AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782268062907
281 pages
Les Editions du Rocher (06/09/2007)
3.56/5   32 notes
Résumé :
Les archives de l’ex-URSS étant désormais accessibles, il est maintenant possible de dresser un portrait plus précis de Staline, le tyran rouge. À la lumière d’une longue enquête, Vladimir Fédorovski apporte également un nouvel éclairage sur la personnalité ambiguë de Vladimir Poutine, l’homme fort de la Russie d’aujourd’hui, plus de quatre-vingt-dix ans après la révolution bolchévique. Un regard neuf sur la Russie.
Que lire après Le fantôme de StalineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Réédité en format poche avec une préface inédite de l'auteur, le fantôme de Staline présente l'Histoire de la Russie depuis la Révolution de 1917 (les deux en fait, celle de février et celle d'octobre) jusqu'aux années 2010 de Poutine.
Si l'on recherche un livre historique pointu et abondamment sourcé, mieux vaut se diriger vers des historiens tels que Nicolas Werth ou encore Hélène Carrère d'Encausse.

Vladimir Fedorovski, lui, ancien diplomate, proche de Mikhaïl Gorbatchev et auteur de nombreux livres, survole le XXème siècle russo-soviétique à travers le prisme du pouvoir stalinien et de l'ombre du Géorgien sur les décennies après sa mort, jusqu'à aujourd'hui. Fedorovski s'est appuyé sur des archives déclassifiées après la chute de l'URSS ainsi que sur des témoignages et discussions qu'il a lui-même recueillis.

Afin de mieux donner corps à cette période, il insère le parcours intellectuel et personnel du poète et romancier Boris Pasternak. Celui-ci vécut la fièvre révolutionnaire de 1917 et des premiers temps post-tsaristes, avant de déchanter et craindre plus d'une fois pour sa vie sous la dictature de Staline.

Un ouvrage pas forcément indispensable pour comprendre la Russie d'aujourd'hui mais qui reste intéressant. Vladimir Fedorovski a souvent tendance à partir dans des digressions qui cassent l'ordre chronologique général de son livre.
Il permet néanmoins de comprendre les velléités de Poutine de tisser un roman national russe qui puise aussi bien dans l'empire tsariste que dans l'Union soviétique. le président actuel arrange les choses à sa sauce, occultant grandement les atrocités commises sous le régime de Staline. Sur le rapport à l'Histoire de Poutine, dont les conséquences provoquent cette "opération spéciale" en Ukraine, je conseille vivement la lecture du Tract Gallimard Poutine historien de Nicolas Werth.
Commenter  J’apprécie          234
Vladimir Fédorovski donne dans son ouvrage des précisions qui font froid dans le dos. Non seulement l'auteur est tout de même un ancien du système, mais on voit aussi qu'il a fait un travail d'investigation sérieux dans les archives déclassifiées de l'ex KGB. Et ce qui est inquiétant, c'est quand on pense que cette idéologie débouchant forcément sur le totalitarisme, puisqu'elle supprime la société libre, reste encore vivace dans les esprits en France. Mise en place au moment de la Libération, par le biais du Conseil National de la Résistance avec le soutien du Général de Gaulle (ennemi de la Bourse et du Marché, cf. les « Mémoires » de Jean-François Revel), elle flotte toujours sournoisement dans les Administrations, l'Enseignement et la Culture, les Médias, les grandes entreprises nationales…
Commenter  J’apprécie          130
Pour qui aime l'histoire, sans être néanmoins spécialiste, voilà un véritable voyage à travers l'histoire de la Russie et de l'Union soviétique depuis Yvan le Terrible jusqu'à Poutine aujourd'hui.

Malgré une connaissance largement vulgarisée du totalitarisme stalinien, on a peine à croire l'incroyable devant le rappel par l'auteur des purges, exécutions sommaires, tortures, par millions dans ce vaste pays. Nul ne peut se sentir protégé au sein de cette immense machine totalitaire qui semble s'immiscer de façon arbitraire dans chaque famille, y compris toutes celles proche du pouvoir.... (à noter que l'auteur, ancien conseiller de Gorbatchev a lui-même a perdu plusieurs membres de sa famille pendant cette période.). Terrifiant...
Pourquoi tant d'horreur et de cruauté ? question énigmatique et sans réponse pour la lectrice que je suis...

Il y a aussi l'évocation de la vie de Pasternak, auteur du célèbre « Docteur Jivago », qui semble miraculeusement épargné, malgré son éloignement progressif du pouvoir stalinien.

Le titre de l'ouvrage en lui même traduit bien la volonté de l'auteur de nous éclairer sur la continuité historique de la nature du pouvoir russe, depuis Yvan le Terrible, (admiré par Staline) jusqu'à Poutine, nostalgique à la fois de la Russie impériale et de l'époque stalinienne.

Paru en 2007, cet ouvrage résonne comme une forme de prémonition face aux évènements tragiques que nous vivons actuellement avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'abolition des libertés dans ce pays redevenu une dictature.

L'ouvrage facile à lire nous emporte agréablement dans l'histoire, car d'une écriture simple, fluide, toutefois concise, du fait de la traversée d'une période historique de plusieurs siècles en seulement 280 pages.


Commenter  J’apprécie          20
Ivan le Terrible, Staline, Poutine, même combat ? La thèse défendue par ce petit livre me semble un peu simpliste, l'auteur abusant un peu trop du qualificatif "tzar rouge" et faisant tout pour rapprocher des pouvoirs autocratiques de nature me semble-t-il assez différente. Néanmoins, Fédorovski a le mérite de donner à l'histoire russe une certaine unité, de mettre l'accent sur quelques données essentielles et immuables comme l'impérialisme ou le contrôle de la population par la violence, même s'il me semble que ce contrôle, sous Staline, a atteint un sommet qui relativise (mais relativiser est dangereux) les tendances autoritaires du pouvoir actuel.

Il serait intéressant maintenant d'observer non les continuités de l'histoire russe mais ses ruptures, de se demander ce qui fait la spécificité du système stalinien ou de l'autocratie poutinienne. Retenons néanmoins une qualité à ce livre un peu fouilli, c'est le détour par Pasternak, la vie d'un homme presque libre dans la prison stalinienne, la séduction opérée sur lui par le petit père des peuples puis la lente descente aux enfers d'un homme, comme tous à cette époque, dont le destin était suspendu au bon vouloir d'un tyran paranoïaque.
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre n'est pas tellement sur Poutine mais sur Staline. Il retrace l'histoire de l'Union soviétique de la Révolution de 1917 à l'accession au pouvoir de Poutine, la plus grande partie portant sur la période stalinienne. Les faits relatés sur cette dernière période, les chiffres, sont terrifiants : des millions de citoyens soviétiques (25 millions) - et pas seulement les victimes des purges de 1937-1938 - ont été tués ou déportés dans des camps (le goulag). Il permet d'éclairer, de manière indirecte mais frappante, l'origine, du côté de la personnalité de Poutine, de la guerre en Ukraine. Comme sous Staline et ses successeurs (Khrouchtchev, Brejnev, Andropov...), l'Etat est en fait sous la mainmise du KBG, devenu FSB (Poutine venant du KGB), de l'armée et des oligarques, ceux-ci mi-hommes d'affaires mi-mafieux, qui ont la haute main sur de très grandes sociétés qui en fait demeurent la propriété exclusive de l'Etat. C'est une nomenklatura, qui, comme sous l'URSS, poursuit uniquement ses intérêts personnels. Poutine manipule ces trois composantes afin de ne jamais permettre à l'une d'elles d'acquérir trop d'influence. D'où le contrôle des médias, de l'économie, de la population, le syndrome de la "forteresse assiégée".
C'est bien écrit, facile à lire, bourré d'anecdotes, agrémenté d'une évocation de la vie de l'écrivain Pasternak dans plusieurs chapitres, mais ce n'est pas l'équivalent d'un véritable livre d'histoire sur la Russie.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
A cette époque [décès de sa deuxième femme, 5 octobre 1932], Staline ordonna un vaste plan d’« ingénierie sociale » […]. Il s’agissait en l’espèce de la déportation de deux millions d’« éléments antisoviétiques » dont il fallait « nettoyer » Moscou et Leningrad, villes phares du socialisme. Sur six millions d’habitants, la Sibérie, pays emblématique des forçats, comptait déjà cinq cent mille proscrits ! Les déportés, dont de nombreux enfants, des vieillards, des invalides et des handicapés mentaux, furent entassés dans des trains. A Tomsk, camp de transit surpeuplé, furent déchargés les cadavres et les survivants. Six mille personnes furent débarqués sur un îlot, à Nazino, sur l’Ob, sans provisions ni outils.
Un véritable voyage au bout de l’enfer stalinien. Toutes les tentatives d’évasion sur des radeaux se soldèrent par la noyade.
[…] Les deux tiers des déportés mourraient de faim, au point de s’adonner à l’anthropophagie.
(p. 73-74)
Commenter  J’apprécie          30
…En cette période se développa également l’art d’empoisonner, une autre grande tradition des services secrets staliniens.
Le premier laboratoire de toxicologie, baptisé le « Cabinet spécial », fut créé dès 1921 sur ordre direct de Lénine. […]
Officiellement, ce laboratoire ultrasecret aurait cessé ses activités en 1963. Mais comme l’a affirmé la regrettée journaliste Anna Politkovskaïa, le KGB continuait à perfectionner non seulement les poisons mais aussi leur mode d’ingestion. Selon un autre témoin [Pavel Soudoplatov, général du KGB des années 1960 à 1980], lui-même spécialiste en titre d’assassinats politiques […], le président de l’URSS, Gorbatchev lui-même, s’intéressa de près aux différentes manières de liquider les adversaires politiques utilisées dans le passé.
(p 100-101)
Commenter  J’apprécie          20
La période de Poutine fut marquée par le retour à l’héritage de l’URSS. Sa trame était, comme dans tout pays totalitaire, sa police secrète, le KGB. Le système une fois écroulé, cette dernière a subsisté. Le FSB (les services secrets russes) a fini par revêtir les habits du KGB.
(p 276-277)
Commenter  J’apprécie          71
[…] les hommes des services secrets gèrent la maison Russie comme le faisait hier la nomenklatura de Staline, pour leurs intérêts personnels, ce qui se confond avec la sauvegarde de leur pouvoir. Au total, sept hommes de son [Poutine] entourage ont la haute main sur 40% du PIB ; la substance de l’Etat russe est à présent transmise à de très grandes sociétés qui, derrière le paravent du marché, demeurent la propriété exclusive de l’Etat.
(p. 249-250)
Commenter  J’apprécie          40
Sous Gorbatchev, le territoire soviétique avait été partagé en zones d’influence entre les groupes mafieux, mais l’ère Eltsine vit s’engager une guerre sanglante entre clans rivaux. Bientôt, des bandes armées, organisées, se partagèrent territoires et zones d’influence. […]
La collusion entre ordre privé et ordre public était inévitable, car elle était solidement ancrée dans la tradition de la manipulation politique en Russie. En effet, en 1927, Staline avait déjà conclu un pacte avec les principaux parrains afin qu’ils dénoncent, via leurs réseaux d’indicateurs, les malheureux qui avaient réussi à fuir les camps de prisonniers politiques.
(p. 236)
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Vladimir Fédorovski (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vladimir Fédorovski
Ukraine : "Une guerre nucléaire est tout à fait possible", avertit Vladimir Fédorovski
>Europe de l'est, Russie, URSS, CEI : histoire>Europe de l'Esr, Russie : 1855...>20e siècle et régime communiste (43)
autres livres classés : russieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (100) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1712 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..