Si
l'amour est une chose étrange, ce livre l'est tout autant.
Déroutant par sa forme tout d'abord. le narrateur change constamment et souvent sans prévenir. le phrasé est rapide, en particulier lorsque c'est le petit Clifford qui s'exprime, enchaînant les anecdotes et les associations d'idées. le premier chapitre s'appelle "Le fin" et le dernier "Le commencement".
Le fond ensuite. L'histoire réserve son lot de surprises. Au départ, il s'agit de la description du quotidien d'une famille modeste au modèle patriarcal. Puis, on découvre que le père impassible est en fait dépassé et que la moralité et la bienséance ne sont qu'illusion (et le mot est faible!).
Certains passages m'ont mis mal à l'aise tant ils sont crus et directs (notamment ceux traitant de l'inceste parent-enfant et frère-soeur). Les faits sont énoncés simplement par plusieurs des personnages du roman, comme s'ils allaient de soi. Ces personnages que l'ont pouvaient considérer comme ordinaires, voire banals vont révéler leur pire facette et ça en est parfois glaçant.
Difficile d'écrire une critique de ce livre sans dévoiler une grande partie de l'histoire. Sachez juste que lorsque le vernis craque, le résultat est impressionnant!
Arthur, le père de famille strict n'est qu'un alcoolique incestueux accroc aux prostituées. Suite à un événement inattendu, sa femme Gillian, discrète et soumise va avoir une révélation et changer diamétralement de personnalité. Sa fille Annette, élevée par des bonnes soeurs, va faire fortune dans un commerce peu recommandable (je n'en dirai pas plus). Quant au garçonnet innocent qu'est Clifford, son destin, toujours lié à celui des femmes qui l'entourent, va prendre un tournant… renversant.
Bref, si le début du roman paraît bien sage, cette idée sera plus que démentie par la suite. Ce livre est pour le moins surprenant et, à la fois réticente et intriguée, j'ai finalement pris beaucoup de plaisir à suivre cette famille au parcours vraiment atypique.