AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782091906775
127 pages
Nathan (08/03/1999)
4/5   1 notes
Résumé :
Etudier le théâtre suppose de s'interroger sur le statut original du texte théâtral, à la fois oeuvre littéraire et matière du spectacle. A l'aide d'exemples empruntés au répertoire classique et contemporain, cet ouvrage fournit des éléments de méthode pour aborder la lecture d'une oeuvre théâtrale : spécificité du langage, dramaturgie, mise en scène. Il propose également un panorama historique des différentes théories esthétiques concernant la comédie, la tragédie ... >Voir plus
Que lire après Le théâtre. Texte, dramaturgie, histoireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'avais déjà lu en 2016 ce manuel universitaire très riche pour un si petit format, mais j'étais bien loin d'en avoir tout retenu, d'autant que je me remettais alors à peine aux textes de théâtre. Et comme par symétrie, c'est à la fin du challenge Théâtre de cette année que j'en ai repris la lecture.

On s'étonnera peut-être qu'en fin d'introduction, Alain Couprie ose annoncer qu'il n'a qu'un but : "convaincre, contrairement à une affirmation encore courante, qu'une pièce de théâtre est d'abord faite pour être lue." Bien entendu, il y a un peu de provocation dans cette affirmation, et elle comporte indubitablement un aspect discutable - chaque pièce de théâtre ne correspond pas forcément à un texte gravé dans le marbre, on le sait bien, et c'est aussi vrai pour les pièces médiévales que pour celles de Shakespeare, ou encore pour les pièces actuelles créées sur plateau. Mais cette approche s'avère tout de même particulièrement intéressante, et notamment lorsqu'on est amené à analyser la littérature théâtrale (je pense évidemment aux étudiants en littératures française, comparée, étrangères, mais aussi à tous les autres que le sujet intéresse). Chaque genre, roman, nouvelle, conte, autobiographie, essai, récit, et j'en passe, s'analyse différemment, et le théâtre ne fait évidemment pas exception à la règle. Mais rassurez-vous, Alain Couprie n'élude pas pour autant les questions de mise en scène. Simplement, il part du constat qu'une pièce mise en scène est interprétation, et que revenir au texte est essentiel.

Aussi cet ouvrage est-il composé en deux parties bien distinctes : "Approches du texte théâtral", d'une part, et "Panorama historique et esthétique", d'autre part. Dans la première, il s'intéresse aux didascalies, aux dialogues, aux personnages, au langage paraverbal et non verbal, à la structure des pièces "classiques" (ce qui correspond en gros à une époque, le XVIIème, et non à un style, parce que les pièces baroques en font ici partie) et à celle des pièces du théâtre "moderne", et enfin à la mise en scène. Bien des questions qui ne nous viennent généralement pas spontanément à l'esprit sont donc là pour nous titiller. Alain Couprie, avec pédagogie, aide le lecteur à observer de plus près les textes de théâtre et à trouver ses repères pour l'analyse.

La seconde partie, nécessaire mais qu'on pourrait imaginer très convenue, m'a curieusement surprise. Si Couprie s'en tient effectivement à un panorama forcément rapide du théâtre, il cite des auteurs dont on entend généralement peu parler, et d'autant moins dans un petit livre de cent vingt et quelques pages. Il y mentionne, avec commentaires à l'appui, des dramaturges comme Jodelle, et d'autres encore bien moins connus. Voilà qui est appréciable. Quant à l'ensemble panorama, on le trouvera un peu répétitif après la lecture de la première partie, mais il est efficace, présentant de façon claire et l'histoire, et l'esthétique théâtrale.

Un peu étonnant également pour un ouvrage obligé de se plier à un formatage éditorial très strict, s'il est beaucoup question de théâtre français, ou en langue française, le théâtre étranger fait tout de même quelques incursions ici et là. le revers de la médaille, c'est qu'Alain Couprie s'est en revanche beaucoup focalisé, dans l'ensemble, sur quelques auteurs. Et si pour le coup cela apporte une certaine cohérence à son propos, il est fatiguant de voir citer à tout bout de champ Corneille, Racine, Molière, pour les "classiques", ainsi que Beckett, Sartre, Ionesco, Camus pour les "modernes". Peu d'auteurs plus récents que ces quatre-là sont mentionnés, pour ne pas parler des femmes, complètement absentes. Pas question de Duras ou de Sarraute, par exemple, ce qui m'a quelque peu choquée. Certes, elle ne furent pas exclusivement dramaturges, mais Camus ou Sartre non plus, que je sache.

N'empêche que je recommande ce manuel, à la fois consistant, concis et bien fichu. Une bibliographie assez fournie complète le tout. Voilà un livre qui fait son boulot et aide à se lancer dans des ouvrages un peu plus complets sur la seule analyse du texte théâtral.



Challenge Théâtre 2018-2019
Commenter  J’apprécie          250

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Conformément au précepte aristotélicien, le héros doit être "médiocre", c'est-à-dire ni franchement vertueux, ni totalement monstrueux. "Il faut, commente Racine, que ce soit un homme qui soit entre les deux, [...] qui ne soit pas extrêmement juste et vertueux ; mais il faut que ce soit un homme qui par sa faute devienne malheureux, et tombe d'une grande félicité et d'un rang très considérable dans une grande misère." Son Néron, dans Britannicus, est ainsi un "monstre naissant", qui bascule de la justice et de la bonté dans la perversité. Seul le théâtre de Corneille, riche en héros exemplaires qui, après une série d'épreuves, parviennent à la gloire, offre des exceptions notables à cette règle par ailleurs unanimement admise. Grâce à cette "médiocrité", la tragédie suscite, chez le spectateur, la pitié et la crainte, but que ce sont toujours officiellement assigné les dramaturges. Par la médiation artistique, l'horreur peut se muer en plaisir et opérer une catharsis qui "purge" l'âme des passions.

Première partie, chapitre 4 - Structure d’une pièce classique
Commenter  J’apprécie          163
Auparavant, Sartre avait analysé les rapports entre production et réception d'un texte, entre écriture et lecture. "C'est l'effet conjugué de l'auteur et du lecteur qui fera surgir cet objet concret et imaginaire qu'est l'ouvrage de l'esprit, il n'y a d'art que pour et par autrui."
Ces remarques valent encore plus pour le théâtre. Le spectacle n'établit de relations entre l'oeuvre et le public que par la médiation du metteur en scène et de ses comédiens. Le texte joué, vu par le public, est d'abord le texte vu, "interprété" par le metteur en scène. En son temps, Artaud n'hésitait pas à affirmer : "Pour moi, nul n'a le droit de se dire auteur, c'est-à-dire créateur, que celui à qui revient le maniement direct de la scène."
La question de savoir si une mise en scène est ou non conforme à celle de la création d'une pièce est en fait oiseuse. Outre qu'une réponse affirmative condamnerait à une stérile réitération et absolutiserait une lecture particulière et historique, toute mise en scène est nécessairement invention.
Première partie, chapitre 6 - De la mise en scène
Commenter  J’apprécie          40

Lire un extrait
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1291 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}