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3,89

sur 1126 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un grand livre ! du souffle ! Un style puissant ! Et un récit où s'entrelacent 5 histoires ciselées avec une étonnante pertinence. Ne passez pas à côté !
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Magnifique livre. On en ressort profondément ému.

Le roman entrelace le récit d'un agent secret français, d'une archéologue irakienne, d'un ancien des service secrets américains, aux histoires des "guerriers" Hannibal, Grant, et Haïlé Sélassié.

Ce qui est formidable, c'est que l'on ne se perd jamais dans ces récits croisés. Au contraire, ce contrepoint donne une force, un rythme extraordinaire au roman. le chapitre Lybissa est remarquable à ce point de vue: des paragraphes très courts y évoquent successivement la fin d'Hannibal, de Grant, du Négus.

Ce livre dit, d'une très belle façon, que la folie des humains dans la guerre, quelle qu'elle soit, a toujours un goût de défaite, même dans la victoire. L'être humain est toujours vaincu quand il va trop loin, dans l'excès, dans la haine. Et la fin du livre dit aussi que seuls peuvent sauver les hommes: l'amour entre les êtres, l'art, la contemplation de la beauté du monde.
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Écoutez nos défaites - Laurent Gaudé

C'est un superbe roman. Une écriture magnifique
J'ai été beaucoup touchée par ce roman, pas facile de décrire les émotions que ces mots ont fait naître ou ont remuées en moi.

Laurent Gaudé parle de la guerre, mais pas celle que l'on glorifie dans les livres d'histoire. Celle dont même les victoires laissent un goût amère.
L'amour et la haine, l'orgueil, la folie des hommes sont au centre de ce roman.
Les héros sont autant conscients de se battre pour une « noble » cause que de commettre des atrocités envers leurs ennemis ou leur propre peuple.
C'est une réflexion sur la guerre, sur l'Histoire.

C'est sombre et lumineux à la fois et c'est très beau.

A lire absolument
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Un très beau roman de Gaudé avec un sujet difficile. La construction est particulière car des personnages qui à priori n'ont rien en commun car ils ont vécu à des périodes différentes nous livrent pourtant le même message provoquant en nous réflexion et questionnement.


Pourquoi encore et toujours entreprendre des guerres, pour gagner quoi au final ? La victoire n'a-t-elle pas toujours un goût amer de défaite ? Pourquoi tant de sacrifices pour gagner un combat ? Quand s'arrêtera la folie meurtrière des hommes ? Pour quelle victoire en somme ? Pourquoi commettre à chaque fois les mêmes erreurs, reproduire les mêmes schémas ?


Ce sont toutes ces questions que trois héros glorieux : Hannibal, le général Grant, Hailé Sélassié se sont posées, tout comme Assam et Mariam.


Le constat est le même à chaque période de l'Histoire : chaque victoire a sa défaite.


Assem Graïeb est fatigué, il a fait des tas de missions pour les services généraux français. Sa dernière mission est de retrouver un homologue américain ayant tué Ben Laden. Cet homme est-il fiable ou faut-il le neutraliser ? Assem a toujours agi pour servir sa nation. Il n'a gagné aucune victoire même lorsqu'il a supprimé Kadhafi . Sa défaite : perdre foi dans l'humanité.


Il rencontrera Mariam, une archéologue irakienne qui célèbre ses victoires lorsqu'elle retrouve des objets volés, perdus suite aux pillages et dynamitage des sites du Moyen-Orient. L'arrivée de la maladie sera sa défaite.


En parallèle on mélange le destin d'Hannibal combattant depuis plus de vingt ans contre Rome. Il y aura des victoires mais aussi des défaites. Il s'est fait un nom mais il est diminué physiquement et toutes ses années perdues loin de sa famille.


Ulysse Grant gagnera contre les confédérés, il sera élu président mais que de morts, que de sacrifices en vies humaines. Son surnom "le boucher" lui survivra, la corruption aussi sera sa défaite.


Enfin Hailé Sélassié sait que son armée est en mauvaise posture contre Mussolini , sa défaite sera l'exil et la lâcheté de la SDN.


L'écriture passionne, mêlant ces parcours de vie, dans un même combat, une même histoire en fait. Il y a toujours une faille et aucune victoire n'est pleine et réelle, c'est toujours au détriment de quelque chose.


Comme à chaque fois Laurent Gaudé nous tient en haleine. Un très bon moment de lecture, un joli texte.


Ma note : 9/10

Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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« Les milles possibilités, hasards, carrefours, improbabilités qu'offre la vie, sans cesse. Et vivre, peut-être, n'est que cela : se frayer un chemin à travers les aléas ».
« Un bruit, un cheval qui hennit, un nuage qui se déplace, tout cela peut changer le cours de l'Histoire ». Laurent Gaudé part des guerres parmi les plus sanglantes de l'histoire : les guerres puniques, la guerre de sécession américaine et l'attaque fasciste italienne sur l'Ethiopie et nous emmène avec lui dans ses réflexions vers les guerres modernes menées contre Ben Laden et Kadhafi. Et aujourd'hui Daesh.
Les paragraphes courts entremêlent plusieurs histoires et notamment une (il s'agit d'une histoire d'amour qui sort de l'ordinaire, nourrie surtout par les mots) qui nous tient en haleine jusqu'à la fin.
Quel est le statut de l'homme qui fait mourir d'autres hommes, parfois des foules d'hommes, y compris des jeunes gens de 15-16 ans – Est-il vraiment victorieux, même quand il gagne ?
La destruction en général et dans le cas de Daesh, détruire le Passé de l'homme en s'attaquant aux musées et aux sites archéologiques est-ce une victoire ? « L'antiquité est plein de villes mises à sac –l'incendie de Persépolis, la destruction de Tyr-, mais d'ordinaire il restait des traces, d'ordinaire l'homme n'effaçait pas son ennemi. Ce qui se joue-là, dans ces hommes qui éructent, c'est la jouissance de pouvoir effacer l'Histoire ».
Depuis l'époque moderne l'homme mène des diplomaties sournoises qui finissent par faire couler le sang. Ne sont-elles pas elles aussi, aussi responsables qu'un Hannibal, Grant (le Nordiste), Lee (le Sudiste) par exemple ? En parlant de l'Ethiopie (1936) : « La Société des Nations s'est enterrée elle-même parce qu'elle était lâche, parce qu'aucun des pays qui la constituaient n'était prêt à se battre pour les petits Etats ». N'est-ce pas le toujours le cas ?
« Es-tu prêt à partir » ? Chaque départ vers la mort ampute l'homme de ce qu'il a le plus profond : les mots. Nous devenons des bêtes sauvages quand on s'éloigne des mots. En accédant ou en récupérant les mots qu'ils lui manquaient l'homme peut enfin évaluer à sa juste valeur que certaines de ces victoires n'en sont en fait que des défaites. « Ne laissez pas le monde vous voler les mots » et quand l'homme rentre en action il accepte de laisser partir les mots.
Comme dit l'auteure iranienne Azar Nafsi (née à Téhéran en 1955) « les oeuvres d'imagination sont comme des canaris des mines de charbon, c'est à leur aune qu'on évalue la santé de toute une société ».
Saluons ce grand livre.

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Un grand roman. Gaudé a conçu son livre comme la mise en parallèle des questionnements qui habitent Assem Graïeb, agent secret français, tueur d'État ayant baroudé de l'Afghanistan à la Lybie, et son quasi double, Sullivan Sicoh, dit « Job », soldat d'élite US ayant participé à l'expédition d'Abbotabad ayant conduit à l'exécution de Ben Laden.

Sicoh a finit par abandonner l'armée et s'est réfugié à Beyrouth, où il mènerait un trafic d'objets archéologiques, à moins qu'il ne s'agisse de reliques. Son activité et ses intentions, du fait des secrets dont il est porteur, inquiètent les Américains, qui demandent aux Français d'envoyer Assem au contact pour le sonder et éventuellement l'éliminer si « Job » basculait à l'ennemi.

Mais « Job » est peut être tout simplement parvenu à un stade où ses combats, les violences de la guerre, les frappes contre les civils, le font douter du bien fondé de son action passée.

Il doute, comme doute l'archéologue Mariam, qui a consacré sa vie à conserver les trésors des civilisations antiques de son pays, l'Irak, et qui assiste à leur destruction sous la folie des extrémistes religieux.

Pour parvenir à la victoire et au triomphe de leur pays ou de leurs idées, tous les grands chefs et généraux ont du accepter des pertes, le sang versé, et des pratiques qui transforment définitivement le sens de la victoire.

Gaudé imbrique dans le temps présent ce que l'histoire a retenu de Hailé Sélassié, le Négus éthiopien, dont les hommes quasi désarmés ne pouvaient rien contre l'aviation et les gaz de combat italiens, du général Grant, conscient d'être un « boucher » durant la guerre de Sécession, et d'Hannibal, le stratège carthaginois, enchaînant les défis impossibles et les victoires jusqu'aux portes de Rome à Cannes avant de perdre Capoue.

Les premières pages sont un peu difficiles, le lecteur se demande où l'intrigue va le mener, puis petit à petit les rebonds temporels deviennent prenants. Ce kaléidoscope historique, jeu de miroirs sans fin, est totalement maîtrisé et porté par une grande érudition. Remarquable.
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Que de choses en dans un livre pas si épais que cela !!
L'absurdité de la guerre dans toute sa splendeur. Oui, la victoire se construit de défaites. Cette affirmation tourne en boucle dans le livre de Laurent Gaudé à travers Assem Graïeb, agent des services secrets français, Mariam, archéologue irakienne, spécialisée dans les oeuvres archéologiques volées et revendues, Sullivan Sicoh, militaire américain.
Assem Graïeb part pour une nouvelle mission « A chaque mission il a laissé un peu de lui-même. Alors il se demande, là, à l'arrière de son taxi, quelle sera cette fois la part qu'il devra donner au vent ». Il doit approcher Sullivan Sicoh, parti en vrille-il a fait partie des soldats qui ont neutralisé puis tué Ben Laden à Abbottābād- et décider sa « neutralisation » ou son retour aux Etats-Unis.
Pour étayer ce roman, l'auteur nous emmène sous les pas d'Hannibal marchant vers Rome, le capitaine Grant, « héros » de la guerre de sécession américaine et le roi des rois, Hailé Sélassié essayant de résister à l'invasion mussolinienne.
Le livre est un puzzle de toutes ces histoires. Je passe de l'une à l'autre, selon le rythme de l'action, sans césure. Je reconnais que cela est un peu perturbant dans les débuts, mais, je m'y suis fait très vite. C'est, peut-être, la force de ce livre tout comme les descriptions ne cachent rien de la cruauté des scènes de carnage. Il joue sur ces différences, beauté-cruauté, victoire-défaite, histoire-actualité

Laurent Gaudé offre un roman sombre où la seule éclaircie est la nuit d'amour, surtout son souvenir lumineux, entre Assem et Mariam.
Les victoires ont le goût amer des défaites pour ces guerriers. Les dialogues que leur prête l'auteur montrent leurs sentiments de honte, fatigue, voire dégoût face à tous ces morts. Les guerres sont toujours sales pour Hannibal« Qu'est-ce qu'ils croyaient tous ? Qu'on obtient des victoires en restant immaculé ? Que l'on peut sortir de tant de mêlées indemne et frais comme au premier jour ? » « Car les hommes sont des pions » dit Grant une vérité digne de Lapalisse. J'ajoute : Tout ça pour ça. Oui, c'est le sentiment qui m'anime en écrivant cette chronique.
L'écho des batailles gagnées ou perdues par Grant, Hailé Sélassié, Hannibal s'est assourdi pour laisser place à un mythe peut-être, à des personnages historiques sûrement, à des hommes qui ne sont pas morts au combat mais dont on a oublié les morts sur les champs de bataille « Les corps se mêlent les uns aux autres, s'enlaçant dans la mort » qui sont en eux et ne les laissent pas tranquille.
Il ne faut pas résister mais se laisser emporter par les mots de Laurent Gaudé, par la puissance évocatrice de son écriture lucide et cruelle qui ont un en ses temps de terrorisme
Un livre d'une densité extrême et d'une cruelle lucidité où l'histoire a rendez-vous avec le roman pour une réflexion sur l'absurdité de la guerre, la laideur et l'ambivalence des victoires.
Un superbe Gaudé

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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un voyage dans le temps, à entrecroiser les batailles d'Hannibal et de Rome, de la guerre de sécession, d'Ethiopie, au travers des parcours d' Assem, Mariam, Job, qui chacun sur leur chemin est confronté au "mal".
Tout au long du roman le lecteur passe sans transition d'une époque l'autre. Tout semble se mélanger mais le fil rouge de la question lancinante du coût de la victoire..... Ecoutez nos défaites...
Littérairement et intellectuellement brillant.
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"Il faudra une défaite ou une victoire. C'est ainsi"

Non, ce n'est pas si simple dans ce roman de Laurent Gaudé.

Il s'agit du 7ème roman de Laurent Gaudé que je lis, et il est dans ceux que je préfère.

Reprenant la construction du roman "Ouragan", nous suivons plusieurs personnages à la fois où les destins s'entremêlent.
Cela pourrait rebuter plus d'une personne, mais tout est fluide au fur et à mesure que l'on tourne les pages.

Dans ce roman, Laurent Gaudé nous décrit la guerre à travers les âges : Hannibal avant Jésus-Christ connu comme étant l'un des plus grands tacticiens militaires de l'histoire, Ulysses S. Grant avec la guerre de Sécession, Hailé Sélassié contre la colonisation italienne, et trois autres personnages à notre époque contre le terrorisme.

Même si le contexte politique, géographique, historique n'est pas le même, Laurent Gaudé nous montre à travers ces personnages que la guerre laisse les mêmes traces, les mêmes peines et que la victoire est souvent synonyme de défaite malgré tout.

Les passages de descriptions de batailles peuvent faire penser à "La mort du Roi Tsongor" et ce n'est que du bonheur.

Ecoutez nos défaites est pour moi une réussite de plus de cet auteur que j'affectionne énormément.
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J'ignore ce qui me plaît le plus chez Laurent Gaudé ...
La permanence des thèmes de ces romans ? La fluidité de son écriture ? Sa faculté à épouser différents styles, depuis le poème épique dans "La mort du roi Tsongor" au récit fantastique dans "La porte des enfers" ?

Dans "Ecoutez nos défaites", je retrouve - mais peut-être n'est-ce qu'un effet de mon imagination ? - cette interrogation sur le sens de la vie, de nos vies. Sur les traces que nous laissons, que nous laisserons sur cette terre. S'interroger sur le sens de nos actes. Que sont nos victoires ? et nos défaites ?

Récit à plusieurs voix, récit choral, où l'auteur convoque depuis Hannibal jusqu'à Hailé Sélassié en passant par le général Grant. Sans oublier Assem et Mariam, dont on se prend à espérer que leurs routes se croiseront de nouveau ... ce qui sera le cas, mais pas comme on s'y attendait ...

Peut-être sont-ce mes études d'histoire qui m'ont fait apprécier ce texte, cette interrogation sur le temps qui passe, cette nécessité, affirmée discrètement au travers des lignes, de préserver le beau face à toutes les formes de barbarie. Et de ce fait, le personnage de Mariam, archéologue en sursis, petit grain de sable au milieu de la folie des hommes, est sans doute le personnage qui m'aura le plus touché.
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