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Anne-Laure Tissut (Traducteur)
EAN : 9782742786961
243 pages
Actes Sud (31/10/2009)
3.3/5   23 notes
Résumé :
Après l'atroce assassinat de Lane, sa fille unique, âgée de onze ans, Ismaël Kidder enlève un quidam qu'il a décidé de tenir pour coupable du crime. Dans le sous-sol de sa coquette maison de romancier à succès où il le séquestre à l'insu de tous, il soumet l'homme à la torture... A travers ce portrait sans concession d'un individu fou de douleur passant du statut de victime à celui de bourreau, Percival Everett, qui écrivit ce roman en réponse aux exactions commises... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Tout récemment encore des enquêtes étaient menées pour savoir si la méthode de la planche à eau relevait ou non de la torture. Son nom comporte pourtant en soi peu d'équivoque…
Le supplice de l'eau : le sujet est attaché sur une planche inclinée ; la tête, placée plus bas que les pieds, est bâillonnée et de l'eau est peu à peu versée sur le visage. L'eau absorbée par le bâillon empêche le sujet de respirer, occasionne une sensation d'étouffement et la peur panique de l'asphyxie. Les poumons se situant plus hauts que la bouche, l'eau ne peut normalement pas les envahir et empêcherait donc la mort par noyade; c'est du moins ce qu'affirment les adeptes de cette pratique. Cependant, les réflexes de suffocation qui ressemblent à ceux d'une électrocution ne sont pas sans causer de graves et irréversibles traumatismes psychologiques.
Sous le gouvernement de Georges W. Bush, ce simulacre d'exécution a été largement pratiqué dans les geôles de Guantanamo. En toute légalité…

Au fil d'une oeuvre extravagante, engagée, cynique et insolite, l'auteur afro-américain Percival Everett n'a cessé de pointer du doigt les abus et le non-sens d'un monde chaotique et pervers.
Ses romans, de « Glyphe » à « Effacement » en passant par « Désert américain » sont de féroces réquisitoires contre l'injustice, le racisme, la barbarie et l'abêtissement culturel dont font montre les Etats-Unis et que l'auteur dézingue à tout va, portant les coups de son indignation comme un boxeur sur le ring au fil de textes-uppercut puissants et provocants.
Il présente « le supplice de l'eau » comme un « acte d'accusation contre l'ère Bush » et, en réponse à ce qu'il considère comme un procédé coercitif inhumain, il a tenu à légitimer par l'absurde et la déraison l'utilisation de la torture.

Auteur à succès de romans à l'eau de rose qu'il écrit sous un pseudo féminin, Ismaël Kidder est un noir-américain riche, intelligent, cultivé ; un modèle d'intégration et de réussite sociale. Mais son monde s'effondre le jour où Lane, sa petite fille de onze ans, est retrouvé morte, violée et étranglée, son corps abandonné dans un fossé.
Aveuglé par la haine, épris d'un désir de vengeance et de justice rageur, Ismaël se laisse totalement envahir par sa douleur et par la volonté de faire justice soi-même.
Il enlève celui qu'il considère comme le coupable, le séquestre dans le sous-sol de sa maison et là, se transformant en bourreau, pratique jour après jour le supplice de l'eau sur le présumé violeur.

Percival Everett nous fait entrer de plain-pied dans la conscience éperdue de son personnage. Une folie froide, lucide, aussi tranchante qu'une lame affutée. Si la conscience est émoussée, l'esprit reste d'une clairvoyance et d'une intelligence qui pétrifient et font froid dans le dos, Ismaël tentant de trouver du sens à ses actes par le biais de raisonnements politiques, d'élucubrations philosophiques ou linguistiques qu'il aborde avec une impassibilité glaçante et volontairement dérangeante.
Le roman dépourvu de linéarité, s'égrène ainsi par fragments, au gré des éclisses d'une pensée de plus en plus effritée, mêlant considérations personnelles, souvenirs, théories platoniciennes, dissertations sur la philosophie quantique, insertions de notes ou de croquis…

Le supplice de l'eau, c'est aussi ce que l'on ressent devant ce texte éclaté, face à ce débordement de pensées insensées. A l'impression d'oppression et de suffocation, s'ajoute celle de se noyer dans les affres d'une conscience qui s'égare et d'être submergé par un trop-plein de délire langagier.
Livre laissé puis repris, délaissé, retrouvé…la force du sujet, la maîtrise du style, l'inventivité de la construction font qu'on refuse de l'abandonner mais cela ne va pas sans effort ni persévérance. Dieu, quel tourment !
Des lettres qui dérapent en glissade dyslexique, des mots jouant sur les tonalités et leur similitudes, des paragraphes entiers de juxtapositions ou de caricatures de la langue : « danse prisme quai lavis, je mi-voix démant, malgré mon sadisant camphor, camp-fort extrême, coz de temps d'inconfjord.. ». Trop, c'est trop ! On en viendrait presque à regretter quelques bonnes petites scènes de torture !
Déconstruire la langue, la restructurer, désorganiser la syntaxe, l'expérimenter…certes cela fait preuve d'originalité et Percival Everett a la carrure, le charisme et l'érudition pour mener à bien son propos. Mais trop de singularité tue la singularité ; même si d'aucuns trouveront le procédé génial, l'auteur a pêché ici par excès d'excentricité.

Et pourtant…Pourtant lorsque Ismaël se laisse aller à la douleur et exprime sans détour sa détresse, sa souffrance, la perte de ses idéaux et de toutes les significations avec lesquels l'univers personnel se construit, ni le ton distancié, ni la fureur intérieure, ni les délires philosophiques, ontologiques ou métaphysiques, ni les effets de style ne peuvent occulter le sentiment poignant et le bouleversement que l'on ressent devant certaines pages empreintes d'une émotion et d'une intensité magnifiques.
Pour ces pages superbes, profondes, déchirantes et dures, on continue malgré tout et on lit jusqu'au bout.

Livre violent sur la violence, fiction pour le moins perturbante, « le supplice de l'eau » pourra déconcerter ceux qui font leurs premiers pas dans l'univers littéraire - au demeurant intéressant - de l'auteur américain. Aussi, sous peine de frôler l'asphyxie, l'on conseillera plutôt de découvrir Percival Everett par le biais de ses autres romans.
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« le supplice de l'eau » est la confession d'Ismaël Kidder, un homme brillant, excessivement érudit, et auteur de romans à l'eau de rose qu'il publie sous le nom d'Estelle Gilliam. Il avait récemment quitté sa femme Charlotte lorsque sa petite fille de 11 ans a été enlevée et assassinée. Il enlève à son tour et, dans son sous-sol, torture méthodiquement le meurtrier présumé de sa fille (sans être vraiment sûr qu'il s'agit bien du meurtrier), un homme qui a été relâché faute de preuves.

Le narrateur, homme victime transformé en bourreau, exécute sans culpabilité la vengeance aveugle et atroce de quelqu'un qui, bien qu'ayant une culture et des raisonnements extrêmement poussés, a perdu tout repère moral dans ce drame.

L'exécution de la vengeance n'est que la partie emergée de ce roman construit en fragments, fragments de l'homme qui se délite, assemblant des réflexions autour des penseurs présocratiques, des théories linguistique ou militaire, entre autres, et qui forme un feu d'artifice de styles et de langages. La maîtrise absolue de ce récit insensé fonctionne comme le miroir du comportement fou et totalement maîtrisé du narrateur, et comme une démonstration de la perte de sens moral et de jugement de la société américaine qui, sous Bush Jr, torture à Abou Ghraïb ou Guantanamo au nom de valeurs de justice et de démocratie et fonde ses justifications sur sa culture, son savoir et ses valeurs
Une bonne illustration en est ce que le narrateur appelle le théorème protagoréen (d'après Protagoras) : savoir2 + certitude2 = indécrottable2.

Heureusement, Percival Everett nous permet de respirer par moments, avec les évocations de sa vie passée avec sa fille et avec des passages totalement savoureux, teintés d'humour et de la dérive actuelle autour des valeurs américaines fondatrices, comme celui-ci, où le narrateur évoque avec le shérif local la question des cultivateurs de marijuana voisins de sa maison qui viennent sur sa propriété pour détourner le cours d'eau de la rivière.

« le shérif : Je ne comprends pas pourquoi tu ne te plantes pas tout simplement là pour leur tirer dessus quand ils arrivent.
Moi : C'est mon eau.
Le shérif : C'est bien de ca que je parle. L'eau, c'est de l'or ici. Personne ne te reprocherait de descendre quelqu'un qui essaie de voler de l'or.
Moi : Hé là ! Tu es censé représenter la loi.
Le shérif : Et alors ?
Moi : Bucky, j'ai comme l'impression que tu m'encourages à violer deux ou trois lois.
Le shérif : Il y a loi et loi. Peut-être bien qu'il y a une loi contre, mais ca ne veut pas dire que tu ne peux pas le faire. C'est que des mots, la loi, après tout.
Moi : Ça fait peur.
Le shérif : Il y a de quoi. C'est comme ça qu'on fait, en Amérique. »

Livre difficile mais extrêmement stimulant, le supplice de l'eau est aussi un récit dont le langage est le sujet, qui fait totalement voler en éclats la structure de la narration. Cette manipulation virtuose du langage permet à Percival Everett de mettre la question de l'instabilité de l'apparence au coeur de ce roman fascinant.
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P.Everett se met totalement à la place de Ismaël, un père noir, divorcé et auteur à succès de romans à l'eau de rose dont la fille a été kidnappée, violée et tuée. Pour se venger, il kidnappe à son tour un homme désocialisé, sans avenir et qui est le présumé coupable. Il le séquestre, le réduit à l'état de chose et le torture. On vit de l'intérieur le déferlement des sentiments du père : attristé, revanchard, haineux, coupable, innocent. A ceci, se mêlent des réflexions philosophiques sur Dieu et son éventuelle (?) existence, sur les atroces conséquences de la politique de W.Bush à Guantanamo et Abu Graïb, sur le sens même du civisme et de la citoyenneté, sur les discours d'Aristote, de Socrate...
Ce roman ressemble à s'y méprendre à un véritable carnet intime avec ses dessins sur post-its, ses réflexions parfois sans queue ni tête, ses exercices de style, ses devinettes, ses raisonnements scientifiques, rationnels et irrationnels.
Les descriptions de torture sont tout-à-faits poignantes.
C'est un livre qu'il faut lire patiemment en restant très concentré afin de comprendre l'essence même de la pensée de P.Everett.
Il faut le lire de façon qualitative, peu de mots à chaque fois et laisser notre esprit et notre pensée réfléchir à ce qui vient d'être lu.
On en ressort totalement chamboulé.
Ce roman nous permet de devenir plus exigent vis-à-vis de nos raisonnements, de nos jugements de valeur et de la relation que nous avons avec les mots et leurs sens.
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Sublime tourbillon de dérives autour de la fallacieuse nécessité de la torture.

Publié en 2007 (en 2009 en traduction française, encore plus remarquable qu'à l'accoutumée, par Anne-Laure Tissut), le quinzième roman de Percival Everett livre une violente dénonciation de la torture à l'américaine, « accidentelle » (Abou Ghraïb) ou institutionnelle (Guantanamo), mais est aussi beaucoup plus que cela.

Écrivain à grand succès de romans à l'eau de rose sous le pseudonyme d'Estelle Gilliam, l'ex-philosophe universitaire Ismaël Kidder bascule dans l'horreur lorsqu'un matin sa petite fille, sous la garde de sa mère dont il est divorcé, croise le chemin d'un psychopathe qui la supplicie. Face à ce choc impensable, le penseur rationnel sombre dans une dépression profonde mêlée d'une rage aussi glacée que dissimulée, et parvient quelque temps plus tard à enlever le principal suspect, relâché faute de preuves, à l'enfermer dans sa cave soigneusement préparée, et à accomplir sa vengeance…

De ce sombre fil, apparemment simple et direct, l'art de Percival Everett a concocté un ensemble magistral, curieusement polyphonique, où se mêlent, minutieusement agencés, dessins d'enfant ou de dépressif, considérations philosophiques sur les présocratiques et leur pertinence actuelle, bribes d'échanges et de dialogues gardant un pied dans le « monde réel » avec son agent littéraire, fragments de récit du conflit territorial de moins en moins larvé qui l'oppose à des cultivateurs de marijuana à propos d'une retenue d'eau, préparatifs de son forfait vengeur, éléments de réalisation de celui-ci, et même fascinants morceaux de « lâcher prise » dans lesquels la conversation et l'exposé se dissolvent, progressivement vidés de leur sens, dans un véritable parlénigm / riddleyspeak digne de Russell Hoban

Présentant avec un étourdissant brio des enjeux politiques et moraux complexes, les broyant sans pitié, et en extrayant l'abîme bien particulier qui guette l'intellectuel « humaniste » confronté à la rage personnelle et à la perte de sens, « le supplice de l'eau » est désormais mon roman préféré de l'incroyable Percival Everett.
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Résumer les romans de Percival Everett présente en général peu d'intérêt. Ses récits, rarement linéaires, allient complexité de la forme et clarté quant à la teneur du message que l'auteur a souhaité transmettre.
Aussi, "Le supplice de l'eau" a beau tantôt guider -ou perdre- le lecteur dans les arcanes de la philosophie grecque, tantôt le dérouter par des passages rédigés dans un charabia quasiment incompréhensible, le but de l'auteur est quant à lui limpide : fustiger, avec une virulence peu commune, l'attitude d'un gouvernement américain qui, au nom de la défense de la démocratie et de la sécurité, commet ses exactions en toute impunité.

Pour ce faire, il se livre à une démonstration que d'aucuns qualifieraient de grossière, mais qui a le mérite d'être efficace. Ismaël Kidder est un homme cultivé, voire érudit, qui écrit sous le pseudonyme d'Estelle Gilliam des romans à l'eau de rose dont le succès lui permet de vivre confortablement. La vie de ce père divorcé a basculé avec l'enlèvement de sa fille de onze ans, retrouvée morte après avoir été violée et mutilée. Il séquestre dans le sous-sol de sa maison un homme qu'il a décidé de tenir pour coupable du crime, qu'il torture...
Doté d'une grande capacité d'analyse et de réflexion, le héros fait par ailleurs preuve d'un comportement arbitraire et illogique en reportant sur un innocent la douleur d'avoir perdu sa fille. Et l'on devine que c'est justement sa souffrance qui sert de prétexte à sa barbarie, et lui confère le droit de s'y livrer.
... Tout comme, sous prétexte d'avoir subi la douleur des attentats du onze septembre, le gouvernement américain s'est permis Guantanamo ou Abou Graïb.

Oui, c'est aussi simple que cela, et Percival Everett ne se donne même pas la peine de déguiser son message, car telle n'est pas sa volonté. La forme caricaturale que prend parfois sa démonstration révèle l'ampleur de son incontrôlable révolte face aux choix politiques et stratégiques de l'administration Bush, son écoeurement face à l'aveuglement et la passivité de ses concitoyens, et sa détresse face à cette société qui se dit civilisée, mais qui ne sait répondre à la violence que par une autre violence arbitraire, qui se prétend celle des droits de l'homme, et qui légitimise la torture et la stigmatisation.

Cependant, ne vous méprenez pas. "Le supplice de l'eau" est loin d'être un roman simpliste, et nécessite même une certaine concentration de la part du lecteur. A l'image des divagations philosophiques de son héros, qui sombre peu à peu dans la démence, le récit est tortueux, et, sans mauvais jeu de mots, torturé.
Au point de pouvoir, sans doute, en rebuter certains...
En ce qui me concerne, j'ai une fois de plus été ravie de retrouver Percival Everett, sa colère et la sinuosité de son écriture.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- Donc tu crois bien qu'il y a un Dieu .
- Pourquoi crois-tu qu'il y ait un Dieu ?
- Parce que je crois au mal.Je sais que le mal existe dans ce monde.Je crois en mon existence, donc en celle de Dieu, c'est un argument stupide, mais c'est le mien.Au mieux, je suis un être incomplet, et Dieu est cette complétude.

( p.121)
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C’est Nous contre Eux, dommage que Nous ne soyons pas tous Nous !
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Le problème que pose la compréhension d'Héraclite est qu'on ne l'a pas rangé sur les bonnes étagères. Ce n'était pas un philosophe, mais un poète. Mais on ne peut pas entrer deux fois dans la même reconstitution historique.
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L'étendue des choses n'est jamais qu'elle-même, et les limites de tout texte de fiction sont semblables aux méditations douées d'ubiquité que poursuit Zénon, réfutables mais vraies, simples en surface mais sources de trouble et d'irritation persistants, épine dans le flanc de tout voyageur. Je ne suis bien sûr que moi-même, Ismaël Kidder, mieux connu sous le nom d'Estelle Gilliam, auteur de romans à l'eau de rose. Personne ne sait que je suis Estelle Gilliam, pas dans le coin. Mon ex-femme le sait, mais elle vit très loin dans une autre vie, sur cette autre planète, avec son chagrin à elle. L'officier de police local le sait. J'ai été contraint d'avouer mon identité pour écarter ses soupçons, lui prouver que je n'étais pas, selon ses propres termes, "un salaud de fils de pute de dealer", toute personne n'ayant pas de source de revenus visible étant un dealer à ses yeux. Malheureusement, il n'est pas le seul à penser ainsi : tout le monde à Taos, au Nouveau-Mexique, est de cet avis. Je suis donc le dealer local officiel, contraint de débouter ceux qui souhaitent m'acheter de la marchandise de contrebande et soumis aux regards méprisants des autres, dealers authentiques y compris, persuadés que je leur vole des parts de marché sous la protection du shériff.
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