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Le Seigneurs des Porcheries ( sous-titré: "Le temps venu de tuer le veau gras et d'armer les justes"), est un récit haut en couleur qui décrit le retour de John Kaltenbrunner à sa ville d'origine (dans laquelle il a tout perdu), ceci dans un esprit de vengeance : il faut que "justice" soit faite.

Le "fils prodigue", selon la parabole, vend tous les biens qui lui ont été donnés en "héritage" et s'envole avec sa nouvelle fortune dans une région éloignée de la présence de son père. Là, il gaspille toute sa fortune dans un style de vie insouciant. "Cet enfant qui était royauté au vrai sens du mot se retrouvait alors affamé, dans les champs, entouré des cochons et désireux de se nourrir de la nourriture que ces animaux impurs mangeaient".

John Kalterbrunner n'a plus de fortune à dilapider, la comparaison s'arrête donc là. Cependant il revient "armer les justes". Et il y parvient.

De ce fait, sa mort évoque celle du Christ. Dans le récit, elle servira à améliorer le statut de ses frères de combat (les apôtres) et Wilbur (St Luc) écrira un "évangile" pour l'époque où " les réécritures d'après la crise commenceraient à s'opérer" . "ET NOUS LUI DEVONS AUJOURD'HUI ENCORE". "Avec le temps nous avions fini par comprendre, ou du moins par CROIRE que dès le début nous avions su que nous serions un jour appelés à raconter cette histoire".

Le prénom de Jean, a une consonance biblique, il est considéré par ses apôtres comme le "Seigneur".
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Difficile de faire du neuf vu l'avalanche d'avis donnés sur ce livre, d'autant que la plupart sont très détaillés !
Je n'avais jamais entendu parler de Tristan Egolf (nul n'est parfait) ni de ce premier roman qui a suscité un tel intérêt ! Je viens de terminer le livre et reste stupéfaite. Ce n'est pas tant l'histoire qui m'a intéressée que les procédés d'écriture et cette façon qu'a l'auteur de se servir de toutes les richesses de sa langue maternelle.
John Kaltenbrunner est né d'un père fugace et d'une mère dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est malade. Rejeté dès le départ pour de multiples raisons, John fait preuve dans son enfance d'une étonnante résistance et d'une grande inventivité qui lui permettent de survivre sans faire fléchir l'hostilité ambiante. Toute cette période est décrite avec une précision quasi diabolique et un sens de l'image vertigineux. Orphelin et délinquant (extraordinaire relation de la maladie et de la dégradation de la mère ainsi que de la captation de ses biens par des gens d'Eglise), John purge une peine de prison sur un bateau avant de retrouver sa ville natale, Baker, une bourgade qui ne semble peuplée que d'idiots invétérés méchants comme la gale. Après avoir été éjecté de nombreux emplois minables, il devient éboueur. Là-encore Tristan Egolf se montre éblouissant dans ses descriptions et ses créations d'atmosphère. La vengeance de John, qui orchestre une grève des éboueurs transformant la ville en une poubelle infernale, sa grandeur, sa chute et le message qu'il laisse à ceux qu'il a soutenus sont présentés avec une force et une intelligence qui ne peuvent émaner que d'un écrivain puissant qui maîtrise parfaitement son chemin.
Je mentirais en disant que j'adore ce type de roman où personne ne semble échapper aux bas-fonds et à une spirale infernale mais j'ai été éblouie par la virtuosité de ce jeune auteur qui a si bien su cerner le mal dans toutes ses acceptions...
Un choc littéraire et émotionnel.
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Un roman burlesque, une écriture soutenue, une bonne dose d'imagination. Un passage marquant (parmi d'autres) la naissance de John Kaltenbrunner !
Sa vengeance est mémorable..
Il y a quelques poussières de "L'infinie comédie" (David Foster Wallace), de "Homme invisible, pour qui chantes-tu?" (Ralph Ellison), de "La conjuration des imbéciles" (John Kennedy Toole), et bien d'autres réunis crient révolte, misère et joyeuse tristesse avec une pincée d'humour..



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Comment résumer ce roman qui ne peut être résumé ? La 4ème de couverture d'ailleurs assume totalement cet aspect, avec, il faut bien l'avouer, une sincérité surprenante.

Ce premier roman aborde le thème de la marginalité et de l'exclusion avec un phrasé sombre, violent, parfois drôlatique et résolument punk. Poétique de la haine, encensée par Modiano père.

Ce n'est pas seulement avec l'Amérique rigoriste profonde qu'Egolf règle ses comptes, mais avec (on l'imagine aisément) la noirceur profonde de l'humain : patrons véreux, religieux animés par la noble cause de l'enrichissement, système scolaire inadapté aux inadaptés.
Un héros trop caduque pour une communauté en putréfaction, animé par une ferveur de vie en autonomie. le rêve américain moderne distordu d'un incompris.

Mais c'est aussi (et surtout) avec la littérature elle même que l'auteur se bat, et débat. Dans les états-unis de Clinton, et dans un second mandat marqué par les "X-gate", et le retour d'une politique Reganienne, c'est "La conjuration des imbéciles", "Les raisins de la colère", et autres Faulkner qui sont recussités.
Dans Kornwolf, son troisième et ultime roman, il offre au lecteur une bande-son incroyable mêlant les grands classiques country de la cornbelt, et Slayer. Un mélange qui en dira bien plus long sur son style, ses thèmes et son projet que la plus poussée des critiques.

Véritable retour d'un écrivain contre-culture, et contre culture. Tout comme Tool, Egolf choisira de se donner la mort à l'aube de la trentaine.
S'il n'a pas eu la chance d'être reconnu comme un seigneur de la littérature américaine, il aura peut-être au moins été l'un des plus nobles seigneur des porcheries qui ait existé.

(À lire également Kornwolf, plus sombre encore, revisitant à merveille le mythe du loup-garou en le diluant dans son écriture provocatrice et libérée, toujours au service d'un regard sévère.)
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D'abord , d'abord , il y a Baker … condensé abject de ce que l'Amérique profonde peut recéler de plus rétrograde et taré ( du moins dans l'imaginaire de ses écrivains , et in fine il doit bien y avoir un peu de vrai … voir Trump) .Saleté , ignorance crasse , religiosité et alcoolisme , méchanceté . Il y a la victime , John Kaltenbrunner, souffre-douleur car atypique ( il est intelligent ) Et enfin il y a la vengeance de la victime expiatoire , à la mesure du martyre subi , un scénario à la Monte Cristo mais ici l'objet de la vengeance est une ville entière. Un premier roman , violent dans son langage et ses épisodes qui traduit la haine de l'auteur pour ce versant sinistre du « rêve américain ».Très impressionnant !
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Très grand roman, entre la Conjuration des imbéciles et Survivant, sur un fonds de Faulkner. La terre, la bêtise, les hommes.
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Je viens de terminer un OVNI, ou plutôt un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié ).
Le seigneur des porcheries (le titre original est un tantinet plus long... Lord of the Barnyard killing the fatted calf and arming the aware in the Corn Belt... traduit par : le seigneur des porcheries, le temps venu de tuer le veau gras et d'armer les justes...) de Tristan Egolf, jeune auteur trop tôt disparu (à 34 ans en 2005).
Premier roman et destin incroyable. Refusé par toutes les maisons d'édition aux États-Unis,  c'est notre Gallimard qui le repère et lui donne vie. Pour le plus grand bonheur de lecteurs tous plus enthousiastes les uns que les autres.
Roman dense, riche, loufoque, noir. Mélange des genres.
Quand je l'ai ouvert, je me suis demandé combien de temps je mettrai à lire ses 600 pages. Et puis, ça c'est fait tout seul, naturellement, à peine le posai-je que j'avais déjà envie de le reprendre. Pourtant ce n'est pas une lecture aérée. Les chapitres sont longs, les dialogues ne sont pas ressortis du texte, pas de page blanche...
Le seigneur des porcheries c'est le destin de John Kaltenbrunner, lié à une petite ville du midwest, Baker. C'est là qu'il va faire les 400 coups.
Digne héritier d'un père qu'il ne connaitra jamais et sur les pas duquel il compte tracer sa vie.
À l'école il préfère la ferme.
A ses condisciples il préfère les animaux.
Il pourrait être heureux et oisif. Il n'en sera rien.
La faute à Hortense, cette religieuse méthodiste qui va briser sa vie, lui enlevant tout, jusqu'à l'amour de sa mère.
Sa vie ensuite n'est faite que de dérapages et d'erreurs.
Et puis un jour...
Le voilà qui débarque chez les boueux (éboueurs) , et c'est toute la vie de Baker qui va s'en trouver bouleversée.
Trouvera-t-il enfin la paix et la reconnaissance ?
Ce roman est incroyable,  parce que indéfinissable, inclassable.
Malgré quelques longueurs on a envie d'aller plus loin, de suivre ce personnage atypique.
On se demande bien pourquoi les éditeurs américains n'ont pas voulu de ce récit. 
Ah si, moi, j'ai bien une idée. L'Amérique qu'Egolf nous décrit n'est pas très reluisante...
Baker, c'est tous les travers de l'humanité réunis.  Les rats de rivière, les citrons, la plèbe,  c'est la consanguinité, l'alcoolisme,  la violence , le racisme et l'emprise de certaines communautés religieuses.
Elle est peut-être pas belle cette Amérique-là mais ça donne un p***** de bon roman.
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John Kaltenbrunner n'a pas dix ans qu'il réclame à sa mère des moutons. Berger tenace puis agneau de dieu, bouc émissaire tout autant que cavalier de l'apocalypse, John est une figure clairement christique - au point que son auteur, Tristan Egolf, s'est flingué à 33 ans.
Les références bibliques sont constantes. John récupéré, tel Moïse, au milieu des roseaux, « John [...] canonisé en une figure éculée d'antéchrist et nous, en ses apôtres, les proverbiaux torche-colline », « John l'Immaculée Conception. John le charpentier », John érigeant « une flagrante caricature de la croix sur sa propriété. », John « chassant à travers un plateau une harde terrifiée d'habitants de Baker nus et réduits en esclavage. Il était nimbé d'une lueur éthérée et [...] les menait comme s'il était leur berger, et Bucéphale grondait, et la winchester tonnait, et leurs corps tombaient à travers le ciel ouvert comme des sacs d'aliment pour bétail avant d'être empalés, défoncés et déchiquetés par les escarpements dentelés des colonnes de calcaire. Et John parcourait lentement le rebord loin au-dessus, l'étalage panoramique de la mer ouverte étendu et dévalant devant lui, la foule morte éparpillée sur la plage ayant enfin reçu le signal de se taire. », John qui « était descendu de la croix, dans une certaine mesure. », John « sachant qu'il ne mourrait jamais : le Jourdain n'était pas assez grand. », John au « regard baissé sur chaque sol d'usine d'ici à Jérusalem », etc.
Mais ce J.K.-là tend moins l'autre joue qu'il n'apporte l'épée. D'autant plus qu'il connaît par coeur « l'Internationale » et qu'il relève les damnés de la terre plutôt que les paralytiques. John est torturé, arrêté et il meurt conspué par la foule mais ses disciples seront augmentés et découvriront l'autogestion.
Ce livre se permet d'être à la fois poignant et hilarant, écrit par un évangéliste qui s'appellerait plutôt San-Antonio que Saint-Jean. « L'état de madame veuve Kaltenbrunner avait incontestablement empiré en l'espace de quelques petites heures. Elle semblait s'être tranquillement métamorphosée en rutabaga au cours de la nuit. C'était écoeurant. Elle était mûre pour les urgences » Quelqu'un capable de nous narrer l'atroce finitude de la condition humaine en comparant sa mère malade à un rutabaga est à canoniser d'urgence.














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Moui.
ça commence par un prologue que j'ai dû relire trois fois pour bien comprendre (qu'il n'y avait rien à comprendre) tant l'auteur se noie dans un style alambiqué qui n'apporte rien d'autre que d'afficher une intention de se démarquer.
ça continue avec une première partie sur l'enfance du héros. Là, ça devient sympa. C'est drôle, avec un peu de profondeur, ça permet de cerner le personnage atypique, et ça donne envie de poursuivre.
Et puis toute la deuxième moitié... Pfiou... Que c'est lourd ! Bourré d'argot incompréhensible ou mal traduit : les "citrons" pour désigner les mexicains, ou alors les trolls, les rats de rivière, les rats d'usine pour désigner d'autres citadins sans jamais rien préciser d'autre à leur sujet. Quand ça apporte quelque chose à l'histoire ou que c'est expliqué, pourquoi pas. Mais là, non. Il y a dix répétitions de ces termes à chaque page, sans réelle justification. Et l'histoire prend le même tournant. Elle n'est plus réellement centrée sur le personnage découvert au départ. Et l'auteur se noie dans des répétitions (300 pages auraient pu tenir en 50 en gardant le même sens et en racontant les mêmes scènes avec le même niveau de détail...), se perd dans la narration ("alors là il va se passer ça mais d'abord laissez-moi faire une parenthèse inutile qui explique ce que je répèterai à nouveau un peu plus tard parce que ça aura lieu après"), dans des exagérations sur les actions (ça aura pourtant pu sonner vachement réaliste, tout ça, mais pour des effets de style, ça perd toute sa profondeur). Bref, toute cette deuxième moitié a douché l'enthousiasme qu'avait fait naître la première partie. Est-ce que c'est le traducteur qui a raté son coup ? L'éditeur qui a imposé de rajouter des pages ? Ou qui a fait rajouter la première partie (celle que j'ai aimée), tant elle diffère du reste ? En tous cas, pour moi, l'effet est raté.
N'est pas Steinbeck qui veut. Il ne suffit pas de répéter trois mots d'argot dans une histoire de l'Amérique profonde pour être qualifié d'un génie qui a du style. Là, c'est tout juste moyen.
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Campé dans une bourgade de l'Amérique profonde, ce récit met en arrière-scène une panoplie de personnages, supposément paumés, qui, à leur façon, tentent de sortir la tête de l'eau. Mais dire cela c'est commencer par la fin, puisque ça leur prendra un rebelle pour allumer l'étincelle et que c'est à l'enfance de ce futur meneur d'homme que débute ce roman. On y découvre un enfant marginal, partiellement déconnecté de la normalité quoique génial dans son champ d'intérêt; troubles du spectre de l'autisme possible sans être diagnostiqué cependant. Dès cette période le sort s'acharnera sur lui et ce sera son destin pour toute sa vie : à chaque fois qu'il réussit le malheur survient et tout est à recommencer.

Mais ces déboires ne sont pas que le fruit du hasard. Quand ce n'est pas des intimidateurs qui le chahutent, c'est son employeur qui nie son droit à l'assurance accident, ou bien les autorités qui ferment les yeux sur ses plaintes justifiées, ou bien l'église du coin qui dépouille sa mère malade. L'accumulation de telles injustices amène graduellement le récit vers un aspect plus social qu'individuel et c'est la que le tout passe à la vitesse supérieure pour culminer vers des scènes inoubliables. J'ai adoré cette histoire sans concession, dure mais fascinante, avec malheureusement trop d'accents de vérités. le tout est porté par une écriture aussi passionnée que convaincante. Un régal.
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