Suite à des reproches d'une chère et tendre – elles le sont toujours, sauf quand elles vous disent « non » ! – me confessant langoureusement que, sur Babelio, je causais souvent de momies littéraires aussi vieilles que le gamin pourri gâté post mortem et retrouvé par un certain
Howard Carter dans le sable égyptien, nous décidâmes, moi et mon ego de jeter notre dévolu sur un livre que nous avions lu quelques années plus tôt et fort goûté !
Après cette digression autobiographique aussi exaltante qu'une retransmission télévisée de Miss Périgord, entrons dans le vif – très à vif dans ce cas ! – du sujet :
« Nous allons parler de fort vilaines choses » (
Stendhal) avec ces Rivières pourpres qui descendent dans les entrailles, c'est le moins que l'on puisse dire, de l'espèce humaine avec une méticulosité de légiste !
Si Grangier n'a pas toujours été inspiré – selon mon point de vue, que je partage par ailleurs ! –, il faut lui reconnaître que pour cette histoire il a su maintenir une intrigue cohérente – malgré son goût pour certaines exagérations figuratives ! – et une atmosphère bien pesante quand elle n'est pas carrément sordide. A défaut du « Luxe, calme et volupté » baudelairien, tout y est trouble, malsain et obsédant. Ce voyage est une chute dans les abîmes, tant psychiquement que physiquement, étant donné la topographie des lieux.
Nous voici donc précipités dans cet étouffoir: Guernon, ville tapie au pied des montagnes, nantie d'une université de renom et quelque peu portée sur certaines pratiques douteuses d'élevage de petits génies ! Les inspecteurs Niémans et Abdouf – se traînant chacun un passé chargé – mènent deux enquêtes en apparence sans lien qui, finalement, convergeront, éclaircissant progressivement ce noeud de vipères mortelles, ou panier de crabes pour les amateurs de crustacés ! La fin, brutale et non moins sobre, tombe comme la hache du bourreau. Une fin que le cinéaste Kassovitz, dans son adaptation, a interprétée librement, à la manière d'un sportif dopé aux amphétamines !
Grangier y va franchement, distillant une violence maladive, car il coule de la folie dans ces rivières. Et surtout, l'auteur ne nous sert pas des gentils très gentils, des victimes très victimes et des méchants très méchants. Maintenant, bonne nage dans ces rivières peu limpides !