Le mythe gastronomique français

Sans remettre en question les qualités de la cuisine française, Alain Drouard, avec la méthodologie d'un directeur de recherche au CNRS, démonte le mythe de la gastronomie française. Faut dire que le suicide au XVIIème siècle de François Vatel cuisinier de Fouquet (et inventeur de la Chantilly) marquera longtemps les esprits en France et à l'étranger. Un cuisinier français se donne la mort parce que la marée (les poissons commandés) n'est pas arrivée, cela place assez haut la barre de l'exigence. Mais c'est au XVIIIème avec les premiers livres de cuisine que l'idée de la « haute cuisine française » va commencer à faire son chemin. La littérature ne sera pas de reste tout le long du XIXème avec des écrivains - tels que Balzac, Stendhal, Flaubert, Zola, Dumas… et même au XXème avec Colette, Proust, Simenon, Giono qui célèbrent l'excellence de la gastronomie parisienne et de la cuisine de Province. Progressivement des clubs de gastronomes se développent surtout à Paris mais aussi en province, des critiques de prestige comme Curnonsky éditent des revues et des livres sur l'art de la table, du maintien, du service qui vont asseoir le mythe du bien-manger français. En parallèle, de grands chefs exploitent de nouveaux chemins et expérimentent de nouvelles façons de faire. Cependant, la cuisine d'un pays ce n'est pas uniquement les grands chefs ou les restaurants étoilés, la cuisine repose sur le savoir-faire de millions d'hommes et de femmes qui tous les jours se mettent devant leurs fourneaux et magnifient avec simplicité ou pas les produits du terroir. Avec le recul de la paysannerie au XIXème, l'industrialisation massive de l'agro-alimentaire et le «tout prêt » la gastronomie française est devenue un mythe. Les français depuis des siècles se targuent d'être le premier pays gastronomique au monde, d'avoir le plus de produits de qualité, de chefs étoilés, de vouloir labelliser leur cuisine patrimoine mondial de l'humanité mais aujourd'hui Mac Donald est le premier restaurateur français, les français sont les deuxième mangeurs de pizza après les américains et combien de ménages cuisinent encore les deux repas du midi et du soir sans boite de conserve, surgelés et autres prêt à l'emploi. Comme la mode de la rue inspire les grands couturiers, c'est la cuisine du quotidien qui fait la gastronomie d'un pays et dynamise la créativité des chefs. C'est donc entre nos mains que se trouve la gastronomie française ni dans les livres, ni dans les grands restaurants.

Lecture intéressante. J'y ai trouvé beaucoup d'éclairages historiques, mais pas assez à mon goût de critique sur les pratiques de consommation française actuelles. Je vais me rabattre sur la lecture de Fast Food Nation de Éric Schlosser, même si c'est un peu éloigné du cas français, pour faire contrepoint. Pas encore trouvé de référence française.