Un Camilleri où Montalbano n'apparaît pas et donc adieu les rougets de roches frais et fris, l‘mpanata de cochon, les vavalucis persillés.
Il reste toutefois, et ce n'est pas rien, une farce burlesque et gargantuesque à l'italienne, pardon à la sicilienne, très alerte, très crue qui peut, pour employer un ton à la Camilleri dérider même un constipé.
Tout commence (contrairement à Asterix ou « tout fini... ») par une empoignade verbale de notables à sang chaud, chanoine compris grossier mais didactique, sur l'opportunité de jouer un opéra italien à Vigata. Celui-ci, écrit par un napolitain et imposé par un milanais le préfet, donc des italiens du nord, ne fait pas l'unanimité loin s'en faut. Empoignade digne de celle de Don Camillo avec Peppone avec la prose verte de
Rabelais,
Coluche ou Bigard
S'ensuit ledit opéra joué à la sicilienne: entendez avec la participation du public qui interpelle les comédiens, les questionnent, font des commentaires sur le physique hommasse de l'actrice principale, autrement dit « foutent le bordel » sans parler de ceux qui dorment, mangent et qui n'y comprennent goutte et qui sont venus seulement pour observer la tenue des uns et des autres. Et ils sont nombreux.
On imagine facilement les deux vieux critiques du Muppets show Statler (Pierre Tornade) et Waldorf (
Gérard Hernandez) commenter, avec salacité et en toute discrétion , les couacs de la soprano Effy
Un mouvement de panique, alors que la milice entoure le « tîatre » pour veiller à ce que le public ne soit pas tenter de déserter la salle, et c'est l'émeute pendant laquelle avons-nous noté en fait divers, un « tripoteur » tâte du « cul » de ses dames a « s'en faire mal à la main »
Oui les siciliens comme les italiens sont des tactiles et le palabre passe par la paluche
En arrière-plan on trouve les thèmes souvent associés à la Sicile : corruption et impéritie des édiles, association avec la pègre, règlement de comptes, monomanie et concupiscence sexuelle des hommes largement partagée (sinon plus) et suggérée par les
femmes, inaptitude indécrottable en matière d'art des siciliens et « crimes d'honneur » mais politiques
le tout narré avec la verve de Camilleri en pleine forme
- Rien, expliqua le chanoine avec un visage si séraphin qu'on eût dit que deux angelots lui tournaient autour de la tête. Je veux seulement vous signifier qu'en langue talienne, Tristan c'est Tristano, c'est à dire, « cul mélancolique » : Ano, anus , triste. Et alors avec ça , je m'imagine que l'opéra doit être de toute beauté -
Voilà une explication simple qui pourrait être mis au programme d'enseignement musical du collègue : c'est parlant et ça tient éveillé
On ne s'ennuie pas dommage que Montalbano ne soit pas passé dans le coin !