Le dernier des maîtres

Philip Kindred Dick, né en 1928 à Chicago et décédé en 1982 à Santa Ana en Californie, est un auteur américain de romans, de nouvelles et d'essais de science-fiction, l'un des meilleurs du genre, mon préféré entre tous. On lui doit le Maître du Haut Château ou encore Ubik par exemple et le cinéma a adapté certains de ses textes pour nous offrir Blad Runner avec Harrison Ford, Total Recall avec Arnold Schwarzenegger, Minority Report avec Tom Cruise etc.
Le Dernier des maîtres qui vient d'être réédité, est un recueil de onze nouvelles écrites entre 1952 et 1967. Nouvelles qui ont pour titre : La révolte des jouets, le dernier des maîtres, Les assiégés, L'homme sacrifié, Foster vous êtes mort !, Machination, le retour du refoulé, Les défenseurs, Planète pour hôtes de passage, Les rampeurs et Match retour.
Pour ne pas être trop long, je ne vais m'attacher qu'à trois textes.
Machination, qui est un pastiche des polars d'autrefois, avec un crime et un assassin qui n'a pas pu sortir de la pièce, des indices pointant vers un supposé suspect et un privé qui mène l'enquête en parallèle de la police ; sauf que nous sommes dans le futur avec robots etc.
Dans le Retour du refoulé, nous sommes au coeur de l'univers de Dick et sa question centrale, la réalité est-elle réelle ? le genre de sujet qui secoue les boyaux de la tête du lecteur ! Dans ce texte il est question d'un homme persuadé d'avoir tué sa femme, pourtant vivante, avec implantation de faux souvenirs dans les esprits, bref, le Dick à son meilleur.
Avec Les défenseurs, autre angoisse de l'écrivain, le conflit nucléaire anéantissant le monde, une menace, épée de Damoclès qui empoisonnait nos esprits même en Europe dans les années 50 et 60, conséquence de la guerre froide entre Etats-Unis et URSS. Ici, la guerre a eu lieu il y a plusieurs années, les Américains vivent sous terre depuis que la surface a été ravagée et que la contamination radioactive ne permet qu'aux robots de poursuivre le conflit. Jusqu'à ce qu'un homme ne s'interroge sur la véracité des comptes-rendus des combats faits par les robots et décide de remonter à la surface pour voir de ses yeux ce qui s'y passe ! Un vibrant plaidoyer pour la paix.
Un excellent recueil de nouvelles de Philip K. Dick, toujours très bon dans ce genre car devant faire court, il ne peut s'égarer dans des délires qui parfois pénalisent certains de ses romans. Monde anéanti par la guerre nucléaire, Terre désertée des hommes, mutants et robots, toute la panoplie de la S.F. d'alors qui par certains côtés peut faire sourire aujourd'hui (encore que si on remplace le nucléaire par le réchauffement climatique, ce soit moins marrant…) mais qui dans les années où Dick écrivait, correspondait à une véritable inquiétude mondiale.

« le dernier des maitres » regroupe la quintessence du génie de Dick. Dans ces nouvelles hantées majoritairement par la Guerre froide et le spectre de l'anéantissement à la suite d'une catastrophe nucléaire, Dick déploie toute son imagination en imaginant le futur de l'Homme, et de manière moins sombre que prévue (parfois !).

L'horreur, la folie, la paranoïa constituent certes les ingrédients de base utilisés par le Maitre pour nous faire réfléchir, rêver et frémir, mais pour aboutir vers un monde ou nos successeurs qu'il soient des mutants, des robots ou des extra-terrestres se montreraient plus raisonnables que nous.

Un must absolu donc à conseiller à tous les amateurs de SF, genre transcendé par Dick !
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Je vais avouer que j'avais complètement oublié de lire ce livre il y a quelques années de cela, alors que j'ai bien aimé cette lecture!

Ce qui m'avait tout d'abord attiré était la couverture de l'édition Folio SF, que j'avais trouvé à la fois belle et mystérieuse. L'idée que des humains assistent une créature visiblement mécanique, et non le contraire, m'avait énormément intrigué. Quand j'étais passé à la caisse de la librairie ce jour-là, je ne connaissais rien de Philip K. Dick: son style, sa réputation, son nom... rien! Je n'ai pas été déçu de le découvrir.
Son écriture m'a semblé fluide et simple à comprendre, même si les histoires racontées ne sont pas toujours évidentes. La forme de nouvelle (textes courts) implique que le lecteur n'a pas toutes les réponses à ses questions; ce qui permet de lire "Le Dernier des Maîtres" simplement. D'une part, comme on sait qu'on ne va pas avoir toutes les réponses, nous bloquons moins sur certains passages. D'une autre part, on peut lire un chapitre (une histoire), s'arrêter, puis reprendre plusieurs jours ou semaines plus tard sans conséquences sur notre compréhension du livre, puisque que les histoires sont indépendantes des unes des autres.

Maintenant, parlons des histoires.
ATTENTION Spoilers:
Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce recueil est la proximité de cette science-fiction avec le monde actuel. On va retrouver des jouets vivants qui veulent conquérir le monde, des araignées qui veulent le sauver, des créatures immondes qui le peuple, des humains qui se révoltent contre la seule et dernière machine intelligente encore "vivante" et dont la seule raison d'exister était de sauver l'humanité d'elle-même...
Ce n'est donc pas un far-west spatial à la Star Wars ou une aventure comme dans H2G2... mais ce n'est pas plus mal. Cela m'a changé dans mes habitudes littéraires tout en me donnant l'impression (car je m'étais renseigné sur Philip K. Dick entre temps) de lire des textes importants dans l'histoire de la Science-Fiction.
Je recommande donc vivement cette lecture!

un recueil de nouvelles SF comme je les aime, du bon Phillipe K.Dick comme d'habitude.

Recueil de nouvelles.
Texte sombre et pessimiste mais très clairvoyant, pas du tout dépassé.
On s'en délecte et cela donne à réfléchir.