J'ai depuis longtemps l'opinion que la parole du Christ était apaisante pour les plus démunis de ce monde et que le Dieu dont il parlait en était un de tolérance et de bonté. J'ai aussi saisi que les paraboles étaient exprimées en langage symbolique dont le sens, d'ailleurs, ne m'était pas toujours limpide. Mais je n'ai jamais pensé lire la Bible (et surtout le Nouveau Testament) comme un livre de contes transmettant des valeurs universelles à travers ses récits ou même les interpréter comme un psychanalyste le ferait de nos rêves. C'est, à peine résumée et un peu caricaturée, la pensée de l'auteur: le Christ serait une sorte de psychanalyste avant l'heure.
Drewermann blâme l'institution religieuse pour ses dogmes érigés en préceptes coercitifs qui créent des angoisses au lieu de les apaiser et suscitent des névroses en exacerbant la culpabilité des humains qui, par définition, sont des pécheurs. Il milite dons en faveur d'un rôle renouvelé des ministres du culte qui soient plus proches de la parole originale du Christ, en opposition à ce qu'on peut appeler le rôle clérical ou fonctionnaire pour lequel ils sont formés.
À l'époque des entrevues dont le livre est constitué, l'auteur était à la fois prêtre catholique, maître de conférences et psychanalyste. Je ne me souviens pas comment je suis tombée sur ce livre (peut-être suite à une recommandation babeliote) mais je suis contente de ma découverte. Je lis rarement des livres de théologie, pour la plupart réservés aux spécialistes, mais suis ouverte à l'histoire des religions, à leur message profond et à toute forme de spiritualité en général. Découvrir qu'il pouvait exister au sein de l'Église catholique une pensée aussi libre a été, pour moi, une révélation. Ce discours qu'il tenait publiquement n'a cependant pas été du goût des autorités catholiques: il fut privé en 1994 de son poste universitaire en théologie —mais l'Université lui a offert une chaire de sociologie et anthropologie de la civilisation— et de son droit à célébrer les sacrements. Il a quitté formellement l'Église catholique en 2005. Il reste, semble-t-il, fidèle à sa pensée et à son interprétation des textes sacrés.
Je ne saurais trop recommander la lecture de ce livre qui peut être compris sans formation théologique particulière puisque ces entrevues s'adressaient au grand public. Je pense maintenant que je vais m'attaquer à d'autres ouvrages du même auteur…