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EAN : 9782070410170
208 pages
Gallimard (14/09/1999)
3.96/5   14 notes
Résumé :
Le 1er août 1944 tombait, au pied du Vercors, Jean Prévost, alias capitaine Goderville, les armes à la main. Il avait quarante-trois ans, la fureur de vivre libre, et la passion d'écrire.

Romancier, essayiste, poète, ce chroniqueur brillant de La NRF avait publié une trentaine de livres et travaillait encore à une étude sur Baudelaire quand il entra dans la Résistance. Elève d'Alain, complice de Saint-Exupéry, et protégé de Martin du Gard, il a été j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Une biographie-hommage d'un écrivain talentueux et engagé, que je relis à des
années d'intervalle. Il s'agit de Jean Prévost, tué par les Allemands au pied
du Vercors, le 1er août 1944, à l'âge de 43 ans...

Poète, essayiste, romancier, admirateur inconditionnel de Stendhal, il fut aussi
chroniqueur de la prestigieuse N.R.F. Nous ne pouvons que rendre grâce
à Jérôme Garcin d'avoir sorti de l'ombre cet écrivain hors normes...

Une personnalité hors des chemins battus, qui touche et captive par sa force de Vie, ses convictions avant-gardistes, ses boulimies multiples: le journalisme, le cinéma, la littérature, l'économie, la politique, le sport, l'architecture. Ce normalien fut dans les années 30 un véritable esprit encyclopédique....

Une relecture qui me réjouit; je prends conscience que j'avais oublié beaucoup d'éléments de ce parcours intellectuel et humain, exemplaire, dont une passion très exclusive pour l'architecture. A un tel point qu'il publia en 1929, une monographie de Gustave Eiffel, et il laissa dans ses tiroirs, une étude inachevée de Philibert Delorme.

Mon premier souvenir de lecture de ce stendhalien convaincu, fut "L'Affaire Berthet", récit d'un fait divers qui inspira Stendhal pour la rédaction du "Rouge et le noir"....

Jean Prévost collabora à différentes revues: La N.R.F, Europe, Europe Nouvelle, navire d'argent, qu'il fonda avec la mythique libraire, Adrienne Monnier...
On ne peut qu'admirer la variété de ses centres d'intérêts, de ses engouements, de cet esprit curieux,diablement communicatifs qui mettent en joie ....

avec ce plaisir infini d'APPRENDRE....et de progresser toujours et encore...vers un idéal humain et intellectuel.

"L'encyclopédisme de Prévost n'est pas une façon de paraître, mais une manière d'être. Il veut savoir, pour se connaître. Il lui importe moins d'améliorer sa phrase que lui-même. C'est ce qu'il aime tant chez Stendhal, son modèle: "Le prosateur ne doit se donner qu'un outil, qui est lui-même; il puise dans son coeur sans cesse fouillé, pétri par lui et repétri. Art d'écrire, art de vivre, art de penser, se fondent en une seule création." Prévost ne conçoit pas qu'on puisse réussir son oeuvre sans réussir sa vie. Ce serait pis qu'un vice de forme: une défectuosité de fond." (p. 102)
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N°950– Août 2015

POUR JEAN PREVOST – Jérôme Garcin- Gallimard

J'avoue bien volontiers que j'en ai parfois un peu assez de supporter le solipsisme des écrivains qui semblent n'avoir pour centre d'intérêt qu'eux-mêmes et qui, à ce titre, nous assènent leur façon de penser et parfois leur manière d'être comme autant de modèles. Comme je l'ai dit maintes fois dans cette chronique, j'aime lire des biographies, surtout quand elles sont bien écrites et nous parlent d'un être qui à honoré son passage sur terre mais que la nature humaine, toujours égale à elle-même, s'est dépêchée d'oublier. L'auteur rappelle opportunément que « l'oubli est la forme la plus raffinée,la plus hypocrite des trahisons ».

Sa trop grande jeunesse lui avait interdit l'engagement dans l'armée pendant la Grande Guerre, mais il résista toute sa vie, obsédé par l'action, par la mort au combat, en pleine jeunesse. C'est là un paradoxe pour cet homme qui était avant tout pacifiste mais sous un tempérament de boxeur, de bretteur de sportif et de séducteur, il y avait chez lui autant d'énergie contenue que d'amour de la vie et des femmes. Il était antimilitariste par principe mais combattant par nécessité, germanophile mais patriote avant tout et fera tout pour bouter les nazis hors du territoire national. Qu'il soit étudiant ou combattant, il s'opposa, se révolta toujours ! C'est peut-être là le destin de ceux qui mourront jeunes et le savent. Une telle attitude ne procure pas que des sympathies, qu'importe, logique avec lui-même, il sera le capitaine Goderville de la Résistance, mort à 43 ans dans le massif du Vercors face à l'ennemi, les armes à la main. Il reprend à son compte le principe romain qui veut qu'« On ne meurt que pour le plaisir de rester digne de soi-même ».

Normalien et écrivain, c'est aussi un intellectuel original, passionné par son temps mais aussi par Baudelaire, par Stendhal et par Montaigne, un humaniste, à la fois idéaliste et épicurien, poète et journaliste intransigeant, épris de liberté. Il sera aussi l'ami et le protecteur de Saint-Exupéry dont il partagea la destinée guerrière et et peut-être aussi la mort héroïque. Chef emblématique de sa compagnie de Résistants, il fut un officier qui ne vénérait pas les galons et qui détestait les rituels militaires.

Dans ce livre qu'il consacre à Jean Prévost (1901-1944) on sent chez Jérôme Garcin une révolte contre cette amnésie d'autant plus grande que nombre d'hommes dont la conduite n'a pas été, pendant la guerre, des plus exemplaires ont su se faire oublier et prendre le pas sur ceux qui avaient fait le sacrifice de leur vie. Ce n'est pas la première fois que l'espèce humaine se révèle à la fois amnésique et injuste. Certes des rues, des places, des collèges portent son nom mais l'oubli a cependant recouvert son oeuvre littéraire autant que sa personne

Avec cet ouvrage publié en 1994 (Prix Médicis essai 1994), Jérôme Garcin inaugure ce qui constituera, en plus de son oeuvre romanesque, une autre facette de sa démarche littéraire, des évocations de personnages souvent flamboyants et originaux mais dont l'histoire et la mémoire collective n'ont pas gardé de trace. J'ai plaisir, dans cette chronique, à saluer une nouvelle fois sa démarche.

Hervé GAUTIER – Août 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Il m' a passionné avec son livre, ce bon Jérôme.
il mène son affaire avec brio, admiration, cohérence et non sans un certain sens épique. On avait tout à craindre de ce qui ressemblait de loin à un soliloque amoureux pour anciens élève de d'hypocagne. Bref je craignais une louange de 150 pages pleine de jolies phrases et de vocables rares destinée à raviver la mémoire d'un sombre inconnu prosateur et oublié. quel con !
He ben non. L'admiration y est sincère, plus montrée qu'argumentée, la vigueur du propos constante, illustrée, partagée, et l'on oublie au final la faiblesse du fondement biographique pour se laisser emporter par le récit épique, linéaire et à sens unique. Finalement, il ressemble à son sujet, Jérôme : Il se moque pas mal des exercices académique, des formes conventionnelles, et met toute sa concentration à aligner son stylo avec son cœur. C'est un livre d'extérieur, on y plonge et on sent le vent dans les cheveux. C'est très fort ça. Du coup j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ça, et me suis laissé sans trop de difficulté gagner par l'admiration de JP. C'est bien écrit, c'est optimiste, c'est frais, c'est tragique et c'est admirable.
Et Après ? on a drôlement envie d'aller lire Jean Prévost et de retourner se promener en haut de sassenage sur les gorges du Furon.

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Jérôme Garcin n'est pas que l'animateur classique d'une émission qui ne l'est pas moins, c'est aussi un écrivain au sens noble du terme. Ce récit sur Jean Prévost, qu'il semble admirer sincèrement, m'a donné l'occasion de faire la connaissance de ce personnage haut en couleurs, croquant la vie a pleines dents, avide de connaissances et entier dans tout ce qu il entreprend, jusqu'à donner sa vie dans le combat contre le nazisme. C'est magnifiquement écrit et le personnage de Prévost est rendu dans toute sa splendeur. Un bon livre.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Faut-il citer davantage Prévost pour saisir l'encyclopédiste qu'il fut, non seulement dans ses écrits , mais aussi sur le terrain ? (...)
On pense à Stendhal, alors consul de France à Civitavecchia, écrivant à M. di Fiore, le 1er novembre 1834: " Que de caractères froids, que de géomètres seraient heureux, ou du moins tranquilles et satisfaits à ma place ! Mais mon âme à moi, est un feu qui souffre s'il ne flambe pas. Il me faut trois ou quatre pieds cubes d'idées nouvelles par jour, comme il faut du charbon à un bateau à vapeur" (p. 111)
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L'encyclopédisme de Prévost n'est pas une façon de paraître, mais une manière d'être. Il veut savoir, pour se connaître. Il lui importe moins d'améliorer sa phrase que lui-même. C'est ce qu'il aime tant chez Stendhal, son modèle: "Le prosateur ne doit se donner qu'un outil, qui est lui-même; il puise dans son cœur sans cesse fouillé, pétri par lui et repétri. Art d'écrire, art de vivre, art de penser, se fondent en une seule création." Prévost ne conçoit pas qu'on puisse réussir son œuvre sans réussir sa vie. Ce serait pis qu'un vice de forme: une défectuosité de fond. (p. 102)
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Il rêve d'harmonie, de simplicité, de symétrie, d'équilibre, de lignes pures et verticales à la façon, aujourd'hui, d'un Wilmotte; où il rappelle que, loin de toute hiérarchie arbitraire, chaque matière a sa beauté; où, enfin et surtout, il supplie les constructeurs de ne point oublier, contrairement à leurs prédécesseurs du XIXe siècle, que leurs œuvres sont destinés à accueillir des êtres vivants, qu'elles seront habitées (...)(p. 106)
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Douze ans plus tard, dans son premier roman, -Les coups-, l'ouvrier Jean Meckert posera à son tour les questions lancées par Prévost: comment aimer quand on n'a pas appris les mots pour dire l'amour ? Comment exister sans singer le bourgeois ni tricher avec ses origines ? Les poings remplacent-ils la syntaxe, l'émotion, le verbe (....) ? (p. 87-88)
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Et dans -La Terre est aux hommes-, essai précédemment cité, Prévost signe une provocante défense et illustration de "l'émigrant de vingt ans: le jour où il met le pied dans un nouveau pays, il apporte avec lui, même s'il n'a pas un sou, une valeur très réelle: il est, dès le premier jour, un homme fait et un travailleur (...) l'homme qui débarque est un capital vivant, dont sa patrie adoptive, même temporaire, pourra profiter. (...) Ainsi le capital humain que constituait ce jeune homme pauvre, sans un sou, sans relations, obligé de travailler dès le premier jour dans les conditions les plus dures, est entièrement acquis à sa nouvelle patrie. (p. 54-55)
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Vidéo de Jérôme Garcin
Jérôme Garcin vous présente son ouvrage "Écrire et dire : entretiens avec Caroline Broué" aux éditions des Équateurs. Entretien avec Jean-Claude Raspiengeas.
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