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Paul Verdevoye (Traducteur)Roger Caillois (Traducteur)
EAN : 9782073013668
112 pages
Gallimard (01/06/2023)
3.89/5   28 notes
Résumé :
Trad. de l'espagnol (Argentine) par Roger Caillois et Paul Verdevoye et révisé par Jean Pierre Bernès
Nouvelles extraites du recueil Fictions
Collection Folio 2 € / 3 € (n° 5715)
Parution : 30-01-2014

«Une balafre rancunière lui sillonnait le visage : arc gris cendré et presque parfait qui d’un côté lui flétrissait la tempe et de l’autre la pommette. Son vrai nom n’importe guère ; à Tacuarembo on l’appelait l’Anglais de la Colorad... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« Le Sud » rassemble six nouvelles extraites du recueil « Fictions » paru en 1944, le recueil le plus célèbre de Borges, écrivain argentin connu pour son inclination pour une pensée spéculative vertigineuse, consacrée à la circularité, la dualité, l'infini, l'éternité ou à d'inextricables labyrinthes. On y retrouve notamment certaines des plus célèbres nouvelles du recueil, telles que « Les ruines circulaires » ou « Le jardin aux sentiers qui bifurquent », ainsi que la nouvelle éponyme qui donne son titre à cette anthologie.

Le texte qui suit revient sur une nouvelle moins connue : « Funes ou la mémoire ».

« Je me le rappelle (je n'ai pas le droit de prononcer ce verbe sacré ; un seul homme au monde eut ce droit et cet homme est mort) une passionnaire sombre à la main, voyant cette fleur comme aucun être ne l'a vue, même s'il l'a regardée du crépuscule de l'aube au crépuscule du soir, toute une vie entière ».

Ainsi commence le récit consacré consacré à Ireneo Funes, un Uruguayen que le narrateur argentin rencontre pour la première fois en 1884 lors d'un été passé à Fray Bentos. Un jeune homme au visage dur, une cigarette vissée à la bouche, qui court sur un trottoir étroit. Fils d'une repasseuse du village, Funes est célèbre pour savoir toujours l'heure, comme une montre suisse.

De retour à Fray Bentos en 1887, le narrateur s'enquiert du « chronométrique Funes ». Il apprend que ce dernier a été renversé par un cheval à demi-sauvage et qu'il est devenu infirme. Il ne quitte pas son lit, permet qu'on l'approche de la fenêtre au crépuscule, et se comporte comme si l'accident qui l'a foudroyé était un bienfait. À l'époque, le narrateur s'est lancé dans l'étude du latin et la nouvelle parvient aux oreilles d'Ireneo qui lui adresse une lettre mentionnant leur rencontre du « 7 février 84 » et sollicitant le prêt d'un livre en latin ainsi que d'un dictionnaire.

Lorsqu'il rend visite au jeune Funes quelque temps plus tard, le narrateur entend tout d'abord à sa grande stupéfaction une voix qui parle en latin. Son hôte l'invite à entrer dans sa chambre où il est en train de fumer et lui explique alors qu'avant sa chute advenue dans sa dix-neuvième année, il oubliait presque tout, et qu'après avoir repris connaissance, « sa perception et sa mémoire étaient maintenant infaillibles ». Il affirme même qu'il a à lui seul « plus de souvenirs que n'en peuvent avoir eu tous les hommes depuis que le monde est monde ».

À aucun moment le narrateur ne remet en doute l'affirmation folle d'Ireneo qui a appris le latin en quelques jours. Il poursuit au contraire sa plongée dans l'esprit tourmenté d'un jeune homme doté d'une mémoire absolue, qui n'oublie aucun détail et parvient difficilement à dormir, à se soustraire au bruissement ininterrompu du monde alentour.

« Il avait appris sans efforts l'anglais, le français, le portugais, le latin. Je soupçonne cependant qu'il n'était pas très capable de penser. Penser c'est oublier des différences, c'est généraliser, abstraire. Dans le monde surchargé de Funes, il n'y avait que des détails, presque immédiats. »

Dans « Funes ou la mémoire », Borges examine par la fiction les conséquences d'une mémoire absolue, une démarche analogue à celle menée dans une autre nouvelle, « L'immortel », qui interroge la possibilité de l'immortalité, c'est-à-dire d'une vie « absolue » qui ne serait pas limitée par la mort.

Si l'immortalité apparaît in fine comme une malédiction, qui, en ôtant tout le sel de l'existence, finit par en ruiner le sens, le don de mémoire absolue que reçoit Funes lors de son funeste accident enferme le jeune homme dans un monde peuplé d'une myriade infinie de souvenirs et abolit la signification de la réalité qui l'entoure.

Si comme Cyrus, le roi des Perses, qui pouvait appeler par leur nom tous les soldats de ses armées, Funes semble béni des dieux, la nouvelle très sombre de Borges montre que la réalité est tout autre. L'esprit en permanence surchargé de souvenirs d'importance toute relative, de détails inutiles, Funes fait face à une authentique malédiction. S'il est en mesure d'apprendre une multitude de langues étrangères, ou de connaître l'histoire de l'humanité dans ses moindres fragments, le jeune homme est incapable de penser. Penser consiste en effet à parvenir à s'abstraire du particulier pour en extraire un énoncé général, ce qui est le principe raisonnement par induction. Comme le rappelle Borges de manière plus concise, « penser c'est oublier ».

Tout comme Flaminius Rufus boit enfin l'eau qui ôte l'immortalité dans « L'immortel », la mémoire absolue accordée à Funes prend fin en 1889, lors de son décès d'une congestion pulmonaire, deux ans après la terrible chute qu'il considéra comme une bénédiction.

En examinant les conséquences d'une mémoire infaillible, « Funes ou la mémoire » plonge le lecteur dans un vertige spéculatif saisissant. En nous rappelant qu'il n'y a pas de pensée sans oubli, ni généralisation, Borges souligne l'absurde malédiction que constitue le don de mémoire absolue que reçoit Funes lors de son accident et nous invite en creux à reconsidérer avec une forme d'humilité reconnaissante la finitude de nos souvenirs.

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Ce petit recueil est extrait de Fictions. Il comprend six nouvelles. Ma préférée est la dernière, le Sud. Mais avant de trouver le Sud j'ai souvent perdu le Nord et erré dans les labyrinthes spatiaux et temporels avec plus ou moins d'enthousiasme.


1. Les ruines circulaires (1940)
Dans un temps immémoriel et un décor de fin du monde, un homme taciturne imagine qu'il crée un être humain. Il se rêve dans un amphithéâtre, enseignant, il choisit un élève, admire ses capacités mais après plusieurs nuits d'insomnie il se réveille en constatant qu'il a échoué. Alors il s'endort et imagine qu'il crée un nouvel Adam de rêve pétri par le rouge du Feu. le mage perfectionne sa création de nuit en nuit et épuise tout l'espace de son âme...
J'ai aimé ce texte prométhéen au parfum envoûtant de myrrhe et d'encens.

2. le jardin aux sentiers qui bifurquent (1941)
Un texte labyrinthique qui m'a donné un puissant mal de crâne. Ce que j'ai préféré , c'est l'astucieuse structure en quatre poupées gigognes.
La première est la nouvelle de Borges « Le jardin aux sentiers qui bifurquent ». la deuxième est le livre d'Histoire dans lequel le narrateur trouve une lettre signée par Yu Tsun un espion chinois qui travaillait pour les Allemands pendant la Première Guerre mondiale. La troisième porte sur le contenu de la lettre : Yu Tsun explique qu'il a assassiné Stephen Albert, un sinologue britannique, afin de signifier à son supérieur qu'ils doivent attaquer une ville nommée Albert. La dernière correspond au roman le jardin aux sentiers qui bifurquent écrit par Ts'ui Pên, l'ancêtre de Yu Tsun. Lors de la rencontre de Yu Tsun et Albert, celui-ci lui dévoile qu'il a déchiffré l'énigme du roman : il s'agit d'un labyrinthe où l'auteur a écrit toutes les options possibles de l'histoire.

3. Funes ou la mémoire (1942)
Le texte est terrible, effrayant car incarné par un jeune paysan uruguayen de 19 ans Irénée Funes pas très futé mais bon gars que « Borges » a rencontré. Celui-ci cloué dans son lit depuis qu'un cheval l'a renversé est possédé par un don de perception et une mémoire infaillible. Il ne se trompe jamais mais sa mémoire enregistre tout, envahit tout. Il ne perçoit plus que des fragments disparates du monde dont il perd le sens global. Incapable d'abstraire, Ignacio sombre dans la folie.

4. La forme de l'épée (1942)
J'ai bien aimé cette nouvelle sur les apparences trompeuses. Elle évoque tout à la fois l'épopée dans la pampa, Simbad le marin et les récits de pirates. On est dans le Sud et un Anglais balafré pardon un type anonyme surnommé L'Anglais de la Colarada raconte au narrateur l'histoire secrète de sa cicatrice. En fait le gars est un Irlandais du Munster, un certain Vincent Moon qui porte sur son visage un croissant de sang causé par un croissant d'acier. Cette nouvelle lunaire vous fait voyager du Sud au Nord et d'Ouest en Est, de quoi avoir la vue troublée.

5. La mort et la boussole (1942)
J'ai eu de nouveau un bon mal de crâne avec cette nouvelle, aux allures de roman policier à énigme. le détective Erik Lönnrot, qui fait penser à Dupin, le détective d'Edgar Poe, tente d'élucider le meurtre d'un rabbin. Mais celui-ci est suivi de deux autres homicides commis dans des circonstances similaires. Lönnrot découvre la loi qui régit la série d'assassinats, le tétragramme. Il espère alors empêcher un quatrième meurtre et placer les meurtriers sous les verrous... le texte est un jeu de miroirs, une étude en rouge écarlate, pleine de références. Outre celles concernant moult auteurs populaires de romans policiers, on y trouve le Talmud, la Kabbale, le paradoxe de Zénon etc, etc, etc. C'est la nouvelle la plus déboussolante du recueil tant elle coupe les cheveux en quatre. C'est aussi la plus pédante. Heureusement la fin est fameuse.

6. le Sud (1953).
Ah , enfin !
Voir billet le Sud (nouvelle).

Ce petit recueil me semble idéal pour découvrir Borges, à condition de prendre son temps.
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J'aime beaucoup le concept de ces petits livres Folio à tout petit prix
Souvent,je picore quelque livre d'un auteur souvent connu mais lu il y a fort longtemps
J'ai rarement été déçu
Le choix est toujours pertinent et vous replonge instantanément dans l' univers de l'écrivain choisi
Même chose pour ce livre de Jorge Luis Borges. Quelques nouvelles ( issues de Fictions)
Le choix délibéré des Éditions Folio est de regrouper des oeuvres souvent des nouvelles, de grande qualité , mais plutôt de lecture facile par rapport aux grands classiques pas toujours abordables pour le lecteur peu expérimenté.
Quel plaisir de relire, par exemple,Funes ou la mémoire ,une histoire étrange d'un jeune homme que retient tout,apprend le latin en quelques semaines .Extraordinaire, me direz-vous.Pas si sûr.
Car le propre de ces textes toujours assez courts est de sortir par le haut en allant bien au delà du simple récit
Quel plaisir de retrouver ces grands auteurs qui n'ont pas forcément besoin de 600 pages pour publier un livre ( même si nombre d'entre eux ont écrit des « pavés «  qui font partie des meilleurs livres de tous les temps)
C'est donc un format idéal pour ceux qui veulent une première approche simple des grands auteurs , un grand moment de plaisir pour les vieux briscards qui aiment à se replonger dans des textes majeurs de la littérature un peu oubliés au fil des années
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Attention si vous possédez, comme moi, le recueil Fictions puisque la quasi totalité des textes en sont extraits.

En revanche, la nouvelle "Le Sud" (qui elle ne figurait pas dans mon édition de Fictions), texte génial, magnifique et marquant qui sillonne la mince frontière entre la vie et la mort, le rêve et la réalité vaut pour elle seule l'achat de ce recueil.
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L'auteur s'amuse avec son lecteur et on s'amuse avec lui. L'écriture est belle et on se laisse tromper par les apparences avec délectation. J'ai passé un joli moment qui m'aura donné envie de découvrir plus en profondeur l'univers de l'auteur que je n'avais jusqu'à présent jamais lu.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ireneo commença par énumérer, en latin et en espagnol, les cas de mémoires prodigieuses consignés par la « Naturalis Historia ». Cyrus, le roi des Perses, qui pouvait appeler par leur nom tous les soldats de son armée ; Mithridate Eupator qui rendait la justice dans les vingt-deux langues de son empire ; Simonide, l’inventeur de la mnémotechnie ; Métrodore qui professait l’art de répéter fidèlement ce qu’on avait entendu une seule fois. Il s’étonna avec une bonne foi évidente que de tels cas pussent surprendre.
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Nul ne le vit débarquer dans la nuit unanime, nul ne vit le canot de bambou s’enfoncer dans la fange sacrée, mais, quelques jours plus tard, nul n’ignorait que l’homme taciturne venait du Sud et qu’il avait pour patrie un des villages infinis qui sont en amont, sur le flanc violent de la montagne, où la langue zende n’est pas contaminée par le grec et où la lèpre est rare.

1. Les ruines circulaires (1940)
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Aveugle pour les fautes, le destin peut être implacable pour les moindres distractions.
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Videos de Jorge Luis Borges (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
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