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EAN : 9782246857273
480 pages
Grasset (17/02/2016)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Encore un livre sur Victor Hugo ? Non, sur tous les Hugo. Ceux qui le précèdent, à partir de ses ancêtres lorrains, et ceux qui le suivent, jusqu’à la génération de Jean, le peintre, ami de Cocteau. Cinq générations en dix-huit portraits de personnalités fortes, pittoresques, émouvantes : le général Léopold-Sigisbert Hugo, héros des guerres napoléoniennes, père officiel de Victor ; Sophie Trébuchet, mère du poète et figure dominante de la saga ; le général Lahorie, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les HugoHenri Gourdin

Si vous voulez tout savoir sur la famille Hugo, du patriarche tutélaire Victor à son épouse Adèle, ses cinq enfants, ses deux petits-enfants, ses arrière-petits-enfants, les familles alliées à la sienne par mariage, lisez Les Hugo de Henri Gourdin.
Que dis-je à partir de Victor ? Non! A partir de ses ancêtres, tous laboureurs lorrains, de son grand-père, Joseph Hugo, devenu menuisier après avoir quitté la campagne, un homme qui a dix neuf enfants de deux femmes différentes ! le quinzième fils du menuisier n'est autre que le père de Victor, Joseph-Léopold-Sigisberg Hugo qui s'est engagé dans l'armée à l'âge de 15 ans et est élevé au grade de général d'Empire.
Le livre se compose donc de longs chapitres dont chacun est consacré à un membre du clan. Dans la famille Hugo, donnez-moi la mère Sophie Trébuchet, le frère Eugène atteint de folie, Léopold, le premier fils, très tôt disparu, mort à l'âge de trois mois, vite remplacé par Léopoldine, la fille aînée, le fils Charles puis François-Victor et Adèle et ainsi de suite.
Cette biographie a donc le mérite d'être précise et complète mais présente pourtant un défaut si on lit les chapitres d'affilé, celui d'être souvent répétitif parce que les faits se recoupent, ce qui est parfois un peu fastidieux.

L'héritage des générations Hugo

Henri Gourdin a une thèse affirmée en écrivant cette biographie : il veut passer la vie de Victor Hugo au crible de la psychogénéaologie, science qui explique au fil des générations l'incidence des ancêtres sur la formation de l'individu, son comportement, sa représentation, ses vices et ses vertus, ses points forts et ses peurs. Il relève ainsi tout au long de son analyse, les points communs qui existent entre les générations, les comportements récurrents et en fait le bilan : « une fidélité dans l'infidélité sur le plan conjugal, un amalgame amant-parrain, la renaissance de l'enfant-mort, un tendance à la domination du mâle. » mais ces traits prépondérants auraient tendance tendance à s'estomper après la troisième génération.
Pour donner un exemple : Victor ne se séparera jamais d'Adèle ni de sa maîtresse Juliette Drouet , de même que son père épousera sa maîtresse après la mort de Sophie. Et de même que Lahorie, l'amant de Sophie fut choisi comme parrain (il est peut-être son père biologique), Victor choisit pour parrain de sa seconde fille, son ami Sainte-Beuve dont il connaît la liaison avec Adèle. Et l'on retrouve cette caractéristique sous des formes différentes aussi bien chez son fils Charles que son petit-fils Georges et à un degré moindre son arrière-petit fils Jean.

Victor Hugo, un falsificateur, un tyran domestique

Le biographe a aussi un but, celui de révéler au monde ce qu'occultent les autres biographes qui suivent docilement -dit-il- la légende fabriquée par le poète, celle d'un mari, d'un père, d'un grand-père parfait alors qu'il multiplie les infidélités, séquestre sa maîtresse en titre, exige la soumission de son épouse et de ses enfants et les sacrifie à ses ambitions et à l'éclat de son nom. Image parfaite d'un héros qui a tout abandonné pour l'exil alors que son départ lui permet grâce à la popularité qu'il en tire de vendre à des sommes fabuleuses son livre Les misérables ; mythe d'un homme proche du peuple mais qui, pair de France, brigue les honneurs et aime l'argent. Gourdin veut démontrer que la vie de Hugo est fondée sur le mensonge, la vision idéalisée qu'il donne de lui-même, de son père, de sa vie de famille …
Il a décrypté, en effet, toutes les falsifications apportées par Victor Hugo pour valoriser son nom et sa lignée. Pour ne citer qu'un exemple, le poète dont les ancêtres sont laboureurs et menuisier, se fait appeler vicomte, titre accordé par Joseph Bonaparte à son père en même temps que le grade de général lors des guerres napoléonienne en Espagne : comte Hugo de Cogolludo y Sigüenza. le nom sonne bien mais ces distinctions seront invalidées très vite par Napoléon.

Victor Hugo apparaît comme une sorte de monstre névrosé, hanté par ses fantômes, dévoré d'ambitions, avide de reconnaissance, n'aimant que lui-même, asservissant tous ceux ou celles qui dépendent de lui, véritable tyran insensible ou indifférent aux souffrances de ses enfants à qui il ne laisse aucune liberté de même qu'à ses petits-enfants, se servant d'eux pour sa gloire, allant jusqu'à traiter sa petite-fille Jeanne de « matériau littéraire »

Comment lire après cela la poésie inspirée par ses enfants, ces vers dédiés A ma fille Adèle :

Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche,
Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ;
Ton pur sommeil était si calme et si charmant
Que tu n'entendais pas l'oiseau chanter dans l'ombre.

.. sans penser à ce qu'il a fait subir à Adèle, maintenue dans le culte morbide de son aînée disparue, déboussolée par les séances occultes de Jersey, tables tournantes pendant lesquelles le fantôme de Léopoldine échappait à la tombe. Une Adèle prisonnière de l'exil de son père et qui sombre dans la dépression à Guernesey, dont les talents de musicienne et de compositrice sont étouffés, une Adèle que Hugo déclare morte quand elle s'enfuit pour suivre un amoureux qui ne veut pas d'elle. Il interdit à sa mère et à ses frères d'aller la voir. Henri Gourdin accuse Hugo de l'avoir enfermée dans une institution psychiatrique à son retour alors qu'elle n'était pas folle. Difficile à croire ? Non ! C'est ce qu'a fait Paul Claudel pour sa soeur Camille. C'était le sort, au XIX et au début du XX siècle des femmes qui affirmaient leur volonté contre leur père, leur frère ou leur mari et se voulaient indépendantes. Et l'on sait que le cas d'enfermement de femmes pour aliénation dans des asiles n'était pas rare ! le fait même qu'elles ne soient pas dociles et qu'elles veuillent sortir du rang qui leur était dévolu était déjà considéré comme une anormalité. La misogynie était violente à cette époque et la femme avait le statut de mineure placée sous la tutelle du père puis du mari.


Mon avis sur cette biographie

L'on ne peut nier à l'auteur la parfaite connaissance de tout ce qui fait la vie de Victor Hugo dans ses moindres détails même les plus intimes. Il a épluché toutes les correspondances entretenues par Hugo, sa famille, ses proches, qui, tous, ont le don, la passion, la manie de l'écriture. Des milliers et des milliers de lettres. Il connaît tous les témoignages des amis ou ennemis du grand homme, des écrivains contemporains, des hommes politiques, des journalistes, d'Adèle, de Juliette Drouet. Jamais, la vie d'un écrivain n'a été aussi documentée, aussi commentée. Il a même, grâce au carnets de notes de l'intéressé, la liste de ses nombreuses maîtresses jusqu'aux petites servantes qu'il dévoyait et payait dans la maison de sa femme, des bordels qu'il fréquentait, toute une foule de détails sordides dont l'homme si parfaitement épris de sa famille, du moins selon l'image qu'il voulait en donner, ne sort pas grandi. Toute une vie bâtie sur le mensonge.

Cependant, je n'ai pas été convaincue par les analyses psychanalytiques auxquelles le biographe se livre : une explication franchement rocambolesque de la mort de Léopold, le premier fils de Hugo notamment ou, encore, une remise en question par le biais de la psychanalyse de l'amour de Victor Hugo pour sa fille Léopoldine. Si H. Gourdin reconnaît que Hugo n'a jamais été incestueux, il sonde l'inconscient du poète et en déduit que cet amour n'était pas normal. Il me semble que les faits sont assez explicites, que les torts de Hugo envers ses enfants, son égoïsme, sa tyrannie, sont assez évidents sans en rajouter encore en le psychanalysant !

Pour finir, je dois ajouter aussi que j'ai été un peu surprise par la haine que Henri Gourdin porte à son personnage. Certes le mari, le père, le grand-père Hugo est odieux, mais peut-être pas beaucoup plus, hélas, que la plupart des Pater familias de son époque et de sa classe sociale. Certes l'homme politique a changé souvent de camp et est plein de contradictions mais son courage est réel quoi qu'en dise le biographe, ses romans et ses poésies qui témoignent du sort des pauvres, qui stigmatisent le pouvoir des puissants, ses écrits, ses interventions à la Chambre, sa célébrité mondiale, son aura, ont changé les mentalités, ont fait avancer les idées progressistes. Les causes qu'il a défendues sont belles : contre la peine de mort, contre le travail des enfants, la paupérisation des ouvriers, la tyrannie, la domination de l'église, pour la construction de l'Europe…
Pourtant le biographe critique même ce qu'il a de meilleur en Hugo en l'accusant d'être « sans programme », le décrivant comme un rêveur bavard et verbeux !

« Mais c'était un pair, un député, un sénateur-poète, défendant une société idéale sortie de son imagination, accaparant la tribune pour de longs exposés de projets utopiques » .

Car la répulsion que Henri Gourdin éprouve pour l'homme Hugo semble s'étendre à son oeuvre et à tout ce qu'il a fait !.
Bien sûr, il reconnaît son talent et lui concède quelques mérites, mais l'on s'aperçoit que c'est pour les minimiser plus tard :

« Il fut certainement un père et un grand-père déplorable, un pervers narcissique avant la lettre, un vieillard sénile…. Il fut aussi, la légende sur ce point tangente la vérité, un opposant résolu à la peine de mort et à la dictature de Napoléon II, un romancier innovant, un poète de haut vol, un chroniqueur d'élite. »

Ouf! Tout de même ! Cependant, précise-t-il, si Victor Hugo s'est opposé au coup d'état de 1851, il n'a couru aucun véritable danger. Napoléon II n'aurait pas été assez stupide « pour aller s'encombrer d'un héraut du peuple mort sous ses balles. » et d'ailleurs : « l'exil est ce qui pouvait arriver de mieux à Victor Hugo à ce point de sa carrière politique et littéraire. »

Enfin, si Victor Hugo est si célèbre, ajoute-t-il, ce n'est pas pour « l'importance de son oeuvre » , « Balzac est beaucoup plus fort » mais parce qu'il a su « se forger et entretenir une légende par une stratégie de communication qui fut une des premières et une des plus avisées de l'histoire. » de même Les Misérables est une oeuvre « ingénieuse » mais si elle connaît un tel succès dans le monde entier et a inspiré autant d'adaptations au théâtre et au cinéma jusqu'à nos jours, c'est parce qu'elle a bénéficié de « l'habileté commerciale de son auteur. »
Libre à lui de préférer Balzac mais s'il y a habileté commerciale de la part de Hugo, il faut reconnaître que celle-ci a la vie longue jusqu'au XXI sème siècle !

H Gourdin pose même la question de la « dépanthéonisation » du grand écrivain !

« Victor au Panthéon, est-ce irréversible?
Sachant ce qu'il saura à la fin de ce livre, le lecteur pourra se demander si le vécu de Victor Hugo justifie de le montrer en exemple aux générations montantes… »

Décidément, Henri Gourdin me semble dépasser la mesure !




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Henri Gourdin s'attache à présenter les ascendants et les descendants de Victor Hugo en rétablissant la vérité historique, et donc en démontant les constructions littéraires et généalogiques échafaudées par Victor Hugo lui-même et reprises par des générations d'hugoliens. « Sauf que Victor Hugo, étant Victor Hugo, ne veut descendre que d'un père et d'une mère parfaits. Parfaits selon ses critères à lui, bien entendu. Selon les critères propres à l'élever dans l'opinion et à servir son image de demi-dieu, de messie universel, de réconciliateur des parties adverses. […] Voilà comment l'édition française noircit du papier depuis bientôt deux siècles pour colporter des bobards inutiles, qui n'ajoutent rien à la grandeur ni du poète Hugo ni du défenseur des libertés Hugo. » (p. 22) En reprenant les romans et lettres de l'auteur français probablement le plus connu dans le monde, en les croisant avec les correspondances de ses proches, les journaux ou d'autres textes divers, Henri Gourdin démonte les idées reçues et remet les pendules à l'heure. Non, Victor Hugo n'était pas un bon père de famille, c'était plutôt un tyran domestique. « Victor Hugo perdait le sens commun quand il s'agissait d'exercer l'autorité absolue dont le code Napoléon l'investissait , […] parce que son cercle familial était la pièce maîtresse d'un mécano affectif qu'il avait bâti patiemment pour le protéger des déchirements de son enfance. Il savait que sa femme et ses enfants en faisaient les frais, mais c'était plus fort que lui. » (p. 180) Son influence sur le destin de ses enfants, petits-enfants et autres descendants est incontestable, lui-même ayant été profondément marqué par la séparation de ses parents. « Ainsi le fils cadet de Léopold et de Sophie est au centre d'une panoplie de situations dont une seule suffirait à provoquer et entretenir une névrose. » (p. 67)

Victor Hugo est un des auteurs de mon panthéon personnel. Si j'apprécie vraiment l'auteur et son oeuvre, je pardonne difficilement à l'homme, au mari et au père de famille. « le héros, s'étant adouci les rigueurs de l'exil en l'imposant à ses enfants, s'ingénie à le leur compliquer. » (p. 184) Pour faire vite, nous dirons qu'Adèle était folle : son père n'y est certainement pas pour rien. En démontant brique par brique la gigantesque mythologie qui entoure Victor Hugo et ses proches, Henri Gourdin a fourni un travail considérable et passionnant. « Les Hugo, cela fait du monde ! Les ascendants connus de Victor Hugo, cela fait encore beaucoup de monde ! Six générations identifiées avant Victor, douze à treize jusqu'à aujourd'hui selon les branches. Donc certaines très, très touffues. » (p. 8) J'ai toutefois préféré les chapitres consacrés aux Hugo qui ont été marqués directement par le géant Victor et à ceux qui l'ont connu et côtoyé, un peu moins par ceux consacrés aux Hugo qui s'en revendiquent ou qui partagent son nom par descendance ou alliance. « L'histoire des Hugo pose enfin la question de la célébrité. Vieille calamité… » (p. 350)

Les annexes finales sont passionnantes et aident à comprendre le cheminement intellectuel d'Henri Gourdin. Enfin, la première de couverture est très réussie, ce qui ne gâche jamais un bon livre. Sur ce cher Victor Hugo, je vous recommande Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon.
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Dans la famille Hugo, je demande…… le grand-père Victor, idole et légende du roman de la France. Bon père de famille, grand-père gâteau, époux et amant romantique, généreux défenseur des pauvres …
Si vous n'entendez pas ternir cette belle image de notre bon vieux Hugo, alors ne lisez pas ce livre car le Henri y va avec son gourdin pour détruire notre poète chéri. Et patatras la statue s'effrite que dis-je menace de s'effondrer au point même que l'auteur envisage de le dé-panthéoniser, rien que ça ! «Victor au Panthéon, est-ce irréversible ?»

Pour faire court, Henri Gourdin règle son compte à la légende édifiée par Victor Hugo soi-même, à la gloire de Hugo. Pour lui, en vérité, Hugo était un tyran domestique qui entendait garder son « goum » auprès de lui comme un seul homme, pour servir au mieux sa gloire, un père et un époux odieux, doté d'un orgueil démesuré, un égoïste de la pire espèce en somme, préoccupé de sa seule gloire ; mais alors ! Quel talent de communiquant ! On dirait aujourd'hui qu'il a bien mené et réussi sa stratégie de com.

Henri Gourdin nous livre ici toute la généalogie de Victor Hugo, ses ascendants, ses descendants et ceux de ses familles d'adoption, un roman familial passionnant et captivant. Son propos est de s'appuyer sur la psycho généalogie, en cela tout particulièrement cette biographie est une approche intéressante pour qui s'intéresse à cet aspect des choses.

Il y a quelques jours j'échangeais à propos de ce livre, avec mon gendre bien aimé, grand adorateur de Hugo devant l'éternel, qui me rétorquait : « quand même Victor Hugo ! » ; je le rassurais, il n'est pas question de mettre en doute ses multiples talents et son rayonnement. Mais j'ai gardé par devers moi un « mais quand même, à quel prix ! »
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L’exil est ce qui pouvait arriver de mieux à Victor Hugo à ce point de sa carrière, politique et littéraire. Il le grandit dans l’opinion, lui offre une posture d’opposant irréductible, le statufie en martyr de la liberté et de la démocratie. Il l’élève au-dessus de ses concurrents, en politique comme en littérature, au-dessus des compromissions avec le tyran qui vont entacher l’image de ceux qui restent. Il l’éloigne du quotidien, du contingent, le porte au-delà des mers, dans un ermitage d’où il adressera au monde les messages qu’il voudra, que personne ne pourra confronter à la réalité de son existence. Il n’y serait pas allé spontanément, il était trop attaché à ses privilèges, moraux et matériels, pour les abandonner de son plein gré. Et on peut dire que la proscription est en somme, paradoxalement, le meilleur service que Napoléon pouvait rendre à son ennemi Hugo.

L’exil est-il bénéfique alors à sa femme et à ses enfants ? Pas du tout. Passer de Paris à Jersey, pour eux, c’est se couper des amis, de la famille, des habitudes, de la vie brillante qu’ils ont menée jusque- là pour aller s’enfermer sur une île au milieu de nulle part, pour une durée indéterminée.
… Mais Victor Hugo perdait le sens commun quand il s’agissait d’exercer l’autorité absolue dont le code Napoléon l’investissait. Parce que la conscience de cette autorité lui montait à la tête ? Peut-être, mais surtout parce que son cercle familial était la pièce maîtresse d’un mécano affectif qu’il avait bâti patiemment pour le protéger des déchirements de son enfance. Il savait que sa femme et ses enfants en faisaient les frais mais c’était plus fort que lui.
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Ses œuvres sont dispersées entre quelques collections particulières, chez ses héritiers principalement, à l’étranger beaucoup (aux États-Unis et en Grande-Bretagne principalement), et celles de musées publics : la maison Victor Hugo de Paris, le musée des Beaux-Arts de Nîmes, le musée PAB d’Alès en Cévennes, le musée du château de Blérancourt, quelques musées américains. La BnF conserve au moins un exemplaire de chacun des livres qu’il illustra. En valeur marchande, ses productions restent très en dessous des encres et des dessins de Victor Hugo, et le resteront tant que la notoriété de l’artiste pèsera plus lourd que sa performance artistique dans les motivations des collectionneurs. Peu d’échos au total pour une œuvre aussi originale, aussi cohérente dans sa longue durée (entre 1914 et 1984), aussi homogène dans la variété de ses supports (l’écriture, la peinture, la décoration, l’illustration…). Oh certes, Jean Hugo n’a pas atteint les sommets de l’expression artistique frôlés en son temps par son ami Picasso, par ses contemporains….

Mais il fut l’un des rares à concevoir et à exprimer, à la fois en peinture et en écriture, les enjeux formidables de son temps : la dictature de l’industrie et de l’argent, le saccage des campagnes et des paysages, la méconnaissance et le mépris de la nature. Sous une autre forme bien sûr mais un peu dans l’esprit du grand ancêtre.
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« Sauf que Victor Hugo, étant Victor Hugo, ne veut descendre que d’un père et d’une mère parfaits. Parfaits selon ses critères à lui, bien entendu. Selon les critères propres à l’élever dans l’opinion et à servir son image de demi-dieu, de messie universel, de réconciliateur des parties adverses. […] Voilà comment l’édition française noircit du papier depuis bientôt deux siècles pour colporter des bobards inutiles, qui n’ajoutent rien à la grandeur ni du poète Hugo ni du défenseur des libertés Hugo. » (p. 22)
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« Victor Hugo perdait le sens commun quand il s’agissait d’exercer l’autorité absolue dont le code Napoléon l’investissait , […] parce que son cercle familial était la pièce maîtresse d’un mécano affectif qu’il avait bâti patiemment pour le protéger des déchirements de son enfance. Il savait que sa femme et ses enfants en faisaient les frais, mais c’était plus fort que lui. » (p. 180)
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Donnez la parole à la douleur ; le chagrin qui ne parle pas murmure au cœur gonflé l'injonction de se briser.

(William Shakespeare, Macbeth, IV, 3. 1606.)
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