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EAN : 9782234069381
216 pages
Stock (14/09/2011)
3.82/5   19 notes
Résumé :
Carson McCullers, Françoise Sagan, Roland Barthes, Fritz Zorn, Sarah Kane et Jean Rhys ; Arnaud Cathrine rend hommage à ses « livres de chevet ». C’est aussi l’occasion d’un autoportrait en creux d’un romancier reconnu de sa génération.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Déjà plusieurs critiques excellentes sur cet ouvrage.

C'est une lecture que j'ai beaucoup appréciée, comme si je me trouvais en terrain familier... Il est vrai que je l'ai lu dans des circonstances particulières. J'ai choisi ce livre, aux portes de l'hiver 2011, avec une amie... à Paris, avant de "m'envoler" pour Ajaccio, où je rejoignais pour un temps indéterminé, un proche malade, dans un village isolé de montagne...En ouvrant ce texte...la sensation de retrouver des "amis" de longue date...dont deux parmi ma longue liste de "chouchous", souvenirs très denses de lectures, avec Fritz Zorn et Jean Rhys...

Je m'autorise la liberté de parler plus exclusivement du chapitre en hommage à cette auteure, restée trop confidentielle, qui a payé cher et son indépendance et sa passion pour l'écriture...Je laisse la parole claire et bienveillante d'Arnaud Cathrine en retraçant son enthousiasme et son adhésion à cette écrivaine "différente":

- Mais, avant d'évoquer Sasha, l'héroïne de "Bonjour minuit", je voudrais présenter Jean Rhys car nous sommes peu à nous souvenir d'elle. Des éditeurs investis s'entêtent à republier ses livres à intervalles réguliers, mais son nom reste confidentiel, tout comme il l'était de son vivant. Je crois même qu'on se méfie d'elle, aujourd'hui encore, comme de toute femme qui, en matière de liberté, dépasse le seuil de tolérance consenti- (p.176)

- Jean Rhys était à l'image de son oeuvre: profonde, irrespectueuse et libre, avec toute la douleur qu'engendre pareille indépendance: " Jamais je ne ferai partie de quoi que ce soit, où que je sois, je le sais, et toute ma vie se passera ainsi, à essayer d'appartenir, à essayer en vain. Il y a toujours quelque chose qui tourne mal. Je suis une étrangère. Je le serai toute ma vie -(p.178)

-Il semble qu'à l'instar de ses héroïnes elle n'ait connu, à certains moments de son existence, que la solitude au milieu de tous, et la peur des autres, la peur de la stupidité, des esprits étriqués. Sa correspondance en atteste: elle attend beaucoup, reçoit peu, ne se protège pas du tout - (p.182)

Je rédige à rebours ma critique... et n'en viens que maintenant au propos de cet écrit. Cet ouvrage offre six portraits d'écrivains, qui se trouvent dans le "Panthéon" d'Arnaud Cathrine...en un mot , des livres qui l'accompagnent dans la durée...ses livres de chevet... même si l'auteur explique aussi les difficultés extrêmes de cette sélection périlleuse :

" Evidemment, la plupart de "mes livres de chevet" ne figurent pas dans cet ouvrage. D'abord parce qu'il a fallu n'en choisir que quelques uns, sous peine d'avoir trop peu d'espace à réserver à chacun d'entre eux. J'en ai donc retenu six, à partir d'une liste bien plus longue dont j'ai pensé un moment que ne m'en débrouillerais jamais. Mais, contre toute attente, l'odieux tri s'est fait de lui-même lorsque j'ai "redécouvert" qu'on n'a pas forcément quelque chose de pertinent à dire de tout ce que l'on aime. Certains livres sont donc " tombés" pour cause d'enthousiasme banal, obscur ou impropre à faire l'objet d'un exercice d'admiration- (p.12-13)

Par contre , le choix de ses six destins d'écriture répond parfaitement à l'idée que l'auteur se fait de la littérature.- Nous laisser un peu plus vivant: je ne demande pas autre chose à la littérature - (p.138)... et autre condition vitale à laquelle j'adhère totalement: la Littérature, un espace de Liberté et de Résistance:
-Je ne suis pas le seul à devoir, à intervalles réguliers, justifier mes livres, me justifiant par la même occasion, affrontant de curieux signes de déni, rappelant au passage les vertus (dérangeantes) de la littérature, réaffirmant combien le divertissement généralisé me terrifie, concédant qu'on n'obtiendra jamais de moi ce paradis obligatoire et écervelé qui, soit- disant, "fait du bien"...(p.144)

[ les six figures de l'écrit choisies par Arnaud Cathrine: Carson McCullers, Françoise Sagan, Roland Barthes, Fritz Zorn, Sarah Kane et Jean Rhys ]

N.B: Cerise sur le gâteau... à la lecture de ces exercices d'admiration, j'ai découvert deux titres passionnants, "Professeurs de désespoir" de Nancy Huston et un essai de Chantal Thomas, " Comment supporter sa liberté"
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En entamant la lecture de ce nouvel ouvrage d'Arnaud Cathrine, je m'attendais à tout sauf à l'inventaire des 6 livres qui ont marqué sa vie. Un peu surprise au départ, je me suis ensuite laissé porter par ses différentes analyses. Pour certains livres, j'ai partagé son opinion et pour la plupart des autres je me suis contentée de les découvrir.

Une fois terminée la lecture, on a qu'une envie : courir à la bibliothèque pour voir si les ouvrages cités sont dispo ou pas. Et bien c'est ce que j'ai fait notamment pour Franckie Adams qui m'attend pour les vacances !

Après ça, une autre envie émerge, celle de dresser sa propre liste et là c'est le trou noir (en tout cas pour moi...). Quels sont les livres qui m'ont marqué au point parfois d'influencer ma vie ? Même après réflexion je ne saurai répondre à ça, il y en a tellement.

J'aime quand les lecteures en conduisent à d'autres et je ne peux donc que le conseiller au plus grand nombre.
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J'ai rencontré ce jeune homme au Printemps du livre 2012 à Grenoble. Il parle d'une voix claire, douce et il écrit bien. Ces livres de chevet sont issus des oeuvres de Carson McCullers, Françoise Sagan, Roland Barthes, Fritz Zorn, Sarah Kane et Jean Rhys : quatre femmes, deux hommes ; quatre étrangers, deux français. Arnaud nous plonge dans ces 6 univers avec simplicité, brio et humour.
Il aime lire et il a aimé lire ces auteurs et cela se ressent dans son écriture. A travers ce voyage livresque, c'est aussi une manière,pour lui, de parler de la vie, de la mort, de la littérature, du temps qui passe et de son métier passionnant d'écrivain. Je l'ai lu d'une traite et j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir cet auteur.
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Passionné de littérature et d'écriture, l'auteur ancien étudiant en lettres se remémore ses coups de coeur, à la fois romans d'initiation et d'identification.
J'ai découvert un auteur suisse inconnu Fritz Zorn dont je vais m'empresser de rechercher l'oeuvre unique qui me parait séduisante, à savoir "Mars".
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critiques presse (3)
Telerama
14 décembre 2011
Roman après roman, Arnaud Cathrine se livre, en funambule, à cet exercice. Ces confidences d'un lecteur s'approchent encore plus près du cœur brûlant de son travail.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
31 octobre 2011
Sans doute faut-il laisser l'intelligence et ses fines prétentions sur le seuil pour ne laisser entrer que l'accord intime, la connivence, l'ineffable bien-être d'une lecture complice. Arnaud Cathrine, qui se commet à son tour à ce délicat abandon, l'a bien compris qui confesse: «On n'a pas forcément quelque chose de futé à dire de ce que l'on aime.»
Lire la critique sur le site : Bibliobs
NonFiction
24 octobre 2011
Grâce à ses livres de chevet, Arnaud Cathrine s’est construit une identité. Et par le biais de ce drôle d’essai, il leur rend hommage.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Alejandra Pizarnik note en 1959 dans son journal intime : «Je dois arrêter de lire les auteurs dont je peux me passer, ceux qui pour le moment ne m'aident pas.» Les livres que je voudrais évoquer ici ont eu le précieux don de m'aider plus que je ne me serais autorisé à l'espérer. Ils m'ont aidé au moment où je les ai lus bien sûr, mais aujourd'hui encore. Je ressens le besoin impérieux de m'y replonger à intervalles réguliers. On appelle cela des «livres de chevet».
Ces livres m'ont envoyé ailleurs, dans le corps et la voix de qui je n'étais pas et, ce faisant qu'ils fomentaient mon évasion, ils m'ont déposé au coeur de moi-même, procédant à une invasion salutaire, m'allouant cette chose toute simple dont on ne peut aucunement faire l'économie : la reconnaissance ; petit miracle que Charles Juliet résume d'un sublime trait de simplicité : «Le rôle de l'écrivain est de prêter à autrui les mots dont il a besoin pour accéder à lui-même.» Ces livres me devinaient, ils m'écrivaient et me donnaient droit de cité tout en mettant au jour une part commune. Je m'aventurais dans l'étranger pour finalement tomber sur moi-même, m'offrant d'aller dans une complexité à laquelle la dictature du divertissement généralisé a définitivement tourné le dos. Ces livres prenaient soin de moi. Bien sûr, ils me bousculaient, ils étaient crus dans leur exigence de vérité mais ils substituaient au silence, à l'angoisse et à l'isolement non pas le baume de la consolation (Dagerman a clos le débat : notre besoin de consolation est impossible à rassasier) mais la contemplation du vivant. Ni à genoux, ni à moitié mort, ni objet : debout, bel et bien en vie, sujet.
Ainsi, j'ai souvent eu le sentiment en lisant d'aller à la rencontre de «mes vies romancées» et, parce que c'est la part commune qui a toujours raison du froid glacial, de «nos vies romancées».

Évidemment, la plupart de mes «livres de chevet» ne figurent pas dans cet ouvrage. D'abord parce qu'il m'a fallu n'en choisir que quelques-uns, sous peine d'avoir trop peu d'espace à réserver à chacun d'entre eux. J'en ai donc retenu six, à partir d'une liste bien plus longue dont j'ai pensé un moment que je ne m'en débrouillerais jamais. Mais, contre toute attente, l'odieux tri s'est fait de lui-même lorsque j'ai «redécouvert» qu'on n'a pas forcément quelque chose de pertinent à dire de tout ce que l'on aime. Certains livres sont donc tombés pour cause d'enthousiasme banal, obscur ou impropre à faire l'objet d'un exercice d'admiration.
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"... j'ai conscience que ce cas personnel qui est le mien n'est pas seulement un cas isolé, que c'est une histoire représentative et générale, qui peut en illustrer bien d'autres. Pour cette raison, peut-être, aussi, une question politique."
Politique, oui, bien sûr. L'enjeu de ce récit familial est, par essence, éminemment politique, comme dans beaucoup plus de romans familiaux qu'on ne veut bien le penser.
Zorn ne perd jamais de vue que, vainqueur ou pas devant la maladie, sa prise de parole est nécessaire, et pas simplement pour lui-même : "Si je me tais, j'épargne tous ceux qui n'aiment pas vivre dans un autre monde que le meilleur des mondes possibles, tous ceux qui n'aiment pas parler de ce qui est désagréable, et ne veulent reconnaître que ce qui est agréable, tous ceux qui refoulent et nient les problèmes de notre temps au lieu de les affronter, tous ceux qui condamnent les gens qui critiquent ce qui existe, même les plus intègres, les traitent de vauriens parce qu'ils préfèrent vivre dans une porcherie non critiquée plutôt que dans une porcherie où l'on ose prononcer le mot "porc". Mais ce sont justement ceux-là que je ne veux pas épargner et appuyer et dont je ne veux pas me déclarer solidaire, car ce sont eux qui ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui."
Il me semble que Zorn, du fond de sa tombe, nous conjure d'épouser le mouvement induit par son pseudonyme et le titre de son livre : une colère guerrière. Si son cas doit être utile, c'est en insufflant cette colère guerrière, dans l'espoir qu'elle porte jusqu'au point de libération.
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Supporter sa liberté, pour une femme, est courageux et difficile. Supporter sa liberté pour un homme est parfois courageux, quoique moins difficile. La nuance est de taille mais s'il y a une nuance, même de taille, c'est qu'il y a un lien.
Epousez une profession digne de ce nom, mariez-vous (installez-vous en couple, au minimum), concevez un enfant dans la foulée : et la société vous lâchera. Au sens : vous foutra la paix. Rien de plus pratique et confortable, socialement parlant, que d'obtempérer devant ces trois devoirs fondamentaux (qui peuvent donner le meilleur, cela étant). Mais que l'une de ces conditions ne soit pas remplie (et pire : les trois) : alors profitez de la chance que vous avez de vivre dans un pays libre mais attendez-vous à n'être pas si bien vu que ça et à ce qu'on vous le rappelle tous les jours, même dans le silence d'un relatif tabou.
Je suis écrivain, je me suis toujours refusé (pour le moment du moins) à vivre avec qui que ce soit (il ne s'agit pas là d'un choix par défaut, merci), je n'ai pas d'enfants (sinon quelques-uns que j'aime, très proches de moi mais qui ne sont pas mes enfants) : alors je sais aujourd'hui ce que c'est de supporter ma liberté. D'où l'identification à ces écritures féminines (pas exclusivement mais identification tout de même). D'où sans doute aussi mon admiration pour cette romancière qui n'a cessé de raconter combien la liberté, et notamment celle des femmes, dérange : Jean Rhys.
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- Comment supporter sa liberté-, le très bel essai de Chantal Thomas, en est une autre démonstration: pour une femme, faire le choix de n'avoir pas d'enfants, de se construire une existence à soi faite d'écriture, de plages de solitudes choisies, de flâneries dans les cafés, de voyages, seule ou accompagnée par quelqu'un qui n'est pas spécialement un "mari", noyer parfois son chagrin dans l' alcool, tout cela est toujours appréhendé avec plus ou moins de désapprobation. alors il faut apprendre cette liberté, se l'autoriser lorsqu'on ne se sent pas fait pour un destin plus classique (je ne dis pas forcément plus conformiste, quoique ce soit souvent le cas). Il faut se risquer à faire ces choix de vie qui vous mettront nécessairement -à côté-, hors du groupe. Il faut supporter ces gens qui vous reprocheront votre liberté, n'y verront qu'un déplorable égoïsme, auront pitié de vous au pire, plutôt que de reconnaître que cette liberté leur fait parfois envie. (p.202-203)
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A propos de Jean Rhys:
Heureusement, il y a le refuge dans les livres: "J'ai tenté de me perdre alors, dès que j'en ai été capable, dans le vaste univers des livres, pour fuir cet univers réel, qui me posait tant de problèmes-univers dans lequel, j'en avais comme un pressentiment confus, obsédant, je serais toujours perdue, toujours perdante"
Plus elle grandit, plus Jean Rhys est inquiète. beaucoup de choses font question: la religion, les rapports entre les blancs et les noirs. Elle veut savoir si elle a raison de trouver tant de choses "injustes". Une pensée naît, ciselée et esseulée: "Bon gré, mal gré, j'ai l'impression de me heurter sans cesse à l'ambivalence des choses. D'en voir, en même temps, le bon et le mauvais côté. Je me demande parfois si je suis seule à réagir ainsi"( p. 180) ...
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Vidéo de Arnaud Cathrine
A l'occasion de la 39ème édition du Salon du livre et de la presse jeunesse 2023 à Montreuil, Arnaud Cathrine vous présente son ouvrage "Octave" aux éditions Robert Laffont.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2661200/arnaud-cathrine-octave
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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