Luke est de retour au pays, dans sa chère Angleterre qui l'accueille avec sa grisaille de juin ! Dans le train qui le mène à Londres, une vieille demoiselle l'abreuve de son bavardage incessant et finit par lui confier le but de son déplacement : aller à Scotland Yard pour leur faire part de plusieurs meurtres commis dernièrement dans son petit village. Devant l'ébahissement de son interlocuteur (qui n'est pas loin de la prendre pour une adorable petite vieille un peu toquée et pleine d'imagination), elle affirme qu'une personne insoupçonnable rencontre une grande facilité pour multiplier des homicides.
Mais lorsqu'il découvre dans la notice nécrologique le décès de cette pauvre Miss Pinkerton, son instinct d'ancien policier le pousse tout de même à aller fouiner dans ce petit village anglais bien pittoresque.
Alors on déambule dans ce petit coin charmant, en faisant la connaissance des habitants plus ou moins charmants aussi. Y a-t-il réellement quelqu'un qui donne un petit coup de pouce au destin ou bien est-ce simplement une série de fâcheuses coïncidences qui éliminent certaines âmes de ce village ? Elles causaient parfois quelques troubles à la communauté, ou n'étaient pas toujours en accord avec certains mais tout de même !
Dans ce petit polar dynamique, on cavale avec entrain aux côtés de notre enquêteur déterminé et on se laisse duper par les erreurs de son flair qui est loin d'être digne de celui d'un fin limier. Cela nous console de tomber dans les mêmes pièges que lui.
Mais surtout, est immense, le plaisir de flâner dans ce petit coin d'Angleterre, à creuser la face cachée de quelques habitants du cru aux traits de caractères bien trempés. Au milieu d'un avoué jovial, d'un antiquaire maniéré, d'un docteur un brin condescendant, d'un major en retraite traînant ses bouledogues, on appréciera spécialement lord Whitfield.
Agatha Christie l'a caricaturalement mais adorablement concocté : ventripotent et pompeux, il parle de lui, encore de lui et toujours de lui-même ! Et, crédule, il croit fort en la justice divine.
Lecture délicieusement anglaise, à l'image d'un bon scone dégoulinant de clotted cream et de marmelade. Mais attention aux regards qui en disent long !