La trentaine de pages qui constituent cet ouvrage mérite-t-elle le nom de livre ? Je ne le sais pas. En tout cas, c'est édité en tant que tel et j'ai pris grand plaisir à dévorer cet opuscule. Vous aurez sans nul doute remarqué que «autre texte» est au singulier et, en effet, nous ne trouvons ici que deux textes au total.
le premier «La chambre rouge» commence par cette déclaration: « A en croire le préhistorien Escolon de Fonton , la guerre est apparue avec la sédentarisation ». Hormis que cette idée me laisse bien perplexe (Les hommes n'avaient-ils vraiment jamais eu l'idée de se battre entre eux pendant toute leur période nomade ?...), elle nous éclaire sur la façon extrêmement méfiante dont
Nicolas Bouvier considère SA maison sédentaire, et plus précisément sa chambre.
Mais j'ai noté pourtant quelque contradiction entre son hostilité déclarée et le soin ou du moins l'attention qu'il lui porte et le bien-être qu'il semble y éprouver. Ah ! L'homme est complexe. Et tant mieux.
le second texte s'intitule «Holan». de même que pour « la chambre rouge », le thème est posé dès le départ : « L'unique objet de ces quelques lignes est de payer une dette très ancienne. » Bouvier poursuit en évoquant tout ce qu'il doit et ce que lui a apporté la découverte du poète tchèque
Vladimir Holan. Moi qui suis peu sensible à la poésie écrite, j'ai lu ce texte avec attention et intérêt, dans l'espoir de me la rendre enfin accessible. « C'est grâce à Holan, autant qu'à Michaux, que j'ai compris que certaines visites que la vie nous rend sont si mystérieuses qu'elles doivent prendre la forme d'un poème, que la prose la plus éclatante ne rendrait justice ni à leur transparence ni à leur opacité qui sont forcément voisines puisque nous ne comprenons pas la transparence mais pouvons seulement la flairer comme un limier flaire un gibier dont il sait qu'il n'est pas pour lui.»
critique par Sibylline
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