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Au vu de toutes les critiques que j'ai pu en lire, je dois dire que j'attendais le Seigneur des porcheries comme un récit messianique.

Il ne m'a pas tourneboulé autant que je le souhaitais, la faute à une narration de chronique impersonnelle faisant perdre une bonne part du potentiel humoristique du sujet, sous la plume apostolique d'un collègue du héros John Kaltenbrunner. Cette saga des paumés et des laissés pour compte comprend aussi ses moments de gloire.

On y suit les aventures d'une sorte de Mozart qui a eu le malheur de naître dans le milieu consanguin et arriéré de Baker, sinistre ville de soûlards et d'ouvriers, et qui n'a pu reporter son génie que sur les choses rurales et la quête d'un père décédé, presque déifié.

Le récit comprend à mon sens quelques longueurs, et est formulé dans un style trop ampoulé, chose surprenante vu le profil du narrateur que l'on aurait apprécié plus saignant et ordurier dans le langage. Les phrases sont écrites de telle sorte que leur sujet réel et attendu se situe toujours après une succession de développement qui font retomber toute l'attente nourrie par trop de longueur.

Souvent comparé à la Conjuration des imbéciles, mais avec moins de splendeur selon moi, ce roman vaut la peine d'être lu, ne serait-ce que pour son incroyable final, apocalyptique et furieusement pessimiste.
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Formidable plongée dans la cambrousse américaine, nous y suivons le parcours d'un héros à la fois vengeur christique, leader d'une révolte de péquenauds et d'une infortune légendaire, le style se distingue par un équilibre parfait entre un registre sophistiqué et un registre presque colloquial. Certains passages s'intéressent à la geste de John Kaltenbrunner, tandis que d'autres, plus généraux, mais non moins passionnants, évoquent les tares des péquenauds de Baker. Dans ces passages, que j'ai particulièrement appréciés, on s'extrait des personnages pour aller dans les grandes lignes de l'histoire de Baker ou bien de la psychologie de ses habitants. le côté picaresque rappelle par bien des points la Conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole, bien que le personnage principal soit moins insupportable pour le lecteur. de façon plus subtile, je tenterais un rapprochement avec la Mélancolie de la résistance, de László Krasznahorkai, qui nous présente également un récit apocalyptique dans une toute petite ville, avec un personnage principal et une fin qui ne sont pas sans présenter des similarités avec celui d'Egolf, en moins optimiste et en moins humoristique. Cette lecture, qui nous montre la vengeance des petites gens, la décadence en marche, et l'explosion finale est complètement jouissive et j'en conseille la lecture sans restrictions. Je remercie le critique littéraire Juan Asensio qui m'a permis de connaître cet auteur.
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J'écris aujourd'hui pour « préserver l'histoire d'une réalisation avant qu'elle ne soit confisquée par les gens des collines » et permettre au cri enragé du seigneur des porcheries d'être entendu.

Ce premier roman de l'auteur relate la succession d'événements qui a secoué Baker, petite ville rurale du sud des Etats-Unis, et mené à la grève générale des éboueurs contre l'ensemble de la population. Cette crise restera un sujet embarrassant pour la communauté qui n'aura de cesse de multiplier les tentatives pour brouiller les pistes de ses origines. Une tentative de confiscation inconcevable pour les membres actifs de cet épisode douloureux de l'histoire locale qui ne laisseront pas ce ramassis de rustres américains rendre méconnaissable tout ce pour quoi ils ont travaillés. Les « torche-collines » vont donc prendre la plume et nous rapporter le récit de ces mois passés en la compagnie de John Kaltenbrunner, personnage central de toute l'affaire, tout en nous révélant les motifs de ce soulèvement : pour John, un règlement de compte longtemps attendu et pour eux, ses improbables compatriotes, la fin d'une obéissance servile.

Ce témoignage est rendu vivant par un style vigoureux, provocateur et libéré qui dénonce avec talent les petites bassesses et les vicissitudes de l'Homme en général. Un égarement dans un coin reculé où « chaque nouvelle génération est généralement en tout point aussi vicieuse et violente que l'avait été la précédente » ; où les spoliatrices religieuses et les patrons méprisants paradent publiquement en pilier de la communauté ; et où finalement l'omniprésence de la violence et l'ignorance crasse des citoyens n'épargnent personne, pas même le lecteur.

L'écriture de Tristan Egolf, au rythme frénétique et à l'ironie désabusée, retranscrit d'une manière juste l'existence tragi-comique et anti-héroïque de John. Un être hors-norme assailli par la malchance. Un parcours marginal, en prise avec l'hostilité écrasante de la communauté, qui conduira nécessairement ce personnage explosif à sa vengeance cinglante et la plèbe de Baker dans l'ensevelissement de ses propres excréments.

En bref, un spectacle piteux et anarchique d'une foule ayant enfin reçu le signal de se taire .
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Un boomerang sur l'engeance = (V)engeance

" J'ai de la benne pour toi ! " comme pourrait le proposer le frère Pétard Mammouth John Kaltenbrunner manu militari, le planificateur du chaos... Ça va faire Mururoa dans ta tête à toi, Baker (et lecteur par la même occasion).
Dans les rues de Baker aux États-Unis, vous aurez peu de chances d'y croiser un Sherlock Holmes gentleman de classe mais plutôt des déchets, loques, homeless dans ce coin industriel assez sinistré. Toutefois, parmi ce tableau peu reluisant, une étoile filante (un météore de Pégase plutôt ! nommée John , comme susmentionné, un gars doué, intelligent et débrouillard, va animer cette contrée de tôle et de haine (ils possèdent leurs propres Trolls là-bas!), marquant durablement les esprits locaux...
"Calamité" John y a foutu un sacré merdier, à propos c'est sidérant sa propension de fourrer son nez dans la merde, que ce soit de son propre chef ( dès son enfance avec son élevage de leghorns, alors que les autres enfants normaux de son âge superposaient les legos, et son parfum Coq Coq Chanel inhérent et ses moutons) ou plus ou moins indirectement (les multiples emmerdes lui tombant dessus dès sa naissance : la scoumoune le poursuit) jusqu'à sa dernière activité professionnelle, la collecte des ordures...
Là où bien d'autres flancheraient devant tant d'adversité, John orchestrera patiemment et ingénieusement sa vengeance légitime sur toute cette vile communauté de Baker... bel exemple de résilience !
Si ce livre cartonne tant auprès du lectorat c'est peut-être aussi en raison d'un processus d'identification fantasmatique : combien d'entre nous aimeraient se décharger de pulsions vindicatives, se libérer des humiliations et frustrations subies au cours des années de manière aussi " défoulante” ?!
En tout cas Tristan Egolf, pour son premier roman, a quintessencié ( sans connotation péjorative) sa prose et laisse une trace indélébile dans la Littérature ! C'est du moins mon avis puisque seulement six ans après ma première lecture de ce chef d'oeuvre, dont les sillons mnésiques résonnent encore dans ma foutue caboche, j'ai donc décidé de le relire ! C'est dire la puissance de cette pure oeuvre de décathlonien : le fond ( une histoire de vengeance individuelle sur toute une ville qui est passionnante) et la forme (je n'ai pas lu en VO mais la traduction jubilatoire signée Rémy Lambrechts côtoie les sommets avec un registre lexical étoffé et un humour désabusé omniprésent ! ) fusionnent harmonieusement. L'auteur maniait le verbe sans verser dans la verbomanie, tout en équilibre du début à la fin ou presque ( ne pas se laisser intimider par la première phrase du livre !), et ses facultés apophtegmatiques combleront le lectorat en quête de sens de la repartie puisque le bougre alignait les formules mémorables ( pour obturer un clapet malveillant, puisez dans ce livre!).
Il faut lire ce livre ! Ce n'est pas un conseil ni une injonction mais une évidence !
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Lorsque Tristan Egolf débarque à Paris depuis les USA, c'est un jeune fou promenant une guitare, un manuscrit et une sébile pour mendier dans les couloirs du métro. Sa rencontre avec Marie Modiano sera l'événement déclencheur de l'édition du Seigneur des porcheries, Patrick Modiano ayant déchiffré un chef d'oeuvre entre les pages envahies d'une écriture compulsive.
Jamais plus bel hommage ne fût fait aux culs de basse fosse, aux bannis, aux miséreux d'une Amérique boursouflée et pseudo civilisée.
John Kaltenbrunner voit le jour à Baker, comté de Green, dans le Midwest profond.
Gamin détonnant, asocial, hameçonné dès sa naissance par une étoile pernicieuse, sa courte vie sera un chemin de croix pavé des pires avanies que peut concevoir une humanité pourtant peu encline à la mansuétude. Figure christique d'un univers dantesque, John incarne malgré lui le rôle d'anti héros d'un film apocalyptique.
Dans cette bourgade imbibée d'alcool, de cupidité, de bassesses, où des siècles de consanguinité ont engendré des générations abâtardies grimées de bondieuseries illuminées, la trajectoire de John sera celle d'un ouragan.
Gamin fiévreux nourri de milles expériences traumatiques, il rejoint l'équipe des torches-collines, les éboueurs, que l'échelle de l'humanité relègue juste en dessous des rats d'égouts.
Et la communauté va basculer...
A mesure que la grève initiée par John fait grandir les tas d'ordures, les citoyens se dépouillent de leur vernis civilisé...
Un livre féroce, jubilatoire, écrit au vitriol pour mettre à nu la réalité d'une Amérique biberonnée aux alcools forts, vouant culte aus principes d'autodéfense armés, détestant son prochain avec une ferveur rachetée pour quelques dollars à des prédicateurs en veine de foi mais non de cupidité.
Il y a tant de critiques dithyrambiques à propos de ce livre que mon apport personnel ne rajoutera rien. C'est une claque littéraire qui réussit l'incroyable pari de faire naître des fleurs sur un océan d'immondices.
Quelle énergie désespérée a t'il fallu à Tristan Egolf pour extraire de ses tripes juvéniles ce premier roman époustouflant ?
Les génies ont la peau plus dure que le coeur. Apprendre qu'une balle "autoportée " l'a rayer du monde à 33 ans ne m'a pas surprise. Quelque part, à l'image de John, son probable alter ego, peut-être lui a t'il fallu aller jusqu'au bout de son propre évangile.
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Rats de rivière, 7ème génération d'unions consanguines dans le Cumberland, épouvantable pilleur de récoltes. John Kaltenbrunner à Baker dans la Pullman Valley, corn belt.
Un enfant orphelin de père, quelque peu autiste, a le génie de la ferme mais se fait spolier par l'église méthodiste. Emprisonné, il revient à Baker quelques années plus tard, en tant qu'éboueur. Il organise une grève et fait exploser la ville. Livre extraordinaire, chef d'oeuvre.
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Des romans sur la décrépitude des vieux bassins industriels des États Unis il en existe un florilège. La détresse, la misère, la solitude sont autant de pousses qui ne demandent qu'à éclore dans ce genre de sinistre terreaux.
Vous pensiez avoir lu suffisamment sur cette Amérique en crise ? Et bien détrompez vous car voici un roman d'une étonnante singularité qui va vous embarquer dans une véritable aventure sociale où la déchéance se mêle au burlesque.
Le Seigneur des Porcheries met ainsi en scène l'anti-héros des temps modernes, sur qui le mensonge, la malhonnêteté, la cupidité se sont acharnés avec délectation et cynisme. Mais John Kaltenbrunner, notre pauvre victime, est tout sauf un insoumis. Il va se venger de cette société décadente qui le persécute. Et à travers les conséquences désastreuses pour la petite ville de Baker se révèle alors au lecteur un portrait encore plus noir d'une communauté totalement sclérosée, déchirée, et finalement humiliée.
Un véritable chef-d'oeuvre de la littérature américaine où au delà de la tristesse apparente le lecteur peut se surprendre à rire aux éclats.
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Attention chef d'oeuvre. Baker est une petite ville du Midwest gangrénée par l'inceste, l'alcoolisme, la violence, le patriotisme forcené, le racisme et l'intégrisme religieux.

John Kaltenbrunner, un enfant du pays fera l'objet de toutes les vexations. Pendant des années de désespoir, cet enfant normal va nourrir sa vengeance jusqu'à provoquer des cataclysmes.

Ce roman est extraordinairement fort. Il décrit cette société sans une note d'indulgence. le héro va subir toutes les incohérences sociales jusqu'au moment où il va se servir de celles-ci pour les faire imploser.
A lire absolument…
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Ouragan, tornade, le roman virevolte, s'élève et retombe avec fracas, membres brisés, orgueil écrasé. La crasse, la puanteur, les déchets.
L'excrément comme catégorie sociologique, Durkheim chez les ploucs, l'homme excrété parce que nécessaire, à chacun sa place: abattoir, torche-colline, harpie méthodiste.
Tous se doivent de favoriser le transit intestinal, pour qu'aucune tête ne dépasse, qu'aucun citron ne s'élève. Jusqu'à ce que sécession se fasse, grève-stratégie où la fleur de bouse qu'on appelle amitié puisse enfin surgir et répandre ses effluves avant la fin, fin de la bouteille, dernière gorgée amère pleine de dépôts, impureté et limpidité s'excluant mutuellement.

Toute la beauté du monde dans ses scories.
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Vous qui êtes tentés de découvrir cet ouvrage sachez que vous allez faire un voyage littéraire hors du commun. Ici vous entrez dans le Midwest, à Baker et vous n'en ressortirez pas indemne car il s'agit là d'un roman/épopée celle de John Kaltenbrunner qui vint au monde d'une façon brutale et dont la vie se résume en combats à sa manière, la forte, contre l'injustice. A lui le veau gras ! A lui les combats de ceux de la plèbe, des rats, des citrons et trouver les moyens et les armes dont ils disposent pour vaincre les pouvoirs, les religieux, les abus de toute sorte.
C'est un récit exigeant, une longue narration qui retrace un combat douloureux d'un être épris de justice mettant finalement en lumière les bassesses humaines. C'est fort, déroutant, prodigieusement porteur d'images et messages. Une lecture inoubliable dans la forme, la portée, le style.
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