Déjà plusieurs critiques excellentes sur cet ouvrage.
C'est une lecture que j'ai beaucoup appréciée, comme si je me trouvais en terrain familier... Il est vrai que je l'ai lu dans des circonstances particulières. J'ai choisi ce livre, aux portes de l'hiver 2011, avec une amie... à Paris, avant de "m'envoler" pour Ajaccio, où je rejoignais pour un temps indéterminé, un proche malade, dans un village isolé de montagne...En ouvrant ce texte...la sensation de retrouver des "amis" de longue date...dont deux parmi ma longue liste de "chouchous", souvenirs très denses de lectures, avec
Fritz Zorn et
Jean Rhys...
Je m'autorise la liberté de parler plus exclusivement du chapitre en hommage à cette auteure, restée trop confidentielle, qui a payé cher et son indépendance et sa passion pour l'écriture...Je laisse la parole claire et bienveillante d'
Arnaud Cathrine en retraçant son enthousiasme et son adhésion à cette écrivaine "différente":
- Mais, avant d'évoquer Sasha, l'héroïne de "
Bonjour minuit", je voudrais présenter
Jean Rhys car nous sommes peu à nous souvenir d'elle. Des éditeurs investis s'entêtent à republier ses livres à intervalles réguliers, mais son nom reste confidentiel, tout comme il l'était de son vivant. Je crois même qu'on se méfie d'elle, aujourd'hui encore, comme de toute femme qui, en matière de liberté, dépasse le seuil de tolérance consenti- (p.176)
-
Jean Rhys était à l'image de son oeuvre: profonde, irrespectueuse et libre, avec toute la douleur qu'engendre pareille indépendance: " Jamais je ne ferai partie de quoi que ce soit, où que je sois, je le sais, et toute ma vie se passera ainsi, à essayer d'appartenir, à essayer en vain. Il y a toujours quelque chose qui tourne mal. Je suis une étrangère. Je le serai toute ma vie -(p.178)
-Il semble qu'à l'instar de ses héroïnes elle n'ait connu, à certains moments de son existence, que la solitude au milieu de tous, et la peur des autres, la peur de la stupidité, des esprits étriqués. Sa correspondance en atteste: elle attend beaucoup, reçoit peu, ne se protège pas du tout - (p.182)
Je rédige à rebours ma critique... et n'en viens que maintenant au propos de cet écrit. Cet ouvrage offre six portraits d'écrivains, qui se trouvent dans le "Panthéon" d'
Arnaud Cathrine...en un mot , des livres qui l'accompagnent dans la durée...ses livres de chevet... même si l'auteur explique aussi les difficultés extrêmes de cette sélection périlleuse :
" Evidemment, la plupart de "mes livres de chevet" ne figurent pas dans cet ouvrage. D'abord parce qu'il a fallu n'en choisir que quelques uns, sous peine d'avoir trop peu d'espace à réserver à chacun d'entre eux. J'en ai donc retenu six, à partir d'une liste bien plus longue dont j'ai pensé un moment que ne m'en débrouillerais jamais. Mais, contre toute attente, l'odieux tri s'est fait de lui-même lorsque j'ai "redécouvert" qu'on n'a pas forcément quelque chose de pertinent à dire de tout ce que l'on aime. Certains livres sont donc " tombés" pour cause d'enthousiasme banal, obscur ou impropre à faire l'objet d'un exercice d'admiration- (p.12-13)
Par contre , le choix de ses six destins d'écriture répond parfaitement à l'idée que l'auteur se fait de la littérature.- Nous laisser un peu plus vivant: je ne demande pas autre chose à la littérature - (p.138)... et autre condition vitale à laquelle j'adhère totalement: la Littérature, un espace de Liberté et de Résistance:
-Je ne suis pas le seul à devoir, à intervalles réguliers, justifier mes livres, me justifiant par la même occasion, affrontant de curieux signes de déni, rappelant au passage les vertus (dérangeantes) de la littérature, réaffirmant combien le divertissement généralisé me terrifie, concédant qu'on n'obtiendra jamais de moi ce paradis obligatoire et écervelé qui, soit- disant, "fait du bien"...(p.144)
[ les six figures de l'écrit choisies par
Arnaud Cathrine:
Carson McCullers,
Françoise Sagan,
Roland Barthes,
Fritz Zorn,
Sarah Kane et
Jean Rhys ]
N.B: Cerise sur le gâteau... à la lecture de ces exercices d'admiration, j'ai découvert deux titres passionnants, "Professeurs de désespoir" de
Nancy Huston et un essai de
Chantal Thomas, "
Comment supporter sa liberté"