qu'ils prennent les décisions importantes, avait-elle songé, la nation ne sera plus bientôt qu'un champ de ruines.
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Une colère folle se déversait en lui, évinçant sa première réaction de panique.
Colère contre lui-même que la curiosité avait entrainé dans cette forêt de malheur. (...) Colère contre les hommes et les femmes de cette assemblée clandestine. Colère contre les prêtres réfractaires qui poussaient leurs ouailles à la révolte. Colère contre les révolutionnaires dont les décrets antireligieux coupaient en deux une nation prompte à se dévorer elle-même. Il n'avait aucune envie d'être victime d'un conflit qui ne le concernait pas. Il n'avait pas de terre à défendre, ni d'idéal patriotique, ni de principe religieux. Il avait seulement cru que la révolution réparerait les injustices les plus flagrantes, bouleverserait les us archaïques, inaugurerait une ère à la fois plus humaine et plus harmonieuse.
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Pélaget reconnut au passage des députés de la toute nouvelle Législative, issus des Clubs des jacobins et des cordeliers. Ceux-là se piquaient tous les jours d'égalité et de fraternité à la tribune de l'Assemblée, mais, hors des Tuileries, ils se hâtaient de singer les manières et les tenues des ci-devant. Des bourgeois gentilshommes, aussi fats et ridicules que le personnage de la pièce de Molière jouée récemment au théâtre de la Nation. La mort de Mirabeau, la tentative d'évasion du gros Capet et de l'Autrichienne avaient pourtant flétri le prestige de cette aristocratie qui tentait, dans les arrière-boutiques et les tripots, de saper la révolution chancelante.
(chap.1)
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Vidéo de Pierre Bordage
Nous accueillons aujourd'hui l'écrivain Pierre Bordage et l'éditrice Stéphanie Nicot, deux figures de la science-fiction contemporaine.
À l'heure où les voyages dans l'espace font l'objet de financements plus sérieux que jamais, résultant de volontés impérieuses, à l'heure où notre civilisation cherche un avenir, et que les normes de moeurs, de genre se modèlent différemment, la quête des origines se dédouble pour envisager une transmutation éventuelle, que nous reste-t-il du réalisme et du mysticisme ?
Pourparlers science-fiction c'est maintenant.
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