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EAN : 9782715220645
124 pages
Le Mercure de France (10/02/1998)
3.75/5   8 notes
Résumé :
Voilà un événement tout à fait inattendu : on a trouvé mon mari assassiné dans son bureau…

Aussi belle que brillante, indépendante mais surtout délicieusement cynique, Natalia Glebovna cultive l’art de la séduction sans l’ombre d’un scrupule et érige l’égoïsme en philosophie de vie.

Promettant à chacun de ses prétendants un amour exclusif et éternel, elle est résolue à rester maîtresse de son destin, quels que soient les risques que lui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voilà un court roman tout a fait singulier, décadent et moderne. Son auteur Valéry Brioussov (1873-1924) est le fondateur du symbolisme russe. le roman est paru dans la revue La Pensée russe que dirigeait Brioussov en 1910.
La diariste c'est Nathalie. On a trouvé son mari assassiné dans son bureau. Elle n'a aucune idée du coupable. Comment pourrait-elle le connaître ? Elle ne se mêlait pas de ses affaires. Pas plus que de sa vie privée. Ils s'efforçaient de sauver les apparences. Nathalie hérite d'une grosse fortune. Et pense qu'enfin elle sera libre de faire ce qui lui plait et donc qu'elle sera enfin heureuse. C'est sans compter sur la passion et la jalousie de ses deux amants. Oui deux. Il y a Modeste, l'artiste orgueilleux et incompris au charme ténébreux et puis Volodia, naïf et puéril, l'ancien garçon du peuple qu'elle a modelé à sa guise et qui se traine à ses pieds...
L'intrigue policière est intéressante mais ce n'est pas le sujet du livre.
Le roman est très moderne et décadent car c'est la femme qui assume ses infidélités. Son mari a simplement conclu un marché pour la posséder. Nathalie porte un regard sans concession et très drôle sur lui ainsi que sur ses amants mais elle est aussi avide de plaisir et manipulatrice. Elle veut pouvoir profiter d'eux sans contraintes mais elle se retrouve entraînée dans les complications et les mensonges à n'en plus finir. Peu à peu la femme de tête cynique perd le contrôle des événements et se dévoile dans toute sa solitude. Quant aux deux amants, disons qu'ils resteront romantiques jusqu'au bout.
Bref un roman de 1910, très "fin de siècle" à découvrir.

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Ce texte paru en 1910 a été censuré en Russie car trop dérangeant, trop provocateur et décadent nous explique Andréi Makine dans sa préface. Pourtant, le combat de cette jeune veuve pour s'affranchir des préjugés moraux de son époque est résolument moderne. le mari de Natacha a été assassiné dans des conditions mystérieuses mais qu'à cela ne tienne, Natacha va se consoler avec ses deux amants Modeste et Volodia. Chacun des deux va tenter de s'approprier la jeune et richissime veuve mais elle va résister au nom de sa liberté. Elle nous dit p 107 : « je veux la liberté dans l'amour, cette liberté dont vous parlez tous et que vous ne donnez à personne. Je veux pouvoir aimer ou ne pas aimer, cesser d'aimer quand cela me chante, selon ma fantaisie et non la vôtre. Je suis prête à consentir à tous ce droit que je réclame pour moi-même ». Elle se demande pourquoi les hommes veulent faire d'elle leur propriété personnelle, l'injustice la plus monstrueuse du monde nous dit-elle. N'est-ce pas moderne dans la Russie de 1910 ?
Ce court texte, peu connu à priori sur Babelio mérite qu'on s'y intéresse.

Challenge riquiqui 2022.
Challenge Multi-défis 2022.
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Natalia est une jeune femme mariée à Victor. Lorsque son époux est assassiné, elle n'a ni le coeur ni le temps de pleurer cet être fraîchement disparu. Il faut dire que la fidélité est visiblement une notion qui lui échappe, aussi courtise-t-elle, succombe-t-elle à d'autres hommes.

🖍️Ce court roman est encore une merveille de la littérature russe. Publié en 1910, Valéry Brioussov fait de son personnage principal, une femme qui ne s'encombre d'aucune convenance et qui, si elle est chérie et aimée, a des comportements très expéditifs envers la gent masculine qui l'aime. Elle ne se soucie guère des états d'âme de ses amants Modeste et Volodia et peine à comprendre qu'ils soient prêts à se tuer pour ses beaux yeux.

Les dialogues, les apparitions des uns et des autres, l'exaltation de ces hommes et leurs emportements, les différentes lettres créent une atmosphère théâtrale. L'enquête et la résolution du meurtre n'occupent que peu de pages et pourtant, elles closent le roman et lui confèrent une atmosphère bien différente qui s'alourdit. Certains perdent alors de leur superbe.
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Alors que son mari vient d'être retrouvé assassiné dans son bureau, la réaction de Natalia peut laisser songeur. En effet, dans son journal, la jeune femme se plaint des tracas que lui causent ce décès inopiné, sans manifester aucun regret ni pitié pour le défunt. Elle est bien décidée à profiter de sa toute nouvelle liberté, et se joue sans scrupule de ses deux amants, Modeste, un ténébreux artiste et Volodia, un jeune éphèbe qu'elle modèle à sa guise. A la fois muse et Pygmalion, Natalia n'est jamais femme objet, elle utilise les autres à sa guide et mène son petit monde comme une marionnettiste. Entre perversion narcissique et féminisme affirmée son ardeur glaciale et son goût du mensonge s'expriment avec une assurance folle dans ce petit roman russe paru en 1910, et toujours d'une déconcertante actualité.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
I
15 septembre

Voilà un événement tout à fait inattendu. On a trouvé mon mari assassiné dans son bureau. Le meurtrier, non identifié, a fracassé le crâne de Victor avec l'haltère de gymnastique qui se trouvait d'habitude sur l'étagère. L'arme ensanglantée traîne encore sur le sol. Les tiroirs du bureau ont été forcés. Lorsqu'on l'a découvert, son corps était encore chaud. Le meurtre a été commis au petit matin.
Il règne chez nous une fébrile effervescence. Lidotchka arpente la maison en sanglotant. La bonne court en tout sens et ne laisse personne faire quoi que ce soit. Les domestiques trouvent le temps long, à force de rester silencieux. Mais quand j'ai demandé du café, on m'a regardé comme si je venais de blasphémer. Mon Dieu ! Que de jours pénibles en perspective !
On vient de me dire que la police est arrivée.
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Mais il est tout de même effrayant de voir à quel point il m'importe peu de savoir qui a tué mon mari. Victor a disparu de mon âme sans y laisser aucune trace, comme si on avait soigneusement effacé d'une ardoise, avec une éponge humide, ce qui y avait été écrit quelque temps. Parfois, lorsque je suis plongée dans mes pensées, j'oublie complétement que j'ai vécu presque six ans avec mon mari, que nous avons eu un enfant, que nous sommes allés plusieurs fois à l'étranger tous les deux, et qu'enfin la majorité de mes souvenirs sont étroitement liés à Victor. Il est vrai que je ne l'aimais pas, mais tout de même, quel homme inconsistant il fut, pour que je l'ai extrait si aisément à la fois de mon présent, des mes souvenirs et de mes projets d'avenir ! Au reste, cette inconsistance était pour moi, de son vivant, une vraie bénédiction ! (p. 34)
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