Une biographie-hommage d'un écrivain talentueux et engagé, que je relis à des
années d'intervalle. Il s'agit de
Jean Prévost, tué par les Allemands au pied
du Vercors, le 1er août 1944, à l'âge de 43 ans...
Poète, essayiste, romancier, admirateur inconditionnel de
Stendhal, il fut aussi
chroniqueur de la prestigieuse N.R.F. Nous ne pouvons que rendre grâce
à
Jérôme Garcin d'avoir sorti de l'ombre cet écrivain hors normes...
Une personnalité hors des chemins battus, qui touche et captive par sa force de Vie, ses convictions avant-gardistes, ses boulimies multiples: le journalisme, le cinéma, la littérature, l'économie, la politique, le sport, l'architecture. Ce normalien fut dans les années 30 un véritable esprit encyclopédique....
Une relecture qui me réjouit; je prends conscience que j'avais oublié beaucoup d'éléments de ce parcours intellectuel et humain, exemplaire, dont une passion très exclusive pour l'architecture. A un tel point qu'il publia en 1929, une monographie de
Gustave Eiffel, et il laissa dans ses tiroirs, une étude inachevée de Philibert Delorme.
Mon premier souvenir de lecture de ce stendhalien convaincu, fut "
L'Affaire Berthet", récit d'un fait divers qui inspira
Stendhal pour la rédaction du "Rouge et le noir"....
Jean Prévost collabora à différentes revues: La N.R.F, Europe, Europe Nouvelle, navire d'argent, qu'il fonda avec la mythique libraire,
Adrienne Monnier...
On ne peut qu'admirer la variété de ses centres d'intérêts, de ses engouements, de cet esprit curieux,diablement communicatifs qui mettent en joie ....
avec ce plaisir infini d'APPRENDRE....et de progresser toujours et encore...vers un idéal humain et intellectuel.
"L'encyclopédisme de Prévost n'est pas une façon de paraître, mais une manière d'être. Il veut savoir, pour se connaître. Il lui importe moins d'améliorer sa phrase que lui-même. C'est ce qu'il aime tant chez
Stendhal, son modèle: "Le prosateur ne doit se donner qu'un outil, qui est lui-même; il puise dans son coeur sans cesse fouillé, pétri par lui et repétri. Art d'écrire, art de vivre, art de penser, se fondent en une seule création." Prévost ne conçoit pas qu'on puisse réussir son oeuvre sans réussir sa vie. Ce serait pis qu'un vice de forme: une défectuosité de fond." (p. 102)