Ce qui caractérise en premier une ville asiatique comme Shanghai, Pékin ou Hanoi c'est le changement perpétuel. Chaque jour, les rues voient pousser des immeubles comme des champignons : de nouveaux magasins, de nouvelles maisons ou même de nouveaux hôpitaux au centre même de la ville, rien ne peut arrêter cette opération de lifting continuel.
Partir à la découverte de l'Asie ne se fait pas sans encombre. En effet, le choc des cultures est tellement violent, nous frappe de plein fouet à chaque pas et à chaque mot. La barrière linguistique est aussi un handicap majeur à surmonter. Mais le sourire des uns et la courtoisie des autres effacent toute appréhension et la quiétude remplace l'inquiétude.
Ce livre n'est ni un guide touristique ni un roman. C'est un récit au jour le jour, truffé d'anecdotes et racontant des tranches de vies dans une ville d'Asie. Par ailleurs, Bramly revient souvent sur l'Histoire de cette « terre close » qui est restée des siècles une Chine inconnue.
Tout léger comme le vent qui s'engouffre dans les feuilles d'un saule pleureur centenaire, la découverte de Shanghai, la ville des Magnolia blancs, continue à me passionner. Un livre voyage qui nous en apprend beaucoup et nous fait rêver
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Bloque ton ouverture, dit Lao Tseu ; ferme ta porte ; émousse ton tranchant ; défais ton écheveau ... Le sage connaît le monde sans franchir son seuil. La Chine s'est toujours rêvée espace clos, autosuffisant.
Les Quatre Vieilleries qu'entendait détruire Mao : les vieilles coutumes ; les vieilles habitudes ; la vieille culture ; la vieille pensée.
Selon qu’il s’élève ou s’abaisse, se tourne vers la droite ou la gauche, le regard passe de l’acier au bambou, du luxe le plus tapageur au dénuement le plus archaïque, de la pieuvre aliénante aux orchidées du plaisir, aux marbres de la réussite… N’importe qui en deviendrait schizophrène ; Le Shanghaien, lui, et peut-être plus encore la Shanghaienne, semble avoir acquis de ses arrière-grands-parents l’art de jongler avec le chaos. Il s’amuse de notre désarroi. Comment une chose pourrait-elle exister sans ses contraires ? Tout n’est-il pas le reflet fugace de complexes mutations ?
Rien ne paraît plus drôle au Shanghaien que la loi des trente-cinq heures.
...Lui, il travaille dix ou douze heures par jour, six jours par semaines, cinquante semaines par an. Et ne s'en plaint pas : il veut s'enrichir.
...selon le principe qu'on apprend à connaitre une ville en s'y perdant.
Alternant l'écriture de romans et d'essais, Serge Bramly conserve au moins une constante dans l'écriture : celle de vivre l'entre-deux livres comme une période de deuil, de vide. L'histoire de "Pour Sensi" (JC Lattès) illustre d'autant plus cette "dépression postnatale" puisqu'il raconte une rupture amoureuse ayant coïncidé avec ce moment de battement où un ouvrage ne vous appartient plus.
En savoir plus sur "Pour Sensi" : https://www.hachette.fr/livre/pour-sensi-9782709650595